Le weekend aura été difficile et c'est donc avec une atroce migraine et des courbatures que je publie en ce lundi le chapitre 7 de ma nouvelle disque-mondienne. Sur ce je retourne me coucher. Bonne lecture ! ^^'

 

"             !"

Une nouvelle du Disque-monde

Le vieux Cèperousse ne lui avait pas menti en lui indiquant l‘adresse d‘un air taquin. C’était bel et bien une maison cossue. Elle semblait toutefois avoir connu des jours meilleurs mais telle une Lady la demeure avait su conserver une certaine tenue malgré ses déboires passés. L’observant depuis l’autre côté de la rue, Théodule rassemblait son courage pour s’élancer toquer à la porte. Muni de la lettre de Monsieur Long - qui lui fit grâce d’un quelconque prix - il se trouvait bien penaud devant le fait à accomplir. Mais pour le bien du groupe il devait faire sa part du devoir.
Ou bien avait-il une autre raison de venir jusqu’ici?

“Toc Toc Toc!”

Un homme en redingote pourpre et au visage dédaigneux ouvrit la porte, toisa l’impromptu et fit mine de refermer le battant. Mais Théo brandit la lettre que le valet voulut saisir d’un geste qui se souhaitait vif. La retirant comme on le ferait d’un bonbon avec un enfant trop gourmand, Théodule désigna le nom sur l’enveloppe, celui de Jadelia Jude-Raizin.
« Déésolé Môôôssieur, mais Mademoiseeelle ne reçoit pas de visite d’inconnuuuu. »
Le jeune apprenti entrouvrit alors son vieux manteau râpé pour dévoiler sa blouse d’apothicaire, pointant du doigt son nom inscrit dessus. Le gardien de la porte parut hésité quelques instants, Théo en profita pour brandir une fois de plus la lettre, laissant sous-entendre l’importance de cette dernière.
« Atteeeendez iciii, je vais voir si elle est disponiiiiibleee. » conclut le majordome entre deux gémissements.

Il n’eut pas à patienter bien longtemps sur le perron. La porte se rouvrit sur une Jadelia encore plus rayonnante que la dernière fois, malgré sa tenue plus sombre. Et plus légère. Sa coiffure quand à elle était toujours démesurément haute, maintenue par une série de broches dissimulées au sein de cette formidable tignasse. Seule celle décorée de l’oiseau parvenait à s’extirper de cette masse soyeuse de cheveux. Et elle s’était apparemment récemment parfumée, une odeur de fleur des champs l’envellopait.
« Théodole ! Quel plaisir de vous revoir ! Mais j’espère que ce n’est pas pour de mauvaises nouvelles ! Mr Cèperousse ne pourra plus me fournir mon remède c’est cela ? Ou pire encore il ne fera plus effet ?! Mais que vais-je devenir !!»
Théo ne savait rien du traitement qu’elle suivait mais elle s’attrista  profondément rien qu’à cette pensée. Bien vite il lui fit signe qu’il ne s’agissait pas du tout de cela et la rassura d’un geste en lui tendant la lettre. Ses yeux s’illuminèrent alors d’une drôle de lueur et croisèrent longuement ceux du jeune homme. Doucement elle ouvrit le courrier et lut d’une traite les mots de Monsieur Long. Le leader de la Ligue du Silence devait être sacrément doué dans l’art délicat du billet doux car le sourire de la demoiselle allait croissant. Elle finit par opiner puis déclara:
« Je vois. Vous aimeriez venir me voir chanter à ce gala. Ça me ferait vraiment plaisir aussi. Ne vous inquiétez pas Théo - je peux vous appeler ainsi, n’est-ce pas ? De toute façon vous ne me contredirez pas - je vais vous faire parvenir une invitation à votre mansarde. Ne l’oubliez pas lors de votre venue surtout ! Et avez vous une tenue de soirée ? Je ne pense pas…demandez celle d’Aristide alors, elle vous ira à ravir ! Mais ne prenez pas sa veste à carreaux, optez plutôt pour son veston noir à boutons je vous prie. Oh ! Quelle merveilleuse soirée ce sera ! Vous savez que Mère a fait en sorte que je puisse chanter seule en ouverture de la soirée ?! C’est fantastique ! Que j’ai hâte ! Et quel trac aussi… »

Elle retint Théodule Soufflet à sa porte deux bonnes heures durant. Sans que jamais elle ne se lasse de son monologue. Et lui l’écouta jusqu’au bout, buvant ses paroles.

***

Le soir même, il reçut la visite d’un messager. Il apportait une invitation en bonne et due forme ainsi qu’un petit mot accompagné de la broche en forme d‘oiseau:
« Pour que vous me la rapportiez au cours de cette soirée. »

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Ce chapitre est dédié à Raymond Soulier, porte-parole du syndicat morporkien des morts-vivants et autres assimilés.

"Les Morts aussi ont le droit de vivre !"