Bonjour Monsieur Hunt. Votre mission, si toutefois vous décidiez de l'accepter, sera de proposer une suite spirituelle à l'excellente adaptation vidéoludique de votre premier métrage sur Nintendo 64. Mais pour cette fois point de scénario à suivre à grand traits mais un récit totalement neuf à parcourir, entre ambassade d'Europe de l'Est et prison Moyen-Orientale. Comme d'habitude vous aurez tout à loisir de choisir votre équipe mais si l'un d'entre vous était pris au cours de cette opération, l'agence nierait avoir eu connaissance de vos agissements. Pour le reste, vous avez carte blanche pour mener à bien vos investigations. Cette introduction ne s'autodétruira pas dans 5 secondes...

SPYGAME

Un conglomérat assez opaque connu sous le nom de Surma semble être en possession d'un virus numérique capable de pirater tout les systèmes informatique du globe. États, entreprises, armées de tout pays sont alors fragilisé par l'Ice Worm, nom de ce programme malveillant qui rebat les cartes de l'ordre mondial. L'IMF, au cours d'une de ces opérations, se rends compte qu'elle-même à vu ses réseaux tombés au sein de l'ennemi ! Ni une ni deux l'agence mandate son meilleur agent, Ethan Hunt, pour mettre un terme à cette glaçante menace. Première piste à suivre, la Yugarie, petit pays des Balkans qui semble être en lien étroit avec Surma...

Comme à son habitude Ethan donne plus dans la finesse que dans le bourinnage

C'est donc en 2003 que sort Opération Surma, quatrième jeu issu de la licence et dernier en date à l'heure actuelle, sur Xbox, Playstation 2, Gamecube et GameBoy Advance. On y retrouve donc notre bon vieux Tom Cruise dans le rôle de l'agent secret absolu pour une mission mêlant savants fous, militaires zélés, politiciens véreux et demoiselles en détresse. Bon en vérité l'acteur n'a pas donné son faciès pour son avatar, ni son timbre de voix alors que Ving Rhames et John Polson eux ont repris leur rôles de cinéma pour cette version jeu vidéo (vocalement et visuellement). Mais point positif pour la version française, c'est Patrick Poivey en personne qui double le personnage dans la langue de Molière, lui qui prêtait déjà son talent vocal au rôle dans le film de Brian de Palma qui ouvra la licence au grand écran.


Les très nombreuses facettes de l'agent seront mises à contribution

Pour ceux ayant parcouru le célèbre jeu N64, on se retrouve dans une version amélioré sur le plan ludique de ce que proposait ce déjà très bon épisode conçu par Infogrames à l'époque. Il s'agit donc d'un titre orienté action-infiltration à la sauce espionnage avec des objectifs très divers qu'il faut accomplir au sein du niveau avant d'en atteindre la sortie. On passe donc son temps à se cacher dans l'ombre, à assommer des gardes, à se faufiler dans des couloirs, à neutraliser des caméras etc... tout un panel d'actions de filou qui permet à notre protagoniste de s'aventurer toujours plus loin en territoire hostile. Le jeu est très bien découpé (à quelques exceptions près), avec 5 grandes missions 'générales' redécoupées en sous-missions, elles mêmes judicieusement garnies de checkpoints aux moments idoines, ce qui évite de devoir se farcir des pans entiers de niveaux en cas d'échecs (nombreux). De manière générale, le titre ne va pas à l'encontre du joueur, bien au contraire, ce qui est toujours agréable. Dans le même genre d'idée, les actions d'un niveau ne se répercute pas sur les suivants (par exemple les corps inanimés laissés en plan dans le stage 2.2 n'auront pas d'incidence sur le statut 'd'infiltré sans laisser de trace' dans les stages d'après...et heureusement d'ailleurs !). 

 


Ici Ethan se sert de son décodeur pour forcer une serrure électronique alors qu'il infiltre une prison

Techniquement, Opération Surma tient la route. Je n'ai pas noté de défaut particulier de ce coté-là, sans occulter le fait que le jeu date un peu. Graphiquement c'est là aussi dans la moyenne de l'époque, même si oui certains titres datant de la même période on mieux vieillit. La jouabilité elle est un peu lourde mais reste acceptable, surtout au vu de tout ce que peut faire l'espion. Les capacités de notre héros méritent d'ailleurs un chapitre à elles seules, histoire de bien les détaillées.

INSPECTEUR GADGET

Ethan Hunt possède pour parvenir à ses fins un sac à malice de bon aloi qui ne sera pas de trop pour parcourir les différents niveaux. Derrière tout ce matériel High-tech se cache son bon camarade Luther, qui sera l'ange-gardien de l'espion et le guide fort bienvenu du joueur pour aiguiller tout ce beau monde à réussir tout les objectifs.


Une vision nocturne qui décèle également les lasers. Ayant fait le jeu sur mon écran plat qui ne gère pas les niveaux de noirs alors que les décors sont très sombres, j'ai fait 80% du jeu avec cette colorimétrie verdâtre ^^

Mais débutons par le corps-à-corps, qui voit donc notre homme jouer du poing avec une sacrée force de frappe. En face-à-face il dispose d'un combo assez léger qui peut être couplé avec un coup de pieds sauté si on combine la course et la touche d'attaque. Simplissime mais relativement efficace. Néanmoins l'agent de l'IMF est plus spécialisé dans l'attaque sournoise et possède donc des techniques dites discrète. Qu'elles soient par derrière, d'angle ou du-dessus, elles consistent classiquement à surprendre un ennemi pour l'étourdir fissa.

Quelques actions de notre héros Sam Fischer. Heu pardon, Ethan Hunt! Le jeu est un Splinter Cell très soft, pour donner une idée du genre.

À ce mode de combat basique s'ajoute tout un matos de haute technologie qu'il faudra utiliser à bon escient. On débute avec les lentilles de contact à la sauce Impossible Mission Force, qui incluent un Affichage Tête Haute et une vision nocturne à volonté, puis viennent les jumelles/appareil photo/micro longue distance bien utile pour repérer les nombreux gardes. On termine cette première fournée avec les lunettes à imagerie sonique, qui peuvent 'voir' aux travers des portes grâce aux ultrasons. On poursuit avec les appareils disrupteurs, qui permettent de pirater les systèmes de surveillance vidéo (MCT), les alarmes (ELP), les verrouillages électronique (ELP encore) ou forcer les serrures classiques et découper les câbles (le coupeur laser). Enfin les pistolets 'non-léthaux' que sont le microcorde (lance-grappin nouvelle génération, pensez Batgrappin), la Guêpe (un pisto-drone muni d'un taser qui permet d'explorer les environs en toute sécurité) et surtout le lance fléchettes électronique qui servira beaucoup au cours de l'aventure au vu de ses multi-fonctions. D'un c'est lui qui neutralisera les caméras, de deux, il sert à marquer les gardes pour pouvoir les tracer via...bah le traceur et de trois peut activer diverses machines à distance pour faire diversion dans les rangs adverses.
Je rajoute qu'Ethan peut également se servir d'arme à feu. Mais uniquement en dernier recours, quand il est démasqué et qu'on attente sérieusement à sa vie (ou bien pour protéger quelqu'un). Sinon il use de son pistolet à fléchettes tranquillisantes.


Le fameux 'pistolet à puces', qui sera fort utile tout du long, qui sert ici à rendre HS une caméra

Présentons pour être exhaustif ses compagnons. Luther évidemment que justement on ne présente plus, Billy Baird le pilote d'hélico visible dans l'opus de John Woo, George Spelvin l'acteur de seconde zone qui tient de nombreux rôles sous les fameux masques et enfin Jasmine Curry la nouvelle recrue peu sure d'elle. Voilà pour l'équipe en place pour cette mission. Ils restent cependant peu présents, en dehors du meilleur ami d'Ethan.

Ving Rhames dans le rôle du superviseur de mission

FALLOUT

Malgré tout ce matériel, ces possibilités et ses frères d'armes, Ethan n'en à pas moins des défauts, mais rien d'agaçant fort heureusement. Le plus marquant reste sa 'marche arrière', qui survient principalement quand l'agent trimballe un inconscient sur ses épaules. Dès lors il se déplace presque systématiquement à reculons, et il s'avère extrêmement difficile de le faire retrouver un sens de marche conventionnel. En clair en faisant 'Haut' avec l'analogique, Mister Hunt ira bien dans la direction voulue - pas de souci de maniabilité en soi - mais en marchant à l'envers ! Effet comique garanti de prime abord mais qui fini par devenir ridicule sur la longueur...


On franchit les portes à empreintes digitales comme on peut...

L'autre léger souci de notre bonhomme va concerner ses 'transitions d'actions'. Faire passer notre héros d'un mode discrétion à un mode action ou de visée demande une petite seconde d'adaptation qui la plupart du temps ne cause pas de tort...sauf évidemment quand un ennemi vous débusque et se mets à vous tirer dessus. Alors là mouvement de panique qui fait commettre de nombreuses erreurs au joueur (surtout moi). Néanmoins on finit par s'y faire et on devient un expert dans le 'Damage Control'. Quand j'y pense M:I Operation Surma est une expérience dans laquelle on est en permanence en train de réparer nos propres bêtises. Et ce n'est qu'au bout d'un moment, quand notre connaissance du niveau est suffisamment élevée que l'on peut prétendre le traverser tel un véritable espion digne de ce nom, c'est-à-dire en total mode fantôme (j'y suis parvenu sur quelques stages, avec une certaine fierté). Le reste du temps, vous courez d'un soldat à un garde, d'un poste de caméra à une alarme tout en priant pour que votre intervention passe inaperçue. C'est rarement le cas.

Parfois il faut savoir improviser pour atteindre ses objectifs

Encore une fois l'ensemble du jeu est plaisant, à l'exception de trois passages très spécifiques que je vous décris ci-avant:
-Le niveau 4-2, construit entièrement sur la traversée d'un système de sécurité, principalement basé sur des grilles lasers (statiques et mobiles). Pas infaisable loin de là et même assez cool en vérité mais certains passages s'avèrent coriaces, et nécessite de nombreux essais (vraiment nombreux). Un gros point noir sur le saut à effectuer entre le filin et le monte-charge, cauchemardesque. Il m'a fallu une bonne demi-heure (et un fulminant éclat de colère) pour réussir ce simple saut ! (Astuce pour les futurs joueurs: il faut en fait qu'Ethan 'se cogne' sur le bastingage - on sent un décalage dans le balancement - puis appuyer sur saut. Là l'espion fera sa pirouette et atterrira sur la plate-forme. J'ai compris cela au bout d'une trentaine de tentatives...).
- Le niveau 5-1, un saut en parachute suivi d'une phase en jetpack. Le problème vient de la grande injouabilité de l'ensemble, combiné à de nombreux points de passages qu'on tente maladroitement de respecter. Tout en conservant par ailleurs une certaine vitesse pour ne pas louper la cible (un avion-cargo à fond de train). Là aussi de nombreuses tentatives pour réussir à passer cette étape rébarbative.
- Dans le level suivant, l'arrivée en soute qui voit une zone surveillée par trois gardes disposés en triangle, soit la pire configuration possible dans une phase de discrétion (si on passe en force, l'ensemble de la milice nous tombe sur le râble et on ne fait alors pas long feu). Avec en surplus deux caméras à neutraliser dans la même parcelle (et qui si elles nous détectent amène au même résultat fâcheux). De l'astuce, de l'expérience et une bonne dose de chance sont indispensables pour franchir cette satanée salle.

Une séquence ô combien énervante!

Petite anecdote rigolote pour terminer sur les imperfections avec un 'problème' non pas lié au jeu...mais à son carnet (la bonne vieille époque...). En effet une bonne partie de celui-ci à été imprimé deux fois ! Soit de la page 6 à la page 17 - sur 22 au total - en double exemplaire. Sacré loupé d'impression !

~€~

Je voulais jouer depuis des années à ce Mission Impossible peu connu, par pure curiosité, mais j'avoue que je ne m'attendais pas à ce que le jeu soit aussi bon. Continuité et perfectionnement de la formule du jeu N64, avec un meilleur découpage, une meilleure maniabilité et une meilleure cohérence d'ensemble ; il offre une aventure qui se parcoure avec beaucoup de plaisir. Après ce n'est pas non plus un 'grand titre' mais il reste dans la moyenne haute de la production vidéoludique et je pense que même des joueurs peu fans de l'univers créé par Bruno Geller pourraient y trouver leur compte. À condition de ne pas complètement haïr Ethan Hunt et/ou son ambivalent interprète...