En conclusion, Gran Turismo 5 réussit le pari fou qu'il s'était lancé il y a maintenant 6 ans. Voilà la conclusion que j'aurais aimé écrire, ce ne sera malheureusement pas le cas. Chronique d'un studio qui n'a pas écouté le retour de ses fans depuis plusieurs années.

Vous connaissez Peter Molineux ? Vous connaitrez bientôt Kazunori Yamauchi, son équivalent japonais. Il y a bientôt 6 ans sortait Gran Turismo 4, un très bon jeu mais qui souffrait de certains manques à une époque où le PSN n'existait pas et où le Xbox Live ne faisait que débuter sa carrière. A cette époque, GT 4 était censé apporter le jeu en ligne et la déformation des véhicules. Rien de tout ceci n'apparut en 2005 et nous fumes donc obliger d'attendre l'épisode de 2010 pour goûter à ces nouveautés tant attendues.

An 2010, GT5 est là et bien là après moult reports et cristallise toutes les attentes des amoureux du sport automobile. Commençons par regarder le gameplay du jeu. Gran Turismo est connu pour être un savant compromis entre arcade et simulation, un jeu où la masse des voitures est bien rendue. Le gameplay de GT 5 ne viendra pas mettre en doute cette réputation. Bien calibré, le jeu est très agréable à prendre en main, il procure des sensations que ses ancêtres ne pouvaient qu'effleurer. Par contre, il reste encore un certains nombre de problème comme des freinages en ligne droite et roues droites qui peuvent vous faire partir en tête à queue, des sorties de virage toujours très glissantes, mais en règle général on s'amuse beaucoup à piloter dans GT5 et on arrive au niveau d'un Forza 3. A noter que le jeu est encore plus agréable au volant, sortez vos Logitech.

Le contenu du jeu est gargantuesque. Avec plus de 1000 voitures, GT 5 est le jeu de voiture le plus complet jamais créé. On retrouve bien entendu le mode A-spec, connu aussi sous le nom de Gran Turismo. Celui-ci n'évolue que très peu, incluant des nouveautés à la marge telle que le Kart ou encore le Nascar. On retrouve aussi du Rally, mais ce dernier est toujours aussi mauvais. Apparu avec Gran Turismo 2 ce mode fait toujours office de mouton noir. On retrouve aussi le mode B-Spec qui permet d'incarner un directeur d'écurie en manageant différents pilotes. Ce mode n'est pas particulièrement intéressant du fait d'une IA que nous qualifierons gentiment de limitée. En effet, déjà critiqué sur PS2, celle-ci ne semble pas avoir particulièrement évoluée. Vous ne concourrez pas contre des adversaires, mais vous esquiverez plutôt des obstacles mobiles.

La grande nouveauté de ce volet est l'apparition d'un mode en ligne. Celui-ci vous permet de faire des courses paramétrables en ligne contre différents adversaires. Il existe aussi une composante réseau social qui permet de partager des vidéos et des photos. Malheureusement, le contenu en ligne de GT 5 ressemble fort à ce qu'on aurait voulu au début de la PS3, il y a maintenant 4 ans mais maintenant les standards sont tout autres. Il n'y a pas, pour ainsi dire, d'intégration du on-line dans GT 5. Le mode est à part, il n'y a pas de leaderboard et encore moins d'équivalent à l'autolog de Need for Speed Hot Pursuit. De plus, on ne peut pas dire que le mode ne ligne ait connu des débuts glorieux, mais on peut espérer que Sony rectifie le tir au moins au niveau des conditions du jeu en ligne.

Le jeu contient aussi un mode arcade classique, ainsi qu'un éditeur de circuit. Editeur ? Le mot est un petit peu trop flatteur, disons que nous avons là un générateur aléatoire de circuit qui se base sur quelques paramètres entrés par le joueur.

Regardons maintenant les graphismes et le moteur physique. Nous étions tous alléchés par les vidéos et les images diffusées par Sony. GT 5 devait être une claque visuelle, qu'en est il ? Soyons clair, GT 5 est très beau, il est même magnifique par moment mais il souffre aussi de grossiers défauts. On remarque tout de suite l'aliasing, mais il y a bien plus grave. On retrouve dans GT 5 des effets du passé comme des images de fond pour les montagnes ou le ciel qui se voient comme le nez au milieu de la figure. On retrouve aussi certaines textures toutes droites héritées de la PS2. Mais le plus grave finalement, c'est la distinction entre les voitures Premium et les voitures standards.

Car oui, GT 5 a beau proposé plus de 1000 voitures, seulement un peu plus de 200 d'entre elles ont spécialement été créées pour cet épisode PS3. Les autres viennent directement de la PS2, avec un upscaling visible, des textures en retraits. Mais le plus dérangeant vient des limites proposées par les voitures standards, elles ne proposent pas de vue intérieure ni de dégâts. Voilà qui fait tache en 2010. On peut se dire que cela n'a que peu d'importance quand on voit les dégâts subis par les voitures premium. Il faudra vraiment forcer pour obtenir des résultats visibles (même dans des hauts niveaux d'expérience).

GT 5 propose aussi un mode 3D stéréoscopique. Celui-ci peut être calibré assez finement et permet à tout le monde de l'utiliser sans gène. Il est d'ailleurs très efficace en vue intérieure et pour peu que vous ayez un volant à retour de force et une télé 3D (je sais ça commence à faire cher), vous ne trouverez pas d'expérience plus immersive sur console. Pendant que nous sommes sur l'immersion, parlons de l'environnement sonore. Tout comme les graphismes, il donne à boire et à manger. Entre des voitures premium qui donnent toute satisfaction avec leurs bruitages moteurs, et des sons d'un autre age pour les freinages et les collisions, GT 5 ne sent pas la finition. Je ne parle même pas de musiques d'ascenseur des menus.

On le voit donc GT 5 avait beaucoup de promesses mais ne les tient que partiellement. Le mode en ligne et les dégâts sont bien là mais ils sont implémentés comme dans un jeu vieux de plusieurs années. Beaucoup de promesses à moitié tenues qui aurait pu l'être si l'accent avait été mis sur des vraies nouveautés et non le nombre de véhicules. Yamauchi qui parlait beaucoup ces derniers temps aurait mieux fait de canaliser les forces de son studio pour faire avancer le jeu et non le nombre de voiture.

Passons aux paragraphes imposés :

Jouabilité :
La jouabilité sur asphalte est très agréable, mais le mode rallye est toujours bâclé.

Graphismes :
Du photo réalisme au plus que moyen, GT 5 est très inégale. Malgré tout, le jeu reste en général très beau sans être une claque graphique.

Son :
C'est moyen pour un  jeu de se calibre et bien loin de la qualité d'un Forza ou d'un NFS Shift.

Intérêt :
Un jeu qui manque de finition mais qui offre une expérience gigantesque.

En conclusion, GT 5 est un très bon jeu mais il souffre de trop de manques pour être à nouveau la référence des jeux de course. Comment accepter les deux catégories de véhicules ? Comment ne pas s'étonner du rendu visuel très inégal ? Comment ne pas s'offusquer de la librairie sonore datant des années 90 ? J'espère maintenant que les équipes de Polyphony Digital prendront conscience des manques de leur jeu, et que nous aurons une compétition comme celle qui règne entre PES et FIFA. Nous pourrions alors avoir des jeux d'une qualité incroyable. En attendant, Forza Motorsports 3 reste la référence des jeux de grand tourisme.

Mon appréciation : Très Bon