Je me devais de commencer mon blog par un jeu vidéo, après tout, on est sur gameblog... Et quoi de mieux pour illustrer le thème de celui-ci qu'Alan Wake? Pourquoi me direz-vous? Parce qu'il est l'illustration parfaite de ce qui aujourd'hui m'attire dans le jeu vidèo, bien loin de mes premiers amours dans ce media: l'histoire, le voyage, un univers qui m'intrigue, me transporte, et ceci, qu'importe les defauts de gameplay, de graphisme, la répétitivité et autre linéarité qui reviennent souvent lorsque l'on parle de ce jeu...

Previously on Alan Wake

Annoncé lors de l'E3 2005, le jeu de Remedy (Max Payne) ne verra le jour que 5 ans plus tard après un developpement que l'on pourra qualifier de chaotique. Fan de la première heure des romans de Stephen King ou encore de series comme Twin Peaks, Alan Wake avait donc tout pour me plaire, s'inspirant grandement de ces univers de l'aveu même des developpeurs finlandais. Thriller psychologique metant en scène Alan Wake, ecrivain à succès de livres policiers, souffrant depuis 2 ans du syndrome de la page blanche (les connaisseurs reconnaitront le clein d'oeil à Stephen King), ce jeu prend le parti de construire sa narration comme une serie télévisée, coupée en episodes, et comprenant un petit resumé des episodes précédents au debut de chacun d'eux. Un effet de manche qui pour certains pourrait parraitre gadget, mais qui a fait mouche de mon coté le demarquant naturellement de la concurence.

Mais revenons-en à la base du scenario, sans trop le déflorer au cas ou par chance j'arrive a donner à certains d'entre vous l'envie d'y jouer... Alice, la femme d'Alan, decide donc d'organiser des vacances dans la petite ville de Bright Falls espérant que le fait d'eloigner Alan des feux médiatiques lui permettra de retrouver l'inspiration pour reprendre l'ecriture. Mais lorsqu'Alice disparait dans des circonstances etranges, Alan se retrouve a devoir vivre des faits décrits dans un livre qu'il ne se souvient pas avoir ecrit et qui semble prendre vie dans cette petite ville pourtant si paisible au demeurant; donnant vie a une force obscure qui, la nuit, prend aussi bien le controle des habitants que des objets. Premier suspect de la disparition d'Alice, Alan va devoir tout d'abord echapper à la police et mener sa propre enquète pour decouvrir ce qui a bien pu advenir de sa femme, en recoltant au fur et a mesure de l'aventure lugubre, les pages d'un manuscrit qu'il semble avoir ecrit sans en avoir le moindre souvenir, lui permetant souvent d'avoir un temps d'avance sur le deroulement de l'histoire. Vous incarnez donc Alan Wake dans sa quète de vérité dans une ville on ne peut plus normale et accueillante le jour, mais inhospitalière au possible dès que les dernier rayon du soleil sont tombés. Et la, votre lampe de poche devient votre dernier ami...

Un gameplay original mais répétitif

Que l'on soit clair tout de suite, le gameplay d'Alan Wake n'est pas le point fort du jeu... Si l'idée de départ est plutot originale, obligant Wake a pointer sa lampe de poche ou toute autre source lumineuse vers ses enemis "possedés" par les forces obscures pour ensuite pouvoir les "flinguer" en bonne et due forme, le système devient vite redondant et se rapproche très vite d'une mecanique obligant Wake a faire sauter "le bouclier" (ici la brume noire qui les controle et les protège) des enemis pour ensuite pouvoir les abattres à l'arme a feu. Cependant les phases de gunfight du jeu etant exclusivement de nuit et très souvent perdues en foret, les developpeurs ont mis un point d'honneur a travailler les effets de lumière qui, il faut bien l'avouer, sont magnifiques. Effet de lumière que l'on peut d'autant plus apprecier lorsqu'Alan craque une torche puisque cela declanche un effet de ralenti permetant de faire tourner la camera autour du "héro".

Enfin "héro", faut le dire vite. Alan Wake n'est pas un surhumain bodybuildé et encore moins un soldat surrentrainé. Il n'est qu'un simple ecrivain, essouflé après une course de plus de 10 secondes, bien dommage dans un jeu dont le gameplay repose sur un système de survival horror ou les ennemis nous agressent continuellement et ou la fuite à base d'esquives pour eviter les coups de hache est parfois la meilleure des solutions si l'on tombe a court de piles pour notre lampe de poche. Lorsque je dis "dommage", c'est bien évidemment pour lui, non pour le joueur puisqu'à mon sens ce point renforce l'attachement pour un personnage "monsieur tout le monde", bien rare de nos jours dans les TPS modernes... Vous allez donc devoir jongler avec les munitions pour vos armes à feu, les torches, les piles pour votre lampe de poche, les fusées eclairantes; pour essayer tant bien que mal de ne jamais tomber à court sous peine de... Ben sous peine de mort! Parce qu'Alan Wake n'est bien evidement pas non plus un roi du corp à corp, et sans source lumineuse et plomb pour vous debarrasser de vos enemis determinés, votre dernière chance reste la course éffrénée vers une source lumineuse, le plus souvent un lampadaire... (oui oui, le lampadaire c'etait moi!!).

 Une narration efficace

Si le gameplay peche un peu (il n'est pas à proprement parlé mauvais, loin de la, mais manque de profondeur), la force d'Alan Wake en dehors de son scenario reste la narration. L'histoire nous est contée par Alan lui même, renforcant cette impression de malaise puisque le personnage principal de l'aventure doute de sa propre lucidité. En proie au doute du debut à la fin, le questionnement sur la réalité des choses qu'il vit devient le notre au point de s'identifier totalement au personnage. On partage cette impression de ne pas comprendre ce qu'il se passe et de decouvrir en même temps que lui les tenants et les aboutissants (c'est un bien grand mot) au fur et à mesure qu'il retrouve la memoire sur les faits relatifs à la disparition de sa femme via des flashbacks. Ces même flashback permettent egalement de donner beaucoup plus de profondeur à un personnage complexe, dont le succès ne represente qu'un coté du mirroir. A l'image de n'importe quel bon roman de Stephen King, le suspense est la clef de voute de l'aventure, et la narration maitrisée à merveille, tout comme la mise en scène, prend le joueur à la gorge pour ne plus le lacher, lui donnant continuellement envie d'aller plus loin dans l'aventure pour connaitre le fin mot de l'histoire.

Les personnages secondaires sont également extremement bien travaillés, (à l'image de Barry ci-dessus, ami et agent d'Alan, qui est un peu la caution humour du jeu), ayant chacun ce qu'il faut de background pour rendre l'univers plus credible et augmenter la sensation d'immersion dans le cauchemard que vit notre héro. Si graphiquement Alan Wake accuse un certain retard par rapport à ce qui se fait de mieux aujourd'hui, la faute à un developpement qui a trainé en longueur (c'est un argument que l'on n'utiliserait pas contre lui si il etait sorti en 2005), il est par contre bien aidé par un doublage francais de très bonne facture ainsi qu'une bande son somptueuse digne des plus grands jeux. Mine de rien, c'est un point à ne pas négliger puisqu'a mon sens cela fait partie intégrante de la narration du jeu qui nous permet de poser avec plaisir la manette pour profiter des cinematiques qui entrecoupent juste assez les phases jouables.

Vous l'aurez compris, Alan Wake est de ces titres qui ne sont pas passés loin du genie, du moins de mon point de vue. Une histoire travaillée, des personnages attachants et profonds, un scénario énigmatique, des réferences littéraires et cinématographiques pour les fans du genre, une mise en scène proche de la perfection la plupart du temps, tout était réuni pour en faire une référence du genre. Si je peux comprendre que certains passent à coté de l'experience en privilégiant la profondeur de gameplay et la perfection graphique (après tout on ne recherche pas tous la même chose dans un jeu vidéo), je ne peux qu'en etre desolé pour eux. Parce que comme je le disais en introduction, Alan Wake illustre à la perfection ce qu'aujourd'hui je recherche dans un jeu vidéo: un vrai voyage imaginaire. Malgré tout ses defauts (linéarité, imperfections graphiques, manque de profondeur de gameplay), Alan Wake vous happe dans son univers pour ne plus vous relacher, même après le mot FIN. Il fait parti de ces aventures qui même après le dénouement final, vous donne encore envie de théoriser avec vos amis, à l'image d'un episode de X-Files ou de Lost. Et ca, ca n'a pas de prix... Aujourd'hui lorsque je joue aux jeux-vidéo, ce que je recherche est une expérience qui se rapproche le plus possible du film interactif, avec bien evidemment la plus grande interactivité possible. Alan Wake avec sa profondeur scénaristique, sa bande son, sa mise en scène, et son travail sur les personnages; est de ceux-la...