Suite à quelques évocations du jeu qui nous intéresse aujourd’hui par plusieurs Gameblogueurs m’est venue l’envie de relancer une partie de ce titre respecté de la Dreamcast. Retour en 1999 pour ce classique français de chez No Cliché (anciennement Adeline Software, studio responsable des Little Big Adventure) qui aura su marquer tout les joueurs qui s’y seront essayé de par son ambiance à nulle autre pareille et l’exigence qu’il demandait pour en voir le bout. C’est que quand les jouets sont en colère, ils ne font pas dans la dentelle…

L’IMAGINATION D’UN ENFANT

C’est la Guerre dans la maisonnée. Hugolin, l’ours en peluche cybernétique à constitué une armée dissidente et se proclame désormais comme le seul et unique Toy Commander. Dans chaque coin de la demeure il fait désormais sa loi et fait régner le désordre et la terreur. Guthy ne peut laisser cette insurrection impunie et c’est donc avec l’aide des ses Majorettes® qu’il va devoir renverser son adversaire. Petit à petit, épreuve après épreuve, il faudra reconquérir chaque pièce, vaillamment défendues par les sbires implacables de l’ourson mal léché.

Vous explorerez la maison du point de vue des jouets

Et c’est donc aux commandes de petites voiturettes que vous devrez mener cette reconquête digne des plus grandes batailles de l’Histoire. Quand on est enfant on ne plaisante pas avec ces choses-là. Formule 1, Tank, hélicoptère de combat, bus de voyage, avion de chasse, taxi, voiture sportive…c’est tout un catalogue qui sera mis à votre disposition pour parvenir à vos fins, à savoir réussir les épreuves que vous soumettront les différents boss de chaque pièce. Car oui, précisons le bien, vous incarnez le gamin…ou plutôt l’imagination du gamin. Car votre perspective sera celle du minuscule véhicule que vous piloterez, dans une maison qui à votre échelle paraîtra gigantesque. Les jouets prennent vie grâce à la magie vidéoludique et s’animent sans que les petites paluches du mioche ne les manipulent.

Certaines missions exigent quelques prouesses d'adresses et d'astuces pour en venir à bout. Et un peu d'imagination enfantine...ici par exemple il s'agit d'un 'port' ennemi dans lequel il faut se débarrasser des torpilleurs et autres sous-marins. Soit à l'aide de vos armes soit en jouant au Kamikazes avec vos 5 appareils...

Du contexte, nous n’en saurons pas grand-chose. Un pavillon de banlieue, une petite sœur, un papa visiblement pilote de ligne, un cadre de vie plutôt aisé. C’est au travers de son décor atypique – une simple maison – que se construit l’histoire de Guthy (qui est un prénom franchement pas commun…il se nomme Andy en version américaine. Ah tiens, cela me rappelle quelque chose…). Mais alors que l’on pourrait se croire à l’étroit dans ce huis-clos riquiqui (surtout vu de nos jours avec les open-world de plus en plus vaste) il n’en est rien. Chaque pièce constitue un ‘micro-monde’, avec son ambiance, ses petits secrets, ses originalités. Et c’est avec un plaisir de gosse que nous parcourons cette habitation de fond en comble, de la cuisine au grenier, de la salle de bains à la chambre de la frangine. Sachez enfin qu’aucun humain ne sera visible de tout le jeu, notre héros y compris, ce qui ajoute au coté un peu merveilleux de l’ensemble, comme si nous nous retrouvions dans une maison inoccupée durant un hiver rigoureux. Tout est fait pour que l’on se retrouve dans une ambiance cosy, qui sent bon le chocolat chaud du samedi matin de notre lointaine jeunesse…

La fameuse maison où se déroulera l'entièreté du jeu. Chaque pièce constitue un niveau redécoupé en plusieurs missions. Vous la visiterez du grenier à la cave.

TOY STORY

Mais que faut-il faire exactement dans ce jeu ? Allons-y pour les explications. Tout commence dans la cuisine avec quelques missions d’entrainements pour vous familiariser aux commandes, pas toujours évidentes. Chaque pièce vous proposera 6 missions (chacune avec un ou plusieurs véhicules imposés) qu’il vous faudra dans un premier temps réussir, et dans un deuxième réaliser plus vite que le temps chronométré du Boss de la pièce. Le but étant de battre ce record sur au moins quatre d’entre elles pour débloquer le niveau du dit Boss. Si vous terrassez le chef de la salle, il se joindra à vous lors du combat final contre Hugolin. Sinon il sera de son coté et vous devrez en découdre dans la cave, qui constitue la base des belligérants. L’accès à une nouvelle pièce se fait une fois quelques missions de celle en cours effectuées, ce qui fait que l’on peut assez rapidement débloqué toute la maison sans pour autant avoir à combattre tout les boss. Il est cependant plus que conseillé de se mettre un maximum d’entre eux de notre coté tant le combat final dans les soubassements de la baraque n’est pas aisé (si vous débloqué la cave sans battre un seul boss, Hugolin vous rira au nez et vous renverra dans vos pénates, car les véhicules à votre disposition pour l’affrontement seront les boss vaincus précédemment). Bien entendu plus vous avancez dans la maison, plus les missions demanderont rigueur et persévérance.

Certaines missions auront des objectifs assez inattendus, comme lorsque vous devrez vaincre 'la Reine des Cafards' dans les canalisations...

Car c’est loin d’être un jeu de tout repos. Autant certaines missions, même dans les niveaux les plus élevés, seront une véritable promenade de santé, autant d’autres seront une tannée pour en venir à bout. Crise de nerfs assurées. Il faut parfois des dizaines et des dizaines d’essais pour dompter l’exercice demandé, en saisir les nuances, dégoter quelques astuces qui faciliteront la tâche…en clair tester, tester, tester jusqu’à connaître le niveau comme sa poche. Et parfois oui, le facteur chance entrera en compte, comme quand Aldarak XIII - le Boss du Salon d’hiver - se retrouva coincé dans la cheminée.

De loin les missions les plus difficiles, celles où il est demandé de gérer une petite troupe de soldat. Les forces adverses étant particulièrement redoutables, il faudra user de stratégie pour en venir à bout (et de nombreus essais!)

Je vais revenir le temps d’un paragraphe sur mon expérience personnelle sur ce jeu. J’effectuai il y a 20 ans déjà ma première partie que je terminai à fond, à l’exception d’un niveau qui me tenait tête : le boss du garage – Bugs Buggy le Kart. Impossible qu’il me fut de le battre. C’est un pote qui y parvint après seulement quelques essais, sous mon admiration un peu jalouse. Tout le reste je le fis par moi-même. Je me souvenais d’un jeu en demi-teinte, comme indiqué plus haut, avec des niveaux assez simples et d’autres difficile à s’en taper la tête contre les murs. Et d’une maniabilité revêche comme pas possible (là j’y reviens plus bas). Lorsque je recommençai il y a quelques semaines le jeu de zéro, c’est du jeune moi-même que je fus admiratif. Car si jusqu’à la chambre des parents le jeu ne me posa pas le moindre problème, la situation s’est très vite corsée. Toy Commander est un titre qui ne pardonne pas la moindre erreur. Dès que vous êtes à découvert sous le feu de vos ennemis, vous vous en prenez plein la tronche (et ils ne vous loupent pas !) et vous mourrez plus vite que le temps de dire ouf. Quelle patience il me fallut pour venir à bout de certaines missions, notamment celle où l’on doit gérer sa petite troupe de soldat de plastique…Aujourd’hui je n’ai plus ni le temps ni le loisir de recommencer ad vitam aeternam la sempiternelle même mission (et surtout plus la patience !!) et c’est donc en usant et abusant des codes de triche que j’ai redécouvert l’aventure. Et même en trichant comme pas permis, certains levels m’ont donné du fil à retordre. Et je ne parle même pas des boss qui sont de véritables machines de guerre increvables…

Une fois tous les boss vaincus, ils se réunissent dans la cave pour affronter Hugolin. Mais vous pouvez très bien faire ce niveau acccompagné d'un seul d'entre eux...Tout les boss qui ne seront pas dans votre camp seront alors aux cotés de l'ours en peluche rebelle pour une confrontation dantesque. Notez dans les armes la pile alcaline, l'arme la plus puissante du jeu, disponible contre les boss (uniquement) si vous gagnez la course cachée qui se débloque une fois tout les niveaux finis (sans inclure les affrontements de boss justement, un moyen d'aider le joueur vers la fin de la partie)

Heureusement, le jeu ne possède pas cette tare reproché à tant de jeu vidéo: il n’est jamais répétitif. Chaque mission est unique, singulière et divertissante. On ne s’ennuie jamais devant ce titre. Jamais. Qu’il s’agisse d’éradiquer une invasion de cafards, d’empêcher des soucoupes volantes de kidnapper de pauvres figurines Duplo® innocentes, de jouer les taxis, de préparer le petit-déjeuner, d’empêcher une sorcière de faire cuire Nono le lapin dans sa marmite, de conquérir des planètes, de finir premier à une course d’hélicoptère, d’éteindre un incendie de forêt en Canadair…j’en passe et des meilleures. Le gros point fort de Toy Commander est la diversité de ses 50 missions. Jamais un doublon, jamais une redite. Même dans des phases d’apparences similaires, comme les courses, il y a toujours une particularité qui va faire ressentir l’expérience de ce niveau différemment des autres (pour l’exemple des courses, il va y avoir la première avec des voitures ‘standards’, la seconde avec des voitures de courses, puis en avion, une autre en hélicoptère, une autre encore qui jouera sur la gravité etc…). Le sentiment de progression est alors d’autant plus satisfaisant, la courbe de difficulté étant intelligemment agencée, même si un cap se fait nettement sentir à un moment. On passe du jeu sympa au jeu exigeant sans réellement s’en rendre compte.

Le canadair parviendra t-il à sauver Nono de sa bouillante condition? Quel suspens!

Et puis il y a toutes ces références qui donnent le sourire, de Godzilla à Crazy Taxi…Bien sur on se doit de mentionner le fait que Toy Story est sorti quelques années auparavant et que le film à eu une influence certaine sur la création de ce jeu. Comment le nier ? Mais on retrouve également des mentions à Star Wars, à Star Trek, Cosmos 99, aux Western d’antan, aux films de cambriolage…l’un des hélicoptères fait clairement penser à celui du pote pilote de Thomas Magnum, on découvre une Saturn dans le grenier, une Dreamcast dans le salon…Un livre fait référence ‘au grand Jacques’ tandis que beaucoup de marques de notre enfance sont parodiées (Banania, Nivea, les briques de lait…). Des albums vinyles ou CD traînent un peu partout, faisant ressurgir quelques souvenirs chantants de notre mémoire…On s’amuse à embêter le chat dans la cuisine et à poursuivre la chouette dans le grenier, à éteindre et allumer la lumière (et le gaz ^^), à ouvrir les robinets de tout les lavabos. Comme un salle gosse que nous ne sommes plus. Non il n’y a pas à dire, qu’est ce qu’il est bon le Feeling dans cette baraque, ce sentiment de bien-être…mélange de nostalgie et de mélancolie pour toute une génération.

Affrontement contre Chuck (un cousin de Godzilla adepte des cosplay de lapin). Il s'agit de le détruire avant que lui-même ne réduise la ville en cendres...Bon Courage!

SMALL SOLDIERS

Univers enfantin oblige, les différentes ‘armes’ à votre disposition ne sont bien entendu pas des instrument létaux mais divers ustensiles de papeterie ou farces et attrapes. La ‘mitraillette’ est donc symbolisé par des pétards tandis que les missiles eux le sont par des capuchons de stylos. Deux autres types sont également disponibles, les punaises qui font office de mines et la catégorie des gommes qui elle sert de bombe de largage. Tout cet attirail de pacotille ne sera pas de trop pour déjouer les coriaces ennemis qui vous attendront de pied ferme dans les différents niveaux. Chaque type d’armement possède trois niveaux d’évolution, ceux-ci étant disponible lorsqu’on récupère un item ‘UP’ soit placé dans le niveau soit suite à la disparition d’un adversaire. Autre jauge sur laquelle il faut garder un œil, celle de l’essence. Alors non votre engin ne se stoppera pas net quand le réservoir sera vide, mais il se déplacera à une vitesse plus qu’amoindrie. Ce qui face aux lances-crayons multicolores adverses ne vous feront pas faire long feu. Là aussi un item (en forme de bidon tout simplement) vous permettra de restaurer l’entièreté de votre capacité en gasoil.


Toutes les armes du jeu par catégorie et par niveau. La mitraillette (pétards) est infinie mais voit sa cadence de tir ralentir rapidement avant de cesser (vous ne pouvez pas tirer indéfiniment). Les gommes sont des bombes à larguer, les stylos des missiles et les pointes des mines. Ces trois dernières sont limités et les munitions sont à dégoter dans les niveaux. Les items d'upgrade jaune améliorent les pétards et les rouges les explosifs. Petite précision qui as son importance: vous commencez chaque niveau avec l'armement de base. Inutile de stocker améliorations ou munitions d'un niveau à l'autre...

Du coté de la bande-son, c’est là aussi de très haute volée mais il faut savoir qu’il s’agit d’une dizaine de morceaux qui vont tourner dans l’ensemble du jeu sans aucune véritable cohérence. Il n’y a pas de musique spécifique à un niveau ou une pièce…mais cela ne les empêchent pas d’être toutes très réussies. En relançant une partie et alors que je ne les avais pas entendu depuis presque deux décennies, elles me sont subitement toutes revenus en mémoire dès les premières notes. Signe qui ne trompe pas.

Très bien tout cela me direz-vous ! C’est que ce jeu à l’air tout simplement parfait sur absolument tous les plans. Hum…et bien pas vraiment car il y a un léger petit problème…un tout léger, rien de bien grave. Sa maniabilité est ultra-crispante. Mais du genre vraiment. Qu’elles ont souffert les gâchettes de ma vieille manette Sega, à force de me voir tendu comme un nerf dessus. Déjà de une le frein et la marche arrière sont sur la même touche, ce qui fait que de simplement stopper le véhicule – par exemple sur une plate-forme – relève de l’exercice d’équilibriste. Appuyer un poil trop longtemps et la bagnole partira en arrière à toute berzingue. Rien que cela peut rendre fou. Mais c’est bien l’ensemble du gameplay qui peut faire péter des câbles tant il est sensible et délicat. Tout en étant pataud parfois. Il suffit de faire une course automobile pour comprendre toute la nature du problème. Pas assez précis, faisant parfois faire un quart-de-tour à notre bolide alors que l’on souhaitait seulement bien se placer pour amorcer son virage…et surtout le fait que la caméra et la direction soit sur la même analogique qui fait que l’on doit sans cesse recaler son point de vue. Car on parle d’une époque ou seul un joystick était présent sur les contrôleurs de consoles vidéos…l’axe horizontal sert donc à faire pivoter votre véhicule mais l’axe vertical lui fera basculer la vue (et par conséquent la visée…). Il faut s’y faire ou s’y refaire tout du moins. Le pire reste encore le gameplay des hélicoptères, totalement contre-intuitif. L'axe vertical de l'analogique ne sert plus à gérer la vue mais à monter/descendre. Le nombre de fois où je suis monté alors que je voulais avancer…tout le jeu je crois bien…Alors quand en plus vous passez d’un hélico à une jeep voir un tank au sein du même niveau, il faut vite apprendre à gérer les différentes maniabilités…

 Quelques manoeuvres demanderont un certain sang-froid et surtout de bien connaître la maniabilité de son véhicule.

Un autre aspect négatif concerne les changements de plans quand on est en véhicule terrestre. Je m’explique: dans le jeu tout ce qui roule peut se mouvoir aussi bien au sol que sur les murs (et oui… je vous raconte pas le boxon). Pour ce faire il faut toutefois passer par une rampe d’accès qui vous fera donc ‘changer de plan’. Or ce passage de changement de surface, la console à un peu de mal à le gérer, comme si la puissance de calcul nécessaire pour modifier le sens de la salle lui en demandait un peu trop et qu’elle galérait pour suivre le changement imposé. Ce phénomène est également valable pour tout ce qui va être petite pente ou dénivelé, où parfois notre charrette va avoir beaucoup de mal à franchir la zone ‘pas plate’ entre deux étages. Ce qui rend le gravissement de beaucoup de zones assez délicates, surtout quand arrivé en haut vous tombez sur un à-pic ! ARGH !

Les fameuses rampes qui permettent de rouler sur les murs mais qui sont assez compliqué à emprunter...(désolé pour la vue peu alléchante sur la litière du chat...)

Pour terminer, précisons qu'un mode multijoueur est présent, et permet de s'affronter jusqu'à 4 sur écran splitté. Une bonne partie des véhicules sont disponibles, plusieurs modes de jeu également (capture de drapeau, affrontements et Chat & Souris). Rigolade, alliances et trahisons garanties!


Je me souviens de parties endiablées sur le multijoueurs, qui fonctionne à merveille et fait passer de bons moments de poilade entre potes.

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Quand on fait le tour, il y a beaucoup de choses à prendre en compte quand on joue à Toy Commander, ce qui ne semble pas flagrant quand on observe le titre de loin. D’une richesse incroyable, varié sur l’ensemble de ses missions, décors foisonnant de détails en tout genre et espace de jeu bien plus large que ne le laisse croire le simple descriptif ‘un pavillon de banlieue’, il y a tout un tas d’agréables surprises à découvrir avec cette perle de la Dreamcast. Graphiquement encore plus que potable vu depuis 2020, une bande-son entraînante, seule la maniabilité apporte un peu de sang noir à ce portrait élogieux. Ça et sa difficulté sur certaines missions, qui feront voir rouge si jamais vous vous y essayer. Et on ne peut que décemment vous conseiller de le faire tant ce jeu est une merveille, avec son ambiance unique qui ramène au temps lointain et insouciant de l’enfance, quand avec de simples Majorettes achetées au supermarché on vivait d’incroyables aventures au pied de notre lit…

Bonus :

Je ne m'en étais pas rendu compte à l'époque, ou tout au moins je n'en avais aucun souvenir, mais il existe un 'économiseur d'écran' ou 'fond d'écran dynamique' si vous laissez le jeu inactif une dizaine de minutes. J'ai capturé la courte séquence qui possède son petit charme (et non il n'y a pas de son durant celle-ci).