Le Notgames Fest s'est tenu du 15 au 17 août 2011 dans les locaux de l'École Internationale de Design de Cologne. Organisé par le Cologne Game Lab, les conservateurs n'étaient autres que Tale of Tales, connus notamment pour The Path et autres jeux à composante émotionnelle très forte. Et pour cause : l'exposition se veut « alternative aux autres événements se déroulant au même moment à Cologne », sous-entendu la GDC Europe et la Gamescom. Elle met en avant des notgames, des jeux qui s'affranchissent des codes classiques du jeu vidéo pour proposer une expérience différente mais riche en émotion.
La première chose qui retient mon intérêt, c'est la décoration de l'exposition. J'étais déjà venu dans cette même salle en janvier pour le Global Game Jam et elle était toute blanche. Là, rien à voir : entièrement recouverte de carton, très peu de lumière. De plus, des petits haut-parleurs placés dans les couloirs diffusaient des extraits sonores des jeux présentés. Chacun d'eux était installé dans un petit compartiment où le visiteur est invité à prendre place et à l'essayer. Quelle ambiance ! A vrai dire, l'expérience des visiteurs n'aurait pas été la même sans ce décor.
Une dame et son
petit-fils jouant à
The Endless Forest
La deuxième chose qui me marque, c'est quand même le peu de visiteurs. Bon, l'exposition était petite, donc trop de monde aurait ruiné son intérêt. Les organisateurs étaient cependant content du nombre de visiteurs. Mais en discutant avec certains d'entre eux, je m'aperçois vite que le public est très ciblé : étudiants de l'école, proches des employés du Gamelab... En vérité, je n'ai vu aucune publicité trainer sur cette exposition, et on le ressent. À noter qu'une équipe de journalistes est venue le mardi et l'exposition, qui devait se terminer ce même jour, a été prolongée jusqu'au mercredi. Je n'étais plus là mercredi mais j'espère que le reportage des journalistes a attiré d'autres visiteurs, ce serait dommage que l'exposition ne se soit adressée qu'à un public d'initiés.
Les auteurs des œuvres étaient également peu nombreux à l'exposition. Le lundi je n'ai vu que deux créateurs, le mardi un troisième. Pourtant ils étaient bien là à la fête de clôture organisée le mardi soir, à laquelle je n'ai pas pu assister, c'est le monde à l'envers ! J'avais pensé discuter avec eux, ce sera pour une autre fois...
La sélection des œuvres est globalement bonne. Quelques-uns m'étaient déjà connus, comme The Path, précédemment cité. A travers l'histoire du Petit chaperon rouge incarnée par six sœurs, le jeu force le joueur à transgresser la seule règle de l'histoire : ne pas se détourner du chemin, sous peine de rencontrer le loup. Mais qu'est-il vraiment ? Faut-il l'éviter ?
Trauma, récemment publié sur Steam, nous transporte dans la mémoire d'une femme, hospitalisée après un accident de voiture. Un peu à la manière d'un point-and-click, sa mémoire nous est révélée sous la forme de photographies, entre lesquelles il faut naviguer pour réveiller des souvenirs...
D'autres ont été des bonnes découvertes, je ne crois pas que j'aurais eu l'idée de faire ce genre de jeu. J'ai particulièrement apprécié The Lake, disponible gratuitement sur iPhone. C'est un jeu entièrement sonore, puisque la seule action que peut faire le joueur est de retourner une carte. En la retournant, il change l'atmosphère sonore, qui au fur et à mesure raconte une histoire. Il faut prendre le temps de l'écouter.
Ceremony of Innocence est le doyen de l'exposition : datant de 1997, le jeu raconte l'échange épistolaire entre deux personnages. Chaque carte postale est une énigme à résoudre, avant de découvrir le texte inscrit dessus. Les énigmes sont parfois ennuyantes ou non intuitives, et on se retrouve souvent à cliquer partout sur l'écran pour déclencher les interactions, cependant cela reste une bonne aventure.
J'ai été un peu déçu par le fait que tous les jeux soient graphiquement aboutis, alors que le thème se concentrait sur le côté narratif et émotionnel. Je suis persuadé que des jeux avec un graphisme plus simple mais proposant une expérience plus riche aurait eu tout à fait leur place dans l'exposition. Au final, on retombe dans le cliché des jeux devant être beaux pour être intéressants. Dans le cadre de cette exposition, je peux comprendre que les organisateurs aient choisi des jeux attirants, dans la mesure où elle se veut ouverte à tous les publics.
Ma grosse interrogation reste néanmoins la présence d'Amnesia, que vous connaissez sûrement. Côté émotion, il n'y a pas à discuter, le contrat est rempli : je n'ai pas réussi à jouer à la démo plus de cinq minutes (je sais, je suis trouillard). Le seul problème, c'est que c'est un jeu, un « vrai » avec une structure et des mécanismes de vrai jeu ! Alors que l'exposition devait présenter des « non-jeux »... à mes yeux c'est un tir manqué. Également une remarque globale sur la plupart des jeux, il faut avoir un background un peu joueur pour pleinement les apprécier. J'ai vu des visiteurs ne pas comprendre en quoi les œuvres différaient des vrais jeux puisqu'ils ne connaissaient pas non plus les structures des vrais jeux.
Au final, c'est resté une exposition intéressante à parcourir. Elle a montré que les jeux peuvent faire ressentir au joueur des émotions même avec un gameplay très simple, et c'est pour moi une composante importante du game design qu'on a tendance à délaisser.
Retrouvez l'intégralité des œuvres présentées sur le site de l'exposition. Attention, cela ne veut pas dire que tous les jeux sont gratuits...
Plus de photos dans mon album Picasa.
Evoke 2011 - Ma semaine à Cologne, première partie