Synopsis: À une époque où des créatures terrifiantes parcourent les mers, les chasseurs de monstres sont de véritables héros. Et aucun n’est plus adulé que le grand Jacob Holland. Mais lorsque la jeune Maisie Brumble embarque sur son navire légendaire, il trouve en elle une alliée inattendue. Ensemble, ils se lancent dans un voyage épique à travers des eaux inexplorées, et entrent dans l’Histoire.

Réalisateur: Chris Williams

Distribution (VO):
Jacob Holland : Karl Urban
Maisie Brumble : Zaris-Angel Hator
James Crow : Jared Harris

Hou que cette première demi-heure fut prenante et pleine de promesses ! Que d’aventures épiques et palpitantes en pleine mer ! De l’action ! Des monstres marins ! Un bateau pirate ! Un héros entraînant et plein d’enthousiasme ! Des personnages secondaires tous bien campés et aux tronches marquantes (et au quota respecté à la virgule près) !
Et tout ceci sans parler du Capitaine Crow, chef de toute cette ménagerie de tronches bigarrées, un type qui en impose comme on le dit dans le milieu très fermé de la culture de l'anchois en boîte. Un homme prêt à tout pour assouvir sa vengeance contre la Tourmente Rouge, le plus terrifiant des monstres marins qui sévit dans les océans. Mais sans toutefois faire l’impasse sur le code d’honneur qui unit tous les chasseurs - parce que oui en fait il ne s’agit point de pirates, mais plus de corsaires au service d’une royauté à l’apparence très British (quasiment une satire).

Mais au milieu de cette fabuleuse introduction se dévoile une scène à part, mettant en scène une fillette du genre dégourdie qui s’enfuit de son orphelinat pour tenter de rejoindre « L’Inévitable », le fier navire de notre équipe de chasseurs revenu depuis peu à quai. La mainmise sans cesse grandissante qu’aura Maisie (la petite fille en question) sur l’ensemble du métrage aura pour conséquence de rendre le tout d’aventureux à déjà-vu, d’audacieux à fade.
Elle partagera de fait le devant de la scène avec Jacob, notre vaillant marin. Nos deux héros devront apprendre à se connaître et découvrir plus avant la véritable nature des monstres qui peuplent les océans. Et notamment la Tourmente Rouge…

Avant de revenir sur l’évolution du scénario, il faut tout de même mettre en avant la prouesse visuelle de l’ensemble. Les images sont parfois à couper le souffle, surtout celles qui mettent en perspective les différentes échelles de grandeur. La réalisation est au-dessus de la moyenne, surtout lors des phases d’action et des moments de bravoure. Certains plans sont véritablement sublimes ! Quant à la direction artistique, elle est tout simplement parfaite pour ce genre de récit et je dirai même qu’elle s’adapte à chaque personnage de la meilleure manière qui soit (entre la Seconde du capitaine au corps sec et le poivrot au pif bien rondouillet, il y a un écart de style graphique et de ton). Question ambiance je me suis parfois cru devant un récit du Disque-monde, et je me suis remis à rêver d’une véritable série d’animation sur l’univers de Terry Pratchett (bien loin de la série-Live qui est une trahison des livres… mais c’est un autre sujet).

Mais revenons-en au gros Hic : le film au fur et à mesure de son avancée passe donc du point de vue de Jacob à celui de Maisie, ce qui affecte le métrage dans son ensemble. Comme lorsque l’on descend une piste à ski, le haut de la montagne nous impressionne mais plus on descend plus la saveur de la glisse s’amenuise pour finir en bas de la pente par une certaine banalité mollassonne. C’est exactement ce qu’il se passe sur "Le Monstre des Mers" : il part sur les chapeaux de roues, en met plein les yeux et plus il avance moins il devient intéressant, pour finir par une séquence finale convenue au possible, faussement politisé (et confinant au ridicule…) mais vraiment policé de manière jusqu’au-boutiste. On passe vraiment d’un extrême à l’autre quand on compare la première séquence à la dernière, deux ambiances aux antipodes l’une de l’autre. L’impression demeure d’avoir vu deux histoires se fusionner en une seule pour un résultat bien en-deçà de ce qu’elle nous promettait au départ.

Dernière remarque qui sera également un  point commun avec Luck, chroniqué ici même la semaine dernière : l’histoire ne propose pas de méchants. Est-ce là une nouvelle tendance dans les films s’adressant à la jeunesse ? Si je veux bien comprendre l’intention louable du « les méchants n’existent pas en vrai, il n’y a que des points de vue différents » on occulte l’importance symbolique du Vilain dans les œuvres s’adressant au jeune public, ce qui a pour résultat un récit sans enjeu et sans épreuve, sans notion d'accomplissement ou de dépassement de soi (imaginez Le Livre de la Jungle sans Shere Khan, Blanche-Neige sans la Reine, Star Wars sans l'Empire...). Pas de combat final contre les forces du mal, juste des gens avec un avis divergent qu’il faut rallier à sa cause. Du coup le climax ne consiste qu’en un beau discours aussi gênant que niais. Ce qui ne fait qu’accentuer le sentiment d’un film qui démarrait très haut et se termine bien bas…

PS pour @Forsete: malgré sa baisse évidente de qualité au fil des minutes, il reste meilleur que Luck :)

 

L'Avis d'Amidon, le chat de la maison:


qui bascule petit à petit vers



Rendez-vous mercredi prochain 18H pour une nouvelle chronique