Passant de toit en toit nous parvenons à notre deuxième destination de la soirée: Ace Chemical. C'est ici que l'inconnu sous le masque du Red Hood 'tomba dans la marmite' pour devenir Le Joker, cet individu dangereux qui menacera à de nombreuses reprises la ville. C'est l'occasion de revenir sur cette nouvelle criminalité qui émergea de cette nuit-là: les super-vilains.
L'ancien monde de la pègre, autrefois tenu par des 'Familles' que la justice cherchait à faire disparaître depuis des décennies, connu une profonde mutation. Et d'une certaine manière 'La Pègre' disparue bel et bien. Mais nul n'aurait cru que cela aurait eu lieu dans ces conditions...
Les Familles laissèrent place à des méta-individus en tout genre, instaurant une nouvelle forme de délinquance. Des 'traditionnels' braquages de banques on passa à la destruction de masse, impactant grandement la vie des gens du monde entier, et principalement ceux vivants dans les villes abritant des groupes de super-vilain. Voir un combat entre un 'super-héros' et un 'Super-vilain' reste certes grandiose mais aussi très dangereux. Explosions, destructions d'immeubles, rues réduites en miettes... Seules les entreprises du bâtiment restent ravies de ces affrontements dantesques.

"Le but premier des super-héros est de protéger les civils, et je crois qu'ils font tout pour y parvenir. Mais je ne peux nier les dégâts gigantesques subis lors d'affrontements entre gens dotés de super-pouvoir, annone Mr Kent. Mais n'exagérons pas cela n'est pas si fréquent. La plupart du temps, croyez-moi nul n'est au courant de ce qui se trame dans le 'Super-Monde'. Et c'est peut-être encore plus grave quand on y pense...."

En attendant les super-vilains sont devenus la crainte première du monde entier. Fichés, interdits de séjour dans de nombreux pays, condamnés à mort dans les autres... Il y aurait tout un univers à explorer du côté du 'Super-crime' (oui on écrit 'super' devant tout ce qu'on peut quand on parle de ces sujets-là...) mais cela demanderait un temps considérable que je n'ai pas pour le moment. Peut-être plus tard me pencherai-je sur cet aspect-là spécifiquement.

Retour à l'usine chimique d'Ace Chemical. L'endroit est toujours en production et emploie pas loin de 350 personnes. Sa mission est divisée en deux axes: d'un coté elle produit toute une gamme de liquides plus ou moins corrosifs destinés entre autre au marché des nettoyants, mais aussi aux grandes industries métallurgiques et de constructions du nord (paquebots, navire, tanker et les grands voituriers). De l'autre elle récupère et recycle quand elle peut les polluants (toujours liquide) les plus dangereux de toute cette partie du pays. Inutile de préciser la dangerosité encourue par les salariés avec un tel travail.
Adrian Hanks, responsable d'une équipe de nuit dans la zone recyclage, accepte de nous en dire plus sur sa société, autour d'un café fort bienvenu.

"Oui le boulot est difficile, mais on ne va pas se plaindre d'en avoir un quand on voit la situation en ville. Et puis en plus la paye est bonne et la direction est bien consciente de notre environnement de travail, même si du côté de la sécurité ça laisse un peu à désirer. Les plus grosses cuves sont à l'air libre... les plus grosses et les plus dangereuses ! Par exemple celle où est tombé le Joker il y a des années maintenant... et bah elle n'a pas bougé. Elle est toujours là. Toujours verte, toujours à crachoter des bulles d'acide... bon évidemment les gars l'ont surnommé 'La cuve à Jojo' pour rigoler. Mais au fond on est tous conscients du danger de cet endroit et des graves manquements au niveau de la sureté. Mais si cela peut vous rassurer il n'y a rien de radioactif par ici, ce n'est pas notre domaine.
On tente d'améliorer les choses avec le patron, mais il n'a pas un budget illimité et pour faire tenir une structure comme la nôtre il faut dépenser quasiment autant qu'on gagne. Le milieu du recyclage coute très cher ! Alors on pare au plus pressé d'année en année, et au final les éventuelles améliorations techniques et les mises aux normes passent souvent à la trappe. Je vais vous confier un truc que je ne devrai pas dire mais si l'inspection du travail venait à fourrer son nez chez Ace, on serait mal. Très mal  !"

Petite curiosité qui m'a grandement amusé, cette toute petite île artificielle (en forme de deviner quoi... oui, un géant !) appelée le réservoir. Il s'agit en fait, m'apprendra Adrian, du système de pompage de l'eau qui sert à l'intérieur de l'exploitation. 14 000 litres quotidien sont ainsi aspirés dans ces tuyaux, servant principalement à être dilués à d'autres produits ou au nettoyage des cuves. Il me précisera rapidement devant ma mine effarée que l'eau polluée n'est pas rejetée à la mer. "Elle part dans notre circuit de recyclage avec le reste. Dépolluer l'eau à 100% n'est pas le plus compliqué mais c'est notre tâche la plus importante. Celle où on ne doit pas commettre d'erreur." Tu m'étonnes...

Nous quittons Adrian et la zone industrielle pour rejoindre le véhicule de Clark et James - pardon, 'Jimmy' - afin de rejoindre notre prochaine étape. La nuit est désormais bien entamée. Nous traversons alors le parc de Gotham quand un sbire de L'homme-mystère nous barre la route. Nous sommes d'abord tout les trois un peu paniqués, nous ne sommes clairement pas de la trempe des héros ! Mais le voyou à une drôle de proposition, si nous résolvons son énigme il nous laissera filer sans histoire ! En voilà bien une étrange méthode de vol à main armée ! Il nous interroge en ces termes: "Je reste dans mon lit mais je ne dors pas. J'ai des lacets mais pas de chaussure. Je coule mais je ne me noie pas" et nous octroie une dizaine de secondes pour répondre à sa devinette. Je n'ai même pas le temps de me refaire le film de sa tirade que Clark nous sort la bonne réponse. Impressionnant. Le braqueur, apparemment peu habitué à ce genre de situation, est bien contraint de respecter sa part du deal... et nous laisse donc poursuivre notre balade... Nous pressons le pas sans un mot, nous retournant à peine pour voir si l'agresseur nous suit. Mais non. C'est alors que Clark nous demande quelques instants pour une 'pause pipi'. J'estime que ce n'est pas trop le moment mais 'quand il faut y aller, faut y aller'. Il disparaît donc derrière un bosquet faire ses petites affaires. Il n'y a pas un bruit alentour... Jimmy et moi scrutons l'obscurité, inquiets, quand un cri retentit dans la pénombre, du côté d'où l'on vient... On décampe vite fait en appelant Clark à tue-tête. Ce dernier sort de son buisson, remontant sa braguette d'un geste vif, tout aussi stressé que nous. Nous trottons le plus loin possible. En quelques interminables secondes nous voilà aux abords du parc, soulagés. Reprenant nos esprits, il me semble que le hurlement provenait de notre agresseur... La proie serait-elle devenue le gibier d'un plus gros prédateur ?

Retrouvant les grandes avenues du centre-ville, le spectacle qui s'offre alors à nous nous ébaudit. Partout des malfrats qui traînent en bandes, donnant coups de pied aux poubelles et coups de poing aux voitures. Certains ont des bâtons de dynamite, d'autres des armes à feu, et d'autres encore des... gâteaux (?!). Allez savoir pourquoi. Notre chance étant que trop occupé à régler leur compte entre eux, ils nous ignorent totalement. Tous sauf un mime qui après s'être acharné sur une pauvre borne incendie nous remarque et commence à hurler... enfin à mimer le fait de hurler. Il tente de faire signe à ses camarades, tandis que Clark tente lui d'instaurer un dialogue. Mais le caractère de toute évidence belliqueux du susdit individu nous pousse à tout simplement décamper. Je savais la nuit gothamienne agitée mais je ne me l'imaginai pas à ce point là. Il n'y a pas de photo pour illustrer ce qu'il advint ensuite, mais le mime grognon parvint à rameuter ses 'collègues' qui rapidement furent à nos trousses. Sur le point de nous tomber dessus, un claquement de fouet se fit entendre, mettant toute l'assistance au diapason.

Catwoman en personne venant à notre rescousse ! Elle intime l'ordre aux malandrins de ficher le camp sous la menace de ses lanières menaçantes. Ils ne se firent pas prier et détalèrent comme des lapins. Un peu stupidement je lui demande si c'est possible d'avoir un entretien, ou tout au moins une déclaration. Jimmy parvint à prendre une photo à la va-vite avant que la femme tout habillée de cuir ne prenne la tangente. Et ne me lance, avec un sourire provocateur: "Miaouuu ?!"

On reprend la route, Clark commente les derniers événements:
"Sel...Catwoman est la preuve vivante qu'on ne vit pas dans un monde en Noir & Blanc. À de rares exceptions, les vilains ne sont pas le mal absolu et les héros des chevaliers de la vertu. Comme pour tout c'est une question de nuance, d'ambivalence. L'un des ennemis récurrents de Superman, Toyman, est également un père de famille qui régale ses enfants avec ses jouets incroyables pour combler son absence. La vraie vie des gens - et des 'Super-Gens' - n'est pas binaire. Je tiens à souligner ce point. Il ne faut pas idéaliser ou stigmatiser qui que ce soit"

Vœu noble.

Alors que nous arrivons à notre véhicule un éclair rouge nous frôle à toute allure. Jimmy a à peine le temps de dégainer son appareil pour capturer ce qui de toute évidence est le membre de la Ligue de Justice Flash. Première fois que j'aperçois de visu un membre de la prestigieuse Ligue (Apercevoir est un bien grand mot, j'ai vaguement capté un flou écarlate du coin de l’œil). Clark reprend sa démonstration en pointant un doigt sévère en direction du centre-ville:

"Vous voyez là par exemple, vous vous dites 'Le Grand Flash' à surement quelque chose d'incroyablement important à faire pour ainsi intervenir à Gotham, loin de son chez lui Central City. Et bien en fait je vous livre un scoop: pas du tout ! Il vient juste chercher sa commande chez la Pizzeria de Ray, sur la 7ème Avenue. Comme je vous disais, n'idéalisez pas."

Jimmy et Clark devant leur camionnette de reportage... et le Grand Théâtre ! C'est moi qui prend ce cliché un peu en douce, le photographe étant de ceux préférant être derrière que devant l'objectif. On aperçoit à droite de l'image la camionnette de reporter du Daily Planet de mes guides.

Clark tient à faire un détour pour me faire voir le Grand Théâtre, qui effectivement vaut le coup d’œil. On ne peut pas dire que la bâtisse passe inaperçue et avouons-le elle possède une certaine classe. Il s'agit d'un des plus vieux bâtiments de la ville qui a connu au fil du temps tout un tas de rénovations et/ou modernisation qui en font désormais une espèce de patchwork de toutes les évolutions architecturales de Gotham. Le Théâtre dépasse largement sa condition en accueillant tout un tas de cérémonies ou autre célébration huppée qui en font un point central de l'agglomération.

Profitons de cette escapade en voiture pour évoquer l'un des très gros points noirs de Gotham City: ses véhicules sont un véritable désastre à conduire. Le monde LEGO n'est certes pas réputé pour la magnificence des contrôles de ses engins mais pour avoir essayé quelques-uns je peux vous assurer que rouler dans les rues gothamienne représente peut-être ce qu'il y a de pire dans le domaine. Heureusement que Mister Kent tient le volant lors de notre trajet car avec moi sur le siège conducteur notre automobile aurait perdu quelques briques sur la route...