L'arrivé d'un nouveau jeu griffé Tim Shaffer, c'est l'assurance
de découvrir un univers riche, décalé et plein d'humour, ce qui dans le
monde du jeu-vidéo, plutôt dominé par la rentabilité, est assez rare.
Puisque j'écris ce test trois ans après la sortie du jeu, je peux
préciser que le jeu s'est très mal vendu, à croire que l'originalité
(et la qualité) ne paye plus de nos jours.
Mais revenons à ce
Psychonauts qui malgré un classicisme apparent révélera après quelques
heures la quintessence de son monde hors du commun.

J'ai
décidé que puisque je test un jeu « différent », je le ferai
différemment. J'expédie donc rapidement les points faibles qui ne font
pas le poids face à cette expérience au delà du réel. Le jeu est court
certes, mais génial, les chargements longs, mais peu importe, le titre
est classique dans sa forme, mais SEULEMENT dans sa forme, bref vous
l'aurai compris: il est difficile d'être objectif face à cet OVNI.
Psychonauts fait partie de ces jeux que l'on ne décrit pas mais que
l'on vit, ce test est donc destiné à ceux qui n'on pas encore ri devant
ces situations plus qu'improbables, car complètement absurdes. C'est
d'ailleurs, sans doute, la principale barrière qui peut laisser
certains de marbre. Mais il faut au moins essayer sous peine de passer
à côté de quelque chose de trop rare actuellement dans le monde de
pixel, trop souvent dominé par des univers stéréotypés.

Vous
débutez donc le jeu dans la peau d'un étrange gamin à la tronche qui
l'est tout autant : Razpoutine ou Raz pour les intimes. Celui-ci va
atterrir dans une colonie pour psychiques où il va trouver refuge, mais
cette colo appelée Le Roc qui Murmure est en réalité le repère de prof
et d'élèves assez « spéciales ». Niveau ambiance, le titre fait un peu
penser à Harry Potter, avec les cours, les pouvoirs à maîtriser et les
autres pensionnaire à la personnalité propre. Très vite vous vous
trouvez emporté dans un tourbillon d'absurdités et dans un univers
décalé qui doit beaucoup au design et à la patte graphique unique du
titre. L'univers n'a vraiment rien à envier à un film d'animation :
voix, musiques, bruitages, tout est irréprochable et insuffle de la vie
au jeu.
Tout est parfaitement maîtrisé et original, rien que la gestion des sauvegardes ou encore l'écran principal sont surprenant.

Bon, moi faut que j'arrête de parler des détails, sinon on n'est pas sorti !

Le
déroulement de Psychonauts s'apparente à un Zelda ou à un Super Mario
(ahhh ! Hérésie !), l'on accède aux différents niveaux, enfin cerveaux,
via un seul et même endroit et l'on doit évoluer pour progresser en
obtenant de nouveaux pouvoirs et objets. Rien d'original, mais ça
marche parfaitement et cela apporte un aspect exploration sympathique,
d'ailleurs je vous conseille fortement ( je vous oblige même, non mais
!) à fouiller un peu partout pour découvrir des secrets, des choses
géniales et autres conversations ou infos inutiles donc indispensables.
Barres
de rire assurées lorsque vous discutez avec un gamin lobotomisé, ou qui
a des discutions avec des poissons ! De même, essayez d'utiliser vos
pouvoirs psychiques sur les personnages, c'est surprenant !

Mais c'est pas possible, j'ai encore dévié du sujet ! Décidément ce test est vraiment différent !

Psychonauts
surprend donc constamment, même son principe prête à sourire : visiter
des esprits. En effet, tous les problèmes se régleront dans le crâne de
8 personnalités différentes. Et c'est dans ces endroits irréels, à la
limite de la folie, mais pourtant parfaitement logiques et conformes
aux caractères de ces personnes (imaginez à quoi peut ressembler un
cerveau de militaire?) que vous effectuerez quelques brainwashing dans
les méandres tortueux de l'esprit.
Malgré un univers en apparence
juvénile, les thèmes abordés et le jeu lui-même sont en fait
extrêmement adulte. Par exemple, un des professeurs qui enseigne la
lévitation est réputé pour être une femme joyeuse, mais vous
découvrirez que celle-ci cache un lourd secret. Celui-ci pourra vous
apparaître en cherchant un peu dans son esprit, paradoxalement coloré
et psychédélique.
Les exemples comme celui-ci sont légions, rentrer
dans la tête de quelqu'un vous donne accès à toutes sortes de choses :
absurdes, déconcertantes, mais qui au final offrent une vision
intéressante de cet endroit mystérieux qu'est l'esprit. Le titre
délivre nombres de messages en passant par la caricature ou la
référence, comme par exemple le rapprochement entre lobotomie et
télévision. Cet aspect transgressif, rare dans les jeux vidéos, vient
d'un parti pris de ne se fixer aucune limites pour offrir un univers
frai et nouveau. Il serai trop long d' énumérer toutes les choses
géniales, les trouvailles, les moments cultes (niveau du laitier), les
joyeux délires (passage en Lunetor et son message sur les préjugés) et
les pires folies. Cette chose n'est pas un jeu, mais une expérience.
Inutile donc de parler de la maniabilité, de l'aspect plate-forme ou du
système de jeu qui ne servent que de vecteurs, de moyens pour atteindre
un même but : le plaisir.

A court de superlatifs, je préfère
m'arrêter là et dire que ce chef-d'œuvre fait parti de mon Top Ten
(Woua ! La classe !) et que malgré quelques menus détails il entre dans
le cercle très fermé des jeux non pas cultes, mais cultissime.
Houlà, j'en ai peut-être fait un poil trop là...
Mais non, c'est juste que j'ai mis mon cerveau au placard et ouvert mon cœur. ( Chapitre 9 du « Poète à deux balles").