L'intention de ce test est de vous livrer une impression du jeu avec le moins de spoil possible.

 

Après des épisodes 5 et 6 assurément orientés action, la licence phare de Capcom commençait à s’essouffler et tel un Phoenix qui renaît de ses cendres, Resident Evil se devait de renaître de lui-même. Le pari est-il réussi ? Voyons cela.

 

Imaginez-vous dans la peau d'Ethan Winters, qui, ayant reçu par email une vidéo très inquiétante de sa femme partie faire du babysitting en Louisiane, décide de lui venir en aide. Vous vous retrouvez alors à rejoindre le bayou en voiture et le moins que l’on puisse dire, c’est que vous êtes tout de suite mis dans le bain ! Dans une atmosphère crépusculaire, vous parcourez un marais sans trop savoir où marcher, jusqu’à ce qu'une vieille bâtisse immense s'impose à vous. Votre quête vous mène rapidement à l’intérieur où le sentiment d’abandon des lieux se manifeste par l’état d’insalubrité et de délabrement qui y règnent. A un détail près, la baraque n’est pas si inhabitée que cela...et l’accueil des maîtres des lieux n’est pas des plus avenants, loin de là ! Folie, sadisme, violence sont les caractéristiques des membres de cette famille qui vont vous faire passer un sale quart d’heure.

 

Graphiquement, le jeu tient ses promesses – La maison de la famille Baker (c’est leur nom) rappelle le manoir Spencer mais à la mode redneck. La bâtisse est tout en bois et sous la crasse, on devine un cadre soigné. Les fans de la première heure reconnaîtront d’ailleurs les quelques éléments ingénieusement intégrés au décor et rappelant ça et là les précédents opus. Resident Evil oblige, les lieux sont aussi assez vastes et il vous faudra consulter la carte régulièrement pour retrouver votre chemin dans ce dédale. La déception vient surtout de la résolution du casque VR. En effet, le downgrade graphique est flagrant en réalité virtuelle, mais largement compensé par l’immersion que le casque procure, car l’intention de Capcom est clairement de vous faire prendre conscience de l’horreur dans laquelle se trouve le héros, d’où une mise en abîme à la première personne – point de vue inédit dans l’appréhension de la trame scénaristique ! D’autant plus que les Baker ne vous lâcheront pas d’une semelle dès lors que vous croiserez leur chemin. D’ailleurs, votre « rencontre » se fait autour d’un dîner auquel vous êtes convié de force et au cours duquel  vous découvrirez l’ampleur de leur insanité. Entre un fils complètement barge, une mère hystérique, un père tortionnaire et amateur d'hémoglobine et une grand-mère complétement amorphe, votre première réaction sera de vous demander pourquoi vous avez mis les pieds dans cet endroit. Cette scène du dîner est LA scène qui caractérise ce septième opus et deviendra, sans aucun doute, mythique. D’abord, parce qu’elle apparaît au début du jeu, mais aussi et surtout parce qu’elle dépeint parfaitement l’atmosphère des lieux et toute l’angoisse que vous allez ressentir pendant toute la durée de votre cauchemar ou, en tout cas, au moins une bonne partie. A souligner également : les membres de la famille Baker sont vraiment charismatiques ; le père Jack sera le premier à vouloir vous faire la peau et il est coriace le bougre ! Son personnage est très imposant et le doublage de bonne qualité renforce son caractère de cinglé. La mère, Marguerite est totalement folle à lier, c'est elle qui vous prendra en chasse en beuglant des paroles insensées. Quant au fils, Luca, son esprit pervers vous mettra à l'épreuve d'énigmes bien sadiques. La grand-mère, bien qu'inerte et inspirant de la pitié dans son fauteuil, jouera avec vos nerfs car vous la retrouverez dans différents endroits de la maison. Comment une petite vieille peut-elle se déplacer dans ces lieux alors qu'elle paraît quasiment comateuse ?!

 

 En revanche, si on analyse le personnage principal, l'émotion que devrait susciter le lien qui unit Ethan et sa femme n'est pas au rendez-vous. Ces deux personnages sont assez fades finalement et leurs retrouvailles après quelques minutes de jeu ne sont pas franchement démonstratives. Les petites phrases insultantes envers la famille qu'il balance de temps à autre au cours de la partie ne sont pas du meilleur effet et dénaturent la sensation de panique qu'il devrait éprouver au regard de la situation dans laquelle il se trouve.On aurait presque préféré que le personnage ne parle pas ! Outre ces petits défauts, le jeu vous prend aux tripes et vous tient en haleine sans aucune échappatoire possible, exception faite des quelques salles de repos (qui font aussi office de lieux de sauvegarde), maquillées d’une musique apaisante et inquiétante à la fois (à la manière de The Evil Within) et qui jalonneront votre parcours. Vous pourrez alors vous accorder quelques moments de répit et choisir de vous soulager de votre équipement à votre convenance - car oui, vous trouverez des armes - grâce aux coffres disponibles dans ces pièces et qui s’apparentent furieusement au système mis en place par Capcom dès le début de la série.

 

Ce mélange de nouveautés et d’éléments inhérents à la licence est parfaitement bien dosé et stratégiquement bien pensé – il permet de rallier les novices et de toucher les amateurs les plus invétérés ; ce Resident Evil n’est d’ailleurs pas lié aux autres épisodes canoniques de la série, vous pourrez donc en profiter sans avoir vu les précédents.

 

Côté gameplay, la véritable nouveauté réside dans un mode de vue à la première personne qui rend la prise en main beaucoup plus intuitive. Vous contrôlez votre santé au moyen d'une montre que vous portez telle une Apple Watch dès que vous accédez au menu. Plutôt malin car ce dernier s'intègre directement à l'écran de jeu, ce qui permet de ne jamais être coupé de l'aventure. Finis les écrans bleus dignes de l'Amstrad avec des sons stridents à chaque clic ! Dans Resident Evil 7, vous n'aurez pas le temps de souffler et on adore ça. Pour preuve, le jeu ne se met pas en pause quand vous souhaitez afficher le menu. L'autre nouveauté est la traque. Les propriétaires n'auront de cesse de vous pourchasser; il vous faudra donc faire preuve de vigilance accrue pour ne pas vous faire attraper et vous cacher dans les zones d'ombre ou les recoins que vous trouverez, gare à vous si vous vous faites pincer ! La nécessité de furtivité est donc primordiale et renforce la sensation d'angoisse, décuplée par le sentiment de solitude que l'on éprouve à arpenter la maison. Les énigmes sont également de la partie, pas très difficiles il est vrai, mais tellement dignes de Resident Evil que l'on valide.

 

 Au niveau de la VR, on l'a évoqué, l'immersion est à couper le souffle ; vous êtes vraiment dans la peau du personnage. Au même titre que les livres dont vous êtes le héros en leur temps, Capcom a créé le jeu vidéo dont vous êtes le héros jusqu'à repousser les limites de l'incarnation du personnage en masquant délibérément le visage d'Ethan les rares fois où vous le voyez à la troisième personne. Pour une immersion totale, le port d'un casque audio est indispensable. Il serait dommage de passer à côté de tous les petits bruits que vous entendrez au détour d'une pièce ou d'un couloir, car là aussi les développeurs ont soigné les effets sonores et l'atmosphère ressentie se veut vé-ri-ta-ble-ment anxiogène ! Vous ressentirez en outre les effets d'un son surround qui vous enveloppe totalement et vous sentirez ainsi coupé du monde réel, isolé dans ces lieux avec pour seuls amis l'angoisse et la folie. Attention toutefois à ne pas faire marcher Ethan trop vite car même si la sensation de nausée ne se fait pas forcément ressentir, elle peut rapidement vous prendre de court si vous courrez sans cesse.

 

 Mais que serait un Resident Evil sans ses monstres ? Hé bien ce ne serait plus un Resident Evil ! C'est pourquoi dans cet opus, le bestiaire est aussi bien présent quoique limité. Nous avons déjà parlé de la famille Baker qui compte vraisemblablement 4 membres, mais vous serez aussi confronté à un autre type de monstre, tout aussi amical, qui ne cherchera à faire qu'une bouchée de vous - nous vous laissons la surprise de les découvrir. Soyons clair; limité ne veut pas dire décevant; si l'on considère que les Baker font partie intégrante de l'histoire, il est normal de se les coltiner presque tout au long de l'intrigue - nous sommes chez eux après tout. Chaque membre vous donnera assez de fil à retordre pour ne pas avoir en plus à vous soucier d'autres bestioles qui traîneraient dans le coin ! Rappelons-le, ce nouvel épisode est un retour aux sources de la saga, basée sur la peur et la sensation de malaise; nul besoin de déployer un florilège ahurissant de bêtes.

 

 Qui dit monstres dit armes pour les neutraliser et là encore, le héros ne sera pas en reste. Vous trouverez au fil de vos pérégrinations nombre d'armes à feu qui viendront constituer la panoplie du parfait mercenaire (du pistolet au lance-grenades). La prise en main des armes est toutefois plus intuitive au casque VR qu'en mode de jeu normal : la visée se fait par le regard alors qu'en mode écran de TV, elle s'effectue par la molette de la manette, ce qui vous oblige à viser de manière précise et donc de prendre le risque que l'ennemi ne s'approche trop près et vous frappe.

 

En conclusion, nous pouvons dire que ce nouveau Resident Evil a subi une grosse refonte et s'en tire avec brio. Empreint de moult références cinématographiques et vidéo-ludiques d'horreur, il ravira les vrais amateurs du genre.

 Les protagonistes, les lieux, l'ambiance, tout est fait pour vous donner la chair de poule. On regrettera toutefois le manque de relief du personnage d'Ethan Winters et certaines séquences de jeu un peu moins intéressantes, mais que l'on soit néophyte ou fan de la série, tout le monde y trouvera son compte. Bref, un titre que vous pouvez vous permettre d'acheter les yeux fermés.

 

Les + :

L'immersion en VR

Les décors magnifiques

L'ambiance réussie

Les effets sonores du plus bel effet

La séquence de l'énigme de Lucas excellente

Bonne durée de vie pour un jeu VR (comptez une dizaine d'heures)

Les - :

Le manque de charisme de certains personnages

La résolution graphique limitée en VR

Certaines séquences de jeu pas très intéressantes