La saga des Batman Arkham existe depuis pas moins de trois épisodes. C'est alors avec un quatrième et dernier épisode que Batman Arkham Knight s'évertue à apporter une conclusion. Une conclusion digne de ce nom qui répond à toutes les questions? Pas vraiment...
Tache bien compliquée que de faire suite à l'énorme réussite que représentait Arkham Asylum et Arkham City. Après un décevant Arkham Origins, Gotham est une nouvelle en danger, et dévoile un nouvel ennemi inédit: le Chevalier d'Arkham. Nous sommes donc en présence du chevalier noir après les événements connus d'Arkham City, au milieu de Gotham totalement désertée suite à une attaque de l'Épouvantail qui sera aidé par une grande partie des ennemis connus du Dark Knight. Le but est une nouvelle fois de vaincre le Bat dans ce que la promo décrit comme " le combat ultime ".
Le premier soucis qui n'en sera un que pour une poignée de gens mais suffisamment important pour le souligner : Batman est devenu beaucoup trop high-tech. Son nouveau costume est en réalité une armure qui ferait pâlir Iron Man lui-même, en plus d'une batmobile over-cheaté à la Transformers. Ces changements ont véritablement de très grandes chances pour ternir l'aura que porte Batman depuis ses tout débuts, exit le Justicier débrouillard ne disposant avant tout que de lui-même et ses talents pour combattre le mal, et non pas d'une technologie d'une époque avancée. La chauve-souris a en effet droit à un véhicule qui tire des missiles téléguidés, des bombes IEM, et autres joyeusetés destructrices pour en découdre avec parfois une soixantaine de tanks et drones en un combat. Ce qui offre dans le cadre des points positifs un bon moyen de couper les missions plus en phase avec ce que nous connaissons des jeux Arkham, mais qui à mon grand regret représente 90% du jeu. Batman ne pouvant apparement se passer de batmobile que lors de très peu de missions.
Côté narration, le Chevalier d'Arkham nouveau méchant énigmatique et masqué, reste assez decevant dans son statut d'ennemi final. Le personnage est assez intéressant de base à cause de son look représentant un Batman militarisé et tueur, mais il semble moins dangereux qu'un Joker ou qu'un Ra's al Ghul. On assite simplement à des cinématiques très badass en sa présence, mais terriblement molles une fois les phases de combats engagés. Batman, quant à lui, ne cessera d'expliquer au joueur ce qu'il se passe ou ce qu'il va se passer, rendant le tout prévisible puisque le joueur est constamment tenu par la main-main afin d'éviter toute confusion. Le reste du casting demeure non-exploité, impossible de se dire que Batman Arkham Knight apporte une conclusion digne de ce nom. Trop de questions restent en suspens en plus de ne pas offrir une vraie fin aux personnages secondaires. En effet, une fois le jeu terminé, on a comme l'impression de ne rien avoir fait, la plupart des ennemis connus tels que Deathstroke, Double-Face, ou encore le Pingouin, ne sont présents que dans le but de gonfler la durée de vie dans des quêtes annexes plus que redontantes. Pas de place dans l'histoire de Batman Arkham Knight pour eux, et donc pas de fin non plus, rétablissez l'ordre dans Gotham à travers une petite dizaine de missions pour chacun des ennemis de Batman, battez-les et vous en aurez terminé. On sera alors navré de ne pas leur laisser une place plus importante dans le scénario, surtout quand le tout se résume à une non-exploitation d'ennemis pourtant célèbres.
Autre point noir, le gameplay dont la qualité n'est plus à prouver mais qui montre un énorme effet de lassitude depuis trois volets. Même les phases d'infiltrations dont les mécaniques sont encore les mêmes, ce qui est légitime car moins présentes, mais dont une vent de fraîcheur n'aurait pas fait de mal. Néanmoins, Batman répond au doigt et à l’œil, grimpe, saute, esquive, court et interagit avec beaucoup de fluidité et d'aisance comme l'on a déjà été habitué et c'est tant mieux. On court toujours comme dans Arkham City au milieu d'une ville dont on n'a pas la moindre envie exploration malgré sa modélisation et ses décors splendidement esquissés comme le reste de la partie graphique, cela va sans dire. Ainsi, l'ambiance général de l'opus n'est plus aussi poignant que l'aura été Asylum et City dans une moindre mesure. Vouloir agrandir l'open-world et surtout le garder n'était pas une mauvaise idée mais le supprimer n'en aurait pas été une non plus. Un open-world n'est pas un gage de qualité, une saga qui offre pour la première fois un open-world ne sera pas mieux qu'avant juste parce que c'est l'open-world. Et là, encore comme pour son prédécesseur, le côté monde ouvert est mal utilisé. Comme dit plus haut, le désir d'explorer est inexistant, on ne fait qu'aller d'un point A à un point B. Ce qui est plutôt dommage pour un jeu vidéo qui se déroule dans une cité aussi passionnante et délicieuse que Gotham. Certes, on passe beaucoup plus de temps sur les toits que dans les rues mais on ne parvient pas retrouver cette sensation de connaitre les moindres recoins, surtout qu'une fois le jeu terminé les raisons de se balader dans la map restent très pauvres. On pourra bien aller tabasser une ou deux racailles ou rouler en Batmobile, mais impossible d'y trouver un bon prétexte.
C'est à cet instant que l'on commence à regretter le grandiose Asylum. Cette atmosphère pesante, cet isolement captivant et ces environnements fins et ouverts au moindre détail que l'on prend plaisir à observer. Évidemment, proposer de déambuler dans Gotham à pied ou en voiture-tank-HD vend du rêve comme celui de se balancer de toile en toile dans un joli New-York mais peut-être fallait-il garder un level-design restreint et clôturé plus réussi au lieu d'essayer d'agrandir un open-world déjà pas bien convaincant. Le spin-off Origins quoi qu'on en dise avait sûrement eu une bonne idée en voulant retourner à une zone plus petite avec plus de phases en intérieur. Il est aussi dommage que les combats contre les boss manque de challenge.
En définitive, même si Arkham Knight reste un bon divertissement comme City, là où Asylum sentait le chef d'oeuvre, le manque de renouvellements, le côté excessivement spectaculaire, la Batmobile qui demeure démesurément présente, on en vient à regretter le premier opus qui n'avait, forcément, lui, pas besoin d'innover mais qui offrait une expérience bien plus propre et satisfaisante.
Et malgré tous ces soucis, malgré tout ça, malgré ce côté redondant, malgré ce manque de nouveauté, Arkham Knight reste un bon jeu mais qui garde tous les beaux engrenages qui font tourner la machine Arkham et qui font toujours plaisir même s'ils s'avèrent bien rouillés.