La licence ‘Blood Dragon’ à ceci de particulier qu’elle est tel un parasite Xnardien s’insinuant dans le corps d’hôtes bien portant pour mieux profiter de leur puissante aura. C’est ainsi qu’Ubisoft créa en 2013 le premier volet qui s’avéra être un add-on de Far Cry 3, avant de continuer en 2016 en devenant cette fois un épisode bonus de Trials. Avec son ambiance rétro-futuriste parodique et ultra-référencée, cette drôle de saga a su se faire sa propre place en squattant celle des autres tout en apportant une véritable identité qui lui est propre. Allons voir plus en profondeur de quoi il en retourne exactement…

  • Éditeur : Ubisoft
  • Développeur :  Ubisoft Montréal (Far Cry) / RedLynx (Trials)
  • Distributeur : Ubisoft
  • Joué sur Xbox360/PS4 (via PS+ Premium)
  • Article composé de 2526 mots

 

FAR CRY BLOOD DRAGON

2007. Le Futur. L’apocalypse nucléaire a déjà eu lieu. Les survivants ont évolués dans ce monde en flammes. La guerre fait rage entre l’Est et l’Ouest. Vous êtes Rex Colt un androïde génération Mark IV, envoyé en mission d’espionnage pour découvrir exactement ce qu’il se trame sur une île mystérieuse où dit-on il se passe des choses bien curieuses. Sitôt débarqué, sitôt les ennuis débarquent eux aussi. C’est le Colonel Sloan qui est à la tête de ce projet secret, l’ancien instructeur de Rex, l’homme qui lui a tout appris. Et le vieux soldat ne rêve que d’une chose : se venger du reste du monde. Mais ce n’est pas ça le plus dingue… le plus dingue ce sont ces fichus dinosaures luminescents qui crachent des rayons laser qui pullulent sur l’archipel. Des Dragons de Sang qu’on appelle ça. Des Blood Dragons.


OOOOooh la jolie petite bête ! Quelle est mignonne !!

Bon je ne vais pas m’attarder sur la présentation technique du jeu, celle-ci étant calquée à 100% sur Far Cry 3. Si vous souhaitez en savoir plus sur cet aspect-là, voyez le test du jeu de base sur Gameblog. C’est bien plus intéressant de revenir sur l’ambiance mise en place dans ce DLC un brin particulier. Dès le début on est jeté dans une ambiance où le cool semble dicter sa loi. Lumière bleuté et ombres noires qui dominent l’environnement, émaillé de néons colorés qui claquent sur la rétine, des tirs lasers qui font un ‘Piou-Piou’ bien badant, des cinématiques bien rétro aux répliques hyper-burnées qui frappent et l’esprit et les zygomatiques, un second degré constant, des réminiscences des vieux films cultes de l’ère des VHS de vidéoclub (quelle grande époque !)…
On ne sait plus où donner de la tête tant on en prend plein la poire. Et cela sans compter sur ce qui reste à ce jour le meilleur tutoriel jamais conçu dans l’industrie vidéoludique (« Ha Ha Ha, active le protocole d’initiation pour les nuls ! »), à la fois instructif et d’une drôlerie à nulle autre pareille. Non vraiment cette introduction est juste parfaite. Sans doute l’une des plus Badass du Jeu Vidéo…

Sautons directement à la dernière mission pour parler là aussi de sa mise en scène hyper-chiadée et du pur kiff qu’il y a à parcourir la base ennemie avec ce sentiment de toute puissance ultime, armé d’un laser qui éclate tout et d’une bestiole dantesque qui nous obéit au doigt et à l’œil. Sans parler de cette bande-son style Electro des années 80 qui finit de nous transporter dans cet univers captivant. Vraiment, c’est un moment de jeu vidéo à vivre.


Qui a connu Dino-Riders ? Non mais c't'classe !

Mais entre les deux, il y a un jeu bien plus neutre à parcourir. Déjà, comme pour tout Far Cry - depuis le 3 justement - l’aventure se divise en deux catégories bien distinctes. Les missions et l’exploration.
Les missions principales, environ une dizaine, servent de fil rouge scénaristique classique. C’est par elles que l’histoire avance. Elles ne sont pas transcendantes et sont principalement des missions de bourrinage bas du front dans des bases tenues par les cyborgs ennemis. L’humour y est un peu présent mais c’est surtout les assauts incessants des adversaires qui vous occuperont lors de ces phases.


Les méchants on tous troqué leur Humanité pour des corps cybernétiques...

L’exploration elle est un peu plus motivante bien qu’assez redondante. Une bonne douzaine de bases sont réparties sur l’île qu’il va falloir investir puis conquérir (à grands coups de Bang Bang !). Une fois une station acquise à votre cause (les laborantins à sa tête), des missions annexes vous seront proposées, de deux types: chasse ou libération d’otages. Les titres sont assez équivoques pour ne pas à avoir à les détailler plus je pense. À chaque victoire se débloque une amélioration à installer sur son arsenal (silencieux, meilleure mire, balles perforantes, technologie de tir laser etc.). Ce qui à terme fera de vous ‘une armée d’un seul homme’. Il faut cependant dépenser des deniers pour acquérir ses améliorations au distributeur mais sincèrement ce n’est pas l’argent qui vous posera problème, il y a littéralement des liasses partout à dégoter. L’arc reste une arme qui ne s’améliore pas mais qui demeure d’une redoutable efficacité, capable de tuer la plupart des belligérants d’une seule décoche.


"Oui, oh c'est rien ! Juste un petit obstacle sur la route..."

Comme désormais de coutume dans les ‘mondes ouverts’, toute une panoplie de collectibles sont à récolter (des TVs, des dossiers, des animaux…) qui là aussi permettent au bout d’un certain nombre en notre possession d’améliorer notre matériel et notre besace. Fort heureusement ils ne sont pas cachés, à condition d’obtenir les différentes cartes qui les indiquent (simplement disponible au distributeur contre monnaie trébuchante, rien de prise de tête).


Des requins métalliques armés de fusils d'assaut reliés directement à leur cerveaux. Rien que de très banal pour la science...

Un aspect inédit à cet épisode reste la montée de niveaux de notre héros. Gradué de 1 à 30, il obtient à chaque palier atteint de nouvelles capacités. Du genre moins de bruit quand il court, meilleure acuité visuelle… J’avoue ne pas y avoir prêté plus attention que cela car en tant que Mark IV, Rex est déjà de base bien plus fort qu’un humain normal (pas de dégâts de chute, respiration sous-marine illimitée…) ce qui est quand même déjà pas mal pour un début de partie.


"C'est comme le Port-Salut..."

Que dire d’autres…je crois avoir fait le tou…

OUPS !!
N’aurais-je pas oublié de présenter le plus important ?

Ces fichus Dragons de Sang !!

Énormes lézards striés de rayures fluorescentes, ils sont aussi fascinants que dangereux. De fait leurs émanations colorées reflètent un peu leur état d’esprit : vert quand ils sont paisibles, jaune quand ils sont suspicieux et rouge quand ils sont en colère. Et là il vaut mieux courir si vous tenez à votre peau. D’une force herculéenne, ils possèdent de plus un atout majeur : Ils tirent de puissants rayons laser ! En clair, ce sont de vraies furies qu’il ne vaut mieux pas croiser sur son chemin. Mais bien évidemment le script du jeu fera en sorte de vous en mettre justement un maximum dans les pattes.


Les dragons seront au centre du scénario, leurs capacités extraordinaires attirant bien des convoitises...

Notez cependant qu’ils peuvent vous être d’une grande utilité quand il s’agit de prendre d’assaut un camp ennemi. Car en plus des autres approches (on fonce tête baissé / on se la joue Ninja / on fait le campeur avec le sniper) il existe un autre moyen qui consiste à abaisser le bouclier de la base - soit en explosant le générateur (à l’extérieur et non gardé) soit en désactivant tout bêtement depuis la console dédiée (à l’intérieur sous la surveillance de garde) et que dès que ceci est fait, un dragon se fera une joie de venir se repaître de la petite armada qui se planquait jusque-là à l’abri de la bête. Libre à vous ensuite d’aider ou non la terrible bestiole dans son carnage. Attention toutefois, bien que puissantes, elles ne sont pas immortelles et les troufions du mal peuvent très bien en venir à bout (cela reste rare). Une fois la base vidée de toute présence belliqueuse, il ‘suffit’ de faire sortir le lézard nucléaire en l’appâtant avec quelques cœurs bien lancées en dehors des murs de l’enceinte (possibilité de récupérer le cœur de chaque ennemis tué au cours du jeu. L’organe sert d’appât pour les Dragons, très friands de cet organe). Et voilà comment à peu de frais il est possible de prendre la totalité des stations de la carte.
Si jamais l’envie vous prend de vous attaquer à cette espèce dangereuse au lieu de la faire sortir prestement, sachez qu’elles ont tout de même un point faible : la tache colorée présente sur leur torse. Il vous faudra précision patience et dextérité pour en venir à bout mais c’est parfaitement possible. Le gain de points en cas de victoire est pour le moins conséquent. Un bon moyen de vite augmenter de niveau, mais le risque est là.


L'ambiance Blood Dragon résumé en une image

Far Cry Blood Dragon est un délire qui s’assume complètement et embrasse à pleine bouche son statut de caricature d’Actionner des eighties pour offrir une dizaine d’heures de jeu complètement loufdingue pleines de fun, de répliques cultes, de situations improbables et de gunfights nerveux et stylisés à l’extrême. Seules ombres au tableau, la jouabilité un poil vieillissante et surtout la propension qu’à Rex à se coincer dans les moindres recoins possibles et inimaginables. C’est fortement agaçant mais sans toutefois faire pencher la balance plutôt positive de ce jeu culte du mauvais côté.

 

TRIALS OF THE BLOOD DRAGON

Quelques années ont passé. Ce sont désormais aux enfants de Rex qu’il revient de ramener l’ordre dans le monde. Tout comme leur père - porté disparu - Roxanne et Slayter combattent le Péril Rouge, principalement durant le conflit de la 4ème Guerre du Vietnam. À bord de leurs deux-roues high-tech du futur ils traversent les zones les plus dangereuses du globe pour mener à bien leur mission de maintien de la paix. Mais il semblerait que la menace ces derniers temps soit très sérieuse du côté du Delta du Mékong : Des Dragons de Sang aurait été aperçus non loin des troupes ennemies…


Roxanne et Slayter potassent leur prochaine mission

Alors… Autant je connaissais la série Far Cry avant de faire Blood Dragon, autant je ne connaissais Trials que très vaguement avant de faire la version qui nous intéresse ici. En clair je n’y avais jamais joué. Ce fut donc ma découverte de cette licence. Et comment dire… j’ai absolument détesté. Mais vraiment. De A à Z. Rien ne m’a plus là-dedans. Ni la maniabilité exécrable (et volontaire), ni le chronomètre, ni le principe même du jeu en fait. Trials, ce n’est tout simplement pas pour moi. Du tout.
Je me suis donc contenté de faire les 27 niveaux requis pour voir le bout de l’aventure sans calculer une seconde le compteur à rebours qui défilait (on peut continuer à jouer une fois le temps à 00:00:00 de toutes façons…), j’ai terminé le mode histoire et vu les cinématiques afférentes et basta. Je ne rejouerai jamais plus à un Trials de ma vie. C’est bel et bien la licence Blood Dragon qui m’a fait jouer à cet épisode spécial, et rien d’autre.


En l'absence de leurs parents, c'est le Général Ryback qui à la charge des enfants de Rex Power Colt et du docteur Elizabeth Darling. Mais lui aussi a ses secrets...

Mais une fois cela dit, parlons tout de même du jeu. De base les Trials sont des jeux d’adresse à bord de vélo (et il me semble aussi de motocross mais je peux me tromper) en 2.5D avec pour unique but d’atteindre le bout de la piste dans un minimum de temps et d’essai. Je ne pourrais pas en dire plus car comme précisé plus haut je ne me suis jamais penché sur cette série (qui ne m’a jamais attiré).
Dans la version Blood Dragon on retrouve ces phases au guidon de vélocipède auxquelles s’ajoutent des phases à pied qui lorgne plus du côté «Twin-Stick Shooter» en mode assez basique mais suffisamment tordu pour mettre les nerfs en pelote. Et comme pour les phases où l’on avance à coups de pédales, la moindre erreur est fatale et nous ramène au checkpoint précédent. Fort heureusement, ceux-ci se révèlent nombreux, voir très nombreux. Ce qui limita un brin la crispation du système nerveux de votre serviteur au cours de ses pérégrinations.


Comme on ne peut le déceler sur cette image, Trials est particulièrement rustique dans sa maniabilité...

Les décors eux sont de toute beauté, conservant la charte graphique mise en place dans le ‘Far Cry’ ; cependant on découvre bien plus qu’une simple île sans nom. Sud-est asiatique, ville moderne, vieux temple…Mars... Depuis le hub des jumeaux - leur chambre à la caserne - vous pouvez choisir la mission à faire ou refaire pour améliorer vos temps. Les styles visuels des différents niveaux traversés changent pas mal même si au fond cela ne change pas grand-chose à la jouabilité. Et bah tient parlons-en de la jouabilité. Elle n’est rien de moins que cauchemardesque lors des phases ‘en véhicule’. C’est vraiment usant moralement que de contrôler ces savonnettes sur deux roues. Tantôt elles partent trop en avant, tantôt elles se renversent en arrière… l’équilibre à conserver pour maintenir les pneus sur le sol est on ne peut plus précaire et chaque pirouette se transforme en une espèce de saut de la foi ou l’atterrissage ne dépendra pas vraiment de vous mais de l’humeur de votre manette et de son analogique. Si bien qu’au bout d’un moment j’ai tout bêtement lâché l’affaire et me suis contenté d’avancer à l’arrach’ de checkpoint en checkpoint, sans passion aucune. Quant au chronomètre, dès que je me suis rendu compte qu’on pouvait largement dépasser le temps imparti, je ne l’ai plus calculé. Alors certes j’ai eu 80% de classement ‘F’ mais j’ai préservé ma santé mentale (faut savoir faire les choix qu’il faut…).


Des niveaux spécifiques proposent d'autres challenges, comme ici aux commandes d'un véhicule de reconnaissance tout-terrain. On peut se retrouver également avec un jet-pack ou bien à devoir diriger une voiture télécommandée...

Le gros paradoxe du jeu étant que les phases à pied elles sont bien plus réactives, bien plus maniables et bien plus plaisantes. Comme si Trials avait trouvé par le biais de Blood Dragon la véritable manière d’appréhender le gameplay. Un élément nouveau dans la franchise vient aussi compliqué la tâche : le grappin. Disponible aussi bien lors des phases à petits petons que sur le bicycle, le grappin laser permettra bien souvent de rejoindre une route annexe plus sécure voire plus courte, à condition de réussir à manier correctement l’instrument. Ce qui est loin d’être évident ! Là aussi je me suis contenté du minimum syndical en ce qui concerne cet ustensile afin de préserver mon équilibre psychologique.


Une bien belle réunion de famille !

Enfin, dire un mot sur les Dragons de Sang. Changement de look incompréhensible qui les fait passer de l’état de Dinosaures classieux à Fourmilier géant sans poils. C’est sûr que tout de suite leur niveau de charisme en prend un sacré coup ! Ils conservent toutefois leur puissance et on en apprend même un peu plus sur eux… mais honnêtement les révélations qui surviennent en fin d’aventure sont vraiment un peu trop Too Much, même pour une parodie extrême comme Blood Dragon…


Le nouveau look des Dragons de Sang est comment dire... discutable. À tout le moins.

Sentiments mitigés quand il s’agit de faire le bilan de cette licence parasite qu’est Blood Dragon. Car autant la version Far Cry je l’adore, autant la vision Trials je ne veux plus en entendre parler. Cela dépend donc du jeu de base sur laquelle vient se greffer cette saga assez particulière, n’ayant en soi pas de jeu propre à son seul nom. En ce qui concerne son avenir, la fin de Trials nous laisse clairement comprendre que suite il y aura mais où, quand et comment ? Grande question !
En tout cas il existe également une série animée qui va voir le jour prochainement mais qui ne semble pas avoir de lien scénaristique avec les jeux, juste elle se déroule dans le même univers. En tout cas il ne semble pas que ni Rex ni ses enfants soient de la partie…

Une série animé sur un certain Captain Laserhawk donc... à voir si lien il y a avec Rex et les Dragons de Sang...

 

Bonus orthographique:


J'en profite pour signaler une erreur fréquente en français: le mot "héros" est invariable. Au singulier comme au pluriel il s'écrit TOUJOURS avec un "s" à la fin. Toujours. le mot "héro" n'existe pas, sauf comme abréviation pour désigner la drogue dite "Héroïne" en argot. Le mot "Hero" (sans l'accent) est un mot américain pour désigner là effectivement un héros (heroes au pluriel). Sur cette capture d'écran il y a donc une énorme faute d'orthographe dans un jeu du plus gros éditeur français de jeu vidéo...

Bonus Patriotique:


Version Far Cry


Version Trials