Dans ce qui sera (à priori) le dernier épisode de la trilogie des Studios Pendulos initiée en 2003, notre ami Brian se trouve plongé dans une amnésie totale, laquelle sera prétexte à bons nombres de flash-back, nous révélant enfin les quelques mystères restés jusque là mystérieux, depuis la "fin" du 2è épisode, et son cliffhanger "à suivre" qui aura fait s'exclamer un bon nombre de "QUOI !???!"
Entre un faux enterrement, un séjour en psychiatrie, une cabane au fond des bois et un petit passage par L.A, c'est l'aventure avec un grand A qui vous attend. Un point n’n click dans la plus grande tradition, digne de ce que pouvaient nous livrer les studios LucasArts dans les années 90. Le principe est simple, le genre portant très bien son nom, car comme à la pétanque, il suffit de pointer, et de clicker. Les déplacements des personnages ainsi que toutes les actions possibles se gèrent aussi simplement que l’ouverture d’un fichier sous Windows. Si le principe peut paraitre simple, il s’avère ultra efficace, et devrait permettre à tous d’aborder cette expérience vidéo-ludique sans trop de difficulté, même pour ceux qui ne seraient pas des habitués du mulot à molette.
Graphiquement, ça reste très bon, les p'tits gars de chez Pendulos nous prouvant encore une fois qu'ils maitrisent à la perfection leurs palettes graphiques. Les décors sont somptueux, détaillés au possible, et regorgent d'animations discrètes, mais insufflant de la vie à ce monde virtuelle. La 100aine de tableaux se délectent presque la bave aux lèvres, et les plus curieux d'entrevous y trouveront quelques références à des jeux cultes du genre.
Les personnages eux, sont toujours aussi réussis, que ce soit pour le plaisir des yeux et des oreilles, grâce à un casting voix toujours aussi réussi, ou au niveau du character design. Sans vouloir vous gâcher la surprise du scénario, la trame d'un chapitre étant plantée dans un hôpital psychiatrique, je vous laisse imaginer les personnages qui ont pu sortir de ce qui semble être un esprit plus ou moins torturé, et la joyeuse cacophonie que tout ce beau monde réuni peut provoquer. Au détour d'un chemin, ou en demandant de l'aide, vous pourrez même retrouver quelques têtes familières à ceux qui ont déjà parcouru les aventures précédentes du couple Brian/Gina.
La jouabilité a eu le bon goût de rester fidèle à elle-même, et c'est tant mieux. Souris en main, on se retrouve devant une interface quasi-inexistante, permettant d'admirer sans entrave le talent des graphistes espagnoles, le pointeur de votre rongeur numérique étant la seule chose différenciant un tableau de jeu d'un dessins-animés. D'un click-droit on choisit son action, d'un click-gauche on l'exécute. L'inventaire et diverses options sont quant à eux accessibles en pointant le haut de l'écran, ou via des raccourcis claviers.
Quelques améliorations sont tout de même à noter, comme un système de déplacement rapide, qui d'un double-click vous permettra de téléporter le personnage d'un bout à l'autre de l'écran, dans un effet très Star-Trekien. Bien utile, tellement certains tableaux peuvent se montrer généreux en pas, et donc en click, nécessaires pour les traverser. Toujours dans l'idée de moins vous usez le poignet, et les yeux, à scruter chaque pixel pour être sûr de n'avoir rien raté, une option permet d'afficher toutes les zones interactives d'un tableau. Enfin, pour ceux qui n'auraient pas encore acquis la "logique" bien particulière des jeux du genre, il sera toujours possible de demander de l'aide à une vieille connaissance, directement depuis les studios de Pendulos. Si la mise en scène est plutôt réussie, il faudra vraiment savoir faire preuve de parcimonie quant à l'utilisation de cette option. Car même si la solution n'est jamais directement donnée, certains indices seront tellement évidents qu'ils gâcheront le plaisir que peut procurer la résolution d'une énigme, qui peut certes parfois se révéler être légèrement capilo-tractée.
Ce système d'aide, ainsi qu'une revue à la baisse de la difficulté générale, permettra à ceux qui ne connaitraient pas encore l'aventure, de commencer par cet épisode, et à ceux qui ont déjà visité l'île de la tortue, d'enfin en voir le bout. Alors oui, commencer par le dernier opus, c'est un concept en soi mais, tout comme l'épisode 3 de Star Wars, en connaitre le dénouement final n'empêche en aucun cas d'apprécier le déroulement de l'histoire. Et dans le cas de Runaway, il serait vraiment dommage de se priver de la narration ainsi que de la de la mise en scène quasi-cinématographique, des dialogues toujours plein d'humour et d'auto-dérision, et des personnages rencontrés lors des 2 précédents opus.
A 35€ en solo, ou dans les 60€ pour la trilogie complète, il serait presque impardonnable de ne pas se jeter sur l'un des derniers dignes représentants d'un genre de jeux qui faisaient l'unanimité le siècle dernier, mais qui depuis a peu à peu été abandonné, et c’est bien regrettable.