A l'heure où FIFA grille la politesse à PES, on en
oublierait presque qu'il y a eu des jeux de foot avant que ces deux
mastodontes n'écrasent tout sur leur passage. Les plus footeux et
surtout les plus anciens se souviendront non sans émotion de leur
premier match sur Kick-Off ou Dino Dini's Soccer. Ces deux jeux adoptaient une vue du dessus (ce qui était très souvent le cas avant l'hégémonie des jeux
de Konami et EA). La jouabilité n'était pas le point fort de ces deux
dinosaures mais c'est plus par défaut que par choix qu'il fallait se
rabattre sur ces deux jeux, d'assez bonne facture malgré tout. Puis un
jour deux gros poids lourds débarquèrent. Un pour sa licence: FIFA,
l'autre pour son gameplay International Superstar Soccer. Le dernier
cité a mis un certain temps à se voir reconnaître par les footeux.
Peut-être parce qu'au départ, personne ne l'attendait. Malgré quelques
imperfections de jeunesse, sa "luxieuse" suite fut attendue au tournant. Et quel tournant!

International Superstar Soccer Wouaf Wouaf :Konami_code:

Grand jeu donc grande intro. Avec des artifices de captures vidéo en noir et blanc et une musique dynamique, vous êtes
accueilli comme un roi. Une fois que vous aurez appuyé sur "Start" ,
vous comprendrez en peu de temps que cette intro ne cache pas la misère, bien au contraire. En effet dès le début, deux constats s'imposent. Le
premier concerne la difficulté pour marquer un but. Ce n'est pas un
facteur de qualité en soit mais la comparaison avec les deux ancêtres
précedemment cités est marquante. Le second point, et c'est l'essentiel, concerne la jouabilité qui est tout simplement irréprochable. La
facheuse tendance des jeux de l'époque était d'être assistée par
l'ordinateur pour tout et n'importe quoi. De ce fait, cette jouabilité a été une libération et a conquis la plupart des gamers footeux.

Techniquement parlant, les fondamentaux sont
là: passe, tir, dégagement et course. La combinaison de certaines
touchent permettait de faire des "une-deux" ou de littérallement
bousculer son adversaire. Cette dernière méthode est clairement abusée
mais elle a le mérite d'assouvir les Eric Di Méco en herbe. Les plus
perfectionnistes ou ceux qui ne font pas confiance au CPU pourront se
payer le luxe de contrôler le gardien en phase défensive extrême (duel
ou shoot de loin). Que demande le peuple? Bon d'accord la passe en
profondeur n'est pas encore d'actualité mais nous ne sommes qu'en 1995.
Elle n'arrivera qu'à la génération 32 bits.

Le roi est née, vive le roi

Avec un gameplay solide, ISS Deluxe partait
déjà avec un avantage qui lui conferait une durée de vie illimitée.
Konami a malgré tout réussi à prolonger ce plaisir infini. Comment? En
assurant tout l'enrobage nécessaire pour mettre le feu aux chaumières.
L'ambiance sonore est tout simplement superbe. Les plus attentifs
d'entre vous seront capables par exemple de reconnaître le stade
africain du jeu seulement grâce aux percussions qui viennent des
tribunes. Le commentateur, qui se répètera limite technilogique oblige,
fait partie de la fête avec ces "goaaaaaaaal" dignes des meilleurs
commentateurs brésiliens. L'immersion est d'autant plus renforcée que
l'animation est bluffante et est clairement incomparable avec la
conccurence tellement la barre est haute. Les mimiques que fera le
joueur qui est sur le point de recevoir une biscotte à la fraise sont
simplement jouissifs. On pense tout simplement ce que fait le joueur à
l'écran. Faire la liste des bons points d'ISS Deluxe serait long.
Cependant, il serait criminel de ne pas parler de ce qui va suivre.

L'Entraineur 1995

Le soccer n'a pas la complexité du football US
mais il nécessite la prise en compte de paramètres stratégiques pour
être apprécié à sa juste valeur. ISS Deluxe intègre justement des tonnes d'options pour pouvoir manier ces pions comme dans une partie d'échecs. Certes, au début on est un peu perdu tellement les possibilités sont
grandes. Commençons donc avec la formation. En plus, des formations
standards, il est possible de fignoler le positionnement de ces joueurs
sur le terrain. En pratique, il est possible donc de tout faire. C'est
pourquoi les plus kamikazes d'entre vous n'auront pas oublié qu'il était possible de jouer en 1-4-5... ce qui correspond à une formation digne
d'une cour de récréation. Il en faut bien pour tout le monde.

L'une des nouveautés de la série des ISS est la prise en compte de paramètres stratégiques en temps réel. Avant chaque
match, on peut assigner une stratégie à une combinaison de touches
données. Jouer le piège du hors-jeu ou faire le pressing sur le porteur
du ballon "à la demande" étaient déjà d'actualité. Il y avait de quoi
faire pour tous les Guy Roux en herbe (marquage individuel, repli
défensif...).

On commence par quoi?

ISS n'est pas FIFA. Même si vous pourrez
reconnaître certains joueurs (Murillo avec sa coupe afro est le célèbre
Colombien Carlos Valderrama), il sera possible de sentir une légère
frustration qui s'effacera avec la pléthore de modes de jeux qui
s'offriront à vous. Pour commencer fort, il était déjà possible de jouer à quatre en même temps. Très peu de jeux de foot (aucun?) proposaient
un tel mode de jeu. Si vous n'aviez pas d'amis, vous pouviez toujours
vous lancer dans une coupe du monde ou dans un World Series qui est tout simplement un championnat. Les vainqueurs de chaque phase (aller et
retour) se rencontrent en finale. Pour ceux qui préfèrent les plaisirs
limités dans le temps, vous vous la jouerez "Super man" dans le mode scenario. Il s'agit tout simplement de prendre un match en cours et de renverser
la vapeur. Certains de ces matchs sont issus de la réalité. Quand on est amateur de foot, c'est du bonheur...

Cette version porte merveilleusement bien son
nom. C'est probablement cet épisode qui a permis à Konami d'exister sur
le plan footballistique. Avec du recul, les espoirs que l'on se faisait
sur les licences sont restées lettres mortes. La série aura
changé de nom en passant sur PS2 et aura connu un succès populaire...
avant de devenir ce qu'elle est, 14 ans plus tard après le début de son
règne.