Paraît-il que le jeu a eu droit à son quart d’heure de gloire à sa sortie. C’est sans doute vrai, mais depuis il est passablement tombé dans l’oubli. Déniché dans un « cash » et piquant au vif ma curiosité, je me laissais tenté par cette adaptation vidéoludique des deux policiers venus tout droit des seventies, ne sachant pas trop à quoi m’attendre. Même si je dois bien avouer que je pensais plutôt tomber sur un énième nanard du jeu vidéo. Monumentale erreur.
- Éditeur : Empire Interactive
- Développeur : Minds Eye Productions
- Année de sortie : 2003
- Joué sur Gamecube
DEUX FLICS UN PEU RÊVEURS ET RIEURS
C’est dans la ville fictive de Bay City que l’on retrouve les officiers David Starsky et Kenneth Hutchinson pour suivre leurs nouvelles enquêtes inédites. Car oui le premier point à souligner c’est que le jeu possède un aspect extradiégétique assez marqué en indiquant fortement que l’on suit une série télé mettant en vedette nos deux héros. L’aventure sera en effet découpé en trois saisons de six épisodes chacune, avec une petite intrigue en fil rouge propre à chaque salve d’historiettes. Les récits seront simplistes et uniquement prétextes à la mise en place de courses-poursuites dans les rues de la métropole.

La voici la voilà, la vraie star du show !
Le narrateur du jeu ne sera nul autre qu’Huggy-les-Bon-tuyaux en personne, avec la participation d’Antonio Fargas lui-même pour enregistrer ses lignes de dialogues en version originale, excusez du peu. En version française on ne retrouvera ni Jacques Balutin ni Francis Lax pour reprendre leur rôle mythique , ce qui est un peu normal mais cela reste dommage même si on retrouve un peu leurs échanges assez pince-sans-rire. Détail qui fait tout le sel de ce portage : le générique français, autant adoré que conspué, est présent sur la galette. Quelle belle attention !

Tout est fait pour évoquer au mieux les années 70 et le rendez-vous télévisuel avec les deux flics à l'humour grinçant
Pour ce qui concerne la réalisation globale, on comprend assez rapidement qu’on n’est pas en présence d’un AAA, cependant les moyens financiers alloués sont judicieusement utilisés. Les cinématiques sont composées de scénettes (très) sommairement animés qui posent donc une situation que nous serons amenés à résoudre une fois la partie lancée - généralement après un long temps de chargement.

En lieu et place de cinématiques 3D des séquences (peu) animées mais qui font le boulot...
Une fois l’action manette en main, on découvre un «Driver-Like» aux graphismes assez propres et à la maniabilité vraiment agréable. La légendaire Ford Torino se manie aisément et on file à toute allure à la poursuite des méchants. Je reviendrai dans le prochain chapitre sur la jouabilité en elle-même car elle mérite largement son lot d’explications. En attendant je vais plutôt évoquer son concept assez singulier de l’audimat, entre chronomètre, score et point de vie.

Sans être un parangon de beauté, le jeu n'est pas désagréable à l'œil
Comme toute bonne série TV qui se respecte, celle-ci doit générer de l’audimat. Celui-ci est représenté par un compteur en haut à gauche de l’écran qui s’égraine au fur et à mesure du temps. Une fois à zéro, plus personne ne regarde le show et la partie est finie.
Pour éviter cela il faut donc maintenir l’intérêt de l’audience en effectuant des actions spectaculaires lors de vos escapades motorisées. Cascades, conduite à contresens, tirs bien placés, mouvements spéciaux, dérapages contrôlés et autres manœuvres d’évitement à la dernière seconde seront autant de moyen de captiver les téléspectateurs et vous assurer un bon score à l’audimètre.

"Vous êtes faits mes gaillards !" L'intelligence artificielle n'est pas des plus développée...
À contrario, si vous blessez des civils (piétions ou automobilistes), adoptez une conduite pépère ou bien provoquez des accidents impliquants ou non la tomate enrubannée qui vous sert de véhicule, les points d’audimat fondront comme neige au soleil. Le monde du show-business est impitoyable…
Enfin, sachez que pour débloquer la saison suivante il vous faudra obtenir un certain nombre de médailles dans l’actuelle, et que ce nombre est déterminé par le score d’audimat atteint à la fin de chacune des missions.
EN VOITURE C'EST POURSUITE INFERNALE
Revenons au gameplay. Bien qu’on ne fasse que conduire la Ford classieuse, il y aura de fait plusieurs paramètres à prendre en compte lors de nos folles escapades à la chasse aux malandrins en charrette de l’enfer. On peut distinguer trois aspects dans la jouabilité que je vous présente de suite :
- La Course-Poursuite: sommairement la base du titre. Un vilain tente de se faire la malle dans sa carriole et c’est à nous de lui courir après pour l’alpaguer et lui tirer les vers du nez afin de faire avancer nos investigations. Au volant de la Tornade Rouge on fonce donc à ses basques pour lui rentrer dans la carlingue et finir par l’immobiliser proprement.
- Les Cascades: Tout le long du parcours se révèlent quelques belles occasions d’effectuer des sauts pour en mettre plein la vue ou bien des actions spéciales à déclencher via des pastilles disséminées sur la carte. L’air de rien, réussir toutes les cascades et autres séquences prodigieuses en une seule « prise » est loin d’être simple et il faudra plusieurs essais pour réussir cet exploit, et à fortiori si on souhaite y parvenir sur les 18 missions.
- Le Jeu de Tir: l’autre grand aspect du titre concerne le jeu de shoot. Car autant Starsky sait tenir un volant, autant Hutch sait jouer de la gâchette. Partout vous verrez des pastilles sur lesquelles il faudra tirer pour obtenir tout un tas d’effets qui faciliteront votre tâche d’homme de loi. Accélération, gain d’audimat, meilleure tenue de route, multiplication X2… tout autant de choses qu’il ne faudra pas négliger pour parvenir à vos fins. Mais vous pourrez également user de vos munitions sur votre proie à quatre roues pour aider à sa capture. Pour cela un système de ciblage couleur est mis en place : jaune pour un tir faible - voire nul - et rouge pour un coup au but. Il y a aussi possibilité d’user d’armes plus efficaces (uzi, fusil à pompe) mais il faut les trouver via des pastilles lors de votre folle odyssée dans les ruelles malfamées. Leurs munitions sont limitées, contrairement au flingue de base.

Entre jeu de course, jeu de cascade et jeu de tir, il faut savoir gérer tous les aspects du titre
Et c’est là qu’il faut évoquer le mode 2 joueurs qui fait tout le sel de Starsky & Hutch. En jouant seul, et même si cela peut paraître peu commode, conduire et tirer est en fait assez simple et on prend très rapidement le pli de ce «Double Gameplay». Cette facilité est surtout due au fait qu’un ciblage automatique s’effectue sur toutes les cibles à votre portée et qu’une simple pression sur A au moment idoine est nécessaire. Mais dès lors qu’un collègue se joint à la partie, ce fameux ciblage disparaît totalement et c’est donc manuellement - et alors que le joueur 1 conduit la bagnole et donc contrôle le champ de vision - que ce dernier doit atteindre les cibles ! Ardu !

À deux la coordination est tout simplement indispensable !
Mais le jeu à prévu d’aller encore plus loin en incorporant la possibilité de jouer avec des accessoires, à savoir le volant et le pistolet (uniquement sur PS2). Là encore possibilité de jouer seul ou avec un partenaire, bien qu’il soit chaudement conseillé de quand même tenter l’expérience avec quelqu’un d’autre car devoir gérer l’ensemble tout seul doit franchement ne pas être une sinécure. Dans un cas comme dans l’autre (avec accessoire ou pas), il vaut mieux bien s’entendre avec la personne avec qui vous allait lancer la partie car les engueulades sont garanties d’avance…
JAMAIS PEUR DE RIEN
L’aventure avec les deux compères est donc une très agréable surprise qui de plus est assez simple et plutôt fun, bien que répétitive dans les grandes lignes, chaque mission ayant sa petite particularité mais rien qui renouvelle en profondeur les acquis. On débloque toutefois de nombreux bonus au cours de notre épopée écarlate, comme des images d’archives, des photos de tournage, des voitures supplémentaires ou même une interview de monsieur Fargas. Également trois «épisodes spéciaux» qui seront de fait chacun concentrés sur un aspect du gameplay (course, cascade ou shoot).

Le célèbre coup du Donuts
Il se peut cependant qu’on se retrouve parfois dans une situation très fouillis qui nuira au plaisir de jeu à cause de la multiplication des actions à devoir effectuer au même moment ou dans un laps de temps très court. Mais c’est bien ce fichu audimat qui vous mettra le plus souvent dans la panade.

Une mission vous oppose à votre propre véhicule, dérobé par des bandits en goguette
À noter deux missions plus retorses que les autres: celle impliquant la protection d’une sénatrice alors que des assassins sont disposés tout le long du parcours entre l’aéroport et la mairie. La femme politique ayant une durée de vie plus que limité, il s’agira de ne pas commettre la moindre erreur tout le long de cette interminable escorte aléatoire (le parcours varie à chaque nouvel essai !). En sachant en plus le faible taux de téléspectateurs disponible pour cette virée… Barbant !

"Une petite faim, le blondinet ?"
L’autre stage bien irritant m’a rappelé les grandes heures de Die Hard Trilogy. Vous vous rappelez le segment « Une Journée en Enfer » où à bord de différents véhicules vous deviez atteindre un lieu précis avant la fin d’un chronomètre ? On retrouve une mission du même tonneau ici avec une contrainte supplémentaire, ce fameux audimat. Il faut donc gérer le compte à rebours ET la baisse de l’audience, donc concrètement deux fardeaux bien distincts et pas en phase l’un avec l’autre. Un cauchemar qui a bien failli me couter le peu de raison qu’il me reste.
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Certes Starsky et Hutch le jeu vidéo n’est pas un grand titre et est loin d’être indispensable. Cependant il se dégage de lui une atmosphère très arcade et un groove plus que sympa, qui additionné à sa faible difficulté en fond un bon jeu « détente » à la cool. Son côté répétitif pourra en user certains mais pour d’autres c’est au contraire un aspect assez reposant que cette routine de jouabilité. Seul véritable problème, ce fichu compteur d’audimat qu’il faudra toujours surveiller du coin de l’œil sous peine de voir ses parties écourtées prématurément.
À deux le jeu se transforme littéralement pour devenir un titre coopératif exigeant - enfin, surtout pour le tireur ! - qui en ajoutant le volant et le flingue finit sa mutation en matière d’immersion… et de prise de bec !
Bonus: Une suite était en chantier mais fut annulée. Des phases à pied étaient prévues. Il ne reste que quelques photos qui témoignent de l’existence de ce projet malheureusement avorté.

Je resterai éternellement curieux de ce qu'aurait pu donner cette suite...