Cette fois, nous y sommes. Microsoft vient d'annoncer officiellement que sa prochaine machine, la Xbox One, sortira sur notre territoire le 22 novembre 2013. Sony, de son coté, lancera la PS4 sept jours plus tard, le 29 novembre 2013. 

A présent, les deux constructeurs se retrouvent ainsi dos au mur. Ils sont même dos à dos et c'est à partir de maintenant que chacun devra déployer des trésors de marketing (oserais-je parler de fourberie si nécessaire ?) pour rallier le plus de joueurs possible sous son propre étendard. Les line-up de lancement des deux machines sont connus depuis la Gamescom, et la politique tarifaire est également clairement établie. Le hardware faisant battre le coeur de ces consoles étant grossièrement le même (bien que Microsoft ait a priori récemment augmenté la puissance du CPU, passant de 1,6 à 1,75 GHz) c'est uniquement sur son image, son positionnement tarifaire et sur les jeux disponibles au lancement que chaque constructeur affûtera ses armes.

Quelles sont les forces exactes en présence ? C'est ce que nous allons détailler ici.

 

 

La date de sortie de la machine, un élément purement psychologique.

 

Ainsi donc, la Xbox One sortira 7 jours avant la PS4. Est-ce que Microsoft espère capitaliser sur ses 7 jours d'avance ? De prime abord, on serait tenté de répondre par l'affirmative. Mais en y réfléchissant, l'argument paraît un peu bancal. S'il est vrai que la Xbox One pourra envahir les rayons des magasins seule pendant 7 jours avant de devoir cohabiter avec la PS4, il ne faut pas oublier que les campagnes de réservation des machines ainsi que celles des jeux présents le jour J seront entamées depuis longtemps à ce moment là, puisqu'elles ont déjà commencé à l'heure actuelle, pour les machines tout du moins. 

Le seul élément sur lequel Microsoft pourrait éventuellement capitaliser serait l'achat compulsif de certains joueurs en voyant la première console Next-Gen dans les rayonnages. Mais alors que pour la bataille de la génération actuelle Xbox 360/PS3, la firme de Redmond avait pris un an d'avance pour installer sa console, le délai de 7 jours paraît bien dérisoire. La date du 22 novembre 2013 n'a été choisie que pour dire aux joueurs que Microsoft dégainera avant Sony. Et si cet argument est bien réel, il reste plutôt léger.

 

 

La guerre des prix est-elle bien réelle ?

 

Nous le savons depuis quelque temps déjà, la Xbox One sera vendue 499 euros alors que la PS4 vous demandera de débourser 399 euros. Avec cette différence de 100 euros, on se souvient que Sony avait frappé un grand coup lors de l'E3 2013. Microsoft répondait encore récemment que qu'ils devaient,  "Prouver que la console vaut ses 100 dollars de plus". 

Il n'est pas difficile de trouver au moins une raison pour laquelle la Xbox One possède cette différence de prix : Kinect est intégré directement avec la machine. Ceci posé, est-ce que cette différence de prix va permettre à Sony d'assommer son concurrent au lancement ? D'un point de vue purement comptable, oui, évidemment. Dès que l'on touche à son porte-monnaie, le consommateur est frileux et attentif au moindre argument qui pourrait lui faire faire des économies. Si cet argument paraît particulièrement solide, il convient de la nuancer légèrement : même si Microsoft annonce un prix plus élevé, c'est loin d'être l'arme absolue pour le constructeur japonais qui lui permettrait de rafler la mise, bien que le positionnement tarifaire d'une console soit un élément particulièrement prégnant en temps de crise. Et l'histoire vidéoludique a déjà prouvé qu'une console trop chère se vend souvent moins bien que la concurrence. 

Néanmoins, Microsoft n'a pas déjà perdu la guerre, loin s'en faut.

 

 

Le line-up de lancement des deux machines peut-il réellement faire pencher la balance ?

 

Si l'on regarde le line-up de lancement de chacune des deux consoles d'un point de vue purement comptable, la Xbox One gagne par KO. 

Jugez plutôt : si on trouve 7 exclusivités pour la PS4, la Xbox One en compte 12 ! Microsoft en propose donc quasiment le double, mais en plus, alors que sur PS4, 5 jeux sur 7 sont des licences inédites, (InFamous : Second Son et Killzone : Shadowfall sont là pour assurer la continuité chez Sony), Microsoft sort l'artillerie lourde avec 4 suites issues de licences bien installées et non des moindres : Forza Motorsport 5, la licence de simulation automobile qui pour beaucoup de joueurs a supplanté Gran Turismo depuis quelques années. Autre licence phare de Microsoft, Dead Rising 3, qui a pris lui aussi son envol sur 360 et enfin Killer Instinct, qui signe le retour d'une licence attendue depuis longtemps par les amateurs de jeux de combat. 

Je serais tenté d'ajouter deux autres jeux qui complètent ce tableau impressionnant : Ryse : Son of Rome, qui a envoyé du bois lors de l'E3 et Quantum Break qui signe le retour de Remedy après le succès critique D'Alan Wake. Dans le domaine précis des jeux présents au lancement, la Xbox One écrase sa concurrente. S'il est difficile de dire dès à présent si cet argument sera décisif en novembre 2013, il faut reconnaître que Microsoft a du répondant face à Sony.

 

 

Mais alors, qui va gagner cette bataille ?

 

Nous l'avons vu précédemment, chaque constructeur possède des arguments qui sont capables de faire pencher la balance vers l'un ou l'autre des protagonistes. Si Sony avec la PS4 possède une longueur d'avance grâce à son prix plus agressif que sa concurrente, la Xbox One peut jouer la carte du line-up de lancement plus étoffé et ainsi que l'atout technologique avec Kinect intégré directement dans la machine.

Il faut ajouter qu'en matière de produits high-tech ces gammes de prix sont devenues monnaie courante. Regardez les prix de certaines tablettes, pour ne citer que cet exemple. Si les configurations hardware proches et la date de sortie des machines très rapprochées finissent par devenir des arguments neutres, il est évident que la lutte entre Microsoft et Sony s'annonce dantesque. Même si la communication de Microsoft autour de la Xbox One paraît assez hasardeuse depuis le mois de mai (apportant son lot de déclarations contradictoires et des révisons nombreuses en matière de contenu de la machine) et que Sony ne fait que répondre presque passivement à chacune des annonces de la firme américaine, les deux mois à venir seront cruciaux pour les deux combattants. L'heure n'est plus à l'observation de son adversaire. 

A partir d'aujourd'hui, le combat sera âpre et sans répit. Et contrairement aux générations précédentes, il n'y a pas de grandes marges de manoeuvre, ni d'un coté ni de l'autre. Sony se doit de gagner la bataille pour ne pas risquer un éventuel chaos financier après les campagnes poussives de la PS3 et de la PS Vita, Microsoft, de son coté, ne vise que la place de leader dans l'industrie du jeu vidéo. Un marathon de deux mois commence, pour le plus grand bonheur du joueur qui, dans ce cas de figure, devient un consommateur qui a l'avenir de deux sociétés entre ses mains. Et si c'était cela le plus grand intérêt de tout cela ? 

Il ne faut jamais oublier que c'est vous, en achetant ou non une machine ou une autre, qui décidez du sort de l'industrie vidéoludique et surtout de son orientation future.

 

Vidéoludiquement vôtre,

Utori