Première partie de la revue complète - et chronologique ! - des épisodes 3D de la série des Grand Theft Auto. Vice City Stories ouvre donc le bal de cette intégrale qui m’est un peu particulière, car je ne suis à la base pas un grand partisan de cette saga au ton qui ne me correspond pas. Contrairement à beaucoup donc je découvre ces titres sur lesquels je ne sais vraiment pas grand-chose en dehors de quelques idées préconçues. Cette découverte tardive sera sans doute l’occasion d’en apprendre plus sur cet univers, sur son évolution au fil du temps, et de voir ce qu’ils valent vraiment au-delà de mes préjugés.

DEUX FRATRIES AMIE-AMIE

1984, Vice City. Victor Vance est un soldat qui souhaite faire une carrière militaire afin de subvenir aux besoins de sa famille, et plus particulièrement de son petit frère Pete qui à besoin d’un suivi médical. Mais il se fait virer de l’armée en servant de bouc émissaire à son supérieur Jerry Martinez, un officier corrompu jusqu’à la moelle qui se servait de Victor comme d’un fusible.
Désormais en pleine débâcle, le bon gars n’a plus d’autre choix que de se tourner dans la criminalité et les affaires louches pour faire fortune rapidement. Ayant plus de neurones que la moyenne des crétins qu’il rencontre et un savoir-faire guerrier qu’il sait mettre à profit, il grimpe rapidement au sein des petites organisations criminelles du quartier où il s’est établi. Il parvient même à monter un petit réseau mafieux simple mais plus que rentable.
C’est alors que débarque Lance Vance, l’autre cadet, au caractère bien plus exubérant. Mais également à l’ambition bien plus élevée. Ensemble les frangins Vance vont "secouer les cocotiers" de la pègre jusque là plutôt pépère de la Cité du Vice. Jusqu’à faire la connaissance d’une autre fratrie: les Mendez, avec qui ils vont prospérer à vitesse grand V…


Victor aurait certainement été couvert de décorations vu ses talents mais le sort en a décidé autrement...

Voilà pour la trame de départ de ce Vice City Stories, portage PSP de l’épisode Vice City sorti sur PS2. Usant de la petite astuce de la préquelle (usité également avec Driver 76), cela permet de retravailler la carte en enlevant là un immeuble, ici une route afin de faire entrer le logiciel sur un UMD en prétextant une ville en plein boom immobilier. De fait le patelin est constellé de bâtiments en cours de destruction, de chantiers massifs ou bien de zones en friche. Situation qui sera parfaitement intégrée dans un aspect important du gameplay que j’expliciterai plus loin.
Pour le moment on reviendra sur ce qu’est un GTA, et plus particulièrement sur cet opus, à savoir un jeu ‘en monde ouvert’ qui propose un grand nombre d’activités diverses qui provoqueront plus ou moins la police qui vous pourchassera en fonction de vos méfaits, niveau de poursuite symbolisé par les célèbres étoiles. Qu’il s’agisse de devenir chauffeur de taxi, pompier, ambulancier, employé de fourrière ou même agent des forces de l’ordre, de commettre des carnages en se rendant sur les pastilles ‘rodéos’, de faire des super-sauts sur les toits, de courir un grand nombre de courses au volant de véhicules variés (sur route ou sur mer voir les deux), de fureter dans tous les coins pour y alpaguer les 99 ballons rouges qui débloquent au fur et à mesure un arsenal bien utile ou même pratiquer son swing avec l’entrainement au golf…Pas de quoi s’ennuyer dans le coin !


De Soldat discipliné à fauteur de troubles

Mais le cœur du jeu reste son Histoire, qui avance à coup de missions qui sont données par les différents seconds rôles. Il pourra s’agir du frère, du boss d’un gang local, d’un supérieur hiérarchique, d’une amie, d’un contact plus ou moins douteux voir même parfois de célébrités. Toutes ses quêtes sont signalées sur la carte par une lettre (bien souvent l’initiale du donneur de missions) et chaque réussite débloque alors la ou les missions suivantes, que l’on peut effectuer à sa guise.
La plupart d’entres elles suivent un schéma classique: un plan sommaire est mis en place que le héros tente de suivre mais très vite la situation dégénère et il faut alors faire parler la poudre contre les ennemis qui déboulent en nombre. Puis une course-poursuite qui fera office d’échappatoire clôture la séquence. Néanmoins des missions se libèrent de ce carcan routinier et seront par conséquent rafraichissantes voir même quelquefois mémorables.
La saga GTA est un mélange de beaucoup de chose, mais elle reste ancrée principalement sur deux axes: la conduite et l’affrontement armé. Tout les véhicules que vous serez amené à croiser sont utilisables et permettent de se déplacer dans toute la ville. Toutes les armes que vous dégoterez vous seront également utiles pour assoir votre domination sur les autres gangs qui ne vous lâcheront pas.
On trouvera en termes d’engins aussi bien des voitures que des deux-roues, des hélicoptères et même un vieux biplan pour survoler Vice City. On parcourra ses eaux à bord de tout un tas de bateaux, voir de jet-ski, ce qui sera bien plus agréable (et rapide !) que de circuler à la nage d’une rive à l’autre. J’ai eu un vrai coup de cœur pour l’esthétique des véhicules, qui on une dégaine de Micro-Machines virtuelles (je fus un petit garçon très fans de cette gamme de jouet), ce qui à su faire vibrer ma fibre nostalgique. La gestion du trafic routier m’a aussi agréablement surpris car régulé en fonction de l’heure: pas un chat à 3 heures du matin et très fréquenté aux heures de pointe. Une belle petite prouesse de programmation pour une version portable à mon sens…


Vice City à une atmosphère toute singulière entre son soleil, ses palmiers et son style relax

Vous l’aurez compris, un jeu généreux et riche dans la manière de l’appréhender. Vous pourrez y être un vaurien absolu fier de laisser des trainées de sang derrière lui ou plus simplement un type raisonnable qui tente de faire son beurre dans des business pas très nets. Et même pourquoi pas être un bon citoyen prêt à aider son prochain (mais à ce moment là vous n’avancerez pas beaucoup dans l’histoire, qui elle se passe obligatoirement dans le monde criminel).

UN EMPIRE QUI EMPIRE

L’un des aspects important de Vice City Stories, c’est la gestion de son empire, et cela mérite son lot d’explications.
Au début, par le biais d’une malhonnête connaissance, vous vous retrouvez presque malgré vous à devoir prendre la charge d’un ‘modeste’ établissement de ‘passe’ (restons courtois…) après l’avoir récupéré de la mainmise d’un gang rival. Il s’agira du premier ‘business’ d’une longue lignée.
En effet il vous sera possible de faire main basse sur toutes les bases des factions rivales de la ville afin d’y implanter vos propres affaires crapuleuses et bien entendu générer un revenu régulier des plus appréciables. Pour ce faire il faudra tout d’abord vider les lieux de leurs occupants par une séance de gunfight de bon aloi puis d’y investir quelques deniers. Là il vous sera demandé deux choses: la branche d’activité de ce nouveau business et sa taille.
Les branches se divisent en six sections : Racket, Usurier, Prostitution, Drogue, Contrebande et Vol.
La taille elle est de trois niveaux: modeste, moyenne et grosse affaire. Ceci influence sur la construction du dit bâtiment, son prix d’achat et évidemment sur ses revenus.

À vous de choisir comment mener votre business: dans la discrétion ou avec pignon sur rue

Car une fois établi ses deux critères, cela enclenche d’autres mécaniques. Tout d’abord vous pouvez modifier à loisir les options de chaque ‘entreprise’ à votre convenance, rien n’est définitif. Ensuite, et c’est là qu’on entre dans le vif du sujet, chaque branche d’activité va amener à une gestion de ce business particulière. Et pour cela il suffit de s’adresser à l’un de ses hommes de main, ce qui va lancer une mission annexe consistant à gérer son affaire en mettant la main à la pâte.
Concrètement, cela signifie que vous devrez effectuer vous-mêmes les ‘tournées des filles’, les amenant d’un client à l’autre les unes après les autres, ou bien aller réclamer les ‘assurances sécurité’ dans les magasins du quartier, avec parfois quelques récalcitrants à remettre dans le droit chemin ou encore aller fourguer vous-même la dope dans quelques ruelles malfamées et répondre des inconvenances que cela peut amener. C’est tout un pan du jeu qui se découvre via cet aspect-là et même si il est tout  à fait possible de voir le terme de l’aventure sans s’occuper le moins du monde de ce segment, il faut bien concéder que cela rajoute de la matière non négligeable à une durée de vie déjà conséquente.


Un bon patron sait faire tourner sa boutique efficacement

Mais il y a un revers à tout cela, et pas des moindres: les gangs rivaux ne se laisseront pas faire ! Et c’est le moins que l’on puisse dire…
Plusieurs gangs tiennent la ville en début de partie, et dès lors que vous vous en prenez à une de leurs bases, leur colère s’abattra sur vous telle une tempête de requins volants. Premièrement ils vous tomberont fréquemment sur le râble (c'est-à-dire toutes les 30 secondes !) et tenteront de vous descendre en pleine rue. Une fois, deux fois, dix fois, cinquante fois…c’est sans fin.
Ensuite ils tenteront de reprendre leurs anciens fiefs en les attaquants à maintes reprises. À vous de foncer à tombeau ouvert sur les boulevards pour arriver à temps et défendre votre base. Là vous aurez affaire à différentes vagues d’ennemis qu’il faudra tous envoyer dans l’au-delà le plus rapidement possible. Une fois l’attaque contenue, il faut procéder aux réparations du bâtiment, ce qui immobilisera pour un cours laps de temps l’ensemble de ses activités.
Là aussi les assauts seront fréquent, jusqu’à l’agacement, jusqu’à l’écœurement. Au point tel que vous passerez votre session de jeu à ne faire que cela ! Heureusement il y a un moyen de mettre un point final à ces attaques: en éradiquant les gangs ! En effet si vous parvenez à reprendre toute une filiale adverse, après quelques sursauts désespérés des derniers membres encore en vie, ceux-ci disparaîtront et vous laisseront tranquille.

Quelque soit la situation, Vic' est constamment sur le qui-vive...

Pour dire à quel point cela est gavant, je n’ai pas provoqué dans ma partie le dernier des gangs, qui du coup m’a parfaitement laissé tranquille. Car après avoir subi des milliers d’affrontements contre les bikers, j’en avais un peu plein la tronche de cette mécanique de gameplay ! J’ai donc fait l’impasse sur les derniers rivaux et bien m’en à pris !

Une fête foraine qui cache son lot de surprises. Mais on ne peut pas faire un tour de grande roue :(

Dernières petites précisions bien utiles au sujet de ces bases: Chacune d’entre elle renferment un point de sauvegarde qui pourront s’avérer salvateurs en cas de coup dur ainsi qu’une voiture systématiquement mise à disposition pour le joueur devant chaque devanture, ce qui là aussi peut se révéler bien pratique.

AUTRE TEMPS, AUTRE MŒURS…

Ha ! Parlons-en des sauvegardes !
Comme précisé plus haut je n’ai pas vraiment connu les GTA à l’époque de leur sortie en dehors de quelques parties pour la déconne chez un ami. Je ne connaissais donc pas le système de sauvegarde ‘à l’ancienne’, et tout en manuel. En soi on s’y fait et on sauvegarde donc de manière régulière son avancée. Rien de bien dramatique…
Par contre gros courroux en ce qui concerne les sauvegardes de missions et surtout lors des échecs dans ces dernières ! Car devoir repartir au point d’origine sur la carte pour relancer la mission depuis le début, ca va cinq minutes…(en vrai non, ca va même pas cinq secondes !). Non mais vraiment quelle galère ! Surtout si la mission demande de se rendre à un endroit éloigné. Devoir se farcir la traversée de toute l’île pour retrouver le donneur de mission…Le genre de trucs qui me sort de mes gonds au quart de tour.
La cartouche tente de palier à cela en fournissant en cas d’échec un ‘taxi’ spécial qui ramène directement au point d’origine mais ce dernier n’est pas toujours présent, ce qui rajoute à l’agacement déjà haut de devoir tout se retaper depuis le début. L’absence de sauvegarde automatique est clairement le gros défaut du titre, car certaines missions pas faciles que l’on doit se coltiner entièrement plusieurs fois pour en voir le bout, moi ça me pousse à bout.


Faut avoir la classe et un peu de vice si on veut se faire une place à Vice! La dernière image représente les deux frères Vance: Victor et Lance

C’est un peu pareil pour les armes que l’on perd entièrement quand on meurt ou qu’on se fait arrêter. Là aussi heureusement qu’une pastille ‘pot-de-vin’ permet de récupérer son matos sans trop de souci (à condition d’avoir de quoi payer mais ceci n’est un problème qu’en début de partie). Sachez toutefois qu’en grand joueur que je suis j’ai utilisé sans la moindre vergogne les codes pour me faciliter grandement la vie (la mienne et celle de Victor) car même si j’ai envie de venir à bout de cette intégrale GTA 3D, je n’ai pas non plus envie de m’y prendre le chou outre mesure.
Globalement j’ai trouvé le début du jeu bien difficile, parce que notre personnage n’a pas d’arme, pas de flouze, pas d’options d’aide (genre la course infinie)… mais je pense aussi parce qu’il m’a fallu un petit temps de réadaptation pour me remettre dans une maniabilité aussi rude et revêche. La première mission, qui nous place à bord d’un chariot élévateur, fut un cauchemar. La première fusillade où il faut protéger Lance fut chaotique. La première course en compagnie de Louise fut une tannée. J’en ai vraiment bavé pour me réapproprier cette jouabilité d’un autre temps.
Il faut dire aussi que je ne fus pas aidé par une PSP devenue un peu trop petite pour mes paluches de dinosaure de 40 ans. Entre le minuscule bitoniau analogique et les gâchettes qui me demande de me contorsionner les doigts pour les atteindre, Ouille Ouille Ouille les douleurs quand on repose la console ! Alors quand en plus le système de visée fait des siennes en foirant une fois sur deux et qu’il faut alors marteler R pour qu’enfin il cible un sbire qui nous truffe de plomb…


La visée manuelle sur PSP se débloque en tenant en joue et en faisant bas avec la croix. Cela à l'air de rien mais quand on ne le sait pas c'est une galère! La pastille rose est un déclencheur (ici pour récupérer son arsenal), il y en a plusieurs sortes (rodéo, étoiles etc...)

Continuons d’évoquer l’enfer que sont les PNJ en fulminant sur une Intelligence Artificielle au ras des pâquerettes. Que ce soit les piétions autant que les conducteurs, tous sont crispant au possible. Toujours à traverser pile devant nous, à zigzaguer sur les 2 voies sans aucune raison, à stopper au milieu de la route on ne sait pourquoi, à faire des queues-de-poisson… On pourrait presque croire que c’est fait exprès tant cela arrive en permanence (mais les programmeurs ne sont pas aussi tordus quand même…). Le pire reste quand une mission échoue par la faute d’un personnage non-jouable. Parce qu’il reste coincé dans un coin inaccessible au joueur, parce qu’il ne sort pas de son véhicule, parce que Lance tombe du toit et meurt, parce que Louise traverse et se prends un camion-poubelle, etc etc etc…
Dans ces cas là, ma patience déjà très limité se déclare en arrêt maladie et mes voisins supportent mes hurlements  hystériques durant plusieurs minutes…


Petit panel de tronche. Victor en costard et belle bagnole, au summum de sa gloire. Ricardo Diaz le baron de la pègre de Vice City. Un robot ménager multi-fonction, dont certaines très surprenantes. Reni Wassulmaier, artiste ambivalent.

Pour en terminer avec le chapitre des tares, une maniabilité avec certains engins plus qu’approximative (l’aéroglisseur, par tous les Dieux, une horreur ! La mission où il est imposé à failli me faire perdre le peu de raison qu’il me reste), des poteaux parfois fragiles comme du beurre, d’autrefois en béton armé et enfin des temps de chargement entre les îles pas forcément très longs mais fort peu judicieusement placés.

IL Y A QUELQUE CHOSE DANS L’AIR CE SOIR

Une petite particularité de ce VC Stories, c’est l’apparition d’une star bien réelle dans son univers de fiction, à savoir Phil Collins. N’étant pas du tout au fait de sa présence quelle ne fut pas ma surprise quand je le vis descendre de son hélicoptère. D’abord incrédule, me disant juste «Tiens ce Phil ressemble beaucoup à Phil Collins» avant de percuter qu’il s’agissait bel et bien d’un caméo de l’artiste. Personnage tertiaire apparaissant dans 3 ou 4 missions, celles-ci se terminent par un ‘concert’ du chanteur (en fait un seul titre). Très sympathique idée.


Monsieur Collins doit donner un concert en ville, mais le spectacle connaît quelques heurts dans sa mise en place. Heureusement Victor va régler tout les problèmes.

Cependant on pourra citer également Philip Michael Thomas, mieux connu sous le nom de Rico Stubbs dans Miami Vice (2 Flics à Miami par chez nous) qui reprends son rôle de Lance Vance qu’il tenait déjà dans Vice City ou bien de Danny Trejo dans un personnage qui lui est très ressemblant, physiquement du moins: Umberto Robina.

Très beau montage qui met côte à côte Philip Michael Thomas et le rôle iconique qu'il incarna dans les années 80. Il double Lance Vance dans les deux GTA Vice City. Danny Trejo lui donne sa voix et son visage à Umberto Robina, un petit chefaillon d'un gang de quartier latino.

Je terminerai ce petit tour d’horizon des têtes à retenir par le personnage fictif mais très marquant qu’est Reni Wassulmaier, dont la proche consonance avec ‘Voici le Meilleur’ me fait sourire. Une caricature étonnamment moderne qui entre en résonnance avec certaines lubies du monde actuel. Il serait totalement inconcevable aujourd’hui… Là encore un témoignage d’un autre temps…

Je commence mon tour complet des GTA 3D par un titre assez foisonnant, plutôt complet, agréable visuellement et avec un protagoniste certes rude mais qui reste avenant, contrairement à son entourage au QI pas très élevé.
Certaines missions furent de véritables corvées, l’IA fait parfois des siennes et la PSP m’a bousillé l’index droit mais ce premier pas dans la découverte des Grand Theft Auto ‘classique’ fut somme toute assez satisfaisante - je suis bien content d’en avoir vu le bout quand même !