Synopsis: Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. L’impératrice de Chine est emprisonnée à la suite d’un coup d'état fomenté par Deng Tsin Qin, un politicien félon. Un chariot débarque alors au village d'Armorique avec à son bord la princesse chinoise Fu Yi, fille unique de l’impératrice qui est venue demander de l’aide sous les conseils de Graindemaïs, un vieil ami des irréductibles gaulois...

Réalisateur: Guillaume Canet

Année: 2023

Distribution:
Guillaume Canet : Astérix
Gilles Lellouche : Obélix
Vincent Cassel : Jules César
Jonathan Cohen : Graindemaïs
Julie Chen : Princess Fu Yi
Leanna Chea : Tat Han

Il en aura fait couler de l’encre numérique et de la bile ce dernier film Astérix mis en scène par Guillaume Canet. Tous lui seront tombés dessus, sans exception. Les critiques sont unanimes : c’est nul. Une catastrophe. Le pire du cinéma français. Et qui a couté pas loin de 65 millions d’€uros de surcroît, ce qui ne fait qu’ajouter au scandale…

Voulant voir l’ampleur de cette catastrophe par moi-même, j’ai visionné ce qui devait être un navet abyssal. Et à ma grande surprise, le métrage que je découvrais ne valait pas à mon humble avis la tonne de quolibets qu’il s’est pris sur la tête. Alors entendons-nous bien, oui ce n’est pas terrible. Oui c’est mauvais. Mais ni plus ni moins que les précédents épisodes de la saga cinématographique ! (Précision : on parle ici des adaptations dites ‘Live’, c'est-à-dire avec des acteurs en chair et en os. Pour ce qui est des films d’animation, on est sur un tout autre sujet et surtout une toute autre qualité).

Pour faire simple, j’estime que « le fond » de la marmite est bon, mais que la tambouille de « la forme » est déplorable. Je reste persuadé que le même script confié à un autre réalisateur et une équipe technique plus impliquée aurait pu donner un très bon opus des aventures du petit gaulois en Chine. En clair, le plus gros problème du 5ème film Astérix, c’est son réalisateur. Monsieur Canet n’a visiblement pas été inspiré par son sujet, il offre une mise en scène quelconque et des effets de style d’une ringardise qui laisse coi. C’est daté, sans intelligence, sans vision… C’est pauvre, tout simplement. Alors que j’insiste la base du scénario est bonne, les dialogues sont bien amenés et le récit global dans la lignée de la BD. Bon par contre certaines péripéties font clairement forcées (le bistrot, les pirates…).

J’ai l’air de lui en vouloir, alors que ce n’est pas le cas car j’aime plutôt bien le bonhomme, mais Canet ne fait pas un bon Astérix. Je précise par ailleurs qu’aucun acteur ayant incarné le petit blond ne m’a convaincu dans le rôle (à la limite Edouard Baer mais il faisait plus du Baer qu’autre chose…). Par contre sa relation avec Graindemaïs je la trouve très réussie, pleine de répartie et de piques bien senties. On retrouve dans ces échanges un peu du côté frondeur et sournois du personnage de Goscinny, chose que j’ai grandement apprécié. Par contre jamais je ne comprendrai l’envie obsédante de vouloir donner à Astérix une intrigue sentimentale… C’est systématiquement malaisant et maladroit. Arrêtez avec ça, je vous en supplie !
Le compère Obélix lui reste dans la droite lignée de ses précédentes interprétations même si oui évidemment Gilles Lellouche n’est pas Gérard Depardieu (une fois qu’on a dit ça, on est bien avancé). Il n’en reste pas moins cet éternel personnage attachant, véritable cœur de la franchise.

Par contre Canet a su s’entourer de toute une bande pour constituer son casting. Là aussi de nombreuses critiques à l’égard des comédiens présents au générique. Pour ma part certains sortent du lot, à commencer par Vincent Cassel qui offre un Jules César certes toujours imbu de lui-même mais aussi touchant dans sa relation avec Cléopatre (extrêmement mal incarnée par une Marion Cotillard qui cabotine à outrance). Les autres oscillent entre le gênant et l’acceptable. Mais encore une fois cela ne mérite pas l’ire qui assaille l’œuvre dans les colonnes des critiques. J’ai vu bien pire dans d’autres comédies françaises qui ne reçurent pas autant de haine. Le seul qui semble véritablement mal à l’aise dans tout ce bazar c’est Bun Hay Mean (visiblement un comique de stand-up célèbre. Première fois que j’entends parler du gars en ce qui me concerne ^^’), on sent qu’il est hésitant et qu’il se demande un peu ce qu’il fout là.

On passe aux Caméos…et que dire… c’est minable. Des youtubeurs débilitants, Des comiques ratés, des bimbos prétendument chanteuses, un footballeur au melon infini… Franchement seul Orelsan s’en sort, car avec son œil malicieux il sait donner une certaine épaisseur à son personnage de marin au long cours.
Les effets spéciaux eux ne font tout simplement pas honneur à la technologie de 2023 (mais encore une fois il y pire ailleurs. Bien pire.). On notera vu qu’on s’adresse en ces lieux à des joueurs de jeux vidéo une séquence finale qui m’a fortement fait penser à Dynasty Warriors - d’ailleurs l’intrigue chinoise semble s’inspirer de ces mêmes fameuses guerres des 6 royaumes…

Mais malgré tout, oui, mille fois oui des gens se déplaceront pour voir ce film. Car c’est là qu’on en arrive à la seule vérité qui vaille : les critiques auront beau rouspéter contre ce genre de métrage, c’est exactement ce que le public veut voir quand il va en salle. Son succès ne m’étonne pas le moins du monde, je le comprends même. À un moment il faut savoir l’accepter : les français aiment ce cinéma-là. Et je ne parle pas des cinéphiles, des critiques, des esthètes des beaux quartiers mais de monsieur et madame tout-le-monde, ceux qui vont en salle le weekend après une semaine à se démener au travail dans le seul but de passer un bon moment sans prise de tête devant un grand écran en compagnie de leur famille.

Et tant que nous n’aurons pas compris cela, on pourra toujours vociférer contre le sens du vent…

L'Avis d'Amidon, le chat de la maison:

Suite à un problème technique, cet article n'a pu paraître mercredi. Rendez-vous cependant mercredi prochain 18h pour une nouvelle chronique.