Alors qu’un nouveau film basé sur l’univers fondé par Ed Boon et John Tobias est attendu pour le 7 avril, j’ai jugé bon de revisiter les anciennes itérations de la franchise au cinéma (et ailleurs). La toute récente révélation concernant le Mortal Kombat II m’a aussi fortement incité à redécouvrir avec un nouveau regard ce foirage total que fut cette suite tant attendue à l’époque et qui brisa tout espoir d’une génération de fans de voir une grande fresque cinématographique sur grand écran. Retournons donc avec nostalgie dans un monde d’arrachage de colonne vertébrale et de bris d’os effectué dans la joie et la bonne humeur…
MORTAL KOMBAT de Paul W.S. Anderson (1995)
Liu Kang est un jeune pratiquant des arts martiaux qui a fui le Temple de la Lumière après le meurtre de son jeune frère Chan par un sorcier du nom de Shang Tsung. Mais le Grand Tournoi arrive et il est de son devoir d’y participer. Toute sa vie et son éducation furent orientées vers ce but précis. Alors bon gré mal gré, et soutenu par le dieu de la foudre Raiden, il part pour l’île où se tiendra la compétition. Sur le bateau le menant à sa destinée, il fera la rencontre de Sonya Blade, une militaire et de Johnny Cage un acteur ringard sur le retour. Ensemble, ils devront vaincre leurs adversaires et remporter le Mortal Kombat, afin de sauver la Terre des armées de Shao Kahn.
Sub-Zero (sous la cagoule le français François Petit) face à Liu Kang (Robin Shou)
Un an après Street Fighter, l’autre grande franchise populaire de jeu de baston se voit elle aussi accordée les faveurs des salles obscures. Sous la direction de Paul W. S. Anderson nous voilà donc plongé dans une version prise de vue réelle du tournoi gore et sans merci. Commençons par l’aspect pratique, la réalisation est classique et sans grande envolée lyrique, à l’exception de la scène de l’arrivée du bateau de nuit, formidable visuellement et instaurant une atmosphère fantastique que l’on aurait aimé retrouver tout le long de la pellicule. Les effets spéciaux quand à eux sont au rabais. Je peux vous assurer que Reptile vous fera très mal aux yeux à chacune de ses apparitions, on est à des années-lumière du travail d’ILM sur Jurassic Park sorti 3 ans plus tôt. Où même de Yoshi dans le Mario avec Bob Hoskins (1993)…
Shang Tsung (Cary-Hiroyuki Tagawa) et son abominable sous-fifre reptilien en 3-Dimensions
Question jeu des acteurs, on va du convaincant au ridicule. Robin Shou interprète un Liu Kang auquel on croit et on s’attache. La sympathie évidente de l’homme transpirant dans son personnage. Pareil pour Cary-Hiroyuki Tagawa qui dans un autre registre donne vie à un Shang Tsung vicelard à souhait. Pour les comédiens occidentaux ce n’est pas le même son de cloche…entre un Christophe Lambert erreur de casting de haut vol dans le rôle d’un Raiden ironisant sur tout, un Linden Ashby qui ma foi donne un Johnny Cage assez juste et une Bridgette Wilson sans aucune subtilité, on est gâté. Il faut (re)voir l’investigation de la cale du navire par Sonya, j’ai personnellement éclaté de rire face à la dégaine de l’actrice et sa pose en mode ‘bad-ass’ des bacs à sable. Hilarant.
La scène de la grande rencontre des protagonistes à bord du bateau-drakkar. À 00:37 secondes, la scène qui m'as fait éclaté de rire avec cette Sonya hilarante de sur-jeu.
Pour le reste on se retrouve plus ou moins en terrain connu. On croisera comme de bien entendu Sub-zero et Scorpion, ainsi que la princesse Kitana. Kano est là aussi, cabotinant à souhait sous les traits de Trevor Goddard (aucun lien). Leurs histoires respectives ne seront que peu développées avec toutefois un brin de background pour le marchand d’arme (il à tué un collègue de Sonya, d’où besoin de revanche de cette dernière). Notez que Kitana est la seule à ne pas faire partie du roster du premier jeu à être présente dans le film, sans doute à la fois pour ajouter un peu de casting féminin et mieux introduire sa relation avec Liu Kang pour les futures suites. Bon en vérité on aperçoit également Jax dans les scènes d’ouvertures mais sa présence est trop anecdotique pour être comptabilisé comme ‘rôle’, on est plus au niveau du caméo.
Notre team de héros au grand complet. Johny Cage, Sonya Blade, La princesse Kitana et Liu Kang, chapeauté par Raiden. Hin Hin Hin...
Mais la vraie star du film pour moi, c’est Goro. Vestige d’un temps qui n’existe plus où l’on pratiquait encore les effets de plateau pour des personnages fantastiques, quel plaisir de redécouvrir une telle gueule de manière tangible et concrète ! Alors oui je concède qu’il à un peu la tête de traviole par moment et que son regard manque de finesse et de profondeur mais pour le reste c’est un régal. La comparaison avec le modèle numérique 2021 sera intéressante à bien des égards.
Un Goro bien présent sur le plateau. Un peu artificiel mais symbolique d'une époque révolue...
Bien que scénaristiquement rempli de trous et garni de raccourcis limites grossiers, j’ai tout de même relativement apprécié de revoir cette aventure live du premier Kombat Mortel. Car si globalement il reste assez pauvre certaines séquences restent très belles, comme la scène finale entre Liu Kang et l’âme de son frère, symboliquement très bien amenée. Un brin ringard, un brin nanar, un poil vieillot mais toujours aussi sympatoche, ce Mortal Kombat de 1995 reste une série B potable qui face à l’épreuve du temps tient toujours la route…
MORTAL KOMBAT II de John R. Leonetti (1997)
Shao Kahn, fort marri par la défaite de son Grand Sorcier, décide d’outrepasser les règles instaurées par les Anciens Dieux et d’envoyer sa terrible armée envahir Earthrealm (notre bonne vieille Terre). Liu Kang et Sonya Blade, épaulé par Kitana la fille du Tyran s’opposeront à ce cataclysme annoncé. Pour cela ils auront besoin d’aide et nos héros parcourent alors le monde à la recherche d’alliés. Entreprise de recrutement qui connaîtra une réussite toute relative...
Une belle bande de vainqueur. En lien la fiche Nanarland de cette chose filmique (ici)
Après le succès du premier film la suite est quasiment actée d’office…cependant la production va connaître pas mal de revers. À commencer par le départ d’une grande partie de son casting. C’est bien simple, seuls restent Robin Shou et Talisa Soto (Kitana). Bye Bye tout le reste. Vient ensuite la qualité générale de l’œuvre…car si le premier gardait tout de même une certaine allure cinématographique on tombe cette fois dans la pure production télévisuelle de seconde zone. Ayant enchainé les deux films l’un juste après l’autre, je peux vous assurer que le décalage est rude.
Raiden (James Remar), Liu Kang (Liu Kang), Jax (Lynn Williams), Jade (Irina Pantaeva) et Sonya (Sandra Hess) tente d'empêcher Shao Kahn d'annexer la Terre. Vous aurez remarqué le nouveau casting...
Dès son introduction – qui fait directement suite au final du 1 – on est éberlué par ce que l’on découvre. Effets spéciaux honteux, acteurs qui jouent comme des savates (surtout les vilains !), élimination sans plus de cérémonie de personnages principaux (Adieu Johnny !)…et ses chorégraphies de combats qui confinent au génie tant elles sont absurdes. Je veux dire dans quel autre film des protagonistes se poursuivent en effectuant des pirouettes et autres saltos qui ne servent à rien ? Fantabuleux tout simplement.
Et il y a aussi le traitement des personnages en tant que tel qui pose problème. Stryker et Kabal expulsés en une ligne de dialogue (le scénario combine le 2 et le 3 vidéoludique), Rain balancé aux flammes, Sheeva morte sans ayant même échangé un seul coup… ohlalààà mais quelle honte franchement. Le plus lamentable reste le sort réservé à Shao Kahn, qui perd ici toute son aura barbaresque pour un basique fils voulant faire honneur à son père (Gné ?). Et faut voir la qualité de l’acteur qui lui prête ses traits… du très grand Bryan Thompson ! La palme revient tout de même à Musetta Vander dans l’accoutrement de Sindel, que l’on croirait toute droit sortie d’une parodie X du jeu. Quand à Jax…faut le voir pour le croire. En remplacement de Johnny Cage, Le soldat aux bras bioniques sera le bouffon de service…un cauchemar.
Le grand affrontement de fin entre plusieurs combattants. On ne peux pas dire que ce soit fameux. On est au niveau du téléfilm de troisième zone...Sonya, Sindel, Motaro, où est passé le respect ?
Nous avons donc appris il y a peu le fin mot de ce désastre. Lors des projections-tests à l’époque le public fut plus que réceptif à la version bêta présentée. Les producteurs, devant cet enthousiasme ne virent donc pas l’intérêt (financier) de continuer la post-production et prirent la décision de sortir le métrage en l’état. Pour donc cette débâcle plus que méritée. En même temps, au vu de ce qu’on à là, il ne semble pas que des mois de production supplémentaires auraient pu sauver le fond de l’affaire. Les scènes tournées resteront éternellement ignobles, quoi qu’il arrive…
Très déterminé mais pas très doué
Les boules de voyages, l’apparition de Nightwolf, le frangin Sub-Zero, Mileena, Jade, les décors même…tout dans cette production est fait à l’économie alors que pourtant il jouit du même financement de production que son aïeul. Alors soit l’argent à ‘disparu’ dans quelques valises égarées, soit Monsieur Leonetti n’est vraiment pas doué (il a entre autre réalisé depuis Annabelle, de la franchise Conjuring – pas vu pour ma part). Car le coup de sortir la version bêta n’excuse en rien la pauvreté du script de base ou les scènes de combats risibles.
Si le premier opus n’est pas honteux le second lui est une horreur absolue. Il n’y a littéralement rien à sauver dans cet étron, tout y est complètement foiré et foireux. Néanmoins il pourrait attirer certains spectateurs avides de sensations nanardes pures. Mais je ne suis même pas certain qu’on puisse classer cette chose dans la catégorie ‘nanar’ tant c’est une véritable purge à visionner…
Une belle photo de tournage
MORTAL KOMBAT LEGACY de Kevin Tanchaoren (2010-2011-2013)
Un cours métrage apparaît sur la toile en 2010 reprenant l’univers MK et en l’adaptant d’une manière extrêmement réaliste à une ambiance de polar noir hardboiled (pensez Se7en). Derrière la caméra on découvre Kevin Tancharoen, frère de Maurissa Tanchaoren, elle-même épouse de Jed Whedon, lui-même frère de Joss Whedon (le petit monde d’Hollywood). Quelques temps plus tard Kevin aura l’opportunité de mettre en chantier une mini-web-série tiré de son coup d’essai. Deux saisons verront le jour, pour un total de 19 épisodes. Certains sont des stand-alone tandis que d’autres finissent par donner un semblant d’unification à l’ensemble.
Matt Mulins interprète un Johnny Cage touchant et sincère. De loin le meilleur acteur dans le rôle. Il sera remplacé par Casper Van Dien en saison 2, pour une autre approche du personnage.
Mortal Kombat Rebirth, le court-métrage sorti de nulle part...
Et je dis bien un semblant. Car le plus gros défaut de Legacy, c’est son manque d’homogénéité. Le court-métrage n’a rien à voir avec la web-série question scénario, et les deux saisons elles-mêmes on parfois des incohérences entres elles. Et le changement d’acteur de l’une à l’autre n’aide pas à fluidifié un récit très épars. En guest un peu improbable, on soulignera la présence de Casper Van Dien dans le rôle de Johnny Cage au cours de la seconde saison et le retour de Cary-Hiroyuki Tagawa dans la peau du sorcier d’Outre-monde.
Même joueur joue encore...
L'intégralité des 19 épisodes, munis de sous-titres imbuvables mais cela permet de visionner l'ensemble d'une seule traite.
Quel dommage car on sent clairement une ambition profonde de raconter Mortal Kombat de la plus belle des manières, sans tourner en dérision l’univers dépeint. De plus certains parti-pris audacieux, notamment en ce qui concerne Liu Kang, accroche l’intérêt du spectateur. Malheureusement l’expérience ne connaîtra jamais de troisième saison. Mais d’une certaine manière, la version 2021 s’inspire grandement du travail fourni sur ce Legacy ; et en cela ce n’est déjà pas si mal…
MORTAL KOMBAT Legends – La Revanche de Scorpion
de Ethan Spaulding (2020)
Dans le Japon féodal, Hanzo Hasashi, grand maître du Shirai Ryu, voit son clan et sa famille se faire décimer par la faction rivale du Lin Kuei. Ivre de colère il affronte leur chef Sub-Zero qui finit par le terrasser. Se retrouvant dans la réalité du Nether, équivalent de l’enfer, le ninja passe un marché avec Quan Chi. Si Hanzo parvient à ramener la clé renfermant le maître de ce royaume maudit, ce dernier une fois libéré rendra à la vie sa femme et son fils. Hasashi accepte, non pas tant pour ramener cette clé que pour pouvoir se venger de l’assassin de ses proches, qui se trouvera inévitablement sur son chemin. Car celui qui détient l’artefact convoité se nomme Shang Tsung, et ce dernier organise un tournoi rituel sur son île magique, tournoi auquel Sub-Zero participe. Le damné s’y rendra donc pour appliquer sa propre justice, non sans abandonner l’identité d’Hanzo Hasashi, bel et bien mort. Désormais le ninja jaune répondra au nom de… Scorpion !
Premier métrage d’animation sous l’égide de la Warner, la formule appliquée ici est la même que celle en vigueur sur les films animés DC de la firme. À l’exception prêt qu’il s’agit - pour l’instant du moins - de la seule production qui à vu le jour au moment de cet article (contrairement à la pléthore pour le DC Animated). On attend de voir ce que la Major décidera sur suite ou non à donner à ce galon d’essai. Mais en l’état cela semble être du tout cuit car ce Scorpion’s Revenge est une belle réussite.
Extrait qui fait montre du niveau de violence de ce dessin animé. À ne pas mettre devant des yeux innocents...
Bien que le focus soit fait sur le rôle-titre, le dessin animé raconte de fait Mortal Kombat 1, dans lequel on retrouve donc notre casting habituel (J. Cage, Sonya, Kano, Liu Kang, Raiden, Goro etc…) et l’histoire classique de ce premier jeu. Cependant le ‘background’ est bien plus étoffé que dans le film de 95, dû au fait que l’univers à été bien développé en 25 ans. Alors oui j’ose le dire mais cette adaptation animée est meilleure que la version live des années 90 même si elle n’est pas exempte de défauts.
On retrouve tout de même notre trio central
Sa direction artistique très anguleuse avec ses gros traits noirs n’est pas forcément apprécié de tous (moi ce style me rappelle le dessin animée Mighty Max – vieux que je suis) et la qualité de l’animation n’est pas optimum mais fait tout de même le job. Encore une fois on est au niveau des DC animated, certains trouvent cela très pauvre et d’autres acceptables. Je suis de la deuxième catégorie. En précisant bien qu’il s’agit là de Direct-to-Video, l’appréciation serait bien différente pour des longs-métrages cinéma.
Raiden et Shang Tsung, éternel rivaux qui ne s'affontent que par combattants interposés
~€~
Il existe au-delà de ces longs-métrages des séries, aussi bien en animation qu'en Live. Defender of the Realm est un dessin animé extrêmement mauvais de 1996 en une saison de 13 épisodes. Coté acteur en chair et en os, il y a Konquest, un show sans-le-sou composé là de 22 épisodes en tout est pour tout. Il s'agit d'une préquelle aux jeux donc pas de Liu Kang ou de Kano. On y narre en fait l'histoire de Kung Lao. Je n'ai rien vu de tout cela en dehors des extraits présents sur Youtube.
L'avis d'Amidon, le chat de la maison:
Mortal Kombat:
Mortal Kombat II:
Legacy:
Scorpion's Revenge:
Rendez-vous Mercredi prochain 18H pour une nouvelle chronique.