Cette année la Gamescom s'est déroulée du 17 au 21 août 2011, toujours à la Kölnmesse dans le district de Deutz à Cologne. C'est le salon européen à ne pas manquer, tant pour les éditeurs / développeurs que pour les fans de jeux vidéo. Et ils étaient bien là : 557 entreprises ont vu passer 275 000 visiteurs en l'espace de cinq jours ! Le salon a même dû refuser les entrées le samedi car sa capacité avait été atteinte... Un conseil : achetez vos billets en prévente, ça évite la queue aux caisses et en plus, c'est moins cher.

Concrètement pour les joueurs, la Gamescom est synonyme de vidéos et démo jouables des prochains jeux annoncés sur nos consoles. Je ne vais pas disserter sur ce qui peut attirer des personnes à venir essayer des jeux quelques mois avant leur sortie : je ne suis pas un grand joueur et cette question me dépasse ! D'autant plus qu'avec l'affluence qu'il y a eue, l'attente avant de pouvoir accéder à certains jeux se comptait souvent en heures. Je précise qu'il n'était pas possible d'acheter de jeux sur le salon...

L'espace est organisé en stands gigantesques sur lesquels les éditeurs ou développeurs exposent leurs jeux ; parfois un stand est réservé pour un unique jeu ! Des bornes sont souvent disponibles pour tester des jeux le long des allées, mais pour les jeux vraiment attendus, on ne peut rien voir tant que l'on a pas fait la queue pour rentrer dans l'espace réservé. C'est par exemple le cas de Batman : Arkham City ou de Deus Ex : Human Revolution, qui ont les écrans tournés dos aux couloirs. Les stands se devaient aussi d'avoir des shows réguliers où nombre de goodies en tout genre étaient lancés vers la foule en délire. Le gadget à la mode c'est le tour de cou, j'en ai récupéré une dizaine, mais il y avait également des badges, posters, ou même tee-shirts à gagner.

Mais ce n'étaient pas les seuls stands. Le marché allemand est très porté sur les ordinateurs, et il y avait aussi de nombreux stands de constructeurs de matériels comme des boîtiers, claviers et casques audio. Ils mettaient également en place des bornes de jeu pour pouvoir tester leur matériel : eh oui, si les visiteurs ne peuvent pas jouer sur un stand, ils n'y vont pas. Impossible d'acheter sur les stands également, mais grâce à de petits shows, il était possible de gagner quelques bons lots pour les plus chanceux.

Bien sûr, tous ces stands avaient chacun leurs traditionnelles babes, ces charmantes demoiselles qui distribuent des sourires avec des flyers ennuyants. Peut-être qu'une vidéo sortira sur Gameblog, comme ils en ont l'habitude, pour en faire le tour [edit: oui, elle est là !]. Au fait, elles ne font malheureusement pas parties des équipes de développement des jeux !


Babes en personnages de Tera.

Au passage, on voyait çà et là quelques cosplays (même une journaliste revêtait un costume). Le cosplay existe en Allemagne, mais il est quand même beaucoup moins développé qu'en France. Pour ceux qui ignorent ce que c'est, le cosplay consiste à créer et porter des costumes à l'effigie de personnages de jeux vidéo. Babes et cosplayeurs étaient régulièrement interpelés pour poser devant des photographes.

Dans la zone campus, des écoles spécialisées dans le jeu vantaient leur formation en game design, programmation, art 2D / 3D ou bien même production. Et encore une fois, il était possible de tester des prototypes de jeux réalisés par les étudiants. Il y a une réelle demande, tant des développeurs que des étudiants, de formations spécialisées dans le jeu vidéo. Discutant avec la responsable relations internationales d'une école belge, elle m'informe sur les partenariats que l'école a avec les grands studios. En fait, leur formation doit se terminer par un stage dans une équipe de développement d'un jeu AAA. J'assimile donc ça à de la production en masse de main-d'œuvre pour les gros titres, mais elle insiste qu'avec ce parcours, un étudiant sera tout à fait capable de travailler dans des équipes indies beaucoup plus petites. A voir... Notons aussi le stand Carrière où plusieurs développeurs recueillaient volontiers des CV.


Tennis 4 2,
le tout premier
jeu vidéo.

Il y avait également un stand de rétro-gaming, où les visiteurs ont pu retrouver les joies des jeux sur NES et autres vieilles consoles. Beaucoup étaient présentées dans des vitrines : des Atari, des Game & Watch, des Gameboy avec des coques personnalisées... grâce à deux musées, le Computerspielemuseum (« musée des jeux vidéo ») de Berlin, et le Haus der Computerspiele (« maison des jeux vidéo ») de Leipzig. Oui, l'Allemagne est beaucoup plus en avance que nous sur la reconnaissance des jeux en tant qu'œuvre d'art. Le tout, tout premier jeu vidéo de l'histoire était présenté dans une réplique fidèle et fonctionnelle : Tennis 4 2 (« tennis for two ») se jouait sur un oscilloscope, et c'est toujours aussi fun ! Il était enfin possible d'acheter des exemplaires de Retro, un magazine allemand sur le rétro-gaming.

D'autres activités plus physiques attendaient les visiteurs. On a ainsi vu RaHaN à dos de dromadaire, pour la promotion de Uncharted 3 : Drake's deception. Un espace plage avait été installé, avec à côté un simulateur de surf. Il était aussi possible de s'essayer au BMX et motocycle sur des espaces aménagés. Et les amateurs de sensations fortes pouvaient s'envoyer en l'air sur des frondes (saut à l'élastique à l'envers).

Enfin, je cite les différents stands crêperie horriblement chers dans un souci d'exhaustivité. Prévoyez votre sandwich et votre bouteille d'eau à l'avance, ça sera moins cher.

Quelques jeux essayés

Comme déjà dit, je ne suis pas joueur et attendre des heures pour essayer un jeu quelques minutes ne me fait pas envie. Mais j'ai quand même craqué pour quelques jeux (où la file d'attente était plus courte !).

On commence avec Rayman Origins ! Développé par Ubisoft, ce jeu a une place forte dans mon cœur puisque Rayman (1) a été mon premier vrai jeu vidéo. C'est donc avec plaisir que j'ai retrouvé l'univers du premier opus, mélangé avec les personnages du second, le tout dans un style artistique résolument cartoon. Ça donne un jeu de plate-forme très agréable à jouer, avec des mécaniques de jeu intéressantes. L'accent est aussi mis sur le côté multijoueur (jouable jusqu'à quatre en local). Ce titre fait une très bonne pub au UbiArt Framework, puisqu'il est le premier jeu développé avec cet outil permettant aux artistes et game designers de créer très simplement leurs jeux.

On continue sur Catherine développé par Atlus. Le jeu sorti début 2011 au Japon débarquera en Europe vers la fin de l'année. Je n'ai pu testé que le premier « niveau », c'est-à-dire les bases du gameplay. Cela m'a fait beaucoup penser à un mini puzzle-game typique de la Gameboy, puisqu'il consiste à grimper un escalier en déplaçant des blocs pour se frayer un chemin. Seulement il ne s'en contente pas puisqu'il rajoute une grosse composante histoire et immersion.

J'ai quand même craqué pour jouer à Battlefield 3, de Dice/EA. La queue débordait sur le stand voisin... A tour de rôle, 64 personnes sont invitées à regarder une vidéo d'un quart d'heure de séquences prises sur la campagne solo (et qu'on avait déjà vu puisque c'est la vidéo juste en dessous). Cinématographiquement, c'est juste grandiose ! Difficile de dire ce qui est surjoué ou dirigé par des scripts, mais l'intensité de l'action est bien là. Après la vidéo, place à une partie multijoueur. Le principe reste le même : les Américains contre les Russes, devant contrôler des points sur la map. Pour le peu que j'ai vu Battlefield 2, ça m'apparait très similaire. J'ai réussi à placer un frag, ce qui me sauve de la dernière place !

Deus Ex : Human Revolution d'Eidos sort la semaine suivant la Gamescom. Tiens, comme c'est étrange ! Je n'ai testé que le tout commencement du jeu, qui m'a beaucoup fait penser à Deus Ex premier du nom. En effet, dans une cinématique d'introduction, on choisit l'arme qui nous est donnée, puis on arrive sur le lieu de l'assaut où les soldats sont prêts à intervenir mais attendent que vous pénétrez. Alors que bon, je n'ai pas l'habitude de jouer à la manette PlayStation, mais j'ai réussi à flinguer tout le monde, alors les soldats ils auraient pu le faire aussi ! Plus sérieusement, cette introduction nous avait déjà été présentée dans une vidéo que revoici.

Enfin côté console, j'ai pu essayer LittleBigPlanet de Media Molecule sur PS Vita. C'est un jeu extra pour faire la publicité de la machine puisque tout y est utilisé : surface tactile multipoints à l'avant comme à l'arrière, gyroscope, et même différentes tenues de la console. Le jeu est toujours aussi reconnaissable grâce à sa patte graphique et ses Sackboys, et l'écran a une très bonne résolution. La console a une bonne tenue en main et est agréable à manier. J'ai peur toutefois qu'elle soit un peu lourde pour toujours être transportée avec soi.

Ma petite déception c'est The Elder Scrolls V : Skyrim de Bethesda. Après trois heures d'attente, on assiste à une petite vidéo de gameplay d'un quart d'heure, qui me laisse sceptique. Je ne suis pas fan de la série, donc ce que j'y ai vu, c'est un jeu très figé, avec des modèles 3D et des animations grossières. Techniquement, c'est dépassé. Un effort a quand même été fait pour donner l'illusion d'un monde vaste et cohérent, où les habitants des villages ne sont pas juste des PNJ errants, avec un bel environnement.

Pour terminer sur les impressions que j'ai eues, j'ai trouvé que l'ambiance était beaucoup orientée vers les mécaniques de jeu, et le côté narratif des jeux est complètement délaissé. On vient à la Gamescom pour tâter de la manette, pas pour s'immerger dans une histoire. Et je trouve ça un peu dommage, car c'est pour moi très superficiel. En même temps, avec le bruit et l'agitation qui règne sur le salon, ça aurait été dur de fournir une meilleure expérience...

Pour les professionnels

A la différence de l'E3 qui est un événement professionnel, la Gamescom est à la fois public et business. Le premier jour, mercredi 17, est d'ailleurs réservé aux professionnels et à la presse... mais il y a quand même pas mal de monde dans les allées. Beaucoup de caméras montées sur pieds roulants ou sur steadicam accèdent à la zone publique avant qu'elle ne soit remplie le lendemain.

Ce que les visiteurs grand public ne savent pas ou peu, c'est qu'en parallèle de l'« entertainment area » que j'ai décrite précédemment, il y a la « business area » également réservée aux professionnels et à la presse. En superficie, les deux zones sont équivalentes ! Beaucoup de développeurs ne sont présents que dans cette zone et n'ont pas de stand côté visiteurs. C'est par exemple le cas de studios asiatiques qui cherchent des éditeurs pour le marché européen.

Les stands sont tous refermés sur eux-même et il faut montrer patte blanche avant de pouvoir pénétrer à l'intérieur. Ici, des présentations de jeux ont lieu, en petit groupe de journalistes. Rien à voir avec les présentations côté visiteurs puisque les journalistes ont l'occasion de poser toutes leurs questions à des membres de l'équipe de développement. Il y a également des conférences pour présenter de manière plus globale le line-up des éditeurs. Certains jeux ne sont également pas présentés côté visiteurs, c'est donc une exclusivité pour la presse.


RaHaN ne se
repose pas.

Cette dernière a aussi un espace réservé : le press center met à disposition des ordinateurs pour que les journalistes puissent écrire en temps réel leurs articles. J'y ai aperçu plusieurs rédactions françaises, comme Gameblog, Gamekult et Mondes Persistants. J'ai été étonné de la jeunesse d'une partie des journalistes que je croisais, et je me demande bien pour quels magasines ils travaillent. En tout cas, c'est bien un événement qu'il ne faut manquer sous aucun prétexte.

Au passage, au début de la semaine se tenait la Game Developers Conference Europe, également à la Kölnmesse de Cologne. Je n'y ai pas assisté car l'entrée est vraiment exorbitante, mais c'est aussi un événement incontournable des professionnels du secteurs. Grâce à la collaboration entre la GDC et la Gamescom, les visiteurs de la première manifestation recevaient gratuitement un pass pour la seconde.

Gamescom Festival

Depuis 2009, le Gamescom Festival est organisé dans les rues de Cologne. C'est un événement totalement gratuit, qui prend le relai de la Gamescom lorsque celle-ci ferme ses portes le soir.

Car même si en théorie il y est possible d'y jouer comme à la Gamescom en journée, en pratique, c'est vide. Il n'y a que Sony et Nintendo qui ont osé y placer un camion où quelques jeux PS Move et 3DS étaient à disposition. Côté visiteur, calme plat aussi, et j'ai pu jouer à loisir à la 3DS alors qu'elles sont prises d'assaut à la Gamescom.

L'intérêt du Gamescom Festival est en fait sur les concerts donnés le soir, et qui sont eux aussi gratuits. On y retrouve des groupes connus, au moins en Allemagne, et le public est au rendez-vous. J'y étais le vendredi soir et l'ambiance n'a fait que croître au cours de la soirée, pour finir sur le groupe Blumentopf (« pot de fleur ») très apprécié outre-Rhin.

Voilà pour mon tour de la Gamescom ! C'était la première fois que je mettais les pieds dans ce genre de salon, et je dois dire que l'expérience est saisissante. Ceci dit, je ne pense pas y revenir l'an prochain, car il faut être un vrai fan pour accepter d'y venir faire la queue pour découvrir des jeux qui vont sortir peu de temps après...

Plus de photos dans mon album Picasa.

Evoke 2011 - Ma semaine à Cologne, première partie

Notgames Fest - Ma semaine à Cologne, deuxième partie

Platine - Ma semaine à Cologne, troisième partie