Le scénario s'arrange la sauce et revisite à sa manière les 3 premiers filmsautre trilogie, celle qui reprend l'univers phare de Bruce Willis, j'ai nommé Die Hard, Probe Entertainment et Acclaim sortent mars 1996, Alien Trilogy. Alors qu'Alien 3 (le film) est sorti en 1992 et qu'il a été maintes fois adapté en jeu vidéo (notamment sur Mega Drive et Super Nintendo), Probe décide de réunir les 3 épisodes pour en faire une sorte de best-of (je rappelle que le 4e opus ne sortira qu'en 1997... peut-être avaient-ils prévus le coup, histoire de surfer sur le buzz). Personnellement, j'ai toujours bien aimé ce développeur car je l'ai connu avec Alien Trilogy et Die Hard Trilogy. Il est aussi réputé pour ses adaptations de hits (comme 1943, Road Rash, Smash TV, Turrican ou encore les 2 premiers Mortal Kombat sur consoles 16bits) mais aussi pour des jeux originaux comme Forsaken, la trilogie des Extreme-G sur Nintendo 64 ou encore le sympathique T2 Arcade Game (et j'évoque bien sûr la version Arcade, qui était excellente, et non les versions consoles qui étaient minables). Après c'est vrai, ils n'ont pas enchainés que les hits avec par exemple des titres bien pourris à l'image de Batman Forever ou Judge Dredd. Ainsi beaucoup crachent sur cet ancien développeur (mort en 2004 avec sa maison mère : Acclaim) mais si on regarde la liste des jeux qui leur sont associés, ils ont quand même réalisés plus de bons jeux que de daubes. Et justement, aujourd'hui nous allons évoquer ce qui restera à jamais leur plus grande réussite ! Etrange anniversaire, cette adaptation (assez libre) de la plus célèbre des sagas, ne fête pas le premier Alien (qui date de 1979, la célébration des 20 ans n'arrivera donc que 3 ans plus tard) et encore moins la sortie de l'épisode 4 (en fait, à la sortie du jeu ils sont en plein tournage) mais les 10 ans d'Aliens, le second volet réalisé par le dynamique James Cameron. Et pour l'occasion, Probe nous propose un FPS, ou plutôt devrais-je dire un DOOM-like (oui DOOM-like et pas Quake-like, d'abord parce que Quake n'a pas à voler la vedette à DOOM et ensuite parce qu'il s'en rapproche plus). Pour donner du corps à l'histoire, les développeurs n'avaient que 2 solutions : soit reprendre scrupuleusement les scénarios des films, soit faire une belle pirouette (cacahuète ?) et nous proposer un scénario alternatif.

 

Comme le jeu
Aujourd'hui la jouabilité est un peu déroutante mais c'était le standard de l'époquevidéo se prend souvent des libertés sur ses adaptations cinématographiques (d'ailleurs l'inverse est tout aussi vrai, et les fans sont généralement mécontents), il était facile de deviner vers quel axe ils allaient se diriger. Tout commence par une belle intro en images de synthèses (enfin belle... disons que pour l'époque elle était pas mal) qui raconte qu'on met les pieds sur LV-426 car ça fait un moment qu'on n'a pas eu de nouvelles des colons... oui exactement comme dans le film Aliens (le 2e). En fait, l'aventure se découpe en 3 gros chapitres. Le premier fait en sorte de coller au mieux à Aliens avec sa colonie infestée, quand le second chapitre reprend le décorum d'Alien 3 avec sa prison. Déjà là on trouve ça super incohérent puisque la prison se trouve sur Fiorina Fury 161, qui est extrêmement éloignée de LV-426 puisque le vaisseau de Ripley (à la dérive dans l'espace) mettra des mois pour y arriver. Bref dans le 3e chapitre Ripley sort saine et sauve de la prison, et fonce droit vers le vaisseau des Architectes, celui du premier film, afin d'éradiquer "la source" de l'infestation xénomorphe. Alors oui, on peut dire que le jeu survole effectivement les 3 films mais pour ce qui est du respect des œuvres originales, on repassera ! Par contre on appréciera d'avoir une vidéo entre chaque chapitre (ce qui fait un total de 5 vidéos pour tout le jeu, à l'époque peu de titres en faisaient autant) et surtout, que les développeurs ont réinjectés au maximum tout ce qu'un fan kiffe dans ces films là. La zone où on voit les premiers oeufs alien, les véhicules des Space-Marines, l'Architecte mort sur son siège, le décor particulier des prisons de Fury 161, le décor super glauque du vaisseau abandonné, les capsules de cryo-sommeil ou encore les chambres de ponte des reines. Tout est là, et on prendra plaisir à revisiter ces lieux tous plus cultes les uns que les autres. Après c'est vrai, les vidéos vieillissent assez mal (malgré la motion-capture, ça reste assez moche au niveau des animations), le cadre fait à peine 50% de l'écran, Ripley n'a pas du tout la tête à Sigourney Weaver (pour des questions de droits je suppose) et entre les niveaux, on n'aura qu'un maigre briefing. Bref ça fait léger mais en comparaison de ce qui se faisait à l'époque, croyez-moi, Alien Trilogy faisait déjà beaucoup. Les briefings servent à patienter lors des loadings, qui s'avèrent finalement assez courts. L'aventure est donc composée de 3 chapitres, mais chaque chapitre compte à chaque fois plus de 10 niveaux (35 niveaux en tout). Autant vous dire que la durée de vie est excellente car il faut au moins 8 heures pour en venir à bout. Une durée de vie également imputée à la difficulté du titre.

 

En effet 
Les décors sont superbes mais de près, les sprites en 2D pixellisent à mort !si on s'accommode du premier chapitre, dés le second ça se corse drastiquement, le 3e étant excessivement dur. Vous serez prévenu(e) ! Pour reprendre sa partie, le jeu fait le grand écart entre la vieille école (avec des passwords), et la nouvelle avec la gestion de la Memory Card. D'ailleurs je vous conseille cette dernière car les passwords sont abominables, longs et chiants à entrer. Autre détail, la plupart des niveaux imposent une mission. Lors du résultat final, le score obtenu à chaque fin de level nous détaille le taux de réussite de la mission, influencé par le nombre d'aliens tués et de zones secrètes trouvées. Si le résultat n'est pas assez élevé, vous devrez recommencer la mission du début alors il faut bien fouiller chaque lieu et zigouiller tout ce qui bouge. D'ailleurs, loin des FPS comme on les fait maintenant, Alien Trilogy se joue comme DOOM : comprenez qu'on ne fonce pas bêtement droit devant (Call of Duty vous dites ?), non il faut véritablement arpenter les zones pour trouver des bornes/interrupteurs et plus spécifiquement une batterie qui alimentera la porte de sortie. Certes à l'époque c'était classique, mais de nos jours ça ne se voit plus. A l'époque les maps étaient plus ou moins ouvertes, avec des zones secrètes à découvrir (à coup de grenades ou en traversant un faux mur), aujourd'hui on évolue dans un couloir fermé où la moindre investigation est proscrite. Les temps changent comme on dit. Tien en parlant de ça, la jouabilité elle aussi, est d'époque ! En somme, la visée verticale se fait automatiquement (il n'y a donc pas de "free look") et il ne nous reste plus que les déplacements et le strafe (les pas latéraux). Pour quelqu'un qui n'a jamais touché à ce type de jouabilité (ou comme moi, qui ai connu ça l'époque mais qui a évolué vers les FPS actuels dont je suis friand :), croyez-moi ça fait bizarre. Et si les grands noms ont su s'actualiser (dans les versions remasterisées ou sur Xbox Live Arcade par exemple), sachez qu'à leur sortie sur PC, DOOM et Duke Nukem 3D se jouaient comme ça en leur temps. Bref, c'est du old school mais à l'époque, sur consoles, on n'avait pas de second stick analogique alors on n'avait pas vraiment le choix. Il n'empêche que les ennemis sont très rapides, et nous on a l'impression de se trainer un vieux tank. En effet Ripley est lourde à déplacer et à tourner, alors même que ces saletés d'aliens prennent un malin plaisir à nous contourner pour mieux nous frapper par derrière (ce qui est pénible en soi, j'aurai préféré qu'ils restent bien en face).

 

En parlant 
L'ambiance est fantastique et retranscrit à merveille celle des filmsd'ennemis, on retrouve tout le bestiaire : les oeufs avec leurs facehuggers (mais il n'y aura pas d'infection, juste la santé qui en prend un coup), les chestbursters (vous savez les espèces de serpents qui explosent la cage thoracique des gens sans demander la permission), les aliens guerriers (noir et marchant sur 2 pattes), les alien-chiens (orangeâtes et marchant sur 4 pattes, au sol, au plafond, sur les murs...), les androïdes qui pètent les plombs (façon Ash, dans le premier film), les inévitables reines (au nombre de 3, servant de boss à chaque fin de chapitre) mais aussi des humains devenus fous, comme si être infecté faisait perdre la raison (là aussi, bonjour la pirouette scénaristique). Pour se défendre, on retrouve naturellement l'arsenal bien connu, notamment celui du film Aliens. Malheureusement les armes sont peu nombreuses (à peine 5) et sur la fin du jeu, leur puissance semble dépassée. Il reste bien sûr les grenades pour faire des "one-shot" mais elles sont en petite quantité et se révèlent bien utiles pour ouvrir une brèche dans un mur. En parallèle on trouvera aussi divers items comme des lampes ou des lunettes de vision nocturnes (malheureusement très limitées dans le temps, comme si Ripley n'était pas foutu d'avoir sa propre lampe), des gilets pare-balles, des bottes anti-acide (car l'acide fait bien son office, comme dans les films) ou encore le plan des lieux. J'aurai vraiment apprécié d'avoir une mini-map sur mon interface plutôt que d'ouvrir à chaque fois le menu pause, mais je reconnais que la carte rend quand même bien service. Enfin dernier objet de valeur : le sacro-saint radar ! Loin d'être aussi médiocre que dans Alien Resurrection, ici on connait exactement l'emplacement de l'ennemi, le radar nous prévient suffisamment à l'avance pour qu'on ait le temps de se préparer et il bipe comme dans le film ! Bref, il est imparable, il nous met un stress épouvantable mais tellement délicieux... Techniquement, on se retrouve encore une fois avec une formule connue. Les mauvaises langues disent que c'est DOOM avec une skin Alien et en un sens, c'est pas faux. En effet tout le décor est réalisé en 3D (certains items aussi) quand les ennemis sont intégralement en 2D. Le résultat n'est pas des meilleurs c'est certain, notamment au niveau de la miscibilité et de la pixellisation. Car de loin évidemment ça donne le change, mais les aliens ont la fâcheuse tendance à toujours venir au contact et là forcément, c'est autre chose : le résultat ressemble à une infâme bouillie de pixels dont on peine à reconnaitre le modèle d'origine. Il suffit de voir l'image d'un facehugger sensé être collé à notre visage : c'est vraiment laid ! Au moins pour ce sprite-là, les développeurs auraient pu faire un effort. Mais le pire dans tout ça, ça reste les animations. Car à la rigueur je m'en fous que les sprites soient en 2D mais qu'au moins ils aient la décence d'être fluides ! Or nous avons des animations tout simplement dégueulasses, super hachées et plus le sprite est gros (comme une reine) et plus ça fait tâche.

 

Une totale 
Ahhhh quelle magnifique bande-son ! L'ambiance ne serait pas la même sans elle...déception donc ? Ah non, sûrement pas ! Car le moteur graphique (très proche des performances d'un id Tech 1, d'id Software), au niveau des décors, il assure méchamment. Les textures sont toujours bien détaillées, le scrolling est fluide, suffisamment rapide, les éclairages (gérés en temps réel) sont superbes et cerise sur le gâteau, le tout n'a presque pas la tremblote (alors que sur PlayStation, c'est presque une marque de fabrique). En clair, Alien Trilogy souffle autant le chaud que le froid, avec une 3D vraiment superbe et une 2D nauséeuse. Mais dans tout ça, il sera difficile de faire la fine bouche sur un design (évidemment repris de la célèbre saga cinématographique) absolument énorme et fidèle (oui le design est assez fidèle, c'est le scénario qui fait un peu n'importe quoi). Avec des plafonds bas, une ambiance très étouffante, une pénombre quasi omniprésente, autant dire qu'on retrouve vite cette atmosphère pesante et claustrophobique qui sied si bien aux films. D'ailleurs, même si on ne peut éviter une certaine redondance (35 niveaux, pensez donc) les décors sont étonnamment variés, surtout dans ce contexte. Enfin la partie sonore profite d'un doublage intégralement en français pour les vidéos. Chouette me direz-vous, d'autant qu'encore une fois, à l'époque c'était rare. Bien sûr le doublage vieillit mal, il est un peu surjoué, nous n'avons pas la véritable voix de Ripley (vu qu'elle n'a pas le même visage, ce n'est peut-être pas un mal), mais c'est tellement agréable qu'on fait fi de ces détails. Par contre la traduction en français s'est limitée à l'essentiel (comme par exemple sur le texte des briefings). Tout le reste est resté en anglais, dont les options. C'est bizarre quand même... Question bruitages le jeu assure, avec des explosions sympas et des armes dynamiques, reprises une nouvelle fois du second long-métrage. Mais la vraie classe de ce titre, ce sont les musiques. Tantôt flippantes à souhait, tantôt rythmées, parfois mélancoliques et parfois stressantes, les musiques sont excellentes et furent composées par un véritable mélomane. Et cette magnifique bande-son qui nous transporte admirablement dans l'atmosphère particulière du jeu, on la doit à Stephen Root (à ne pas confondre avec l'acteur du même nom) qui a signé quelques bande-sons notables comme Die Hard Trilogy (comme par hasard, et elle est aussi magnifique), Hexen, la plupart des épisodes de BurnoutForsaken ou encore Black (bref, il bossait surtout pour Probe et maintenant pour Criterion). Merci à lui, merci pour ces musiques qui n'auraient jamais pu être meilleures.



 

Alien Trilogy est Note
un grand FPS, un de ceux comme on en fait plus. Bien sûr on pourra pester contre une difficulté d'une autre époque, contre la lourdeur de la jouabilité, on pourra critiquer un doublage un peu miteux sur des vidéos vieillottes, on montrera du doigt un scénario abracadabrant qui fera bondir plus d'un fan ou encore des sprites 2D bien moches, pixellisés à mort et animés à l'arrache... et pourtant ce serait passer à côté d'un fleuron du genre. Evidemment s'il n'est pas aussi bon qu'un DOOM ou un Duke Nukem 3D, croyez-moi, il s'en approche généreusement. Car au delà de ses défauts, il subsiste une ambiance sans pareille, portée par une bande-son magistrale et quoi qu'on dise, le design et l'atmosphère "typé Alien", ça aura toujours un charme que n'auront pas les autres jeux. Ainsi je vous le dis en tout sincérité et ce pour l'avoir (encore) refini afin de mettre à jour mon test : Alien Trilogy est un énorme hit, l'un des inoubliables d'une PlayStation qui aura su nous faire rêver... heu... qui a su nous faire trembler, je devrais dire.