L'arrivée d'une nouvelle console se voit souvent suivie par la découverte d'une faille permettant le piratage de ses jeux et/ou le lancement de programmes amateurs. Ces deux phénomènes connaissent cependant une évolution bien différente : alors que la création de homebrews (comprenez un programme "fait maison") reste cloisonnée à une petite communauté de passionnés, le piratage des jeux prend souvent une proportion considérable, participant parfois au bonnes ventes de la console...

 

1. Les Supports

 

Ce parallèle entre piratage et développement amateur n'a bien sûr qu'un intérêt sur console, qui sont des machines réservées à la création professionnelle, ou semi-professionnelle avec les récentes plateformes de téléchargements comme le XBox Live Arcade ou le PSN. Mais ici, je veux parler de jeux créés par des gens comme vous et moi, sur leur temps libre et pour pas un sous. Dans ce domaine, les consoles portables sont reines : souvent moins chères et avec un hardware moins technique donc plus facile à maitriser. On y retrouve donc la GameBoy Advance, la Nintendo DS ou encore la PSP. Ces deux dernières connaissent un taux de piratage important, mais aussi une scène de développement amateur grandissante. La GBA, quand à elle, a connu un peu moins de piratage mais profite toujours d'une communauté de passionnés qui continue d'exploiter ses capacités pour concevoir des jeux.

Concernant les consoles de salon, des possibilités existent sur Nintendo Wii (non officiel) et XBox 360 (Officiel avec le XNA) mais ce n'est malheureusement pas le domaine que je connais le mieux, je me contenterais donc de parler des portables.

Un dernier mot concernant des machines dont le kit de développement est officiellement disponible, et gratuit, comme les consoles GamePark (GP32, GP2X, Wiz) ou encore la récente Dingoo. Certaines consoles à plus large diffusion comme la PlayStation ou la WonderSwan (j'en oublie sans doute) ont également connu un SDK (System Development Kit, ou Kit de développement) grand public.

 

 

2. Le Matériel

 

Le but n'est pas ici de faire la publicité de quelconques méthodes de piratage, et nous savons tous que Gameblog ne mange pas de ce pain. Mais force est de constater que ces outils, permettant à Monsieur Tout-le-monde de mettre à profit sa créativité et son talent pour cr
ute;er un nouveau jeu, peuvent également nuire à notre média préféré en permettant la diffusion et l'utilisation illégale des copies de jeux.

Sachez donc que pour lancer et jouer aux nombreux jeux et applications amateurs de la PSP, vous devrez changer votre firmware (le logiciel de la console en quelque sorte) ce qui vous permettra également de lancer des images d'UMD et fera sauter votre garantie par la même occasion! Pour ce qui est des consoles Nintendo, il faudra vous munir d'une cartouche réinscriptible appelée linker dont la diffusion a simplement explosé depuis l'arrivée de la DS (les versions GBA étant assez chères à l'époque).

Ces méthodes étant parfois à la frontière légale, un développeur amateur se retrouve donc souvent hors-la-loi, le reléguant au même statut qu'un simple pirate.

 

 

3. Mais au fait, pourquoi développer sur console?

 

C'est vrai ça! Pourquoi ne pas se contenter de supports où le développement est légal, comme le PC? De part mon expérience personnelle, il est autrement plus fun de voir tourner son propre jeu sur une GameBoy Advance, cette petite console dédiée au jeu et totalement déconnectée de ce monstre de puissance qu'est le PC. C'est sans doute une question de point de vue, et sans doute le fait que je n'ai jamais été un très gros joueur PC. A vrai dire, c'est pour la GBA que j'ai fait mon premier vrai programme. Toujours est-il que cette expérience est magique et que voir un simple sprite codé par vos soins se mouvoir sur ce petit écran est simplement jubilatoire! 

 

 

4. Autant pour les programmeurs que pour les joueurs

 

Avoir accès au côté underground d'une console, c'est pouvoir créer du contenu pour celle-ci mais c'est surtout profiter du contenu créé par les autres. De nombreuses communautés de passionnés regroupent des centaines de projets de jeux dans leurs forums. On y trouve beaucoup de projets peu avancés ou abandonnés, de démos techniques et d'applications parfois obscures. Ma
is dans cette jungle se cachent de véritables perles de gameplay, de créativité et même parfois de beauté! Heureusement, des classements et des tests vous permettent de ne pas vous perdre et vous vous retrouverez très vite à tester tous les projets en développement, à suivre leurs progression, à encourager leurs développeurs et peut-être à vous lancer à votre tour dans l'aventure. C'est là toute la magie des homebrews, bien loin du piratage.

 

 

5. De la programmation au piratage

 

C'est sans aucun doutes le chemin le moins empreinté, d'une part car les personnes ne profitant au départ que du côté programmation sont rares et d'autre part car le fait de créer ses propres jeux ne peut qu'encourager à respecter et à supporter les développeurs professionnels. Bien entendu, les jeux amateurs sont, à de rares exceptions près, gratuits et librement diffusable (pour peu qu'ils n'utilisent pas de ressources sous copyright, mais ceci est une autre histoire), au contraire des jeux commerciaux. C'est donc une alternative, certe limitée mais réelle, aux jeux payants. 

Mais la tentation n'est-elle pas trop forte? Profiter de tous les jeux gratuitement, difficile de résister, n'est-ce pas? Surtout quand un blockbuster pointe le bout de son nez alors que vos poches sont désespérément vides... Rien n'est moins sûr. C'est ensuite à chacun de savoir respecter les équipes de développement, car jouer ou créer des jeux en amateur, c'est aussi se mettre soi-même la pomme sous le nez...

 

 

6. Du piratage à la programmation

 

Le piratage peut aussi avoir des côtés positifs, indirectement évidemment. On ne pourra pas empêcher une personne de pirater si les outils lui sont mis à disposition, mais on peut en profiter pour lui faire découvrir de nouveaux jeux, gratuits qui plus est! Cela peut même lui donner envie de
programmer, qui sait? Encore une fois, on parle d'un phénomène marginal, mais pas inexistant. 

 

 

7. Faut-il promouvoir le développement amateur?

 

C'est une question légitime, puisque faire connaître le développement amateur c'est potentiellement (et malheureusement) promouvoir le piratage. Dès lors, il faudrait taire l'existence de telles communautés et laisser les personnes réellement intéressées les trouver par elles-mêmes. Comme en atteste cet article, ce n'est pas l'option que j'ai choisi. D'une part, les techniques de piratages sont bien plus exposées que le développement amateur, l'influence de ce dernier est donc minime. D'autre part, il serait dommage de cacher une telle mine de jeux à cause du piratage, qui se développera de toutes façons. 

Notez également que dans la majorité des articles de médias grand public traitant des méthodes de piratage des consoles portables comme la PSP ou la DS, je n'ai que très rarement pu lire un mot sur les homebrews. 

 

 

En conclusion,  quelles possibilités pour Gameblog?

 

Gameblog est un site clairement opposé au piratage, et tant mieux! Mais quelles possibilités s'offrent à lui pour parler de jeux amateurs sans promouvoir des méthodes ou des produits (limite) illégaux? Malheureusement, pas grand chose concernant la PSP ou la DS, mais il reste la XBox 360 avec le XNA, cité au début de cet article. On peut également penser aux jeux PC, ce qui donne quelques pistes à explorer. A défaut, Gameblog peut continuer de parler activement des jeux indépendants, à mis chemin entre la scène amateur et les jeux commerciaux classiques, et c'est déjà pas mal!