J'ai la chance de vivre ce que je pense être la période de grand développement du jeu vidéo.

Et Je suis partagé : d'un côté le jeu vidéo n'a jamais été aussi populaire. Il est devenu un loisir commun et normalisé, au public sans cesse plus large. Bien sûr, le joueur passionné, ou gamer, se fera toujours traiter de geek (ce mot ne veut d'ailleurs plus rien dire), mais avec plus de tendresse ou du moins de légèreté qu'auparavant. Même les grands JT ont récemment diffusé des sujets qui savaient s'éloigner des clichés habituels - même si l'on sait que ces derniers n'ont pas disparus, mais c'est déjà un pas, l'air de rien.

De nombreuses écoles dédiées existent de nos jours. on forme des professionnels bercés par toute une culture crée par les "vieux" qui ont appris sur le tas. François Miterrand, Ministre de la Culture semble réellement s'intéresser au secteur et à son développement, et François Fillon vient même de charger Patrice Martin-Lalande d'apporter des propositions au sujet du statut juridique du jeu vidéo.

Du côté des acteurs de l'industrie, les langues se délient de plus et plus et les visages se font de plus en plus connaître, merci Internet. Beaucoup de personnes comme Jénova Chen, Fumito Ueda, David Cage, pour ne citer que les plus célèbres, affirment leur volonté d'ouvrir de nouveaux chemins pour le jeu. Les budgets de développement étant sans comparaison avec ceux pratiqués il y a même quelques années, les développeurs prennent leur temps pour sortir des titres de qualité.

C'est vraiment une période excitante, pleine de possibles. Mais le revers de la médaille, c'est qu'en 2011, les gens consomment beaucoup plus, beaucoup plus facilement et beaucoup plus vite. Il faut prendre garde à ce que même les gamers ne se laissent pas submerger par trop d'informations, trop de jeux. Certains jeux marquent, on ne les oublie pas et on ne doit pas les oublier. Je pense à Red Dead Redemption qui m'a profondément marqué. Voilà un an que le jeu est sorti, mais c'est pour moi une expérience bouleversante. J'ai le sentiment que certains joueurs jouent par effet de mode, pour avoir les trophées et pour ne pas manquer les grosses sorties. Un RDR, ça se digère, comme un bon livre ou un bon film. On revient dessus. Mais en 2011, on dira que RDR est "un vieux jeu" ! Réveillez-vous ! Il n'est sorti il n'y a qu'un an !

Autre chose, le phénomène du snack gaming, un terme très inspiré je trouve. Le jeu est de plus en plus perçu comme un objet de consommation - ce qu'il est aussi, mais je pense au sens péjoratif du terme. Certains jeux sur téléphone portable et Facebook sont sûrement originaux et peaufinés, mais j'ai peur que la majorité mainstream  (c'est une redondance, non ?) ne se focalise que sur ces jeux et se dise que c'est ça le jeu vidéo normal, comme quand on va voir Bienvenue chez les Ch'tis ou qu'on bouffe au MacDo', comme ça, sans réfléchir. On sait que pas mal d'acteurs émergents ou de gros éditeurs sont très intéressés par ce marché ou se sont déjà fait des couilles en or avec ! Même si je n'y crois pas trop, je ne veux pas que ça devienne la dominante du secteur !

Mais je reste optimiste, le jeu vidéo ça bouge toujours et c'est ça qui est passionnant ! Vivement l'E3 !