J'avance doucement, très doucement. Je flippe à mort. J'ai dans
mes mains moites, dont il manque un doigt (souvenir de mes précédentes
aventures), une arme mortelle et destructrice : un distributeur de
chewing-gum. Des psychopathes m'attendent dans chaque coins sombres
pour me faire bouffer mes dents, j'entends un bruit et suis tenté de
vider ma vessie sur mes nouvelles bottes, mais soudain je me souviens
que tout ceci n'est qu'un jeu. Mes mains sont moites et humides...comme mon pantalon.

Pour
commencer, Condemned 2 est la suite directe de Condemned premier du
nom, sortit fin 2005 sur XBOX 360 et PC. Celui-ci avait su convaincre
grâce à un système de jeu mélangeant une vue à la première personne et
un côté survival horror bien maîtrisé. Intégrant des combats à l'arme
blanche d'une violence rare, le premier Condemned assumait parfaitement
son univers glauque et crade. Sa suite, elle, reprend à la lettre les
précédents ingrédients en y ajoutant quelques nouveautés : des épices
pour ne pas tomber dans la redite et éviter un résultat quelque peu
fade.

Mais entrons dans le vif du sujet ! La scène
d'introduction nous présente Ethan Thomas : un ancien agent de la
police scientifique, devenu alcoolique. Celui-ci  a en effet perdu la
raison en même tant que son petit doigt lors de sa dernière mission qui
l'a plongée dans une vie faite d'hallucinations, de bars et de bastons.
Mais ses cauchemars vont redevenir réalité lorsque ses anciens
collègues auront de nouveau besoin du héros déchu pour résoudre de
mystérieux meurtres. La première chose que l'on remarque manette en
main, c'est que le jeu est encore plus sombre que le premier et n'a
graphiquement quasiment pas bougé. Alors certes le titre reste joli
(effets de lumières) et offre une palette d'animations criantes de
réalisme, mais un bémol tout de même pour les textures parfois
simplistes, surtout dans les (rares) passages éclairés. Mis à part ça,
techniquement c'est du tout bon. Malgré la quasi-absence de musique,
les bruitages nous plongent dans le silence stressant des différents
lieux visités. Evidamment montez le son et jouez dans la pénombre pour profiter au maximum de l'expérience.

Et
quelle expérience ! Durant onze niveaux, vous allez devoir résoudre une
enquête et fracasser de la racaille, non pas au Karcher,  mais à coup
de boule de bowling ! C'est là l'aspect le plus jouissif du titre. A
l'aide des deux gâchettes, via des combos ou des QTE, vous allez péter
des bras, briser des nuques et déchausser des dents à l'aide de clef à
molettes et autre pied de biches qui tomberons malencontreusement entre
vos mains expertes. Les armes à feu sont, elles, belles et bien
présentes et font d'énormes dégâts, mais sont en contrepartie assez
rares. Mais ne croyez pas que Ethan est seulement un fou furieux ! Non
non, ce noble individu a un autre dada : les meurtres étranges. Alors
je vous passe les détails et l'état des victimes, d'autant plus que le
jeu se révèle très réaliste à ce niveau, pour plutôt vous parler de
l'aspect enquête et recherche d'indices, aspect qui faisait tant
défauts au premier Condemned. C'est en effet la principale nouveauté de
cet épisode : le gameplay plus poussé de la recherche d'indices et la
plus grande liberté pour les interpréter. Vous avez à votre disposition
quatre outils qui vont du plus utile, tel que la lampe à UV, pour
repérer les traces de sang, au GPS, plus anecdotique. Dans tout les cas
on apprécie ces intermèdes agréables et immersifs qui renforce la
singularité du titre.

Bon, le pire pour la fin, avec les
traditionnels défauts. Commençons par le plus présent et le plus
agaçant : on ne voit quasiment rien à l'écran, tellement le jeu est
sombre; sans compter les divers filtres qui achèvent une bonne fois
pour toutes nos yeux. Alors certes l'ambiance est là, mais au détriment
du plaisir de jeu qui lui s'essouffle quelque peu vers la fin. C'est là
le second problème du jeu : des ficelles tellement grosses qu'elles
finissent par se voir. Le jeu use et abuse des scripts, et ce qui au
début pouvait faire illusion, ne marche plus sur la longueur. Dommage,
d'autant plus que la mise en scène est efficace et l'aventure
passionnante. L'on notera tout de même, pour terminer, que les niveaux
font dans le classique, mais sont efficaces et que le multijoueur est
aussi déserté que dispensable. A réserver aux amateurs d'ambiance glauque et aux fans du premier.