Nous voilà arrivés au Funland, le parc d'attractions ambiance morbide - à l'image de sa ville finalement - qui connut ses heures de gloire il y a trente ans et qui tente désormais de survivre comme il le peut. En vérité les affaires repartent dans le bon sens depuis quelques années, depuis que le patron à compris qu'il y avait sans doute un filon à exploiter avec cette histoire de 'Super-machin-truc'. Il modifia donc en profondeur le thème de son parc pour l'adapter à la sauce 'Batmania'. Les décors, les attractions, les lots... tout tourne désormais autour de l'homme Chauve-souris et ses célèbres ennemis. D'une atmosphère bon enfant et colorée on est passé à un endroit sombre, limite crépusculaire. Mais l'endroit à conservé son nom, relique de son lustre d'antan. Ce qui donne un décalage assez déstabilisant au lieu.

Clark m'explique par exemple que les visages des géants du parc était autrefois souriant et joyeux mais que ceux-ci ont été refaits il y a une petite dizaine d'années pour mieux correspondre au 'thème général'. Il trouve cela désastreux et extrêmement glauque. Faire d'un lieu de joie une place des horreurs le laisse perplexe... La jeunesse locale de Gotham a pourtant pris possession des lieux et le 'nouveau Funland' est devenu 'The Place to Be' des rendez-vous adolescents. Il suffit d'un rapide tour d'horizon pour constater l'incroyable vitalité qui ressurgit entre tous ces manèges. Notez que Clark et moi nous nous sommes découvert un point commun: nous détestons tous les deux les manèges à sensations fortes, préférant de loin les mini-jeux d'adresses et autres pêches aux canards...

Comme vous pouvez le constater sur ces clichés, on est plus proche du Zombillenium que du Disneyland. Cette atmosphère lugubre donne l'impression que le parc s'est figé dans le temps le soir d'Halloween. En fait chaque attraction reprend de près ou de loin les codes couleurs et les thématiques de méta-humains célèbres de Gotham, et sont donc majoritairement obscures et flippantes. Et le plus incroyable c'est que cela fait repartir la machine, comme nous le confirme Kevin West, fils du gérant:

"On a vraiment connu une décennie de vache maigre avec ce parc mon père et moi. Il pouvait se passer des semaines entières sans qu'aucun client ne franchisse l'entrée... On a perdu quasiment tous nos employés, collecté des dettes insondables... Puis on a décidé un beau matin de risquer le tout pour le tout et de remanier entièrement Funland. Bien nous en as pris. Nous ne sommes pas revenus dans le vert mais d'année en année les comptes s'équilibrent et même sans avoir le nez dans les chiffres on constate bien à la fréquentation que le parc reprend vie petit à petit. Ce n'est pas gagné et il y a encore beaucoup d'efforts à faire mais je suis optimiste pour l'avenir. Et c'est déjà beaucoup! Cette année nous en sommes à notre troisième embauche à temps plein. Un technicien pour la maintenance des manèges. La plupart des gens qui bossent ici sont en temps partiel, des comédiens sans-le-sou pour la plupart, qui acceptent de jouer les loups-garous et les momies pour remplir le frigo. Mais personne n'est venu se plaindre et on me laisse entendre que tout se passe plutôt bien et que l'esprit 'Goth & Vamp' amuse beaucoup. Je suis assez fier d'avoir pu sauver Funland, et mon père (Robert West, NdR) est actuellement en déplacement à Star City en tant que consultant pour un éventuel projet de parc similaire au nôtre, avec bien sur Green Arrow en vedette. Ce qui en fait amènera un produit final assez différent en matière d'ambiance quand j'y pense..."

Monsieur West m'autorise à passer derrière le comptoir d'un des stands (le rêve !) pour voir de plus près en quoi consistent les lots de ce 'nouveau parc'. Et impossible de nier le fond de commerce de Kevin et Robert. Entre les poupées Harley Quinn, les nounours Double-face, les figurines Mister Freeze, les peluches Lover Kroc ("on adapte!") et les stars Batou et JokerTeddy en devanture de chaque étal, on comprend très vite sur quoi surfe Funland pour retrouver la voie du succès.
Clark est très amusé par tout ceci et gagne avec une facilité déconcertante une peluche Batman dans une épreuve de rapidité. "Je sais exactement à qui l'offrir !" dit-il dans une expression mutine. Jimmy me dévoile que le reporter à toute une collection chez lui de goodies 'Superman', allant de la figurine à la peluche en passant par ... des caleçons. "Ils sont très bien ces caleçons, très confortables !" se défend alors Clark, non sans une certaine autodérision.

Le temps est venu de remercier Kevin West et quitter Funland qui reprend du poil de la bête pour nous rendre au dernier lieu prévu pour cette longue nuit. Un lieu dont le nom est connu dans le monde entier, et fait trembler tous les enfants pas sages de Gotham...