Synopsis: Evelyn Wang est une femme sino-américaine issue des premières générations d'immigrants du pays. Elle tient une laverie avec son mari, Waymond. Evelyn va alors découvrir après un audit de l'IRS qu'elle n'a pas payé toutes ses taxes. Elle doit également faire avec l'arrivée de son père très exigeant ainsi qu'avec sa fille Joy qui vit en couple avec une autre femme, Becky.
Usée, Evelyn est à bout. C'est alors qu'elle fait la connaissance d'Alpha Waymond. Ce dernier est une version alternative de Waymond. Il lui explique que de nombreux univers parallèles existent car chaque choix fait au cours d'une vie engendre la création d'un nouvel univers. Les habitants de l’Alphaverse ont ainsi développé une technologie permettant d'accéder aux compétences, aux souvenirs et au corps de leurs homologues d'univers parallèles proches. Le multivers est cependant menacé par Jobu Tupaki, un esprit brisé qui expérimente désormais tous les univers à la fois et peut manipuler la matière à volonté.

Réalisateurs: Daniel Kwan et Daniel Scheinert, dit "The Dan's"

Distribution:
Michelle Yeoh : Evelyn Wang
Stephanie Hsu : Joy Wang
Jonathan He Qwan : Waymond Wang
James Hong : Gong Gong (grand-père)
Jamie Lee Curtis : Deirdre Beaubeirdra
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Quel drôle de film que voilà ! Sous ses aspects de film chinois, il se révèle pourtant 100% américain* et est une sorte de conglomérat de plusieurs genres improbable qui donne un résultat extrêmement nerveux et plein de surprise. Everything Everywhere All At Once est un véritable festival visuel qui une fois partie ne s’arrête jamais - c'est-à-dire une fois les scènes d’exposition posées. On en prend plein les yeux, quitte à parfois ne pas avoir le temps d’assimiler toutes les informations que l’on voit défiler. C’est typiquement le genre de film devant lequel si on loupe 2 minutes on ne comprend plus rien une fois que l’on revient devant !

Pour mettre en scène ce scénario fortement alambiqué, il fallait des acteurs à la hauteur. Et c’est plus que largement le cas avec ce casting de haute volée. Outre Michelle Yeoh qui tient le film de bout en bout et une Jamie Lee Curtis méconnaissable (le coup de vieux !) c’est bel et bien Jonathan Ke Quan dans le rôle du mari (proposé à l’origine à Jackie Chan) et surtout Stephanie Hsu dans l’incroyable rôle de la fille qui étonne par la justesse de leur interprétation. Cette dernière a pourtant dû avoir tout un tas de scènes compliquées à mettre en boîte car sans rien révéler de son personnage, sa nature versatile impose une logistique et un planning de tournage d’une extrême précision à suivre au cordeau. Ce qu’elle réussit haut la main.

Évoquant parfois 'Matrix', parfois 'In The Mood For Love', parfois les films de Kung Fu hongkongais et d’autres fois encore la comédie lourdingue asiatique (l’humour vole souvent bien bas), les références fusent dans tous les sens, et on frôle même de temps en temps la parodie pure et simple (2001, L’Odyssée de L’Espace par exemple). Alors oui cela peut décontenancer le spectateur tant le métrage part bien souvent dans tous les sens dans ce qui semble être une histoire sans queue ni tête. Mais au final, quand on enlève l’ensemble de ses artifices grandiloquents Everything Everywhere All At Once ne se révèle rien d’autre qu’une comédie dramatique familiale assez bien ficelée enrobée dans un décorum superfétatoire (et pas déplaisant).

De deux choses l’une : soit on sait dans quoi on se lance quand on commence à visionner ce film singulier et on reste scotché par la proposition assez folle de celui-ci soit on s’y lance à l’aveugle et à ce moment-là on entre dans une autre dimension du cinéma. Après un prologue faussement anodin on plonge dans un délire multiversel inattendu qui nous emmène dans un voyage délirant et coloré ou se mêle des genres et des styles qui pourront parfois déstabiliser le visionnage tellement tout cela semble incongru. Le plus incroyable vient donc du fait que le tout tienne debout  et surtout reste compréhensible par tout le monde, ce qui laisse transparaître le talent du duo de réalisateurs et des scénaristes, au-delà de la qualité de la distribution.

Futur film culte à mon humble avis...

*On appelle cela la ‘sinisation du produit’, qui tente de percer dans ce cas précis le marché chinois. Cela peut bien évidemment s’adapter à d’autre contrées, et généralement on parle ‘d’Américanisation du produit’. Dans tous les cas cela vise un potentiel commercial certain. Il existe assez peu d’exemple de ‘Francisation’ par exemple…

L'Avis d'Amidon, le chat de la maison:



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