Retour cette semaine sur deux adaptations très différentes sur pourtant le même univers. Celui de Judge Dredd. Entre la vision très SF PoP du film des années 90 et celle plus terre-à-terre du métrage de 2012, c’est deux salles, deux ambiances. Voyons cela ensemble en partant pour Méga City One…

Judge Dredd - de Danny Cannon (1995)

Avec

Sylvester Stallone : Joseph Dredd

Diane Lane : Barbara Hershey

Armand Assante : Rico

Rob Schneider : Herman « Fergie » Ferguson

Mega City One version Cannon

Le plus célèbre et le plus impitoyable Juge de Méga City One, le Juge Dredd, se voit confronté à une erreur judiciaire qui le condamne à la prison à vie. Perdu face à la seule institution qu’il respecte il devra découvrir la vérité sur ses origines et sur son ancien collègue, plus proche de lui qu’il ne l’aurait cru…

"Finesse et subtilité? En prison à perpétuité..."

Je le confesse, malgré la terrible réputation qui accompagne ce film, je l’aime beaucoup. Je l’aimais déjà à l’époque et pour l’avoir revu il y a peu je confirme mon affection pour celui-ci. C’est de la pure Science-fiction grand public, incarné par un Sly qui en fait des caisses pour un rôle taillé à sa mesure.

Armand Assente est un très bon vilain qui cabotine tout juste comme il faut

C’est grandiloquent, les décors en imposent, les effets spéciaux en mettent plein les mirettes, les robots on trop la classe, et qui n’a pas rêvé de posséder une de ces superbes motos volantes? De plus le scénario reste certes basique mais avec toutefois de quoi nous entrainer dans cet univers un peu dingue. On y parle du sens de la Loi, de ce que doit être la Justice, de la dévotion, un peu de politique, un peu de clonage, de l’avenir du Monde…le script est bien plus fourni qu’il n’en à l’air.

En 1996, je vous laisse devinez ce que je voulais pour Noel...

C’est en revanche la mise en image qui peut prêter à sourire, le réalisateur n’étant de toute évidence pas très fin pour véhiculer toutes ces idées. Le traitement est souvent assez grossier et peu subtil, même si certaines séquences arrivent à toucher du doigt quelque chose, notamment dans les scènes intimistes avec Diane Lane. Mais j’apprécie ce sens de la métaphore lourdingue qu’on nous placarde en plein visage, cela donne un récit franc et direct, qui ne s’enlise pas dans des discours pompeux. Et de toute façon nous ne sommes pas là pour çà…

Notre trio de héros qui sauvera la ville.  3 tempéraments très différents.

Nous ce qu’on veut c’est de l’action burnée, des moments de bravoure épiques et un peu d’humour pour contrebalancer la froideur extrême du Juge renégat. Dans ce rôle là, nous avons le comparse « Fergie » qui parviendra parfois à nous décrocher un sourire. En antagoniste nous découvrons Rico, qui tient la dragée haute face à Dredd/Stallone, un véritable miroir maléfique. Là aussi on reste dans le classique mais cela reste efficace.

Mean Machine et son célèbre couteau à beurre

Alors oui,j’en conviens: ce n’est pas un film finaud. Mais il demeure plaisant à voir pour ses visuels, pour sa démesure, pour la prestation de ses acteurs qui en font tous des caisses chacun dans leur registre. Un bon gros divertissement typique des années 90, sans cesse sur la ligne de crête entre l’époustouflant et le burlesque. Ça me manque ce cinéma sans complexe.

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Dredd - de Pete Travis (2012)

Avec

Karl Urban : Judge Dredd

Olivia Thirlby : Cassandra Anderson

Lena Headey : Madeline « Ma-Ma » Madrigal

À la fois Juges, Jurés et Bourreaux

Le Juge Dredd doit rétablir l’ordre dans un bloc dissident, les belligérants ayant à leur tête une dealeuse célèbre, « Ma-Ma ». En plus de cela il doit évaluer une aspirante juge, qui as pourtant échouée aux examens mais dont la Juge Suprême estime nécessaire de lui fournir une étrange seconde chance…

Comme dirait le Shériff Pepper: "This is the Law!..."

Déjà précisons le bien: il n’y a aucun rapport entre les deux adaptations. Ni de près ni de loin. Et en fait dès les premières images on ne peut que constater la différence de traitement entre les deux visions. Fini les décors denéons, les véhicules volants et les gratte-ciels interminables, place à une Méga City One plus crédible que jamais. Entre Highways et ruelles malfamées digne du Los Angeles actuel. Bien loin donc de la vision futuriste précédemment utilisé.

Un guerrier Solitaire...

Seules les MégaBlocs (des quartiers qui au lieu de s’étendre en largeur on poussé vers les cieux) permettent  de distinguer le coté fictionnel de cette cité plus vraie que nature. Et c’est justement dans l’un d’entre eux que se déroulera la majeure partie de l’action. Comme dans un jeu vidéo, notre duo de juge devra - en partant du rez-de-chaussée - gravir tout les niveaux pour atteindre le dernier étage et affronter la Boss. Bien entendu de nombreuses épreuves leur seront soumises, généralement sous la forme de groupes armés jusqu’aux dents.

Mega City One version Travis

Le ton est lui aussi bien plus sérieux et laisse peu place au grand-guignolesque. Dredd n’est pas connu pour être un comique et là où dans la version Stallone le comic-relief servait à détendre l’atmosphère, il n’y a aucun bouffon de service présent dans cette relecture du comics. L’ambiance est lourde, écrasante, désespérée. L’humanité tente de survivre mais sans grand espoir,plutôt dans l’attente de sa fin, qui semble proche.

Gros contraste entre le maître et l'élève, à tous les niveaux

Dans le second rôle nous avons donc à la place une aspirante un peu gauche et peu sure d’elle, qui possède cependant un don particulier qui lui octroie un passe-droit pour postuler au poste de juge malgré son échec à l’examen. Elle se retrouve cependant dans la pire des bonnes situations, son superviseur n’étant rien de moins que le plus sévère de tous. Ce sera à elle de faire ses preuves et de justifier qu’elle peut devenir un juge efficace, pour ne pas dire de ‘nouvelle génération’.

Mais pourquoi cette mystérieuse aspirante à droit à une seconde chance?!

Derrière le cas que du Juge Dredd se cache Karl Urban, qui jamais ne s’en séparera de tout le métrage (les fans hurlèrent à la trahison en 1996 quand Stallone le retira, car jamais, ô grand jamais, Dredd n’a été vu sans ce fameux casque dans la BD, ou du moins son visage reste éternellement dissimulé). Stoïque et impitoyable il offre une prestation remarquée malgré donc l’absence de visibilité de son jeu. Tant et si bien qu’une suite est réclamée depuis des années mais que celle-ci ne verra vraisemblablement jamais le jour. Ce qui est fort dommage. Mais, comme bien souvent, celle qui sort son épingle du jeu c’est la toujours impeccable Lena Headey.Quelle classe cette femme, quel charisme.

Lena Headey est une femme "qui a de la gueule"!

Cette version se veut aussi bien plus violente, avec parfois des effets gore très stylisés (ce qui me dérange un peu mais bon). Là ou l’on peut regarder le film avec Sylvester en famille, il est peu conseillé de mettre des enfants devant cette suite de massacre où l’hémoglobine coule à flots. Je pense surtout à la scène, longue et perturbante, où tout un étage se fait mettre en charpie par une méga-sulfateuse. Pour moi là le réalisateur va trop loin dans la mise en avant de la violence ‘gratuite’ .J’en étais presque gêné. Gêne devoir la complaisance de tourner de telles images choquantes pour ce qui ne devrait être qu’un simple divertissement. Je repense également à la ‘chute finale’ et surtout son ‘impact’… je ne trouve personnellement pas ce genre d’effet de style plaisant à voir.Bien au contraire.

Le 'Body Count' du film est très élevé...Trop élevé pour moi.

N’en reste pas moins un film ‘coup de poing’, très étonnant dans son approche la plus réaliste possible de son univers et l’implication de son acteur principal qu’on jurerait aussi inflexible que son personnage.

L'avis d'Amidon, le chat de la maison:

Judge Dredd:

Du grand spectacle familial

Dredd:

mais stylisant trop la violence

Rendez vous Mercredi prochain pour une prochaine chronique

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Le visionnage des deux films reste une expérience intéressante car cela permet de voir comment une « même base » peut amener à deux visions très différentes dans leur développement. Depuis plusieurs années une série TV dérivée du second film est plus ou moins en chantier (plutôt moins que plus) dans laquelle Karl Urban ferait sporadiquement des apparitions en tant Judge Dredd. Baptisée 'Mega City One',le peu d'avancé du projet laisse clairement sous-entendre que ce dernier est tombé à l'eau. Tant pis...

En attendant le Judge Dredd reste sévère mais juste. Mais Surtout Sévère! (Private Joke)