Il y en aura eu des doutes et des moments d’égarements. Des mots forts et des pensées déplacées. Et puis un beau jour, on finit par se lancer dans l’aventure, depuis si longtemps attendue. Sentiment étrange sur le temps qui passe, 18 ans pour les uns, une simple nuit pour deux autres. On fait un bout de chemin ensemble et c’est déjà le moment de se dire au revoir alors que l’on foule le Grand Mur. Et il est désormais venu l’heure du bilan. Shenmue III est conspué par les uns et adoré par les autres. Qu’en est-il pour ma part…
IL SURGIRA D'UNE LOINTAINE TERRE D'ORIENT
Ryo Hazuki, jeune japonais sur les traces de l’assassin de son père, finit par atterrir à Bailu, petit village isolé en plein cœur de la Chine. En compagnie de Shenhua Ling, il tente de retrouver le paternel disparu de cette dernière, qui pourra lui en apprendre plus sur le passé de feu Iwao Hazuki, qui effectua lui aussi ce voyage il y a une vingtaine d’année…Derrière cette quête de vengeance se dessine en sous-main celle d’un ancien trésor, auquel semble mener les deux miroirs couleur jade, l’un en possession de Lan Di le meurtrier et l’autre dans les mains de Ryo le justicier…
Ryo toujours aussi déterminé...
Nous parcourons dans Shenmue III deux zones, Bailu et Niaowu (prononcez ‘Miaou’, il suffit d’y être deux minutes pour comprendre pourquoi). La première est un village pittoresque aux pieds des collines et la seconde une ville modeste en bord de fleuve. L’objectif dans ces deux lieux et de retrouver Yunshen Yuan, père adoptif de Shenhua. Pour ce faire il faut mener l’enquête et surmonter les épreuves qui se dresseront sur le chemin. À ses fins, notre stoïque héros à en sa possession son précieux carnet de notes, ses aptitudes aux arts martiaux et une profonde détermination. Pour le reste…
Entrons dans le vif du sujet en déclamant haut et fort que Shenmue III est un bon Shenmue. On y retrouve l’essence et l’âme qui furent les ingrédients indissociables des deux premiers épisodes sur Dreamcast. Son rythme lancinant, au tempo journalier qui berce doucement l’épopée du japonais, nous invite à prendre notre temps. Cette notion du quotidien, au cœur de la saga, est toujours bien présente et très vite chaque joueur adopte son propre agenda. Entrainement, séances de pêche, quelques heures de boulots, shopping, jeux…et quand on le souhaite on fait avancer l’enquête. Le plaisir d’exploration est toujours là, on flâne à observer les habitants, les maisons, à scruter pour découvrir quelques particularités amusantes. Les joueurs ayant appréciés les opus précédents dans leurs jeunes années retrouveront avec plaisir cette atmosphère si unique, troquant toutefois les espaces citadins pour un décor plus bucolique.
Esthétiquement, le jeu à un charme incontestable
UN PHENIX DESCENDRA DES CIEUX
Mais quels autres atouts possède cette renaissance inespérée? Tout d’abord, une évidence : Shenmue III existe. Je ne vais pas revenir une énième fois sur le parcours tortueux qu’il aura fallu pour que cet état de fait soit avéré mais bon, hein, voilà quoi. Il est là. La saga compte désormais TROIS jeux. BOUM.
Graphiquement, c’est beau. C’est net. C’est minutieux. Chaque PNJ à son propre faciès, son propre nom, sa propre histoire. Ryo et Shenhua on bien sur également été retravaillés. Visages moins ronds et plus détaillés. Pour lui le changement est clair mais on le reconnaît. Pour elle, c’est une reconstruction faciale complète, il faut s’y faire. Elle fait moins ‘fille de la campagne’ et plus ‘petite princesse des bois’. Son visage et charmeur et souriant, ses yeux pétillent. Ren est peut-être celui qui a le moins changé, sans parler de Lan Di mais modifier son visage aurait été très mal perçu tant il est iconique.
Les différents visages de la jeune fille
Question maniabilité, le poids lourd d’antan laisse place certes pas à une Porsche mais tout au moins à une belle citadine. La caméra désormais totalement libre aère le point de vue sans pour autant casser l’immersion, cela grâce à un axe au niveau du regard de notre héros. Plusieurs niveaux de caméra, de la vue ‘classique’ à la vue à la première personne, sont disponibles et plus ou moins agréable à utiliser.
Les menus ont été revus de fond en comble, incluant de nombreux nouveaux volets. Je les trouve très réussis, en tout cas bien plus que dans les Remasters bien trop timorés. Toutes les informations nécessaires y sont présentes, du tableau de la nourriture aux collections échangeables. On y retrouve le Stuff habituel de notre gamin en vadrouille, dont les photographies qui font faire un bond en arrière nostalgique pour le vieux fan comme moi. Tout les objets sont modélisé en 3D et donc observables sous toutes les coutures.
Bon, çà c’était pour les fondamentaux. Passons maintenant aux nouveautés, les vraies. La plus marquante étant bien entendu l’arrivé d’un estomac pour Ryo (et il à un gros appétit le bougre !) Tout un éventail de victuailles est disponible pour rassasier le bonhomme et reconstituer sa barre d’endurance, les célèbres ‘petites boules vertes’.
Transition parfaite pour parler du système de combat et de niveau de Kung-fu. Car en début d’aventure Ryo à une sacrée échelle de progression face à lui. Il ne possède que la moitié de ses fameuses boules vertes, qui à chaque seconde régressent inexorablement (d’où la nourriture pour les restaurer). Le seul moyen d’augmenter son endurance est de s’entrainer quotidiennement sur des pantins de bois. Au fur et à mesure que le niveau augmente, le nombre de bouboules aussi. Aussi simple que çà. Et bien entendu lors des combats il vaut mieux avoir une endurance assez élevé pour être mieux paré. Les combats eux aussi on été refondé de A à Z, avec cette fois-ci un système quasi-automatique via les gâchettes (trahison pour beaucoup, mais complètement facultatifs) et surtout l’ajout là aussi de ‘niveaux’ pour les attaques. Une fois encore l’entrainement est là pour permettre de monter à fond chacune d’entre elles. Des dojos sont là pour effectuer ces séances de progression mais également quelques combattants de rue qui peuvent faire office de sparring-partner. Le niveau de Kung-Fu sera d’ailleurs au centre de la progression de Ryo (il s’agit du niveau ‘général’ alliant l’endurance et la puissance) car il ne sera pas en mesure de combattre certains adversaires tant qu’il n’aura pas atteint un certain seuil. Un moyen comme un autre de forcer le joueur à développer cet aspect là et surtout pour farfouiller comme on peut l’aire de jeu pour mettre la main sur les manuscrits, seul moyen in-fine d’augmenter notre personnage.
Une Mokujin victime de la mode...
Enchainement parfait pour évoquer l’aspect de loin le plus réussi du titre : la cohésion générale. Car en plus de dégoter des parchemins de coups, il y a bien entendu tout un système de commerce qui a été mis en place et ce de manière très poussé. Je ne vais pas énumérer toutes les possibilités et subtilités mais sachez que celles-ci sont vertigineuses (avec en plus une espèce de marché parallèle via les ‘jetons’, ce qui multiplie d’autant plus le champ des possibles) et sauront vous occupez un moment. Le plus fort c’est que le joueur lui-même peut influencer le marché en fonction de son travail sur le port et les déchargements qu’il effectue. Sachez aussi que si vous souhaitez obtenir tout les parchemins, objets spéciaux et tenues qu’il est possible d’acquérir, vous en aurez pour un moment et qu’il vous faudra sagacité, persévérance et malice. Croyez-moi vous aurez de quoi faire !
Les légendaires QTE sont bien évidement de la partie...et se révèlent redoutables!
Un mot sur la cueillette, autre grosse nouveauté et pas des moindres, car Ryo n’a jusque là jamais porté un grand intérêt pour la flore (Nozomi en sait quelque chose…). Mais comme il s’agit du moyen le plus simple et le plus rapide de se mettre des brouzoufs plein les pockets, il se penche très sérieusement sur la question. Et par extension nous manette en main. C’est bien simple on se met à ramasser tout ce qu’il est possible pour tout revendre au prix fort dans les officines et autres petits commerces. À la découverte de la moindre parcelle d’espace vert on se transforme en jardinier du dimanche pour rafler tout ce qui dépasse. Et le pire c’est qu’on se prend au jeu à fond, ratissant les rizières et les champs de manière méthodique, pour ne rien laisser filer. Là aussi il est intéressant de signaler que plus vous vendrez le résultat de vos cueillettes à la même enseigne, plus ses prix seront avantageux à l’avenir.
Dans les autres moyens mis à disposition pour gagner de l’argent se trouve la pêche. Je n’ai pas grand-chose à dire là-dessus…c’est de la pêche quoi. Certains spots sont à découvrir via des quêtes annexes et il y a même quelques concours ici et là auxquels Ryo peut bien entendu participer. Au passage il ne peut que louer les cannes et n’en achète pas (une location pour une ‘séance’ de pêche). Il y a plusieurs modèles à des prix locatifs différents mais je ne sais pas trop c’est quoi la différence hameçon dans l’eau. Bon vous l’aurez compris, la pêche ce n’est pas trop mon dada.
Là où je me retrouve plus c’est dans l’activité de bucheron des bacs à sable. Malheureusement cela ne rapporte pas beaucoup. Mais ce job – pure héritage de l’arcade d’antan – m’amuse énormément. Simple, claire, efficace. Parfait pour moi.
Il y avait un jeu similaire dans Fable (le 2 ou le 3 je ne sais plus)
Mais le meilleur moyen de gagner sa croute dans Shenmue III c’est bien sur de bosser en tant que cariste. Car oui, contrairement à ce qu’on pu prétendre certains, le chariot élévateur fait bel et bien son grand retour. Et si on se débrouille bien permet de se faire rapidement un petit pécule non négligeable. L’engin se manie en plus de manière agréable et fluide. Seul petit bémol, Niaowu à un tout petit port et donc forcément le parcours ne varie jamais (le bateau-> l’entrepôt ou l’entrepôt-> le bateau…) mais cela reste plaisant et demande mine de rien une certaine petite notion de gestion dans l’entreposage des différents chargements.
Retour au boulot pour Ryo! Il faut bien gagner sa vie...
J’arrête là cette liste non-exhaustive des bons points de Shenmue III pour parler un peu de ma propre expérience sur ce titre ô combien attendu. Avant la sortie, j’étais très sceptique. Les previews de la plupart des médias français étaient alarmantes, sauf celle de Romain Mahut, qui vu d’aujourd’hui était sans doute celle qui tapait le plus dans le mille. La démo ‘backer’ m’avait grandement rassuré, on était loin de la catastrophe annoncée. Mais subsistait l’ombre du doute sur l’entièreté de l’aventure. Ce fut donc une belle surprise qui m’attendait quand je me suis lancé – enfin ! – dans Shenmue III. Honnêtement je m’attendais à tellement pire…Alors quand j’ai foulé moi-même du pied (virtuel) la campagne chinoise j’ai été stupéfait. C’est grand, c’est ouvert, c’est vivant, c’est beau. Dès les premières minutes on retrouve nos marques et on explore Bailu et sa place principale avec émerveillement. Pour ma part ma première mission dans le jeu consista à acheter un nouveau T-Shirt pour Ryo, qui je le rappelle porte le même depuis le 3 Décembre in-game ! Je concède que le passage de Bailu ne m’a pas particulièrement emballé même si il fut agréable à parcourir, à l’exception du passage avec le vieil alcolo qui lui m’a véritablement lourdé puissance 1000. Certaines scènes y sont toutefois hilarantes, notamment lors des affrontements de Ryo contre les bandits de grands chemins. On sent qu’une certaine autodérision se développe chez le jeune homme vis-à-vis de son comportement réservé et froid, qui laisse donc entrevoir un peu plus sa personnalité.
On retrouve la 'magie' de la saga et c'est ça qu'est bien
Mais alors Niaowu, là j’ai été bluffé. Pour un financement participatif, suite du jeu vidéo le plus cher de son temps, il n’a absolument pas à rougir. Au contraire même ! Je suis persuadé que beaucoup avec la même somme n’aurait pas été capable de faire le tiers de ce que Yu Suzuki et son équipe on accompli ici. C’est là que l’on voit tout le talent incommensurable du créateur, qui avec des contraintes énorme est tout de même parvenu à livrer un Shenmue III plus qu’honorable. Et rien que pour cela, respects éternels.
Sinon que dire d’autre ? Que l’idée des Chobu-san planquée dans chaque échoppe est à la fois tellement simple et tellement géniale (celle de la librairie m’a rendu DINGUE ! Et je ne les ai pas toutes trouvées, on verra cela pour une prochaine fois). Que les salles d’arcades ne sont certes plus sous licence SEGA mais on tout de même leur charme, avec la parodie de Virtua Fighter assez ardue mais qui m’éclate, le chasse-taupe qui lui ne m’a pas convaincu mais les jeux de lancer eux me plaisent bien (malgré leur trop grande aléatoirité). Par contre le jeu de voiture, je n’y ai rien compris… Et évidemment le plus important parmi le plus important : Les Fringues. Qu’est ce que j’ai galéré pour obtenir cette fichue tenue chinoise ! Mais qu’est ce qu’il est classe avec çà ! Pouvoir changer les vêtements au Sieur Hazuki, ce qui normalement devrait être complètement secondaire, tiens là du fantasme de vieux fanboy. Et c’est donc avec acharnement que j’ai choppé le plus de blousons possibles (enfin ceux que j’estimai pas trop cheap… parce que dans le lot il y en a). Dernière petite précision sur ma partie, je n’ai appelé qu’Ine-San en appel international, pour la rassurer, car c’était le plus ‘crédible’. Je ne vois pas Ryo appeler Joy ou Nozomi, voir même Fuku au moment où il en est de sa quête (et encore moins Guizhang…). Si un jour il doit revoir la vendeuse de fleur, je trouve que cela aura plus de sens s’ils n’ont pas échangé un mot depuis leurs adieux. Mon coté romantique peut-être ?
Les musiques sont dans la lignée de ce qui fut réalisé auparavant. Et sont donc plus que réussie. Malheureusement c'est du coté de la gestion des pistes sonores que le jeu à du mal. Les transitions entre zones sont 'blanches' et lorsqu'une piste arrive à son terme...fondu au silence avant que le morceau ne reparte au bout d'une dizaine de secondes...Etonnant que cet aspect soit négligé à ce point.
UN DRAGON EMERGERA DES TERRES
Mais j’ai beau être un ‘fan hardcore’ de la licence, et avoir était l’un de ceux ayant financé son retour, j’ai tout de même mon lot de critiques face à cette résurrection. Et la plus vive d’entre elle est certainement le fait que cet inespéré troisième épisode ne clôture pas la saga. Maintenant que j’ai fini le jeu, je peux le dire : Shenmue III pouvait PARFAITEMENT finir l’histoire de Shenmue. Le prochain passage va contenir des révélations sur la fin, je passe donc en mode ‘sous le radar’.
Il suffisait de faire en sorte que l’affrontement contre Lan Di se termine par une victoire, difficile mais incontestable, où Ryo bien entendu l’aurait épargné face à la vérité des agissements répréhensibles de son père. Dépité, mais ayant mis un point final à cette histoire il décide de s’en retourner chez lui…mais là dans un DLC qui aurait fait office d’épilogue, et poussé par Ren et Shenhua, on aurait eu la conclusion de la chasse au trésor, la vérité sur les miroirs, dans un décor splendide de la Muraille de Chine, avec en combat final Ryo Hazuki versus Niao Sun, avec pourquoi pas Lan Di qui viendrait mettre le bordel dans la bataille. Une fois vaincue on découvre Ziming Hong le frère de la femme en robe bleue de Hong-Kong et qui se décide à la rejoindre. Cinématique à HK où tout se termine pour le mieux, Shenhua à retrouver son paternel dans sa bourgade, Ren à piquer un ou deux joyaux avant que le trésor ne soit définitivement perdu et les admirent sous le regard réprobateur de Joy. Le frère et la sœur Hong sont réunis et tiennent le temple ensemble. Rapide focus sur les différents personnages secondaires ici et là…Scène finale avec Ryo qui au moment de prendre un billet d’avion pour rentrer chez lui change d’avis et décide de prendre un vol pour le Canada…fondu au noir et Fin.
Pas si compliqué quand même !
Mais non. Suzuki-san n’en démords pas et il racontera son histoire comme il a toujours voulu. Quitte à ce qu’elle ne soit jamais terminée. Comme je dis toujours son obstination est à la fois sa plus grande force mais également son plus gros défaut.
Il subsiste en moi cependant un doute sur Shenmue IV, qui je pense n’est pas du tout au point mort, mais et bien commencé quelque part…sans doute pas en terme de développement proprement dit mais tout au moins en terme de pré-production. Car quand on refait le film de cette aventure Shenmue III depuis son commencement, on se rend compte qu’il y a énormément de chose qui ne sont pas dans le jeu sorti. Le plus flagrant étant ces fameux villages fortifiés chinois en forme de cercles dont Suzuki parle depuis fort longtemps et qui au tout début faisait parti des travaux préparatoires pour le troisième épisode. Sont-ils tout bonnement passés à la trappe ? Je ne le pense pas…je crois plutôt que ses recherches sont là pour nourrir la suite du périple de notre trio de héros. Je peux me tromper, et les Dieux savent que je me trompe souvent dans mes pronostics, et c’est sans doute l’espoir qui me fait parler, mais je crois que Shenmue IV ne mettra pas 20 ans à sortir…et qu’il est bien plus avancé qu’on ne le pense (encore une fois je ne crois pas qu’une équipe de programmeurs bossent dessus, je parle bien en terme de ‘pré-prod’). Reste la question du financement…car cette fois c’est sur c’est grillé pour un nouveau Kickstarter. Quoique…perso je ne suis pas du tout déçu par ce troisième épisode et si je dois financer également le quatrième…ce ne serait pas un non catégorique mais j’aurai une condition non-négociable : il faut que ce soit le dernier. VRAIMENT.
A partir de 3min18, on peut clairement voir la description des 3 zones: Baisha qui a totalement disparu (pour le DLC? Pour le IV?), Choubu devenu Niaowu et le village Bailu.
Voilà à quoi cela ressemble en vrai. Un décor prometteur...
Revenons-en à nos moutons et tout comme j’ai fait la liste des points positifs, voici venir celle des points négatifs. À commencer là aussi par le plus évident : la technique en berne.
Car oui Shenmue III à de sérieuses lacunes de ce coté-là. Principalement de clipping. Quand Ryo marche cela reste acceptable (le décor se détaille à une trentaine de mètres devant lui) mais quand il court c’est la débandade. Il peut arriver que le jeune Hazuki se pointe dans un Store et que ce dernier soit vide…nous assistons alors à l’apparition du décor en temps réel, avec le tenancier (ou la tenancière) se matérialisant à la fin, comme surgit des brumes. Même problème dans la rue, ou notre bon gars se bloque en plein milieu du chemin sans raison apparente…le temps que se charge le quidam numérique qui effectivement compte les dalles sous la pluie. Agaçant par moment…Mais depuis que j’ai fini Shenmue III j’ai joué à Blacksad. Et comment dire, cela relativise pas mal les choses…Finalement le dernier-né de Suzuki-san, malgré ses défaillances, tient tout de même debout.
Outre cela, quelques autres points noirs méritent d’être signalés. En premier lieu les reflets du fleuve de Niaowu qui agissent assez bizarrement (l’eau ne reflète que ce qu’affiche l’écran du joueur, on peut s’amuser avec cet effet). Ensuite oui les visages de certains PNJ qui sont vraiment mais vraiment moches. Et l’animation assez sommaire rajoute parfois à ces faciès burlesques. Toujours dans le domaine de l’animation voir marcher les enfants est assez perturbant, c’est tellement caricatural que cela en devient absurde (quel enfant au monde marche en arquant les bras comme çà ?).
Oui il y a des visages ratés. Mais il y en a bien plus de réussis...
Question boustifaille, les aliments proposés sont pour la plupart trop faible ‘en calorie’ pour être intéressant. Au village seul l’ail noir restaure un niveau convenable, Ryo se les alignent donc par dizaines (on espère qu’il à des pastilles à la menthe). Pas de possibilité de cuisiner, ce qui est un peu triste au vu de la liste de légumes auxquels on a accès.
D’une manière générale la conception de ce Shenmue III est assez vieillotte. En tout cas pas au standard de la production actuelle. La non-fluidité des dialogues, les fondus au noir systématiques, les répétitions de phrases récurrentes...Cela à toutefois son charme, mais je comprends tout à fait qu’on y adhère pas. On peut même réussir à déjouer certaines mécaniques mises en place…par exemple lors du premier combat contre le chef des racailles de Niaowu, où on est censé perdre. J’ai pourtant réussi à le vaincre sur le fil du rasoir. Mais comme le jeu n’a pas prévu cette possibilité là …j’ai quand même eu la cinématique où Ryo est tenu en échec ! Un peu déconcertant…
[Mise à jour]
Petit retour sur cet article consacré à Shenmue III pour évoquer les DLC. Au nombre de 3, deux sont inclus 'dans le jeu' et le troisième est un mode de jeu supplémentaire. Commençons donc par ce dernier.
Baptisé Battle Rally il se divise en deux parties distinctes. La première est une 'Chasse aux Bailu-Chan'. Basé sur le principe des Chobu-Chan de Niaowu, il faut à l'intérieur d'une zone définie du village de Bailu retrouvé les 20 figurines cachées dans le décor. Certains sont quasiment mis en évidence mais d'autres sont planqués avec malice, voir vice. La deuxième partie allie course de rapidité et combat. Sur un parcours donné vous devez franchir la zone d'arrivée le plus rapidement possible, tout en combattant les différents adversaires croisés sur le chemin. Chaque adversaire vous octroie du temps en fonction de sa catégorie de puissance. Des items de gain de temps sont aussi récupérable lors de votre course. Dans ce mode - et pour la première fois dans Shenmue - vous choisirez entre 3 personnages (plus un déblocable), à savoir Ryo Hazuki (normal), Ren Wuying (Cool!) et Wei Zhen la fondue d'art martiaux amie de Shenhua. Chacun possédant bien entendu ses caractéristiques propres et surtout ses techniques de combats uniques! Sachez enfin que chaque victoire dans ce mode spécial vous attribuera des bonus pour votre partie, comme des blousons, des tenues chinoises ou bien encore des manuscrits de coups.
Le deuxième contenu téléchargeable est le 'Story Pack' qui comme son nom l'indique incorpore une quête dans le jeu lui-même. Celle-ci commence quand on croise par hasard Zhang en train de déguster une glace près de l'hôtel de Ryo. Le bras droit de Zhu vous informe alors que des activités de Chi You Men ont été noté dans le coin (et pour cause...) et vous demande assistance pour collecter des informations. Bien entendu vous acceptez et vous revoilà parti pour entrer en contact avec des informateurs secret via les fameux signes Chawan de Shenmue II. Alors il s'agit d'une quête assez ardue étant donné que le jeu possède de nombreux endroits où effectuer le code avec le quatuor de tasses et que rien n'indique les lieux précis où il faut les faire (l'intrigue vous invite à communiquer ainsi 4 à 5 fois, ce qui au bout d'un moment devient un peu lassant). Vous faites donc confiance au hasard - ou à internet - pour dénicher les bons spots. Au bout d'un moment un dîner en couple sera de la partie puis la visite d'une planque de voyous, avec révélation de traître à la clé. Comme d'habitude Ryo résolvera tout cela à coups de poings. Le principal interêt de cette quête est d'offrir en récompense finale une tenue alternative pour Ryo...mais surtout pour Shenhua!
Enfin le Downloadable Content final - Le Sésame des Mers - consiste en un bateau-casino assez pompeux qui proposera deux petites quêtes qui nous feront faire connaissances avec des gens un peu étranges. Le but ici sera de gagner un maximum de ticket pour la grande roue qui offre comme prix de nombreuses tenues pour notre japonais en vadrouille. Vous recevrez ces tickets soit en finissant les quêtes susmentionnées, soit en jouant aux bornes de jeux mécaniques, soit en remportant des défis journaliers aléatoires, comme par exemple gagner 5 courses de grenouilles, 10 parties de dés etc...Il est dommage que ce DLC ne propose pas d'autres jeux que ceux déjà présent dans le jeu de base. Car au final tout cela ne fait que doublon et ne se révèle donc pas très interessant. Seules les tenues à gagner et les personnages un peu à l'ouest permettent à ce 'niveau supplémentaire' d'être 'un peu' digne d'intérêt...mais cela reste bien maigre.
Au final ces DLC valent ils le coup? Pour les fans oui, un peu, pour compléter le jeu et accroître l'expérience générale très plaisante en ajoutant des éléments en plus. Pour le joueur lambda, franchement aucun intérêt. Sauf si vous souhaitez garnir la garde-robe de Ryo et obtenir une seconde tenue pour la Miss. Sinon passez votre chemin...
~€~
Au bout du compte est ce que j’ai aimé Shenmue III ? Oui, beaucoup. Mais la condition pour apprécié ce jeu est d’être ‘conquis’ avant d’y jouer. En clair d’avoir été fan des deux premiers à leur époque. Découvrir la saga aujourd’hui est je pense très difficile, car ancré dans un autre temps. Les mécaniques, la narration, l’écriture…l’ensemble du titre a ce coté désuet qui pourra en rebuter beaucoup. En reste cette formidable quête initiatique, déguisé en soif de vengeance, qui certes ne prend pas le même sens pour un joueur de 40 ans que pour le même joueur à 20 mais sait garder sa pertinence et son symbolisme.
Nonobstant tout cela, n’en demeure pas moins une faiblesse rayon technique que chacun jugera selon de quelle coté de la lorgnette il examine la situation. Pour un jeu sorti en 2019, c’est grave pas au niveau. Pour un Kickstarter qui s’est terminé grosso modo aux alentours des 7 millions, plus d’autres fonds de divers investisseurs, le résultat final est plus qu’honorable, et même digne d’éloges. Une vraie surprise. Je n’en attendais pas autant en terme d’espace de jeu, de gameplay, de quêtes…je peux donc dire que Shenmue III à dépassé mes espérances.