Événement sans précédent que ce qui nous amène ici aujourd’hui. Après la réception plus que boudée de Justice League sur nos grands écrans en 2017, voilà que sort en 2021 la Director’s Cut - après une longue campagne insistante sur les réseaux sociaux (et pas que) - censé réparer l’affront fait à l’œuvre originelle. C’est que la production fut à l’époque très mouvementée à bien des égards. Son réalisateur, Zack Snyder dut laisser les clés à la Warner et au magicien responsable du succès d’Avengers, Joss Whedon. En résultait un monstre filmique sans âme, mou du genou et absolument pas à la hauteur de la réunion tant attendue de tout ces super-héros. Alors au final qu’en est-il de cette ‘nouvelle version’ longtemps désirée par les fans ? L’attente et l’insistance en valait-elle le coup ?

Alfred, Diana et Bruce tentent de réhabiliter le manoir Wayne en ruine

Suite à la mort de Superman, trois étranges boites d’origines extra-terrestres réparties sur Terre se mettent à vibrer et emmètrent à destination inconnue. Pendant ce temps-là, Bruce Wayne tente de réunir une équipe de méta-humains pour faire face à la menace qui se profile, avec assez peu de succès. Mais l’arrivée de Steppenwolf, lieutenant déchu du puissant Darkseid, change la donne. Wonder Woman, Flash, Aquaman, Cyborg et Batman s’unissent alors pour s’opposer au dangereux renégat, prêt à tout pour retrouver son statut d’antan auprès de son Seigneur et Maître.

Clark Kent brille par son absence sur une bonne partie du film

Alors oui. Fondamentalement c’est le ‘même film’. La même structure globale, le même synopsis, les mêmes enjeux. Et pourtant tout y est tellement différent. Le montage, la colorimétrie, le rythme et surtout le sens de l’épique. Ce que gagne en priorité cette relecture longue de quatre heures, c’est du temps d’exposition et de développement sur ses personnages. Avec en point d’orgue Barry Allen alias Flash et Victor Stone alias Cyborg. Si le premier reste le jeune homme naïf un peu bizarre mais très intelligent auquel je ne parviens pas à m’attacher, il gagne cependant en force visuelle avec quelques nouvelles scènes dantesques dans lesquelles il sauve la mise à ses camarades. Quand à Cyborg, il devient rien de moins que le cœur du film, son élément central. Bien plus impliqué dans le scénario, une relation père-fils tendue, un vrai bon fond malgré les terribles épreuves qu’il traverse, on à tout simplement l’impression de visionner une Origin Story du héros, parfaitement imbriquée dans l’intrigue principale.

Cyborg gagne en profondeur mais parfois il est un peu palot visuellement parlant

Pour comparer avec la ‘Whedon Cut’, tout ce qui fut tourné par le créateur de la série Buffy est tout simplement passé à la trappe. Et toutes les scènes de Snyder sont soit remontées en profondeur soit étendues au maximum. On y gagne étrangement une fluidité qui capte plus le spectateur sur la longueur, à condition d’accrocher au coté pompeux et très contemplatif de la réalisation. D’un point de vue formel, on note des effets spéciaux assez inégaux et certains partis-pris qui pourront diviser. Coté FX, quelques plans sur Cyborg sont en-deçà, certaines incrustations demeurent plus visibles que d’autres et parfois un agaçant effet de flou s’installe (je déteste ‘l’effet Blur’ au plus haut point). Visuellement Darkseid fait un peu trop CGI, on est clairement pas au niveau de Thanos en terme de texture de peau et d’expression faciale…par contre je trouve Desaad particulièrement réussi, aussi bien sa tronche que sa tenue, que je trouve très stylé. Quand à Steppenwolf…que dire. C’est le jour et la nuit. Aussi bien en termes d’apparence que de profondeur. On passe du ‘méchant parce que je suis méchant’ au traitre à son maître qui cherche à se racheter à tout prix. Son combat n’en devient que plus extrême et dangereux. Car plus incarné. Mais encore une fois on est loin du Titan Fou et on navigue alors dans un entre-deux entre la version 2017 et Infinity War question écriture des antagonistes.

Steppenwolf accomplira sa mission quels que soient les obstacles sur son chemin

Le plus marquant dans ce nouveau montage c’est le sens de l’aventure et de grandeur qui se dégage de cette épopée. Une sensation de démesure, de récit qui va bien au-delà de ce qu’on nous montre, d’une odyssée qui se profile. Mais quel avenir pour la Justice League ? Initialement prévu comme une trilogie les plans on bien entendu été révisé il y a bien longtemps. Mais devant le succès public de la Snyder’s Cut on se met à rêver d’un changement de braquet de la Warner, fortement appuyé par la direction d’HBO Max. Souhait un peu trop fantasque je vous l’accorde mais on se dit que rien n’est impossible désormais. Il y a deux ans, personne n’aurait cru possible qu’un jour la version que l’on à découvert là serait bien réelle. L’avenir nous dira de quoi il sera fait.

Le hashtag #realizethesnydercut laisse place à #restorethesnyderverse. La campagne ne fait que commencer, et la Warner sera bien difficile à convaincre car elle n'a rien à y gagner. En dehors d'une gigantesque acclamation des fans. On espère et on attend...

Petite réflexion annexe sur cette sortie si particulière mais n’avons nous pas là l’avènement du futur cinéma en streaming ? Car bien que cette version n’ait pu voir le jour que grâce à une suite de circonstances exceptionnelles et imprévisibles, elle pose les bases d’une nouvelle manière de ‘faire et consommer du cinéma’. Car jamais ô grand jamais ce film n’aurait pu sortir tel quel dans les salles. Bien trop long, bien trop particulier… Il n’existe que parce que le format du streaming est bien plus libre, bien moins contraint. Ce coup d’essai je pense fera date chez beaucoup de réalisateurs cherchant à se libérer des carcans assez étroit du système ‘cinéma’ et des Majors. Bien que ces dernières tiendront toujours les portes-monnaies elles vont commencer je crois à réfléchir ‘à d’autres options’ que les salles obscures. Le marché de l’Entertainement va connaître une révolution assez rapide dans les quelques années qui vont suivre…pour le pire et le meilleur. À nous public de rester vigilant sur les nouvelles formes de consommation qui vont sortir des esprits retors des pontes des très grands studios.

Barry Allen dans son antre, attendant que le destin frappe à sa porte...

PS : le format en 4:3 n’a pour moi aucune importance ou ne m’occasionne absolument aucune gêne. Ce n'est pour moi pas un sujet, rien de plus à dire sur ce point là.

Darkseid à t-il un avenir au cinéma?

L'avis d'Amidon, le chat de la maison:

Rendez-vous Mercredi prochain 18H pour une nouvelle chronique.