Le soft qui nous intéresse aujourd'hui prend place dans un futur pas si lointain, basé sur un monde sombre au bord de l'explosion. Les rivalités entre les différentes nations sont à leur paroxysme, déclenchant une véritable course aux armements afin d'avoir la technologie la plus développée possible. Ce statut-quo va hélas être bouleversé par l'avènement d'un dictateur, qui va concevoir une arme d'une puissance phénoménale susceptible de réduire en cendre le monde tel que nous le connaissons. Vous incarnez donc un pilote d'élite qui, aux commandes d'un véritable bijou de technologie, va devoir tout faire pour détruire cette menace ne pouvant être ignorée. Un scénario bien peu mis en avant, qui reprend à la fois les standards de la trame bateau (une menace que seul le joueur aux commandes de son vaisseau surpuissant est en mesure de contrecarrer) tout en s'en éloignant quelque peu en remplaçant les traditionnels aliens par un humain dans le rôle du bad boy...

Quand Wipeout rencontre Doom...

Revenons, le temps d'un paragraphe, sur cette introduction pour le moins énigmatique qui mérite bien une petite explication. Tunnel B1 met le joueur aux commandes d'un pod ressemblant furieusement aux véhicules présents dans un certain Wipeout, et ce dans une vue subjective permettant de pleinement ressentir la formidable impression de vitesse restituée par une technique irréprochable (nous y reviendrons plus tard). Cependant, la présence d'ennemis en grand nombre dans les différents niveaux place TB1 à mi-chemin entre le FPS et le jeu de course, le dotant ainsi d'une maniabilité hybride à laquelle il sera assez difficile de s'adapter. Ainsi, aux touches d'accélération/freinage caractéristiques des Gran Turismo et consorts, s'ajouteront des commandes telles que le tir ou le straff qu'il faudra mêler aux premières afin d'obtenir une efficacité optimale au cours de la partie. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cela ne sera pas chose aisée. Prenons un exemple simple, à savoir le straff. Ce mouvement, indispensable dans les FPS, le sera tout autant ici pour éviter les tirs adverses tout en contre-attaquant en infligeant un maximum de dégâts. Seulement voilà, effectuer un tel mouvement à grande vitesse, et ce dans un espace restreint tiendra de l'exploit! De même, prendre de la vitesse sera vivement déconseillé (mais tout aussi indispensable par moments, nous y reviendrons plus avant dans ce test) puisque nuisant grandement à la précision de vos tirs, d'autant qu'aucune mire ne sera présente à l'écran pour vous assister dans votre visée, la seule assistance dans ce domaine se résumant à quelques rares armes dotées d'un lock automatique. Ce mélange des genres cité dans l'introduction est donc assez délicat à aborder pour le joueur habitué à des jeux « classiques » et nécessitera un gros temps d'assimilation des commandes pour tirer le meilleur du vaisseau mis à sa disposition. Est-il pour autant de piètre qualité? La réponse est non. En effet, une fois le cap de l'apprentissage passé, le tout jouira d'un dynamisme fantastique, rendant les parties intenses et mettant les réflexes à rude épreuve. 

Un tout nouveau sens donné au mot challenge

Du coup, Tunnel B1 renoue avec la tradition des jeux sortis dans les années 80 en proposant un défi diablement corsé. Terminer l'aventure demandera beaucoup de concentration et de rigueur, afin de réagir suffisamment vite pour éviter les tirs tout en touchant les adversaires qui, eux, ne se priveront pas pour copieusement vous arroser. Outre la difficulté inhérente à ce dynamisme du gameplay, un autre facteur de ce challenge résidera dans la présence d'un compte à rebours à partir du troisième level, vous obligeant à terminer le niveau dans un temps limité avant l'autodestruction de cette portion du tunnel. La prudence observée jusqu'alors devra ainsi être abandonnée, au profit d'une rapidité indispensable pour terminer le stage dans les temps, d'autant que l'aspect labyrinthique de certaines sections comprenant moult ramifications (avec des interrupteurs à actionner/générateurs à détruire de surcroit) ne sera pas là pour vous faciliter la tâche, même si la présence d'une carte affichable à n'importe quel moment pourra faciliter quelque peu la tâche du joueur. L'utilisation des boosters sera alors vivement recommandée afin d'obtenir un surplus momentané de vitesse qui pourra vous faire gagner les quelques secondes vous séparant de la fin du niveau, Enfin, pour ne rien arranger, les items permettant de récupérer de la vie s'avèreront aussi rares que la compassion dans le cœur d'un banquier...d'autant que vous devrez risquer votre vie pour les récupérer. En effet, ces items se trouveront dans des conteneurs radioactifs. Une fois ces derniers détruits, vous aurez cinq secondes pour vous approprier leur contenu. Ce délai dépassé, une explosion se produira et laissera des résidus radioactifs qui pourront vous être fatals si vous trainez dans le coin trop longtemps. D'autres pièges viendront d'ailleurs vous mettre des bâtons dans les roues, comme des alarmes pour ne citer qu'elles. 

Comment dézinguer de l'adversaire en dix leçons...

Fort heureusement, vous aurez la possibilité d'utiliser quelques atouts utiles pour vous faciliter la tâche. Tout d'abord, chaque partie commence par le réglage du niveau de difficulté basé sur le nombre de vies (sachant que s'y ajouteront deux continues), permettant ainsi d'adoucir quelque peu la crise de nerfs qui ne manquera pas de pointer le bout de son nez au bout de quelques heures de jeu. Une fois la partie lancée, votre première réaction sera de pester sur la faiblesse de votre vaisseau. Ce dernier ne sera, en effet, équipé que d'une simple mitrailleuse au début de la partie. Rassurez-vous cependant, car cet armement sera rapidement renforcé par des armes principales (mitrailleuses supplémentaires, roquettes...) ou secondaires (mines, contre-mesures, bombes...) que vous ramasserez dans les niveaux, sur les débris de vos adversaires ou des éléments du décors que vous aurez détruits. 

Parlons justement de ces éléments du décor, puisqu'ils seront clairement votre arme la plus puissante. En effet, il ne sera pas rare que vous croisiez des cuves de carburant. Tirer sur ces dernières aura pour effet de déclencher une explosion de forte puissance, qui détruira (ou du moins endommagera) tout ce qui se trouve à proximité. De même, les mines posées par vos ennemis seront une arme à double tranchant, puisqu'un tir bien placé aura pour effet de déclencher une réaction en chaine susceptible de faire place nette en quelques secondes. En bref, il faudra ruser pour espérer remplir les objectifs de mission exposés en début de niveau, tout en sachant foncer à travers tout pour terminer le stage lorsque le chrono sera dangereusement bas. Vous l'aurez compris, ce Tunnel B1 Pourra vite devenir très frustrant compte tenu de sa difficulté. De fait, sa durée de vie sera directement tributaire de la persévérance du joueur. Ma première expérience avec ce jeu s'est soldée par une rapide mise au placard, et ce n'est que récemment que j'ai trouvé le courage de m'y remettre pour enfin en venir à bout...après une trentaine de crises de nerfs entrecoupant de longues heures de suées intenses.

Un contenant à la hauteur du contenu

Si la difficulté générale du soft peut faire office de répulsif pour les joueurs peu motivés, il n'en va pas de même pour l'aspect visuel du soft qui représentait une jolie claque à l'époque. Basé sur un solide moteur 3D permettant un rendu extrêmement détaillé, le soft ravira les plus exigeants par sa bluffante impression de vitesse, sans occasionner le moindre ralentissement en contrepartie. S'ajouteront à ce tableau déjà ô combien flatteur des effets de lumière de toute beauté. Chaque explosion, chaque alarme ou même un simple impact de tir donneront lieu à une débauche d'effets visuels tous plus beaux les uns que les autres, contrastant joliment avec l'ambiance globalement plutôt sombre. On pourrait tout juste reprocher à ce Tunnel B1 une certaine similitude entre les environnements des différents niveaux. Mais le renouvellement constant dans la manière d'aborder ces derniers contrebalance efficacement ce petit défaut, le faisant du même coup passer au second plan. 

Cette beauté visuelle s'accompagne d'un aspect sonore tout aussi réussi. Les différentes musiques, composée par un certain Chris Hülsbeck (compositeur de la bande son d'un certain Turrican) n'ont pas leur pareil pour rythmer efficacement l'action, et pour compléter l'immersion initiée de main de maitre par les splendides graphismes. Côté bruitages, on se croirait presque au beau milieu de la bataille d'Endor. Entre les tirs de laser, les explosions en tous genres et les alarmes (auxquels s'ajoutera rapidement un clignotement de l'habitacle, vous informant de l'état critique de votre appareil), vous n'aurez aucune chance de garder votre calme, cette cacophonie ambiante ayant pour but évident de vous faire prendre conscience du guêpier dans lequel vous vous trouvez. Vous l'aurez compris, le contenant de ce Tunnel B1 s'avère largement à la hauteur de son contenu, provoquant du même coup une immersion totale et immédiate dans la sombre ambiance de cette zone haute en hostilité.

Conclusion

Jeu assez méconnu, Tunnel B1 avait pourtant tout pour remporter un grand succès. Cocktail détonnant d'action et de course, il ravira les joueurs les plus exigeants par sa réalisation splendide et le grand dynamisme de sa maniabilité. Cette dernière demandera néanmoins un petit temps d'apprentissage de la part du joueur pour donner sa pleine mesure. Attention toutefois : malgré sa grande qualité, TB1 n'est pas un jeu à mettre entre toutes les mains, la faute à une difficulté le réservant aux joueurs les plus persévérants. Qu'on se le dise...

Réalisation : 17/20
Gameplay : 16/20
Durée de vie : 15/20
Bande son : 18/20
Scénario : -

VERDICT : 17/20