Ha la nostalgie!! Quelle chose merveilleuse! Elle fait ressurgir des souvenirs lointains de notre jeunesse, embellissant les angles et nous rendant mélancolique du temps perdu...et nous fait souvent dire "Quand même, c'était mieux avant!"...
Prenez par exemple Nightmare Creatures II. A l'époque de sa sortie, je passais des heures entières devant ce jeu, joué par un pote sur sa PS1. Du haut de nos 19 ans nous trouvions ce jeu formidable, gore comme il faut, glauque à souhait et rempli d'ennemis bien dégueulasse. Sans parler de son héros aux antipodes des canons du genre. J'avais vu le premier, joué par le même ami sur sa même Playstation, mais il ne m'avait guère passionné. Tout juste je me rappelle que nous avions le choix d'incarner un mec ou une nana - depuis j'ai rematé quelques vidéos et je confirme: aucune trace ne reste de ce Nightmare Creatures dans mes synapses. Mais retour sur la suite qui elle a su se graver une place dans mon cerveau...Tant et si bien que quand il y a quelques mois je tombai sur une copie de ce titre en version Dreamcast dans mon échoppe oldies favorite, je mettais la main au porte-monnaie sans hésiter (malgré le prix un peu onéreux) afin de retrouver avec délectation ce sentiment nostalgique...
 
Réveil difficile
Oh. La. Laa. Quelle misère mes amis.
Maniabilité hasardeuse, difficulté exacerbée, scénario inexistant...ce sont là les premiers mots qui me viennent à l'esprit pour décrire le jeu.
D'un point de vue technique, il tient à peu près la route, il est beau (dans sa laideur artistique voulue), il est fluide...par contre il n'affiche rien au delà d'une distance de 15 mètres de votre perso. Un noir total et absolu sera votre principal horizon durant la majeure partie de l'aventure. La distance d'affichage ridiculement basse sera LE point noir d'un point de vue purement visuel. Il m'est également arrivé à deux ou trois reprises de constater des saccades voir de - très - gros ralentissement mais comme l'aventure ne s'avère pas être des plus rapides cela ne dérange pas tant que cela. Des temps de chargement aussi surviennent parfois en plein cours d'un niveau, généralement quand vous changez de zone, ce qui freeze le jeu quelques dixième de secondes.
 
 
Venons en au gameplay...celui-ci se divise en deux: les phases d'exploration et les phases de combat. Le mapping de touches change donc dès qu'un ennemi apparaît à l'écran passant automatiquement d'un mode à l'autre. En fait il s'agit ni plus ni moins d'un 'Lock' automatique dès que vous ou votre adversaire aperçoit l'autre. A l'instant où l'ennemi est terrassé le 'Lock Auto' est désactivé et retour au mode exploration. Un concept comme un autre...Malheureusement la maniabilité du personnage étant d'une extrême lourdeur, on passe son temps à 'corriger sa trajectoire'...Les combats sont balèzes car les créatures de cauchemars ne vous laissent aucun répit et font très mal (surtout les colosses), il faut maîtriser les combos et les parades, connaître les patterns de chaque types d'opposants et ne pas hésiter à balancer la fatality quand le jeu le propose! C'est un certain challenge il faut le reconnaître! Autre détail qui a mis du temps à me taper dans l’œil: lorsque vous faites bas (le jeu fonctionne aussi bien avec la croix que le stick), votre perso ne fais pas demi-tour mais recule (pensez manip' des premiers Resident Evil), C'est bête dit comme cela mais ce système a totalement disparu aujourd'hui (quand vous faites bas désormais, votre personnage fait alors face à la caméra). Bref, une manip' à l'ancienne...qui n'excuse pas tout!
 
 
Trop souvent, notre homme à la hache se retrouve bloqué par des coins de décor ou pourtant rien ne le bloque, n'arrive pas à grimper là ou il le devrait, rate ses sauts car mal calibré...le manque de finition se fait clairement sentir tout le long des neufs niveaux que l'on doit parcourir pour parvenir à la fin...sur laquelle d'ailleurs je dois dire un petit mot, alors attention aux spoilers pour un jeu de presque 20 ans: quelle scandale que cette fin qui voit se décider de la bonne ou mauvaise cinématique sur un chrono ridiculement court, avec une maniabilité ignoble et qui si on échoue nous ramène au menu principal...ou l'on doit recharger la dernière sauvegarde, se retaper les trois quatre dernières minutes de jeu pour retenter sa chance...pour échouer encore et encore dû au gameplay atroce...combien de fois le perso s'est retrouvé au dessus de son objectif (des barils explosifs) au lieu de se trouver à coté, empêchant ainsi de déclencher l'action contextuelle en appuyant sur "A" (étant au dessus le perso donne alors un coup de hache...ce qui l'enfonce encore plus dans le bug...et une fois dedans c'est fichu, pas le temps de ressortir, se replacer, descendre des barils et relancer l'action: le temps est écoulé depuis longtemps...et il y a deux lots de barils à piégé...donc deux fois plus de bugs à évité pour réussir la 'bonne' fin). Après moult tentatives, j'abandonnai tout simplement. Je n'ai clairement plus la patience de mes 20 ans pour recommencer sans cesse ce genre de trucs, surtout à notre époque ou en trois clics j'ai pu visionner la bonne fin sans me prendre la tête...Chapeau bas à ceux qui sont parvenus à finir ce jeu sans exploser leur console...moi cela ne m'est plus possible désormais (alors je préfère arrêter).
 

L'un des NOMBREUX exemple ou le personnage se bloque sur un coin...

 
Avec tout çà, j'en oublierai presque de vous expliquer l'histoire dites donc!
1934. Vous êtes Herbert Wallace (j'ai du regarder sur le net pour le nom, moi je l'ai toujours appelé 'le cinglé à la hache'), vous profitez d'une explosion dans votre asile pour vous échapper...et affronter des dizaines de monstres. Voilà. Vous êtes en fait à la poursuite de votre geôlier, Adam Crowley, que vous ne verrai jamais de tout le jeu en dehors de cinématique. A chaque niveau vous finissez par tomber sur un document qui vous indique ou sera situé le niveau suivant ("Ha, Adam Crowley avait une maison au cœur de Londres ou il abritait en secret son 'Cercle', vite allons-y" où bien " D'après ses cartes il semble qu'il soit parti exécuter son plan à Paris, vite il faut y aller").
Vous avez une alliée, Rachel, que l'on croise deux ou trois fois et qui ne possède pas la moindre ligne de dialogue. Le jeu explique peu, c'est juste un enchainement de niveaux. Vraiment il y a plus d'élément du scénario dans le livret que dans le jeu lui-même. Qu'est ce qui à déclenché l'explosion à l'asile? Pourquoi aviez vous une hache DANS votre cellule? Pourquoi Londres et Paris sont elle envahies de monstres sans que personne à part un barjo ne réagisse? Comment pouvez vous tombez par pur hasard sur un morceau du blouson de Rachel dans l'immensité de la capitale française? C'est pas grave, on s'en fiche. On est là pour enchaîner les fights contre les monstres, jusqu'à plus soif...
 
La folie, c'est refaire la même chose encore et encore...
Le point le plus dommageable pour Nightmare Creatures II reste incontestablement sa boucle de gameplay, redondante du début à la fin de la partie. Là voici:
Vous avancez dans un couloir, un événement se déclenche, courte cinématique qui introduit un ennemi (nouveau ou commun), phase de combat, victoire, vous avancez dans un couloir, un événement se déclenche, courte cinématique qui introduit un ennemi (nouveau ou commun), phase de combat, victoire, vous avancez dans un couloir...Ad nauseam.
 
 
Il y a cependant quelques petites variétés, comme certaines phases de nage (avec une touche pour pouvoir refaire surface, manip' à l'ancienne je vous dit!) et certains ennemis qui apparaissent occasionnellement au détour d'un couloir de manière pataude - l'effet comique est garanti, on croirait un intermittent de train fantôme qui veut vous faire peur, ne manque que le "BOUH!". Toujours dans la catégorie "Faisons toujours la même chose": les pinces!! Dans chaque niveau ou presque, il faut à un moment donné retrouvé une paire de pince coupe-boulons...Mais bon sang si il en trouve une dans le premier niveau, pourquoi devoir en retrouver une autre dans le deuxième?? Et le troisième? Qu'il la garde sur lui sa foutue pince!!
Les points de sauvegarde quant à eux sont symbolisé par des livres flottants éparpillés dans le niveau, certains sont très proches les uns des autres, parfois certains sont très éloigné, c'est assez aléatoire (même si il y en a toujours un avant et après un gros combat).
 
Eiffel Power
 
Mais la vraie raison je crois pour laquelle ce jeu m'avait laissé un bon souvenir il y a 18 ans, c'est le fait que le jeu se passe en grande partie à Paris. Et son dernier niveau sur la Tour Eiffel Herself s'il-vous-plaît! Bon encore une fois l'effet nostalgique est passé par là, mes souvenirs étant bien plus beau et précieux que le véritable jeu. On visite tout de même quelques lieux emblématiques comme le Jardin des Plantes ou les Catacombes (approprié vu l'atmosphère générale) mais tout cela reste sommaire.
 
 
L'autre point qui avait démarqué le titre à l'époque, c'est bien sur son protagoniste. Le visage bandé qui laisse deviner un faciès rongé par la haine et la folie. Mâchoire crispée, violence en toutes circonstances (il ouvre les portes à coup de tatanes)...il est l'un des rares personnage principal de jeu vidéo à être handicapé (mentalement et physiquement) même si cela n'a finalement aucun impact sur le jeu, y compris le fait qu'il claudique - c'est subtil mais présent. Je n'ai pas souvenir d'autre héros étant à ce point-là amoché (il y a Snake le borgne qui me vient là à l'esprit mais pas vraiment d'autres...si vous avez des noms dites les moi :^) ). Rien que pour cela le jeu mérite sa petite particularité et son petit moment de gloire. Mais une fois encore un élément vient troubler cette petite réussite, et il s'agit cette fois du casting vocal de Mr Wallace. Au vu de sa tronche et de son parcours chaotique en tant que cobaye, on s'attend à une voix rauque voir suffocante. Mais non, notre bon ami garde sa voix de Lord Anglais en toute circonstance, on l'imagine presque en train de siroter son thé durant qu'il décapite une monstruosité...encore une fois le décalage entre l'effet recherché et l'effet obtenu provoque une certaine hilarité.
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En conclusion de tout çà, je dirai que fondamentalement Nightmare Creatures II n'est pas un grand jeu. Il manque clairement de finition et de polissage. Trop répétitif, sans surprise, histoire vite faite, maniabilité irritante par moment (surtout ses dix satanées dernières secondes!)...non vraiment il n'est pas indispensable. Cependant pour les joueurs avides de challenges, il se pose là, avec ses mécaniques à l'ancienne, ses combats âpres, son ambiance glauque...Et aussi pour les curieux qui veulent voir un 'Paris numérique de l'an 2000 du futur'.
Étrange - ou pas - de voir aussi ses gouts évoluer en deux décennies. Ce jeu qui me paraissait trop cool à 20 ans et qui me paraît parfaitement ridicule à l'aube de mes 40 bougies. Surement le temps qui passe, faisant examiner les choses sous un autre angle. Ou alors ce sont les souvenirs qui embellissent la réalité, nous faisant croire que 'C'était mieux avant'. Mais en fait ce n'est pas vraiment vrai. Peut-être aussi tout simplement que parfois, la nostalgie peut être mauvaise conseillère.
 
 

Ma découverte du jeu...je tiens 20 minutes tout de même! ;^)