Petit point BD cette semaine avec deux grands noms du neuvième art: Lucky Luke et Largo Winch.

WANTED LUCKY LUKE de Matthieu Bonhomme

À l’instar de ce qui se fait sur Spirou depuis des années maintenant, le héros de Morris s’est lui aussi ouvert aux ‘Vu par’, ce qui permet à des auteurs divers de travailler le temps d’un album sur le cowboy solitaire. Nous avons eu droit à « Jolly Jumper ne répond plus » de Guillaume Bouzard, avec une ambiance très humoristique et cartoonesque et très récemment « Lucky Luke se Recycle » de Mawil, où le héros découvre la bicyclette, toujours dans un style comique. Aux antipodes de ce genre, nous avons eu Matthieu Bonhomme qui en 2016 nous offrait le sublime album « L’Homme qui Tua Lucky Luke », qui lui s’orientait plutôt dans le réalisme et posait une ambiance très lourde.

Très beau succès pour ce numéro hommage qui 5 ans plus tard propose une suite, « Wanted Lucky Luke », qui nous intéresse aujourd’hui. Celui qui tire plus vite que son ombre se retrouve cette fois-ci à devoir escorter un trio de femmes, des sœurs qui souhaitent rejoindre la ville de Liberty pour y commencer une nouvelle vie après avoir vendu leur cheptel. Notre bon Luke les aidera donc dans cette tâche, tout en esquivant plus ou moins habilement les avances des demoiselles, parfois subtiles parfois non.
En parallèle à cela, il devra également faire face aux chasseurs de primes à ses trousses, qui le pourchassent suite à une étrange prime de 50 000$ sur sa tête. Et il y aura aussi les indiens qui viendront mettre leur grain de sel dans tout ce foutoir. D’une petite balade tranquille, le voyage va se muer en véritable parcours du combattant…

Les dessins sont de la même veine que le précédent album, c'est-à-dire excellent. On reconnaît bien notre cowboy belge mais dans un style plus ancré dans le réel, non sans délaisser le coté très graphique des visages. L’aventure faisant suite au précédent tome du même auteur, on y retrouve certains thèmes, comme le fait que Luke lutte encore contre son tabagisme ou bien son statut d’éternel célibataire, qui est même ici au cœur du récit. Cependant on retrouve aussi des références à la ‘saga classique’ qui dure depuis des décennies maintenant, au travers de quelques phrases ou personnages.

Les albums de Matthieu Bonhomme apportent un renouveau que j’estimai nécessaire à la série Lucky Luke, non sans toutefois se substituer à la ‘continuité’ principale, qui poursuit de manière assez habile son chemin (il faut toujours que je lise le dernier paru ‘Un Cowboy dans le Coton’ avec le Marshall Reeves). J’avoue cependant ma préférence pour ces deux spin-offs, dont le style et le ton me parle plus. La question est maintenant de savoir si cette ‘série parallèle’ va se poursuivre, pour ma part j’espère que oui et le plus longtemps possible !

LA FORTUNE DES WINCZLAV – Tome 1. Vanko 1848 de Jean Van Hamme et Philippe Berthet

Pour commencer, je tiens à préciser que je ne suis pas vraiment au courant des bails comme on dit entre Van Hamme et Francq, qui apparemment se sont quittés en assez mauvais terme. Philippe Francq – le dessinateur – à poursuivi la saga Largo Winch en BD contre l’avis de Van Hamme, scénariste et créateur du personnage dans les romans originaux. Néanmoins l’auteur nous revient cette fois-ci avec une trilogie annoncée qui va revenir sur les ancêtres de Nerio Winch, depuis leur départ d’Europe de l’Est jusqu’au sommet des buildings New-Yorkais.

Nous faisons donc connaissance avec Vanko Winclaz alors qu’il découvre l’Amérique et ses pièges, y fondera une famille ou deux et se retrouvera mêlé à une sombre affaire qui l’éloignera de la civilisation. Ses fils reprendront les rênes du récit, chacun partant dans sa propre direction. Pour le meilleur et pour le pire.

La Fortune des Winczlav est un récit historique très condensé, où le temps défile à toute allure – parfois des années entières entre deux cases. En résulte une sensation de tournis quand à la vitesse de l’histoire contée. Nous ne sommes cependant jamais perdus dû au talent de Van Hamme pour la narration, même si parfois celle-ci emprunte des chemins de traverse qui laisse dubitatif (quel est l’utilité du personnage de Sandor ? Sa finalité ? Peut-être y reviendrons dans les prochains tomes mais j’en doute).
Le dessin de cette fresque familiale est quand à lui assuré par un autre Philippe, Berthet de son patronyme, pour un style qui tranche d’avec la bande dessinée mère. Couleurs plus ternes, dessin plus tranché et net, on fait dans l’efficace, ce qui n’est pas pour me déplaire. Aucune fioriture ou d’effet flashy dans ces pages. Et absence totale de ce fameux ‘Vert Largo’ qui parsèment abusivement les cases de Francq !

L’un des grands ‘mystères’ de la saga Largo Winch, c’est le lien filial qui existe entre Nerio et Largo, qui ne sont je le rappelle que de vague parents éloignés, le vieux briscard découvrant le bébé au Montenegro à l’occasion d’une visite d’affaire. Cette trilogie d’albums sera l’occasion sans nul doute de remplir les trous de cette filiation. Pas franchement indispensable mais cela constitue une préquelle assez intrigante pour les fans du milliardaire en blue-jean.

Une trilogie basée sur ces deux cases...

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L'avis d'Amidon, le chat de la maison:

Wanted Lucky Luke:La Fortune des Winczlav:

 Rendez-vous Mercredi prochain 18H pour une nouvelle chronique.