Il y a quelques temps sortait dans nos salles le troisième opus des aventures 'modernes' de l'agent secret franchouillard Hubert Bonisseur de la Bath, incarné par Jean Dujardin. À cette occasion je (re)visionnais ces trois films pour lesquels je n'avais pas particulièrement d'affect ou d’intérêt particulier, n'étant absolument pas attiré par cet humour graveleux et lourdingue - même si à prendre au second degré. Il faut dire que le personnage à beaucoup évolué depuis les romans originels de Jean Bruce (j'en ai eu entre les mains mais je n'en ai jamais lu) pour finir par devenir aujourd'hui la caricature du Beauf' à la française, raciste, misogyne et méprisant. Des traits fortement accentués dans cette nouvelle mouture cinématographique qui l'air de rien à vu le jour il y a 15 ans déjà avec ce premier film sur lequel je reviens dans les lignes qui suivent.

LE CAIRE, NID D'ESPIONS de Michel Hazanavicius

Suite à la disparition de son ancien collègue et ami très proche Jack Jefferson au Caire, OSS 117 se rends sur place pour mener l'enquête et découvrir le meurtrier de celui-ci. Là-bas il rencontre Larmina El Akmar Betouche qui lui sera d'une aide précieuse, malgré le fait qu'il s'agisse d'une femme (la pauvre n'y peut rien). Mais de nombreux espions rôdent dans la capitale d'Égypte et notre bon Hubert devra déjouer leurs nombreux traquenards pour parvenir à la vérité qui se cache derrière la cité millénaire...

OSS 117 entre toujours par la grande porte

J'avais déjà vu ce premier film au moment de sa sortie DVD à l'époque et je n'avais pas été convaincu. Le revisionnage ne m'a pas fait changé d'avis. Alors certes j'ai bien pigé le coup du 'second degré' mais cela n'empêche en rien ce premier essai d'être incroyablement lourd et pas assez subtil dans sa parodie. Ça manque clairement de finesse, de 'lecture entre les lignes'. Le coté beauf' est tellement forcé qu'il fini par transpirer dans le métrage lui-même. Et puis franchement je trouve l'écriture incroyablement faible et certainement pas au niveau des films qu'il tente maladroitement de moquer.

L'homosexualité refoulée de notre héros sera un thème récurent de la saga

N'en reste pas moins un désir sincère de renouer avec le cinéma d'antan en terme de réalisation qui mérite qu'on tire bien bas notre chapeau. Effets spéciaux et cadrages d'époque font leur effet justement, avec parfois certains plans volontairement 'has-been' pour mieux coller à l'ambiance voulue. Jean Dujardin adopte son rôle avec entrain, jouant le véritable idiot qui s'ignore à merveille. À ses coté Bérénice Bejo et Aure Atika forment un duo de charme pas déplaisant (et les deux rôles sont aux antipodes l'un de l'autre). Beaucoup de têtes connues dans les seconds rôles, du belge Francois Damiens à l'allemand Richard Sammel en passant par Arsène Mosca dans le rôle hilarant du nazi musulman.

"HA HA HA! Nous sommes de méchants Nazis! HA HA HA !!"

RIO NE RÉPOND PLUS de Michel Hazanavicius

L'agent OSS 117 est chargé de retrouver un micro-film à Rio de Janeiro contenant une liste d'anciens collabo' durant la Guerre. Une fois sur place il attire très vite à lui le Mossad (un brin revanchard pour on ne sait trop quelle raison), avec lequel il va être forcer de partager ses aventures. Enfin surtout avec la très belle agent Dolorès Koulechov, qui l'épaulera pour retrouver Heinrich, le fils du nazi détenant le fameux document tant convoité...

"Mon nom est de la Bath. Hubert Bonisseur de la Bath"

L'expérience acquise sur le premier film permet à ce second opus d'être bien plus abouti à tout les niveaux. Plus drôle, plus fin, moins bas du front... mais aussi plus sarcastique et ironique (ce qui manquait grandement au précédent). Certains de ses dialogues font mouche de manière piquante sans tomber dans cette lourdeur que je regrette dans 'Le Caire...'.

Une introduction qui pose le ton...

Jean Dujardin retrouve son Hubert avec plaisir et cela se ressent dans son jeu et son sourire goguenard. Il lui apporte toutefois plus de profondeur et plus de tempérament, au-delà de l'imbécile heureux qu'il incarnait autrefois. Il possède même (enfin!) des répliques qui claquent, qui marquent et qui ferment le clapet à ses interlocuteurs. En clair il gagne en caractérisation (ouf!). À ses cotés Louise Monot sait lui tenir tête avec entrain même si je trouve son personnage un peu trop figé, un peu trop froid. Enfin Alex Lutz apporte quand à lui son grain de folie habituel, ainsi que son indéniable talent pour la comédie loufoque.

L'agent franchouillard, la rouquine guindée et le boche fils de nazi forment un trio éclectique

La bobine va plus loin en ce qui concerne les effets spéciaux, surtout sur la fin du récit pas avare en belles images de Rio vu d'en haut. L'ambiance des années 60 est parfaitement retranscrite et là encore cela mérite une belle médaille pour le travail accompli.

"En plein dans le mille, ma bonne assistante"

ALERTE ROUGE EN AFRIQUE NOIRE de Nicolas Bedos

De la Bath n'est plus tout jeune, et face à l'agent 1001 il ne fait pas le poids. Alors Hubert est muté au service informatique, au traitement des fichiers, tandis que Serge lui part pour l'Afrique, pour mater une insurrection qui prends trop d'ampleur et menace les intérêts de la France. Mais quand le bellâtre (tendance chochotte) disparaît sans laisser de trace, ce n'est nul autre que le grand OSS 117 qu'on envoie à sa rescousse...

"Humm? Qui c'est qu'on appelle?..."

Là on entre dans un autre registre, un autre humour, une autre culture. Et il faut bien que j'avoue que je me sens nettement plus proche de l'écriture de Nicolas Bedos que de celle de Michel Hazanavicius. Alors que je n'aime pas le premier film et que je trouve le deuxième agréable sans plus, j'apprécie grandement ce troisième épisode qui lui me parle énormément. Étrange pourtant car à priori les deux premiers sont plus orienté 'cinéma', là où le troisième lui lorgne bien plus vers le 'politique'...mais tout le talent du 'fils Bedos' (devenu Bedos tout court malheureusement) est justement de jouer de toutes nos références politiciennes pour mieux nous faire sourire. Qu'on y distingue des notions à Chirac, à Mitterrand (pardon, "Mitrand") ou VGE, avec la verve du réalisateur je vous assure que cela met du sel sur des plaies à vif.

Fatou N'Diaye est la ' OSS Girl' de cet opus. Elle n'a confiance en personne et son destin tragique  ne lui donnera pas tort...

Le duo de choc composé de Jean Dujardin et Pierre Niney dépote tant les deux agents sont radicalement différents. Tout le truc tient dans le fait que là ou Hubert Bonisseur de la Bath est comme à son habitude traité de manière parodique (bien moins d'ailleurs ici), celui de Serge lui est filmé complètement au premier degré, sans aucune once d’autodérision ou de moquerie. Idée très maline qui crée un énorme décalage de traitement et donc de ressenti envers les personnages.

117 et 1001. Les deux font la paire.

Le film se termine en laissant plusieurs pistes ouvertes et une quatrième aventure est donc en suspens, qui j'espère sera toujours réalisé par Monsieur Bedos tant son talent d'écriture colle parfaitement au personnage tenu par Jean Dujardin.

"On se retrouve bientôt. Je compte sur vous."

L'avis d'Amidon, le Chat de la maison:

Le Caire, Nid D'Espions:

Rio ne Réponds Plus:

Panique Rouge en Afrique Noire:

Rendez vous mercredi prochain pour une nouvelle chronique, si tout va bien :)