Trois ans qu'il aura fallut l'attendre, trois ans qu'il aura fallut a SCE Santa Monica pour proposer un successeur legitime a God of War II et clore ainsi la trilogie debutee il y a cinq ans. Apres avoir balaye toute la concurence sur PlayStation2, on etait en droit d'attendre une vrai prouesse de la part de God of War III sur PlayStation 3 mais est-ce vraiment le cas ?

En se terminant sur un Kratos marchant sur l'Olympe accompagne des titans bien decides a prendre leur revenge sur les dieux, God of War II avait su suciter l'attente de l'episode suivant avant meme qu'il ne soit evoque par Sony. Cette suite directe du precedent volet, puisqu'elle reprend donc la ou celui-ci s'achevait, raconte une histoire de Kratos qui se veut plus profonde en abordant un ton tres sombre appuye par la fin des dieux.

Une realisation sans faille encore une fois a l'honneur

Au-dela de l'histoire empruntant parfois des chemins derobes, c'est bien une
fois de plus la realisation qui subjugue et qui fait toute la difference. Ici, contrairement aux beat 'em all japonais qui optent majoritairement pour une mise en scene impressionante, en maximisant sur l'abondance d'images, God of War III delaisse le cadrage rapide au profit d'un bon positionnement de la camera qui,
couplee au genie des programmeurs, immerge pleinement le joueur dans un univers mythologique,
prealablement modernise afin de s'adapter a un plus large public. Ainsi, le jeu, relatant les cosmogonies grecques laisse sa place a un pendant videoludique de blockbuster hollywoodien tout en
s'emancipant de ses influences afin de creer sa propre cinematographie. De fait, il est impossible de decrire avec precision
ce qu'on ressent face au jeu de Sony, le decrochage de machoire
d'un des chevaux des mers de Posseidon au debut de l'aventure succedant au souffle coupe du debut a la fin.

God of War III
profite aussi de creativite debordante de ses concepteurs, synonyme de decors a la
beaute enivrante, de combats se complaisant dans une violence graphique incroyable et d'une ambiance musicale tres reussie et s'encrant parfaitement dans l'univers aborde par le jeu. Pour autant,
le rythme de l'aventure se veut des plus equilibres, les developpeurs ne perdant jamais de vue la narration de leur oeuvre. Passant par
l'utilisation de flash-back faisant progresser le recit graphique,
revenant sur des actes passes afin d'amener des evenements futurs, le
titre distille avec une telle precision les cinematiques et
sequences de jeu afin d'obtenir une stabilite sans faille. De plus, alors que le cheminement en ressort grandi, le soft se pare d'une multitude de sequences s'efforçant de
minimiser l'impression de déjà-vu.

Un gameplay encore plus jouissif

Si dans l'absolu, God of War III n'est qu'un "simple" jeu d'action et
propose de ce fait une surenchere d'eviscerations, on peut s'etonner
du millimetrage de l'evolution de l'aventure faisant le jeu de tous les
aspects du gameplay. Phases
de plates-formes, enigmes mieux pensees, echauffourees titanesques se
deroulant dans des endroits pour le moins singuliers, cinematiques
interactives a base de QTE, tout
ceci se melange continuellement afin d'offrir au joueur un tout
homogene evitant le piege de la redondance. Etant a meme de se reposer sur une jouabilite ayant fait
ses preuves, les developpeurs ont pu y integrer quelques nouveaux elements de gameplay plus ou
moins convaincants. Si on doutera
de l'interet de la course murale scriptee et peu interessante (bien qu'elle permette une offensive fulgurante lors des combats), on
appreciera beaucoup plus de pouvoir desormais contrer puis attaquer dans la foulee ou le fait d'avoir droit a des reliques, armes et pouvoirs
inédits en ayant terminer le jeu. A ce titre, la duree de vie de God of War III se veut plus ou moins identique a
celle du deuxieme episode de la saga.

Aux Lames du Chaos (et a leur nouvelle declinaison, les Lames de l'Exil) viennent s'ajouter de nouvelles armes encore plus jouissives comme les elegantes Griffes d'Hades ou encore le tres electrique Fouet de Nemesis et l'Arc d'Apollon pour ne citer qu'eux. Chaque arme dans ce nouveau systeme de combat permet de profiter d'une attaque magique inedite. Rien ne change comme on dit mais pas la peine non plus de crier au scandale dans le sens ou le gameplay etait deja terriblement efficace dans le precedent volet. Meme si
on peut reprocher tout de meme aux developpeurs de ne toujours pas avoir
inclus des mises a mort differentes en fonction des armes utilisees. De même, il est regrettable que Sony n'ait pas permis, a
l'inverse de ce que propose le recent Dante's Inferno par exemple, d'arreter un combo en plein milieu afin d'esquiver une attaque, d'autant que l'esquive est tres souvent mise a contribution lors d'affrontements demandant reflexes, puissance et enormement de sang-froid en jouant aux niveaux de difficulte plus eleves.

Autre nouveaute, les phases de vol de ce volet remplacent celles de shoot de God of War II et ne manquent pas de procurer des sensations fortes.
Durant ces dernieres, engonce dans des reduits pierreux, il faudra esquiver moult
debris venant a votre rencontre tout en prenant la bonne trajectoire
afin de ne pas finir sa course contre un element du decor. Une maniere comme une autre d'amener un peu plus de diversite dans un ocean de variete.

Au final, decrire God of War III en employant tous les superlatifs possibles, ne suffirait pas a resumer ce chef-d'oeuvre. Gore, violent, artistiquement reussi, dote d'une mise en scene impressionante et d'une bande-son remarquable (mention speciale au doublage anglais des voix que j'ai trouve tres reussi dans ma VO), ce nouvel opus sait rendre des affrontements de boss dantesques et des scenes plus cultes les unes que les autres que l'on decouvre au cours d'une narration maitrisee du debut a la fin. Bien sur pas exempt de defauts, il n'en demeure pas moins que God of War III est la production la plus aboutie de la PS3.