Pour
ce nouveau Test, je ne me la jouerais pas vieux briscard du jeu vidéo,
étant donné que lorsque le premier Monkey Island (MI) est sorti je
n'était pas né (1990). J'ai donc découvert ce classique du jeu
d'aventure grâce à cette réédition paru sur le XBOX Live. L'on peut
dire, en un sens, que cette virginité vidéoludique me servira à juger
cette version de 2009 et non à subir la nostalgie du jeu original.
Place donc à l'objectivité et surtout au n'importe quoi!

Toute
histoire (et tout test) a un début et je commencerais par là. Le jeu
s'ouvre, donc, sur une scène où l'on aperçoit Guybrush Threepwood
(prononcer "frwipoude" ou ne prononcez pas, cela vaut mieux), le
personnage que l'on incarnera pendant toute l'aventure. Celui-ci veut
devenir un pirate et vient donc faire un stage sur l'Ile de Mêlée,
l'une des deux Iles du jeu. Car, bien sur, vous atterrirez (terme qui a
son importance) par la suite sur la fameuse île du singe. Mais
auparavant, il vous faudra réussir 3 épreuves pour gagner votre titre
de pirate et un bateau. Autant vous le dire tout de suite: ce sera pas
de la tarte!

Vous
passerez la première partie et la moitié du jeu sur cette Ile de Mêlée,
repaire de pirates aguerris et décrépits, de gens pas gâtés par la vie
et de caniches carnivores pas encore endormis. Vous êtes, donc, lâché
dans cette jungle d'énigmes tordues et de dialogues qui le sont tout
autant. Il est ici question de "Point and Cliquer" à tout va pour
ramasser tout et n'importe quoi et progresser. J'espère pour vous que
vous voyez le rapport entre un coton tige géant et une statue de singe
car sinon vous risquez de bloquer un tantinet. Enfin, j'exagère un poil
car en appuyant sur un bouton (de la manette) vous pouvez obtenir des
indices sur la situation. Le bémol (ou le A dur) c'est que vous pouvez
aussi carrément avoir la solution. Donc pourquoi se faire ch..., dirons
certains, surtout qu'il est tentant d'expédier des phases de recherche
rimant avec aller-retour et pédalage dans la semoule (mal remuée et
avec des grumeaux en plus). Ceux qui connaissent par coeur les énigmes
pour avoir joué au MI original expédierons le tout finger in the nosemais pour nous autre mortel, il faudra fouiller chaque décor et
interagir avec chaque objet pour espérer arriver au bout. De toute
façon, les anciens jeux Lucas Art n'ont jamais été faciles et ce côté
old-school se retrouve dans l'ensemble du jeu.

Le
gameplay, par exemple, a fait son temps. Le genre Point and Click n'est
pas réputé pour sa grande accessibilité, du moins ceux du siècle
dernier. L'on retrouve donc, dans cette nouvelle version, certaines
tares qu'on aurait préféré éviter. La première, et la plus agaçante,
est sans aucun doute le menu d'inventaire et le système de verbes (ou
d'actions). Mais ce qu'il y a d'incroyable, c'est que les développeurs
ont réussi à pondre un menu encore moins pratique que l'ancien, situé
en bas de l'écran. Si bien qu'il faut parfois repasser à l'ancienne
version (car l'on peut passer d'une version à l'autre en plein jeu)
uniquement dans le but de réussir une séquence qui requiert de la
rapidité. Autre remarque au niveau des déplacements. Ceux-ci sont
rigides et pas très agréables. C'est peut-être une patte old-school qui
a son charme (surtout pour les dinosaures du jeu vidéo) mais en 2009 ça
passe un peu moins bien. Une question de goût...

Mon
Dieu! Je suis en train de descendre le jeu sans m'en rendre compte! Va
dans le métro objectivité! Laissons, à présent, parler le coeur. Car
tout n'est pas que difficulté et sadisme dans le monde de Monkey
Island. La mise en bouche est difficile, c'est tout. Car c'est bien le
plaisir qui domine, l'envie d'avancer pour découvrir le prochain
dialogue absurde, la situation cocasse devenue culte ou un personnage
haut en couleur. Je pense notamment à Stan, le vendeur de bateau
complètement excentrique et arnaqueur ou encore au vieux naufragé de
l'Ile du Singe et aussi les indigènes cannibales vivant sur l'Ile. Tous
sont ultra charismatique et attachants. Les détails amusants,
anachronismes et références pleuvent et même pas le temps de s'abriter
qu'un nouvel évènement marrant arrive. Par exemple, à un moment, vous
êtes sous l'eau avec une pierre à la cheville et il vous faudrait un
couteau pour vous libérer. Justement, au même moment, un pirate qui
vient de tuer quelqu'un avec un couteau veut jeter celui-ci à l'eau
mais son collègue le convint de ne pas le faire. C'est baloo pour
Triptruc mais pour nous ça devient surtout très drôle! Le jeu n'hésite
pas non plus à se moquer de son propre principe dans un combat absurde
où Guybrush associe des objets improbables pour des effets hallucinant
de stupidité. Il y aurait une foule de scènes à évoquer mais je vous
laisse le plaisir de les découvrir. "Ah si, y'a aussi les duels
d'insultes!" Ta gueule!

Toute
histoire (et tout Test) a une fin et je finirais par là. Je terminerai
par l'aspect graphique qui est LA nouveauté et qui offre une sorte
remasterisation des écrans pixélisés de 16 couleurs d'il y a 20 ans.
Certes l'aspect mosaïque de naguère a son charme (que l'on peut admirer
à tout moment en switchant entre les graphismes de 1990 et de
2009) mais la mise à jour est bien agréable, tant pour la lisibilité
que pour nos petit yeux plus tellement habitués. L'autre ajout et non
des moindres: les doublages. Ceux-ci sont certes en anglais mais sont
de très bonnes factures et nous mettent dans l'ambiance si particulière
du titre. A part ça, aucun bonus venant rallonger la sauce qui mettra
entre 3 et 7 heures à être remuée. Pour moins de 10 euros (800 points),
c'est pour ainsi dire cadeau. Un beau cadeau à vous offrir et qui en
plus augmente la chance que d'autres jeux d'aventure Lucas Art soit
retapés. Car si ce Monkey Island marche bien, l'on aura peut-être droit
à Full Throttle ou Day of the Tentacle...