Après avoir évoqué "ZAI ZAI ZAI ZAI", je reviens à la charge avec plusieurs bandes-dessinées de Fabcaro sorties ces derniers temps. On sait que le type est bougrement prolifique puisqu’il vient également de sortir un roman dans la cadre de la rentrée littéraire. C’est terrible quand même ces types qui travaillent, dessinent, écrivent, sillonnent le pays pour faire des dédicaces alors que soi-même on est bien en peine de faire une pauvre vidéo Youtube de façon régulière.

Bref, en premier lieu je souhaitais vous présenter « Et si l’amour c’était aimer », publié fin 2017 chez Six pieds sous terre, encore une fois. « Et si l’amour c’était aimer », phrase que n’aurait pas renié Barara Cartland ou Danielle « Fistfull » of Steel, phrase qui met déjà bien dans l’ambiance, mine de rien, avec cette magnifique couverture ambiance Côte Ouest le long du grand pacifique les vagues défient le temps. Avec un dessin qui saute aux yeux, et qui affiche d’emblée un parti pris roman photo ambiance année 80-90, un peu, un aspect suranné tourné en dérision. La dérision chez Fabcaro, toujours la dérision…

Alors de quoi cause cette BD. Eh bien elle nous conte la petite vie tranquille que vivent Sandrine et Henri, couple ambiance classe aisée voire franchement pétée de thune si on prête attention à la maison croquée en première page. Un petite couple bien peinard, à l’abri du besoin, qui mène une vie tranquille Emile, le type bosse, la femme reste à la maison en mode assistanat total, Pénélope Fillon es-tu là ? Ambiance Côte-Ouest, je vous dis.  Ou plutôt Santa Barbara et , puisque nous en sommes à invoquer des référents de marque, analysons un peu le générique de cette série. Que nous dit Gilles Sainclair ? « Santa Barbara, je ne sais pas pourquoi j’ai le mal de vivre / Santa Barbara, je ne sais pas, je vais, comme un bateau ivre. » Rimbaud appréciera la référence. Cette langueur aboulique n’est pas étrangère à Sandrine. Et si vous avez assidûment lu Flaubert ou suivi Sunset Beach ou Les Feux de l’Amour,  vous savez très bien qu’un coup de foudre inopiné peut survenir au détour de l’ennui. C’est précisément  ce qui arrive à Sandrine alors qu’elle fait appel au service de Macédoine express et qu’elle se trouve nez-à-nez avec Michel,  un bellâtre d’une vingtaine d’années, qui à défaut de vivre des chansons sur lesquelles il travaille avec son groupe, fait office de livreur.

Les deux amoureux connaîtront des aventures tumultueuses – enfin pas tant que ça mais faut bien vendre le livre – enfin, il tenteront de s’en sortir dans cette fable absurde qui nous rappelle une fois de plus que les haricots n’ont pas d’odeur.

Dans la continuité de cette BD, on peut s’attaquer à « Moins qu’hier » (plus que demain), paru chez Glenat en mai 2018. Un titre également très bien trouvé pour une BD excellente qui croque non sans mordant – avec croustillant, donc – la vie amoureuse et les relations de couple. Les relations de couple qui, est-il utile de la rappeler, font parfois penser à une longue randonnée le long de la nationale par temps de pluie alors qu’on n’a pas de parapluie et qu’on s’est foulé la cheville en voulant imiter Mickael Jackson alors qu’on sait pas danser le Moonwalk. Oui, c’est un peu ça, l’amour, parfois.

Cette bande-dessinée se présente sous un angle différent à celle précédemment mentionnée. Ona la une série de petites scénettes, des strips, en somme, à travers lesquelles Fabcaro use de son humour décapant. Ainsi suit-on  de façon brèves Valérie et Yves, Laetitia et Jérôme ou encore Aline et Nicolas, Autant de couples souvent risibles, rarement attachant et c’est pour ça qu’on les aime… ou plutôt qu’on les moque. Après tout, l’affection n’est-elle pas une émotion parfaitement surcôtée ?

Seul Fabien est un protagoniste récurrent. C’est un type délicieux qui est persuadé que sa femme est à la boulangerie, et qu’elle est allée chercher des croissants avec sa valise.

Une BD vite expédiée, toutefois. Elle vous fera bien marrer mais ne vous tiendra pas non plus en haleine des heures durant.

Alors si vous êtes un peu à court, vous pouvez vous ruer sur Jean-Louis, autre BD du père Fabrice qui est sortie en même temps que Moins qu’hier plus que demain. Alors attention,il s’agit ici d’une réédition de Jean-Louis et son encyclopédie quei était précédemment parue chez Drugstore.

On retrouve donc ce fameux Jean-Louis dans un format à l’italienne. Jean-Louis est un enseignant qui arrive dans un nouveau collège. Collègue relou et imbécile patenté, il tente d’impressionner son petit monde avec l’encyclopédie qu’il a entrepris de rédiger.  A travers les petites explications qu’il tente de distiller dans son encyclopédie, on pénètre dans le nawak intersidéral.

Des strips en 3 cases qui font certes rarement la part belle à la subtilité. Un humour qui tâche un peu. Scato pas top.

Graphiquement, on est dans un style BD plus traditionnel, si tant est que cela veuille dire quelque chose. On est loin très loin des autres BD dont j’ai causé préalablement.

Pas aussi inspiré mais ça passe.