J’ignorai l’existence d’un jeu vidéo Pocahontas, même si à bien y réfléchir il était évident que cela devait exister. Je trouvai un exemplaire de la cartouche pour la 16-bits de Sega chez un camarade accessoirement collectionneur de la firme au hérisson et je demandais à l’emprunter pour découvrir plus en profondeur la chose. C’est donc par pure curiosité que je me lancai dans ce titre Megadrive qui se présenta à moi de manière impromptue. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre en dehors de la présentation succincte que m’en fit ce fameux fan de la société nipponne. N’écoutant que mon courage je partais donc à la rencontre de cette belle indienne d’un autre temps, vivant paisiblement dans ses contrées verdoyantes jusqu’à ce que débarque une bien étrange embarcation venue d’un autre monde...
- Éditeur : Buena Vista Games
- Développeur : Funcom
- Année de sortie : 1996
- Joué sur Megadrive/Émulateur
SYMBIOSE
An 1607 en Amérique. Pocahontas, fille du chef d’une tribu Powhatan apprend que ce dernier souhaite la marier à un homme de la tribu sans vraiment lui demander son avis. Triste et décontenancée elle part demander conseil auprès de Grand-Mère Feuillage quand elle apercoit au loin un imposant voilier. Qui peuvent bien être ces gens aux étranges coutumes venus saccager leur forêt ?
"Quels sont ces étranges nuages qui passent dans ce ciel magnifique ?" se demande la belle brune
Soyons honnête dès le début, même si j’ai vu le dessin animé à l’époque je n’en ai aujourd’hui plus aucun souvenir. Non pas qu’il soit mauvais ou quoi que ce soit mais en 1995 j’étais bien plus attiré par la troisième aventure de John McClane que par l’histoire d’amour entre une indienne et un colon britannique. Et je ne l’ai tout simplement jamais revu depuis. *Bim Bam Boum* voilà pour le contexte. Pourtant c’était avec une véritable envie que je commençai une partie de cette adaptation vidéoludique assez méconnue.
C'est beau comme un Disney !
On débute notre parcours au contrôle de la belle mais dès le départ un carton nous prévient de ce qui sera la plus grande particularité du jeu: on peut passer à n’importe quel moment de Pocahontas à Meeko, son raton laveur gaffeur et intrépide qui lui sert d’animal de compagnie, par une simple pression sur la touche C. Et cela quel que soit l’endroit où vous aurez laissé l’autre personnage à l’intérieur du niveau. Concrètement cela ne sera pas complètement possible car la collaboration entre nos deux héros sera indispensable pour pouvoir avancer dans notre pérégrination et cela redécoupera par conséquent les dits niveaux en sous-section (bien que dans la même continuité de level-design).
Poca (je la surnomme comme ça) pourra sauter, nager et déplacer quelques objets là où la bestiole à fourrure aura la possibilité de son côté de se faufiler dans des terriers ou autres passages étroits ainsi que de ramasser des fruits dont j'ignore l'interêt. Et c’est seulement en se servant des avantages de l’un et de l’autre que l’on parviendra à atteindre la fin du niveau.
Pocahontas se fera pas mal d'amis lors de son aventure
L’autre particularité du soft vient dans la capacité de la demoiselle du Nouveau-Monde à gagner des compétences au fur et à mesure qu’elle viendra en aide aux animaux du coin. Par exemple elle ne saura pas nager avant d’avoir aidé ce couple de loutres à se réunir (de là elle pourra nager et retenir sa respiration… indéfiniment! Bien pratique). Elle sera alors amener à croiser sur son chemin un cerf, un ours, des poissons, des oiseaux et encore d’autres espèces qui lui fourniront à chaque épreuve remportée un Totem lui procurant une nouvelle aptitude permanente.
Il s'agira plus d'user de ruse que de muscle
Important de le préciser mais nous sommes ici en présence d’un jeu de plateforme mais nullement d’un jeu d’action. Il s’agira plus d’énigmes à décoder et à résoudre tout du long. D’ailleurs il n’y a aucun ennemi avant le troisième niveau (j’en reparle plus loin) et notre héroïne ne pourra mourir qu’en chutant dans les ‘puits sans fond’. Meeko lui ne peut trépasser quoi qu’il advienne (il nage jusqu’à la rive la plus proche ou bien se fait «héliporter» par le colibri en cas de mauvaise chute).
ÉLÉMENT PERTURBATEUR
C’est donc sur ma vieille Megadrive que j’arpentai cette quête et ce sans grande difficulté outre mesure. Du moins jusqu’à la moitié du jeu, et pour être encore plus précis, jusqu’à l’arrivée a la cascade. La phase de saut qui ne dure pourtant que le temps de quelques rochers a eu le don de m’agacer mais ce n’était rien face à l’épreuve du loup qui s’en suivait juste après. Ludiquement il s’agit de traverser une zone assez rapidement avant que le Canis Lupus ne parvienne au bout du parcours. Une course, quoi.
"Heu... Hugh ! Vous faites la même chose avec toutes les femmes que vous rencontrez ?"
Des sauts, de la grimpette, de l’accrobranche… bien que la séquence soit relativement rapide, elle ne pardonne aucune erreur. La moindre d’entre elles entraîne une chute mortelle et donc une fin de partie, et donc un rechargement bien plus tôt dans le périple nécessitant de refaire moult actions avant de pouvoir retenter sa chance contre le canidé sauvage. N’ayant plus aucune patience, j’ai pété un câble et pris la décision salvatrice de poursuivre mon avancée sur émulateur, ce qui rendit l’exercice bien plus agréable (Merci la sauvegarde d’état!).
Les séquences de grimpette sur les arbres démontrent une certaine rigidité dans la maniabilité
Car au-delà de ce système de sauvegarde archaïque - mais compréhensible pour l’époque - il y a surtout la lourdeur du déplacement de l’amérindienne. Houlalaa! La dextérité ne fait clairement pas partie de ces nombreuses qualités. À dire vrai elle est plutôt agile mais c’est dans l’enchaînement de ses mouvements que ça pêche. Devoir enchaîner course, saut puis escalade est loin d’être évident ; il faut bien décomposer ses mouvements et leurs manipulations affiliées. D’où la difficulté de l’épreuve du loup dont je parle plus haut. Se déplacer sous l’eau est là aussi peu satisfaisant puisqu’en vérité on ne comprend pas trop le fonctionnement, on se contente de forcer comme un bœuf sur la croix dans la direction où l’on souhaite aller tout en martelant les boutons sans trop savoir si cela sert à quelque chose...
Un temps d’apprentissage est également indispensable pour bien saisir toute la palette de mouvement de notre protagoniste, et ce d’autant plus qu’elle en acquiert de nouveau tout au long de son périple !
NOUVEAU MONDE
D’un point de vue visuel, clairement ça se défend. Et plutôt bien même ! Les environnements boisés sont beaux avec une palette de couleurs vraiment attrayante. Les animations sont de très bonne qualité même si comme déjà dit il y a un petit problème de saccade quand il s’agit d’enchaîner plusieurs d’entre elles. Du côté sonore c’est déjà beaucoup plus mitigé : les sons sont assez sommaires et la musique entêtante qui tourne en boucle va vite vous soûler je peux vous le garantir.
Les rares séquences cinématiques n’utiliseront pas du tout les images du film d’animation mais garderont cependant l’essence et l’esprit de ces scènes.
Sans être sublime, le titre attire clairement l'œil par ses jolies couleurs
Passons maintenant à un point qui fera polémique, la durée de vie. Pocahontas le jeu vidéo sur Megadrive n’est constitué en tout et pour tout que de quatre niveaux. Oui oui, pas un de plus ! Et encore, le quatrième ne sera en fait qu’une course chronométrée où vous devrez utiliser à bon escient toutes les capacités apprises au cours des trois précédents chapitres. Il dure grosso modo deux minutes et il ne me fallut pas plus de trois essais pour en voir le bout. Donc en fait c’est « trois vrais niveaux + un final très rapide ». Et sans aucun boss. Et quasiment pas d’ennemis (on va dire une dizaine répartie entre les stages 3 et 4, armés de tromblon qui ‘one-shot’).
Pour vaincre les vilains colons il suffira de les effrayer avec l'esprit de l'ours...
Et pourtant cela ne représente en rien de mon point de vue un défaut, bien au contraire ! Je suis arrivé à un moment de ma vie de joueur où je préfère les expériences vidéoludiques courtes et denses, avec un esprit de synthèse qui ne rallonge pas artificiellement la durée du récit. Les jeux en monde ouvert avec un milliard de quêtes annexes j’en ai vraiment soupé désormais. Donc cette aventure indienne de quelques heures tout au plus correspond parfaitement à mon désir d’investissement dans le média actuellement. Mais je peux aisément comprendre que cela ne soit pas le cas de tout le monde...
Bon du coup maintenant je connais le jeu Pocahontas sur Megadrive. D’après les dires des collectionneurs de vieilleries vidéoludiques, la cartouche se négocierait entre 70 et 80€ en « complet » (jeu+livret+boîte), dû à sa rareté. Clairement il ne les vaut pas. Bien qu’il soit joli et que l’aventure soit plaisante avec le concept de l’héroïne assisté de son familier, il ne faut pas non plus y voir un ‘indispensable du jeu vidéo’. Il reste sympathique malgré les phases de la cascade suivie de celle du loup un peu plus revêche et demeure certainement une belle trouvaille pour les fans de l’animation de Disney mais au-delà de ça, il y a suffisamment d’autres titres bien plus ambitieux et intéressants dans lesquels investir vos deniers.
Une belle découverte appréciable à peu de frais en somme, mais rien de plus.
Bonus: Lien vers la chaîne youtube de JaymzKing360, qui m'a aimablement prêté ce jeu.