Synopsis: James Bond doit sortir de sa retraite pour replonger dans les affaires de Spectre après que son ami Félix lui est remis le pieds à l'étrier pour 'une simple mission de livraison'. Son retour au sein du MI6 ne se fera pas sans heurt, ses retrouvailles avec ses anciennes connaissances étant pour le moins tendues...Et ceci sans compter sur le fait que le monde à continuer de tourner sans lui et que ce dernier ne peut se passer d'un 007...

Réalisateur: Cary Fukunaga

Distribution:

Daniel Craig: James Bond

Léa Seydoux: Madeleine Swann

Ralph Fiennes: M

Naomie Watts: Moneypenny

Rami Malek: Lyutsifer Safin

Jeffrey Wright: Félix Leiter

Ana de Armas: Paloma

Lashanna Lynch: Nomy

...

Il y aura eu bien des embûches mais au final Daniel Craig aura bien livré ses cinq films sur l'agent le moins secret de Sa Majesté. Et premier constat, cette dernière mouture en date se distingue des autres par un simple fait: elle possède un début, un milieu et une fin. Ce qui déjà constitue un point gagnant pour elle. Narrant en effet de ses débuts jusqu'à la fin l'état de service d'un assassin au service de l'Union Jack on fait face ici à une œuvre complète qui contrairement aux nombreux films de la (très longue) saga ne peuvent se départir les uns des autres.

James Bond reprends pour la dernière fois du service

C'est à Cary Fukunaga qu'incombe la lourde tâche de conclure l'ère Craig et le réalisateur révélé grâce à la culte première saison de True Detective (dont il se chargea des 8 épisodes, fait assez rare dans le monde des productions TV) relève le défi avec brio. Les plans sont certes classiques dans leur ensemble mais restent parfaitement lisibles - y compris dans les scènes d'action  (coucou Marc Foster!) - et font de nombreuses références aux anciens opus (qu'il s'agisse des Craig ou non), principalement 'Au Service Secret de Sa Majesté' dont le thème et la sublime chanson de Louis Armstrong sont repris. Ce dernier épisode invoque avec intelligence tout ce qui fut fait précédemment pour amener à une conclusion qui ne pourra se faire que dans la douleur et la mort. Mais aussi dans une notion d'héritage fort bienvenue.

Le réalisateur et son acteur principal fêtent la fin de tournage... si ils avaient su à ce moment là les déboires que connaitrait le film pour sortir en salles...

Car le point qui pour moi est le plus important dans cette quintologie vient du fait qu'aucun protagoniste présent dans le premier métrage ne verra le bout de cette saga, chacun trépassant tour à tour pour laisser place à un nouveau groupe, une nouvelle génération. Ainsi donc Vesper dans Casino Royale, Mathis dans Quantum of Solace, M elle-même dans Skyfall, Mr White dans Spectre, puis enfin Félix et Bond en personne dans No Time to Die laisseront place à Mallory, Q, Moneypenny, Tanner et Nomy pour se charger désormais de sauver le monde. Comme le symbole du temps qui passe et fait disparaître les vieilles méthodes pour faire place à la modernité (thème récurrent dans les films). Intéressant d'ailleurs de noter que la saga commence par un plan sur Mr White (première scène post-générique de Casino Royale) et se termine sur le sourire de sa petite-fille dans Mourir Peut Attendre. Pour accentuer encore plus ce sentiment de changement de génération si cela n'était pas déjà suffisamment marqué.

Le futur de Bond? Ou de 007?

Présentons un peu les nouveaux venus, à commencer par l'agent 007. Car oui James n'est plus détenteur du célèbre matricule après son départ effectif du service. Il fut donc dévolu à Nomi, dont on ne sait pas grand chose au final en dehors du fait qu'elle soit très efficace et peu encline à dévier de sa mission, contrairement à son prédécesseur. Cela ne l'empêche pas néanmoins de surprendre son supérieur par ses méthodes d'investigations qui prennent souvent des chemins détournés. Elle possède un humour plus sarcastique que Bond mais est aussi moins monolithique dans ses émotions, dont elle laisse transparaître un sens aigu de la justice et du devoir. Une fois dit cela, le personnage est-il capable de succéder à Bond sur grand écran comme le laissait entr'apercevoir quelques vieilles rumeurs? Possible même si elle devra gagner la sympathie du public, ce qui est loin d'être acquis pour le moment. Mais devant le tollé que suscita cette possibilité il semblerait que les Studios aient changé de braquet et pour le moment l'avenir de la franchise est en suspend (mais cela doit turbiner dur dans les  bureaux d'EON production et plus particulièrement dans celui de Barbara Broccoli. Enfin pour le moment elle compte surtout les billets qui rentrent...).

Bond revient au MI6, entre sa successeur peu ravie de son retour et son ancienne coéquipière qui lui tira dessus. Ambiance...

L'autre petit nouveau c'est Rami Malek, dont je n'ai jamais était grand fan contrairement à beaucoup (Mister Robot, j'ai tenu 5 épisodes avant de lâcher...). On le découvre donc ici dans le rôle d'un tueur cherchant à se venger de Spectre qui décima sa famille alors qu'il était encore enfant. L'homme qui fut chargé de la besogne était Mr White et cela instaure une relation assez particulière entre Safin et Madeleine, symbolisé par cette scène d'ouverture assez surprenante qui instaure le fait que le personnage de Léa Seydoux sera en fait au centre du récit.
Alors la promotion du film insista largement sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'une relecture de Docteur No, mais la vérité est là: il s'agit bel et bien d'une version moderne du célèbre premier méchant de la franchise (au cinéma). On retrouve le visage grêlé, la coté japonisant de sa base secrète sur une île isolée, son phrasé lent et ses mouvements mesurés...et le fait qu'il dissimule pendant toute la première partie du film son visage derrière un masque de théâtre Noh, art traditionnel nippon. Par contre il n'a pas les mains renforcées dû à ces manipulations de produits chimiques. Quand à savoir la raison pour laquelle l'équipe de production n'a pas tenu à faire part de cette évidence...c'est un mystère. Notez que la disparition du vilain est aussi peu spectaculaire que son ancienne incarnation et qu'elle se déroule toute deux au sein d'un bassin (mais non radioactif pour la version Malek).

Oui ou non est-il le Docteur No? (oui pour ma part)

Enfin il y a Ana de Armas dans un petit rôle d'agent de liaison cubain qui crève l'écran de par sa beauté insolente et ses grands yeux coquins. Si suite il doit y avoir avec Lashana Lynch, je milite pour le retour récurent de cette cubaine à damner!

Petit rôle mais grande impression pour la toujours sexy (et qui le sait très bien) Ana de Armas. Apparemment les bijoux qu'elle porte appartiennent à une boite de Luxe qui participa à la production financière du métrage. On peut trouver assez facilement des photos faites pour la marque sur les lieux même du tournage où l'actrice sert de modèle haut de gamme. On trouve le pognon comme on le peut...

Pour ce qui est des visages connus, on retrouve toute la bande avec plaisir, même si la très grande distribution ne permet pas de faire briller tout le monde à l'écran. Naomie Harris est comme à son habitude parfaite, tout comme Ben Whishaw qui laisse apparaître un peu plus de l'intimité de Q. M de son coté se renfrogne de plus en plus avec l'âge et le très discret Tanner fait toujours son taf d'assistant zélé. On revoie aussi brièvement Christoph Waltz et son Blofeld toujours aussi pervers narcissique, une vraie tête à claque qui subira enfin le sort qui lui incombe. J'ai un peu plus de mal avec la très belle Léa Seydoux et son personnage très introverti, qui en sait toujours bien plus qu'elle ne le prétends mais elle est ici correctement développé et c'est même sur ces mots que se conclue l'histoire.

Ralph Fiennes le Grand fait son retour en tant que Boss du MI6, entouré de ses indispensables aides de camp Eve Moneypenny et Bill Tanner

Visiblement le film divise beaucoup le public et je fais clairement parti de ceux qui le trouve superbe (malgré quelques facilités et effets de style pas toujours subtils). Dès Casino Royale j'étais conquis par cette relecture moderne et 'sérieuse' de l'agent Double 00, dont je n'appréciais guère les aventures avant cela (trop kitch, trop ringardes, trop surfaites et péremptoires). Cette vision contemporaine en 5 actes à su résonner en moi comme jamais ses prédécesseurs ne surent le faire et Daniel Craig restera comme le plus Grand James Bond de tout les temps chez mon humble personne. Quelle que soit la personne qui lui succèdera (Lynch ou quiconque), elle aura fort à faire pour être au niveau et je lui souhaite bien du courage...

L'avis d'Amidon, le chat de la maison:

Rendez vous mercredi prochain, si tout va bien :)