Le football aujourd'hui, c'est Barcelone... Enfin il parait du moins parce que moi le jeu de Barcelone, il m'emmerde. Ca donne le ton non? C'est pourtant a mon sens le centre du problème de ce FIFA. Et bien évidemment, ca rend mon avis non seulement subjectif, comme tout avis, mais également en décalage total avec la très grande majorité des observateurs footballistiques du moment, qu'ils soient dans le métier, ou simple spectateur averti. Sauf que le football historiquement, ce n'est pas un championnat du monde de passe à 10 messieurs! Après 4 épisodes sur le toit du monde, Electronic Arts nous livre donc avec ce Fifa 12, une magnifique simulation de handball aux petits oignons, la règle du refus de jeu en moins. Ah on me dit à ma droite que ce n'est pas du hand parce qu'ils jouent avec les pieds, c'est pourtant à s'y méprendre...

Si j'ai commencé ce test en vous parlant de Barcelone, ce n'est pas anodin, c'est a mon sens cette image du football moderne que représente le Barca qui a corrompu la licence si chère a mon cœur depuis des années. Cette licence qui en dehors de quelques infidélités a PES au milieu des années 2000 me fait rêver depuis 1993. Pourquoi me direz-vous? Après tout, le jeu de Barcelone est la référence footballistique du moment non? Et bien je vais vous surprendre, voir vous scandaliser, peu importe, mais non! Non le Barca ne fait pas rêver tout le monde, il est n'est pas nécessaire d'être supporter du Real pour ne pas apprécier regarder un match du grand Barcelone de Guardiola...

FIFA/Barca, même combat...

Mais alors, qu'est ce qui me déplait tellement dans le jeu du barca me direz-vous? Tout simplement qu'il est en contradiction avec ce que j'aime dans le football: la confrontation, les duels, le jeu continuel vers l'avant, les centres a répétition, les contre-attaque. Bref sans aller vers le kick&rush de l'origine du football, ou encore vers le "hourra football", le jeu du Barca est l'opposé total de ce que j'aime dans le football. Basé sur une technique irréprochable ou presque et un jeu de passe bien huilé, le jeu du barca consiste a faire courir l'adversaire en multipliant les passes, refusant le duel, évitant le 1 contre 1 et le duel physique, en attendant qu'une ouverture se crée pour Villa dans le dos de la défense, ou que Messi se décide a faire un exploit personnel. Alors je peux comprendre que la difficulté technique de faire tourner le ballon comme cela exalte la plupart des observateurs, mais de mon coté, a chaque fois que je vois ce genre de match, je ne peux m'empêcher de penser a une corrida ou même carrément un match de handball dans lequel on aurait enlevé la règle du refus de jeu. Le rapport avec le nouveau FIFA maintenant me direz-vous? Le nouveau gameplay imposé par le nouveau système de défense a considérablement posé le jeu, ne laissant plus qu'un seul et unique style de jeu possible: celui du Barca... "Je fais tourner, je prends mon temps, je fais courir l'adversaire en attendant de trouver un décalage". A lire les tests, ce Fifa est celui qui se rapproche le plus du football qu'on voit a la télé. Je réponds: "oui, pour peu qu'on se contente de regarder les matchs du Barca..."

Oublie tout ce que tu sais...

Le gamer est souvent paradoxal. C'est le même qui va aimer retrouver ses marques d'un épisode sur l'autre mais qui va aussi râler si finalement le jeu n'est qu'une simple mise à jour d'une année sur l'autre. Chacun voit midi a sa porte, une chose est certaine, dès les premières secondes de la démo vous avez pu vous rendre compte que vous étiez bon pour tout réapprendre. Moi qui depuis 2008 commence le jeu au minimum en International, voir le plus souvent en Légende, j'ai très vite revu mes prétentions a la baisse au risque de finir avec une collection de manette 360 encastrées dans les murs. Le responsable? Un système défensif qui oblige à revoir tous ses reflexes encrés depuis maintenant 3 ans au moins. Différent, certes, mais surtout beaucoup plus difficile de prise en main, pour ne pas dire pas du tout intuitif, ce nouveau systeme vous oblige à regarder l'adversaire jouer, à le pousser à la faute plutôt que de rentrer dans un duel physique avec le joueur. Le résultat? Pour peu qu'après quelques heures vous arriviez enfin à trouver vos marques (à défaut d'être repassé sur l'ancien système défensif que EA laisse a disposition), le jeu se résume a des longues phases d'attaque par alternance, ou le ballon tourne, tourne, tourne et tourne encore. Bienvenue dans le championnat du monde de passe à 10, sensiblement simplifié par un système de conduite de balle, il faut bien l'avouer, très agréable à jouer tant il facilite les changements de direction et la protection du cuir. Alors certes, EA Canada ne s'est pas endormi sur ses lauriers, c'est le moins que l'on puisse dire, mais de mon coté j'en suis à regretter une simple mise a jour, en somme un Fifa 11 avec le nouveau moteur physique et un code réseau qui tienne la route (ils pouvaient difficilement faire pire que le dernier en date de toute façon...).

Persévère petit scarabée!

Vous l'aurez compris pour peu que vous m'ayez lu avec attention jusque la, le problème de ce FIFA ne se résume pas a la frustration de ne pas retrouver ses marques et de devoir réapprendre à défendre comme à attaquer. Non, en effet, avec un peu de persévérance, on arrive même a maitriser ce système défensif qui parait si obscur dans les première heures de jeu, au point même qu'il en devient facile d'anticiper les choix d'une IA elle aussi revue et corrigée. On passe même du stade ou on encaisse des buts a gogo à celui ou l'adversaire a du mal à approcher votre surface de réparation, mais cela demande de la patience, une patience difficile à concevoir lorsque l'on joue à une démo dont la durée des periodes est trop courte pour apprécier devoir regarder l'adversaire jouer. Non, le problème se résume au système de jeu imposé par ce nouveau gameplay qui oblige le joueur à poser continuellement son jeu. Avec ce rythme sensiblement ralenti, le jeu abandonne tout punch, résumant les phases de jeu a un combat au milieu de terrain, ou l'on contourne à longueur de temps la ligne défensive en attendant le décalage. Avec une IA qui a tendance à anticiper le moindre de vos mouvements; prenant à la culotte vos appels de balle et voyant des joueurs aux stats de vitesse et accélération minables, rattraper vos attaquants les plus rapides sauf si vous abusez du stick droit pour pousser la balle; le jeu vous oblige à réaliser l'exploit personnel ou la phase offensive historique pour espérer vous retrouver seul face au portier adverse. Et le portier, parlons en... Puisque le jeu offensif est tellement stéréotypé et ralenti au point de faire ressembler chaque phase offensive au jeu de l'équipe de France contre les pays qui décident de défendre a 11 devant le but (le ballon passe à droite, revient au milieu, passe a gauche, revient au milieu, jusqu'a apercevoir un semblant de faille. Bref une attaque de Hand), quoi de mieux pour récompenser le joueur qui a luté pour trouver la faille et entrer dans la surface, que de mettre un gardien intermittent du spectacle? Oui, dans Fifa 12, se mettre en position de marquer est un calvaire, mais finir son action par contre est devenu simplissime... Après tout, puisque les phases d'attaque ressemblent a un match de hand, autant mettre un gardien qui a le même impact sur le score, minime et réduit à l'exploit.

Un moteur qui sauve les meubles

Coté nouveauté, la défense c'est fait... Elle demande du temps, elle demande beaucoup de patience, et elle demande surtout le gout de regarder l'adversaire jouer. Bien évidemment ce système de défense qui favorise le bloc équipe et le fait de contenir l'adversaire plutôt que de l'agresser (dans le bon sens du terme) a un impact direct sur votre façon d'attaquer puisque l'IA l'utilise également rendant les décalages et les espaces sur les ailes comme dans le dos de la défense presque inexistant. Le résultat est donc simple, le jeu perd en intensité, en punch, en rapidité d'action. Fini les attaques rapides, vous êtes maintenant dans l'obligation de "calmer le jeu". Les amateurs de la construction seront aux anges, les autres seront très vite frustrés, puis agacés. Heureusement tout n'est pas noir. Le nouveau moteur physique, autre grosse nouveauté de ce numéro, est tout simplement bluffant. Si a première vue son impact sur le jeu ne saute pas yeux, après avoir regardé avec attention quelques ralentis de contacts entre joueurs, entre autre, on est convaincu. Fini les attaquants lancés dans la profondeur qui nous passent à travers au moment du contrôle face au but, et surtout, enfin un jeu de foot avec des frappes de loin contrées à plusieurs reprises par une forêt de jambes, des petits ponts volontaires ou non, et j'en passe. Finalement, ce moteur physique reste dans l'ombre au point qu'on l'oublie, au même titre qu'on oublie la frustration des "vieux" Fifa scriptés à mort dans les contacts, les contrôles et les duels. LA vraie réussite de ce titre sans conteste.

En bref, j'aurais également pu faire un topo sur les différents modes de jeu, la bande son ou encore la petite revue graphique de l'année, mais c'est avant tout sur son gameplay que le jeu déçoit. Non pas parce qu'il oblige a revoir ses classiques, défensivement comme offensivement. Non! Libre aux mauvaises langues de dire que je n'aime pas qu'on chamboule mes habitudes ou que je préfère le football champagne à la vraie simulation. Ma conclusion est simple: non, ce simulateur du jeu du barca n'est pas le reflet du football. Il donne un rendu lent, sans punch, et je dirais même: sans fun. Il oblige à construire chaque attaque a la mode handball, oubliant complètement ce que peut être ce sport de l'autre coté de la manche ou du Rhin: frénétique, rythmé et haletant. Il impose à défendre en regardant l'adversaire jouer. En somme, une énorme déception à la hauteur de l'attente que j'avais pour ce jeu. En sortant la première simulation de handball qui se joue aux pieds, Electronic Arts a réussit l'exploit de relancer une concurrence pourtant plus que moribonde. Ma main à couper, même si je ne serai pas de ceux la, que ce jeu va se revendre comme des petits pains.