Ayant revu récemment un documentaire sur John Carpenter (disponible via ce lien sur youtube) je me suis repenché sur deux de ces films, sur lesquels je reviens succintement dans les lignes qui suivent.

Les Mémoires d'un Homme Invisible

Synopsis: Une tasse de café renversée sur un ordinateur provoque une explosion dans un laboratoire de Magnascopics. N'ayant pas évacué les lieux car il y dormait, l'analyste Nick Halloway découvre qu'il est devenu invisible. Il se retrouve alors poursuivi par la CIA. Seule Alice Monroe, une productrice de télévision, va pouvoir l'aider. 

Distribution:

Chevy Chase: Nick Halloway

Daryl Hannah: Alice Monroe

Sam Neill: David Jenkins

Film de commande réalisé de toute évidence sans grand enthousiasme par Mister Carpenter en 1992, ‘Les Mémoires d’un Homme Invisible’ souffre d’une cohérence globale aux fraises. Il y a bien les personnages de Sam Neill et Daryl Hannah qui servent de fil rouge tout au long du récit mais en gros on assiste à une suite de scènes disparates qui par la magie d’un montage qu’on devine assez épique et d’une voix-off peu amène tentent de lier entre elles les différentes séquences. Ce qui donne un résultat qu’on qualifiera simplement de ‘potable’. Dans le sens où le tout tient debout. Bancal mais debout. Un peu comme cet homme que traîne notre héros dans un taxi…

Son acteur principal, loin d’être transparent, occupe l’espace bien comme il faut. Car oui précisons: il est invisible aux autres personnages, mais pas aux spectateurs. Ce qui permet tout d’abord de comprendre ce que fait notre héros à l’écran mais surtout pour l’acteur de jouer de son statut de personnage que les autres ne voient pas. Malheureusement ses pérégrinations au sein du script sont pour le moins absurdes et ne servent qu’à faire avancer mollement le récit.

J’avais pourtant un assez bon souvenir de ce métrage que j’avais découvert à la télévision il y a fort longtemps. Ce qui m’avait marqué à l’époque c’était la puissance de ses images, de ses effets spéciaux qui aujourd’hui encore sont plus que remarquables. Une scène m’avait particulièrement marqué : celle du bâtiment à moitié invisible et qui semble comme flotter dans l’air.

Mais à la revoyure, on devine les ficelles d’un tournage difficile où acteur principal, réalisateur et studio bataillèrent dur chacun de leur coté pour imposer leurs idées et finir par aboutir à un film qui restera mineur - voir oublié - dans la carrière de Big John.

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Assaut

Synopsis: Dans le quartier difficile d'Anderson à Los Angeles, le gang Street Thunder vient de dérober un stock d'armes à feu (pistolets et fusils). Quelques membres sont tués après sommation par la police durant une embuscade dans la nuit. En début d'après-midi, les chefs du gang font un pacte de sang, jurant de s'en prendre à la population et à la police. Au même moment, le lieutenant de police Ethan Bishop est chargé par son supérieur de se rendre au Central 13, commissariat de police situé dans Anderson, qui est sur le point d'être désaffecté et transféré dans un autre district. Les lieux sont occupés par un personnel réduit : Leigh, la secrétaire, Julie, la standardiste, et un autre policier, le sergent Chaney.

Distribution:

Austin Stoker: Ethan Bishop

Darwin Joston: Napoleon Wilson

Laurie Zimmer: Leigh

Tony Burton: Wells

Film choc. Aux antipodes du précédent. Là ou le comique invisible se voulait gentillet et formaté pour un spectacle familial, Assaut est un métrage violent, froid, brut de décoffrage. Une violence qui ne s’explique pas, qui s’abat juste impitoyablement sur ce pauvre petit commissariat de quartier sur le point de fermer définitivement ses portes et que notre héros ordinaire devra protéger coute-que-coute.

Carpenter ne fait pas ici dans le superflu - sans doute n’en avait-il pas les moyens - mais dans l’efficace. Les plans sont ‘secs’, précis, frappent dans le mille sans fioritures. Ses personnages sont clairement définis en quelques plans et dialogues. La mise en contexte du coté du flic est resserré au maximum, là ou du coté des ‘vilains’ le réalisateur se permet plus de moment…filandreux. Les images nous montrent leur quête ‘vengeresse’ mais de manières distanciées, sans la moindre conversation, sans la moindre explication (autre que l’introduction). C’est donc avec circonspection qu’on suit ces quatre types (bientôt suivi de leurs innombrables troupes) chercher des victimes dans les rues austères de cette banlieue de Los Angeles. De fil en aiguille ils finiront donc par assiéger un petit poste de police isolé.

Ce que je retiendrai le plus de ce chef-d’œuvre inclassable de 1976, c’est son personnage principal. En effet Austin Stoker est tout simplement extraordinaire de charisme, de beauté, d’humour… avec un regard empli de bonté sans non plus tomber dans la naïveté. Incompréhensible qu’il n’est pas eu une plus grande carrière à Hollywood. Ses comparses à l’écran sont à l’avenant: Darwin Joston en ‘Napoléon’ Wilson, un malfrat célèbre accroc aux clopes, la sarcastique et terriblement sexy Laurie Zimmer dans le rôle de Leigh qui ne se laisse pas imposer sa loi par les hommes qui l’entourent et Tony Burton dans la grande gueule du taulard Wells. Une fine équipe qui devra se serrer les coudes pour espérer s’en sortir.

Il existe un remake de ce Western moderne, sorti en 2005 et réalisé par le français Jean-François Richet avec Ethan Hawke et Laurence Fishburne en tête d’affiche. Au vu de la bande-annonce il n’a pas l’air d’être particulièrement brillant mais les commentaires sont enthousiastes alors peut-être le verrai-je à l’occasion. Par contre celui que j’ai vu fut ‘Nid de Guêpes’ (2002) avec Benoît Magimel et mis en scène par Florent-Emilio Siri, qui n’est en fait – et je ne le compris qu’en voyant Assaut – qu’une relecture bien de chez nous du film de John Carpenter. Il n’en reste pas moins un très bon film de genre qui lui aussi m’avait marqué par sa dureté et sa noirceur.

Il s’agit donc là de deux films extrêmement différents pour ‘le Maître de l’Horreur’ (aucun de ces deux là ne rentrent dans cette catégorie - je ne suis pas friand de ce genre de cinéma) que j’ai vu à quelques heures d’intervalles seulement, souhaitant me replonger un peu dans le travail de cet auteur longtemps méprisé par la machine Hollywoodienne (il l’est toujours d’ailleurs…). Ayant revu l’ineffable ‘Jack Burton’ il y a un an ou deux je pense plutôt me refaire les aventures de Snake Plissken prochainement. À voir si je ferai un article sur ces trois films que j’aime beaucoup. Très envie de revoir ‘Invasion Los Angeles’ également…

L'Avis d'Amidon, le chat de la maison

Les Mémoires d'un Homme Invisible:

Assaut:


Rendez-vous Mercredi prochain 18h pour une nouvelle chronique :-)