Synopsis: En proie à de nombreux problèmes dans son quartier difficile de Philadelphie, le jeune Will Smith va vivre chez son oncle Phillip Banks - juge de son état et candidat au poste de procureur général - dans le luxueux quartier de Bel-Air à Los Angeles.

Créateurs: Will Smith et Morgan Cooper

Distribution:
- Jabari Banks : Will Smith
- Adrian Holmes : Phillip Banks
- Cassandra Freeman : Vivian Banks
- Olly Sholotan : Carlton Banks
- Courtney Jones : Hilary Banks
- Akira Akbar : Ashley Banks
- Jimmy Akingbola : Geoffrey / Jeffrey (VF)
- Jordan L. Jones : Jazz
- Simone Joy Jones : Lisa

Tous ceux qui ont grandi dans les années 90 se souviennent du ‘Prince de Bel-Air’, cette sitcom qui mettait en scène Will Smith, gamin des quartiers difficiles de Philadelphie recueilli par sa tante et sa famille dans le quartier ultra-chic de Bel-Air à Los Angeles. L’Oncle Phil, le cousin Carlton, le valet Jeffrey, la pimbêche Hilary, la mignonne Ashley… autant de noms devenus familiers pour toute une génération.

Il faut le savoir mais le sieur Will Smith est actuellement l’un des propriétaires de la licence ‘Karate Kid’, suite au remake qu’il produisit en 2010 avec son fils Jaden et Jackie Chan. Il est donc associé - dans une moindre mesure mais tout de même - au revival de la licence baptisé ‘Cobra Kai’. Une renaissance qui marque un retour plus contemporain de la licence, à la fois très drôle et très nostalgique sans non plus délaissé l’aspect social. Pour moi ce ‘retour gagnant’ de Daniel LaRusso et Johnny Lawrence fut un déclencheur pour Will Smith. Ça et la « fausse bande-annonce » réalisée par Morgan Cooper en 2019 qui apportait une relecture très dramatique à ce qui restait de la pure comédie dans la sitcom originale. Il ne faut pas négliger non plus l'importance des 'retrouvailles' du casting de la première série en 2021, mais la production du remake était alors déjà engagée.

En d’autres termes, le moment était venu de faire renaitre le ‘Fresh Prince of Bel Air’. Mais fini le décor unique et les rires préenregistrés, les blagues à la petite semaine et le regard caméra d’un héros complice. Place au drama, aux difficultés du quotidien et à la condition noire aux États-Unis en l’an de grâce 2022. 9 épisodes existent pour cette première saison diffusée sur Peacock, le service de streaming de la NBC, et dans laquelle on retrouve donc exactement la même histoire… mais pas du tout le même traitement.

Je ne vais pas faire ici la présentation de tous les acteurs, sachez juste que tous les rôles originaux sont repris avec une plus grande profondeur d’écriture et des arcs scénaristiques plus élaborés. Je me dois tout de même de souligner quelques têtes qui dépassent clairement du lot. À commencer par le rôle principal tenu par un Jabari Banks impeccable malgré son jeune âge. À ses côtés se tient un Adrian Holmes reprenant le costume emblématique de l’Oncle Phil et qui je dois dire s’en sort pas mal du tout sans atteindre quand même le charisme et la prestance de l’inoubliable James Avery.

Comment ne pas évoquer Carlton quand on parle du Prince de Bel Air ? Ici il est incarné par Olly Sholotan et bien que le jeune homme soit loin d’être mauvais, il souffre de la comparaison avec l’inimitable Alfonso Ribeiro. C’est la seule petite faute de gout à mon sens dans ce remake, ce cousin Carlton est certes très différent du premier mais il lui manque clairement ce petit grain de folie qui faisait tout le charme de celui des années 90. Par contre, là où je suis totalement séduit, c’est par la nouvelle Hilary ! C’est dingue à quel point Courtney Jones arrive à reprendre les mimiques de Karyn Parsons à la perfection et à se mouvoir à l’identique tout en apportant sa propre touche au personnage. De loin la plus belle surprise du casting !

On en revient donc à cette différence de ton. Et là ça va faire jaser de toute évidence. Déjà première remarque, au moment de taper ce texte, je ne crois pas que la VF soit actée. Et je peux vous dire que l’équipe en charge de la traduction dans notre belle langue de Molière va pas mal galérer car le show use et abuse du ‘N-word’ à toutes les sauces. Sauf qu’en VO il est dit par des acteurs noirs à l’encontre d’autres acteurs noirs en référence au langage assez cru des rues étatsuniennes (et d’ailleurs, d’ailleurs…). Mais à l’heure des polémiques à tout va et de la victimisation à outrance sans parler du ‘décolonialisme’, comment les doubleurs français pourront prononcer à mille reprises ce terme péjoratif qui est pourtant à mon sens indispensable pour bien saisir l’atmosphère et l’environnement de la série ? La question reste en suspens…

Ensuite cette version moderne du ‘Prince’ est à fond ‘Black Live Matter’. Mais je veux dire vraiment à fond les ballons ! Au point même que l’Oncle Phil 2022 est un partisan acharné du ‘Refund the Police’ (et non pas du 'Defund the Police', la subtilité est là, mais tout de même !), là ou celui de 1993 n’aurait jamais soutenu une telle démarche, de toute évidence. Cela m’a profondément choqué je dois dire, le point de vue des protagonistes étant le symbole de la vraie crise identitaire des noirs américains en ce moment. Cependant on est clairement au cœur du sujet d’une telle série et je peux comprendre qu’il y soit traité mais le côté partisan du show pourra en déstabiliser certains, surtout vu depuis l’Hexagone. Et je ne polémiquerai pas sur le traitement des personnages blancs au sein du show, parce que là on arrive sur un terrain miné… mais c’est là. Et bien là. Et ce de manière indiscutable. Voir même clairement revendiqué. Curieux d’entendre les réactions de ceux qui prétendent que ‘cela n’existent pas’…
Ajouté en assaisonnement une pincée de wokisme des familles accompagné de revendications LGBT tout sauf subtile et vous obtenez une série américaine de 2022 dans toute sa splendeur, pour le pire comme pour le meilleur…

Bel-Air sonne donc comme un remake plutôt gagnant du ‘Prince de Bel-Air’ de notre adolescence (du moins la mienne) avec ses personnages bien campés et surtout adaptés à une écriture contemporaine mais en contrepartie on y retrouve également les défauts de notre époque (de moins moi je les juge comme tels) avec ses revendications sociales et politiques à la limite de l’effarant parfois. On se retrouve de fait devant une série qui met en avant le quotidien et les interrogations des noirs américains, avec ce que cela comporte de problématiques mais également de bonnes choses, ce qui apporte un juste milieu à peu près acceptable pour nous public français. Mais de notre point de vue une série ‘communautaire’ aussi radicale pourra aussi totalement nous rebuter. Je suis donc très curieux de voir quel sera l’accueil de cette série si jamais elle parvient un jour jusqu’à nos ondes…

 

L'Avis d'Amidon, le chat de la maison:


Mais attention, il s'agit d'une série 'communautaire' avec des prises de positions controversées !


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