Ne tournons pas longtemps autour du pot, bien qu'ayant vu la plupart des "films de princesse" de Disney et les trouvant de manière général assez réussi, je concède que je ne suis pas le 'premier public' de ce genre particulier du cinéma d'animation. J'avoue toutefois une nette préférence pour ce que j'appelle "les princesses 3D" à savoir Merida de 'Rebelle', Vaiana du métrage éponyme, Vanellope du 'Monde de Ralph' et il me reste à voir le fameux 'Raya et le dernier Dragon'. Des films modernes qui s'adressent aux petites filles d'aujourd'hui (et les petits garçons aussi ne soyons pas sectaire). Mais dans le lot, il y a pourtant un film que j'ai tout de suite adoré, grâce à son personnage principal qui eu droit a un traitement un peu différent de ses consœurs. Ce film vous l'aurez compris au vu du titre de cet article, c'est Raiponce. J'ai enfin eu l'occasion il y a peu de pouvoir visionner la série dérivée (disponible sur Disney+) et j'en ai donc profiter pour me faire l'intégrale de cette franchise, du film de 2010 à la fin de la série qui s'acheva l'année dernière.
LE FILM (2010)
Isolée dans une tour au milieu d'une épaisse forêt, Raiponce une jeune femme proche de ses 18 ans, vit recluse sans le moindre contact avec le monde extérieur. Enfin presque, car vient lui rendre visite plusieurs fois par semaine Gothel, une femme assez âgée qui semble trouver dans les pouvoirs magiques de la longue chevelure blonde de sa frêle pensionnaire un moyen de lutter contre son vieillissement inexorable. Tout aurait continué à se poursuivre ainsi si un brigand de grand chemin, connu sous le sobriquet de Flynn Rider, n'avait pas trouvé refuge dans cette même tour pour échapper aux autorités locales. Galvanisé par la présence d'un étranger, Raiponce décide de braver l'interdit de sa 'Mère' en quittant l'abri qu'elle à toujours connue. Et d'aller percer le mystère des lumières dans le ciel qui apparaissent chaque année à la nuit de son anniversaire...
Comme je le disais, Raiponce est le seul film de princesse que j'aime vraiment beaucoup, et ce pour une raison simple: son héroïne me fait beaucoup rire. Et c'est là que j'explique en quoi elle est différente des autres. La plupart du temps les princesses Disney sont traité de manière sérieuse, avec tout juste quelques traits d'humour très polisson et sont accompagnées d'un animal domestique qui lui va figurer tout l'effet comique (Polochon dans 'La Petite Sirène', Olaf dans 'La Reine des Neiges', le raton-laveur dans Pocahontas etc...). Or, dans Raiponce, l'élément comique est apporté...par Raiponce elle-même! Et de ce fait son "Familier" - Pascal le caméléon - devient la figure terre-à-terre et modératrice. Inversion des rôles qui confère à la demoiselle à l'honneur un statut de 'belle cinglée' qui me parle énormément. C'est elle qui fait rire par sa folie douce, son enthousiasme déluré, sa joie de vivre exagérée.
Le reste du film est toutefois assez classique dans le traitement de ses personnages (pour un métrage d'animation de la firme à la souris) et cela fait alors d'autant ressortir la particularité de la protagoniste principale. Flynn Rider est un aventurier doué mais narcissique, qui se croit absolument irrésistible. Le capitaine de la Garde un homme droit et tenace qui ne lâche pas sa proie. Le Roi et la Reine des monarques bons et justes mais dévastés par la disparition de leur fille unique.
À la vérité il y a un genre d'individus que la franchise à toujours traité là aussi de manière inattendue, et il s'agit des "méchants". Que ce soit Gothel ou les vauriens de la taverne du Canard Boiteux, ces derniers sont traités avec beaucoup de nuances, ce qui reste très rare dans l'univers Disney. Par exemple sous la carapace de froideur et de cynisme de Mère Gothel, on distingue un véritable amour pour Raiponce. Intéressé et calculateur mais sincère. De leur coté, les piliers de comptoir aux faciès patibulaires se révèlent être de bons gars aux mœurs un peu chahuteurs adorant chanter et danser. Seuls les frères Stabbington demeurent assez caricaturaux avec leur attitudes de vraies crapule irrécupérables, histoire d'opposer de vrais adversaires sans foi ni loi à notre couple de héros.
Sinon le cheminement scénaristique du film est sans surprise, il n'y a pas de twist qu'on ne voit venir à des kilomètres ou de révélation spectaculaire. Graphiquement on est dans une veine Disney pur jus avec quelques rappels de design un peu hors du commun d'autrefois (les chevaux sont les mêmes que dans 'Hercule', mais en 3D). Le final est là aussi très convenu, même si j'ai cru un instant que le studio oserait franchir le pas de tuer le 'Love Interest' de la Miss (mais non...le pouvoir de l'Amour tout çà...). Non vraiment ce qui fait sortir du lot cet énième 'histoire de princesse' c'est clairement Raiponce Herself, pointe de dinguerie inhabituelle qui donne à ce film une particularité fort bienvenue.
LE TÉLÉFILM (2017)
Avec ce 'téléfilm' qui sert en fait de pilote à la série, nous retrouvons les différents personnages issus du film - de Raiponce à ses royals parents en passant par Eugène et ses amis du Canard Boiteux - et il introduit une nouvelle tête qui sera importante pour la suite: Cassandra la servante. Celle-ci est en fait la fille adoptive du Capitaine de la Garde, et son développement au sein du show sera primordial.
Raiponce, devenue princesse du jour au lendemain, à beaucoup de mal à s'adapter à ce nouveau train de vie, entre réception protocolaire et devoir dû à son rang. Au grand désespoir de sa servante qui peine tant bien que mal à la préparer à ses nouvelles fonctions. Heureusement la jeune monarque peut compter sur le soutien de ses amis Eugène et Pascal - respectivement son 'mec' et son familier reptilien. Cela ne l'empêche pas malgré tout de se sentir à nouveau prisonnière, cette fois certes dans une prison dorée mais tout de même. Son geôlier n'étant plus 'Mère Gothel' mais le Roi Frédéric en personne, qui ne souhaite pas que sa fille miraculeusement retrouvée ne quitte l'enceinte fortifié du royaume.Avec la complicité de Cassandra, elle outrepasse l'interdiction et les deux amies finissent par rejoindre l'endroit où la Fleur de Soleil fut découverte des années plus tôt (introduction du film). Une stèle en mémoire de cette plante magique y est présente, en bien mauvais état à cause d'étranges rochers noirs qui semblent surgir de nulle part. Sous forme de pics menaçants, cela n'annonce rien de bon, mais Raiponce s'en approche tout de même et en effleure un du bout des doigts...ce qui ramène quasi instantanément son immense chevelure blonde. Et c'est le point de départ d'une longue quête de trois ans qui reviendra sur les origines du pouvoir de guérison que possède la princesse.
Quittant son habillage en trois dimensions pour un retour à une animation plus classique en 2D, le changement de graphisme peut paraître brusque quand on enchaîne directement le film et le téléfilm (ce qui fut mon cas) mais je dois bien dire que la direction artistique prise pour cette production m'a très vite emballé. Entre 'collage' et fluidité de l'animation par ordinateur, le résultat fait mouche (il n'y a pas cet effet saccadé présent dans South Park pour appuyer ce coté 'collage artisanal', ce qui rend plus fluide l'ensemble). Raiponce semble plus mature avec ce nouveau design et Eugène gagne en effet de manche. Mais celle qui m'a tout de suite plu - et pas qu'un peu - ce fut la fameuse Cassandra. Aussi bien en terme de chara-design que de caractère. Une réussite totale que ce personnage coincé entre sa fonction de servante et son désir d'entrer dans la Garde Royale.
Cependant la plus grande réussite vient du scénario qui reprend habilement les questions laissées en suspens dans le film et comble tout un pan laissé en friche que n'exploitait pas du tout le script cinéma. À savoir l'essence magique de la Fleur, son origine, son histoire. En partant de là se développe tout un univers qu'explorera avec tout autant d'intelligence la série, sur laquelle il est temps de passer.
LA SÉRIE (2017-2020)
Nous suivons donc principalement Rapunzel (j'ai toujours préféré cette appellation, et j'ignore pourquoi elle fut abandonné en français au profit de ce nouveau nom un peu ridicule au vu de sa consonnance) qui découvre littéralement 'La vie De Château' et surtout sa fonction de princesse accompagné de tout le protocole diplomatique qui s'ensuit. Mais cette vie lui semble bien trop étriqué et très vite elle s'en affranchit pour découvrir le Royaume et ses habitants...et vivre des aventures toutes plus mouvementées les unes que les autres. Et de ce fait le nombre de personnage secondaire s'étoffe de manière exponentielle au fur et à mesure des épisodes, pour terminer au bout des trois saisons à environ une trentaine de visages connus.
De ceux-ci certains sont plus notables que d'autres, et formeront la 'troupe' principale qui entourerons nos héros (Raiponce, Eugène, Cassandra, Pascal et Max). Tout d'abord il y a Lance Strongbow, vieux partenaire de Flynn Rider avec lequel il a fait les 400 coups (qui m'a beaucoup fait penser au culte Titus Andromedon et qui d'ailleurs est doublé en VO par James Monroe Iglehart, qui est l'ennemi juré de l'ami de Kimmy Schmidt...il n'y a pas de hasard...). Puis il y a Le Pied Froid, frère de La Main Froide (le joueur de piano avec un crochet à la place d'une de ses mains), un cœur d'artichaut dans une montagne de muscle. Et enfin l'incontournable Le Satyre (seul surnom qu'on lui connaît, on ne sait rien de sa vie passée), le petit vieux complètement siphonné toujours prompt à sortir une réflexion complètement hors-sol en toute situation. On pourrait aussi rajouter Varian le petit chimiste et Adira la mystérieuse guerrière qui en sait bien plus qu'elle ne le prétend. Tout ces protagonistes interviendront pour aider au mieux le Royaume à surpasser les péripéties qui s'enchaineront à la pelle.
En parallèle à cela nous en apprenons bien plus sur la Fleur du Soleil, qui fait en fait partie d'un ensemble magique bien plus grand, en doublon avec les fameux rocher noirs, associés eux à la magie de la Lune. Se tisse en toile de fond tout un univers sur d'anciens rites, de légendes oubliées et de magiciens luttant pour le bien ou pour le mal. La série ne se contente donc pas de raconter des histoires uniques d'épisode en épisode mais possède un coté feuilletonnant très marqué, avec un début, un milieu, une fin. D'ailleurs même si je n'en ai aucune preuve il semble assez évident que l'ensemble des trois saisons furent esquissées dès le début de la production; la mise en place d’éléments en saison 1 qui seront - et pas qu'un peu! - repris en saison 3 ne laissant guère de doute à ce sujet. La saison 2 quand à elle est un périple en caravane au-delà du Royaume de Corona, ce qui permet là aussi de pas mal agrandir l'univers de la franchise.
Un point important, et qui reprend le non-manichéisme bienvenu du long-métrage, c'est le traitement des antagonistes, et surtout des 'vilains principaux' de chaque saison. Alors bien entendu il y a des vauriens de bas étage et des félons irrécupérables qui causeront bien du tort à nos valeureux héros mais au cours des trois années durant lesquelles se déroule la série, les principaux adversaires qu'ils connaîtront ne seront que des conséquences des choix de Raiponce en personne. Et j'avoue que c'est assez fort de faire cela dans une série destinée aux enfants. Car oui c'est bien la princesse elle-même qui créera ses plus grands ennemis en grande partie à cause de son tempérament bien souvent agaçant pour ceux qui l'entoure.
Souvenez-vous de la particularité de Raiponce, que j'évoquai au moment de parler du film: c'est une cinglée optimiste au grand cœur. Et ce constat est aussi fait au sein même de son univers et de son entourage. Et ces traits de caractère ont plutôt tendance à irriter ses proches, parfois jusqu'à la saturation! C'est un traitement que je n'avais jamais vu auparavant dans une série animée: sa bienveillance constante et son éternel besoin de voir le bien en chacun est RÉELLEMENT considéré comme un défaut par tout les autres personnages de la série! Et donc je le répète certains d'entre eux iront même jusqu'à la haïr pour cela, et même s'opposer à elle durant des saisons entières! Y compris des alliés! La frontière entre 'les gentils' et 'les méchants' volant alors en éclats et laissant Raiponce face à elle-même et ses erreurs, ses états d'âmes et ses doutes. D'une série aux apparences gentillette et anodines se révèle en fait une belle leçon de vie sur la nature 'du bien et du mal ' à destination des petites têtes blondes devant leur écrans. Je vous rassure tout de même, tout finit toujours par s'arranger et les inimitiés par s'envoler, on reste chez Mickey après tout. J'avoue toutefois que je ne m’attendais absolument pas à cette approche en commençant à visionner la série et la qualité de celle-ci n'a fait que renforcer mon attrait pour cet univers qui avait déjà mes faveurs.
À noter que mon 'intégrale' ne fut pas totalement intégrale car je n'ai pas vu les webisodes des deux mini-séries qui se déroulent entre les saisons 1 et 2. Baptisées "Les petites Histoires" (9 épisodes) et "Mon Journal Intime" (20 épisodes), il s'agit de courtes vidéos n'excédant pas 2 minutes et qui reviennent rapidement sur de petits événements sans grande importance pour l'histoire globale. J'ignore où ses vidéos sont disponibles.
LE COURT-MÉTRAGE (2012)
Le titre de cette petite vidéo de 5 minutes résume tout: 'Le Mariage de Raiponce'. Qui voit donc - à votre grand étonnement - le mariage de la princesse avec Eugène. Mais paradoxalement nos deux tourtereaux ne seront pas au centre de cette petite histoire. Non, elle fera le focus sur Max et Pascal foutant le boxon en ville pour récupérer les alliances qu'ils ont laissés filer.On se retrouve là devant un pur film d'animation à l'ancienne, mais à la sauce 3D. C'est virevoltant, sans une seconde de répit, à l'humour absurde limite cartoonesque...digne des 'Merry Melodies' en Noir&Blanc d'un autre temps. Notez qu'il fut réalisé peu après la sortie du film, et visible désormais un peu partout sans restrictions particulières.
Cela induit donc que les nombreux événements de la série n'était pas connu à l'époque et que par conséquent les nombreux personnages qui y sont introduit n'apparaissent pas dans cette séquence finale de la franchise. Pas de Varian, pas de Pied-Froid, pas de Cassandra...Ces absences auront donc à posteriori des conséquences sur le devenir des protagonistes secondaires au moment de l'écriture de la série animée, qui se déroule entre le film et le court-métrage.
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Bonus:
1) Un plan 'spatial' place Corona en plein milieu de notre beau pays, ce qui entre en contradiction avec le fait que la cité soit entourée d'eau (et du genre un paquet). Deux solutions: il s'agit soit d'une erreur - et le royaume se situe bien en Normandie en lieu et place du Mont St-Michel (théorie dominante) soit la carte est 'à l'Américaine' est situe 'à peu près' le Lac Léman. Supposition qui à ma préférence et rendrai plus cohérent l'ensemble de la série (en terme de peuples, d'architecture, de langue etc...) et surtout rattrape un peu l'origine germanique du conte d'origine. C'est du pinaillage dont seul 4 personnes max' au monde se sont soucié mais moi je tiens à ce genre de détails...
2) Raiponce et son époux Eugène sont visible en caméo dans 'La Reine des Neiges' en tant qu'invité du Grand Bal, cette courte apparition engendra toute une ribambelle de 'théories' toutes plus farfelues les unes que les autres sur d'éventuels liens familiaux entre les héroïnes. La série les as toutes rendues caduques.