Cela aurait du être normalement le spetième chapitre des armes emblématiques du jeu vidéo. Mais voilà, peut-on considérer la magie comme une arme? Dans le jeu vidéo assurément oui, car les sortilèges dépensés à grands renforts de mana servent très souvent à poutrer les sprites/polygones que notre console désigne comme ennemis.

En revanche, dans notre monde à nous, la magie n'est pas une arme. Le plus souvent, les rituels magiques ont des fonctions de protection ou de divination. Outre son efficacité très très (mais alors très) relative, la seule magie dommageable pour autrui et qualifiée de "noire" ne peut être considérée comme une arme, car une arme suppose un dispositif et non une capacité subjective.

Mais ignorer le sujet dans le jeu vidéo est problématique aussi. Avec autant de magiciens dans les jeux, il faut malgré tout s'interroger sur l'origine de la terminologie employée, savoir s'il y a un lien entre magie "réelle" (dirons-nous) et fictionnelle et au final définir quel est l'intérêt de mettre de la magie dans les jeux vidéos.

Nous sommes tous familiers des termes comme "magie blanche", "nécromancie", "potion"... Mais que signifient-ils? Ou plutôt, quelle réalité englobent t-ils? D'où viennent ces rituels? Pourquoi utiliser tel ingrédient au lieu d'un autre?

Nous allons tenter de clarifier tout ça, mais autant vous dire que la chose n'est pas aisée. En effet, quand on commence à s'intéresser à la magie, on se rend compte rapidement que les sources viables sont très rares.

Un ouvrage sur le sujet au rayon "ésotérisme" de la FNAC vous proposera toujours des rituels, des décoctions à préparer, des invocations à faire, mais jamais nous n'aurons une analyse historique du phénomène et jamais la réelle utilité de ses choses ne sera remise en cause. 

Internet étant peu fiable sur le sujet, entre Harrry Potter et le retour de l'être aimé en 48H, j'ai donc sorti mes bouquins sur le symbolisme et l'histoire pour essayer d'être un peu réglo sur le sujet.

On va donc parler un peu de l'histoire de la magie, ses origines et son évolution dans l'esprit des gens jusqu'à aujourd'hui. Puis nous ferons de la terminologie et du symbolisme sur le sujet. Viendra ensuite le volet jeu vidéo avec l'intérêt qu'apporte la magie en terme de gameplay.

Ce plan sera par contre assez poreux, la matière étant assez évanescente à la base, je risque de mélanger et de comparer très souvent "réalité" et jeu vidéo.

Voilà une image assez représentative de ce qu'est un magicien, non?

 

La magie: définition, origine et éléments historiques

Donner une définition de la magie est déjà un exercice assez complexe. Sans se tromper et en restant juste assez vague pour ne pas être trop exclusif, on peut dire que la magie est un ensemble de pratiques occultes qui visent, par le biais de rituels spécifiques, à agir sur le monde matériel et les personnes.

Le terme remonte à la Perse antique et vient du mot "mag" qui signifie science/sagesse. Le terme de "mage" désignait en Grèce, une caste de prêtres dans certaines tribus perses.

De façon plus générale, toute personne qui venait d'orient et qui avait des connaissances supposées occultes était taxé de mage.

Rapidement, la magie va devenir une chose illégale. Ainsi, à Rome, la pratique de la magie dans le but de nuire est condamnée, et plus tard la Bible se chargera de préciser que tous les mages et devins sont voués à finir en Enfer.

De la damnation à la sanction il n'y a qu'un pas qui sera franchi par Constantin Ier pour qui la seule connaissance de la magie est un motif de condamnation.

Par la suite, divers conciles poseront des définitions des arts occultes plus précises. La magie est assimilée dans un premier temps à toutes les pratiques occultes, qu'il s'agisse de la divination, de l'invocation ou du contact avec les morts.

A partir de là, l'Inquisition peut faire son travail et souvent pour mettre quelqu'un entre les bras de l'Inquisition, un crime de droit commun n'est pas suffisant (il serait du ressort du seigneur). On l'agrémente alors d'une dose de sorcellerie pour que l'Eglise puisse s'y impliquer. Voir par exemple Jacques de Molay et les Templiers, dont le rite d'initiation fut assimilé à de la sorcellerie.

Au cours de cette période, la magie rejoint et fusionne avec le paganisme, qui est une pratique diabolique, et l'hérésie qui est une trahison au dogme de l'Eglise.  

Avec la Renaissance, sous l'impulsion de la redécouverte des textes antiques et orientaux, le terme va évoluer et devenir le synonyme d'ésotérisme pour se confondre avec la kabbale et son étude. Au cours du XVIIème, la magie va se scinder encore plus, ainsi l'astronomie se séparant de l'astrologie par exemple. Les notions de magiciens et sorciers disparaissent du Droit et deviennent des "charlatans" qui seront condamnés comme tels. Dans le même temps en Angleterre, on arrête de bruler les sorcières à la moindre occasion, mais on les pends si elles recommencent (le Witchcraft Act de 1604). La raison prends alors progressivement le pas sur la superstition.

Le siècle suivant sera celui du fameux Comte de Saint-Germain, alchimiste qui prétendait être le dépositaire d'un élixir d'immortalité et être âgé de 4000 ans.

Le comte de Saint-Germain: si l'on demandait à son domestique : "Est-il vrai que votre maître a trois cents ans ?", il vous répondait : "Je ne puis vous le dire : il n'y a que cent ans que je suis à son service"

Le XIXème siècle verra apparaître de fameux magiciens, membres de cercles d'initiés au décorum pompeux et tous plus complexes les uns que les autres qui se recoupent avec les loges maçonniques, ou tentent d'en avoir la légitimité.

Les plus emblématiques magiciens étant sans doute Aleister Crowley  et Gérard Encausse (dit "Papus"). Tous deux seront des auteurs prolifiques sur le sujet, incorporant des loges (la Golden Dawn notamment) et créant des rituels à tour de bras.

Le XXème siècle, malgré une science qui veut tout expliquer, permettra l'avènement de courants magiques assez réactionnaires vis-à-vis des religions monothéistes. Ainsi la Wicca, créée en 1939, se veut comme une philosophie ou une religion qui se baserait sur un retour aux anciennes croyances comme le chamanisme, le paganisme ou les mythologies celtes et nordiques. Cette religion pratique des sabbats et des rituels et peut donc être affiliée à une pratique magique (notamment par sa reprise de symboles magiques comme le pentacle).

Le New Age, lui, reprend ce matériel magique et l'arrange un peu comme il veut, mais toujours avec l'idée sous-jacente d'épanouissement de soi (pierres et encens, des ingrédients magiques typiques, y retrouvent une nouvelle jeunesse).

Ce récapitulatif chronologique est très transversal et beaucoup y trouverait à redire (notamment le fait que je passe à coté de l'alchimie, ce qui est volontaire, car il y aurait trop à dire). En effet, la magie est tellement protéiforme qu'au final chacun y voit l'origine qu'il veut. Ainsi, nombreux sont ceux qui trouveront dans la sagesse de l'Egypte antique le fondement de la magie (et plus tard dans une fusion des mythologies méditerranéennes avec Hermès Trismégiste). Pour d'autres, la magie se retrouve dans les anciennes religions de l'Europe continentale comme chez les celtes, les vikings, et sont souvent reprises sous le terme de paganisme ou satanisme, victimes selon eux d'une répression injuste et dégradante de la part de l'Eglise.

J'espère néanmoins que ce parcours rapide vous donnera des pistes pour vous intéresser, si ce n'est pas déjà le cas, au mythologies et au symbolisme, matières très riches et passionnantes.

 

L'origine de la magie dans les jeux vidéos.

Retracer l'origine de la magie dans le jeu vidéo implique de se positionner dans l'univers du jeu lui-même. Lors de sa conception, les créateurs ont-ils eut l'idée d'incorporer une base mythologique justifiant la magie?

La réponse est complexe là encore, mais le plus souvent, on note que la magie n'a pas besoin de justification particulière pour exister. Dans les premiers Final Fantasy, la magie est parfaitement intégrée dans le quotidien de chacun, les jobs de magiciens sont nombreux et l'on trouve même des magasins dédiés (voir infra).

Dans Final Fantasy VIII , la chose est plus complexe, car il faut s'associer à une G-Force pour posséder cette capacité. Mais l'origine des G-Forces n'appelle pas de commentaires particuliers.

Beaucoup plus complexe est la situation  de Final Fantasy VI, où la magie a purement et simplement disparu, sa redécouverte sera l'un des fils conducteurs des héros en suivant l'histoire de Terra. Son origine est ici clairement explicitée, car ce sont les magicites qui apportent les sorts aux personnages. La magie en elle-même restant une légende pour les gens du commun.

Quand on n'est pas lié à des esprits venus d'autres plans, la magie trouve souvent une origine minéralogique. Ainsi, les matérias de Final Fantasy VII sont la résultante de la concentration naturelle d'énergie Mako. De même les nombreuses orbes de Final Fantasy X débloquent les capacités des personnages. L'analogie magie=pierres trouve parfaitement écho dans notre propre système magique et symbolique. En effet, toutes les pierres précieuses ou semi-précieuses ont un élément, une vertu qui leur est attachée.

Nombreux sont alors les jeux vidéos, où l'on associe des pierres et des joyaux pour acquérir de nouvelles compétences.

Dans l'ensemble, et surtout dans les RPG occidentaux, l'origine de la magie trouve son écho dans le jeu de rôle papier dont il s'inspire très largement. Dans un univers classique d'heroic-fantasy (AD&D, Warhammer), la magie est un fait préétabli qui fait appel le plus souvent à une divinité de la magie ou aux forces du Chaos. Elle n'est pas explicitée in-game tout au plus c'est au cours de l'aventure que l'on trouvera un livre ou une fiche explicative qui reprendra les éléments mythologiques créé pour le jeu.

Les jeux vidéos partagent donc à quelques exceptions prêt une origine de la magie digne d'un "deus ex machina", sauf si cela entre en ligne de compte dans le scénario du jeu. Le parallèle entre fiction et réalité se vérifie souvent car malgré l'écart entre la magie de fiction et la magie "réelle", la magie de fiction trouve toujours une assise crédible ancrée dans le subconscient mythologique et symbolique de notre monde. La magie est donnée par le truchement de divinités ou de créatures extra-planaires, ou bien ce sont des pierres qui possèdent intrinsèquement des propriétés magiques.

En terme de gameplay, la reprise du concept de divinités ou de pierres magiques est extrêmement profitable. En effet, une pierre que l'on place sur une arme parle immédiatement au joueur qui peut "voir" ce qu'il est en train de faire dans le menu de son RPG (voir les matérias et les orifices de FF7). De même, dans un Shin Megami Tensei, on comprend que l'on s'associe avec un démon que l'on peut faire revenir pour le temps d'un combat. Le lien porte toujours sur un objet, une res concreta, qui parle à notre inconscient symbolique.

FF7, un systèmpe simple très visuel qui assure une grande souplesse d'utilisation

Quand on se sépare de ce système d'association très "matériel" (ou terre à terre), on constate que l'on perd en lisibilité de gameplay. Ainsi, Final Fantasy VIII a bouleversé pas mal d'habitudes, et il m'a fallu un temps d'adaptation pour assimiler le système de jeu. Certes, on s'associe à une créature (la G-Force), mais il faut associer les magies aux caractéristiques des personnages, ce qui est déjà plus étrange, car cela ne nous parle pas dans notre monde. On assimile sans problème que telle pierre (ou rune) portée sur soi peut augmenter notre force, mais lorsque le jeu pose le principe d'associer "Brasier" à la caractéristique Force, de suite une sorte de sentiment d'étrangeté s'installe. Comment est-ce possible? Il ne booste pas son arme mais son corps (et même une caractéristique immatérielle de son corps). De même, la magie dans ce jeu se stocke, mais sous quelle forme? C'est par cette vision différente du système de magie qui trahit complètement les acquis ludiques et symbolique que Final Fantasy VIII est révolutionnaire. Il pose un système de jeu sans chercher à le justifier par des concepts pré-acquis accessibles au joueur.

FF8, un système novateur qui se base entièrement sur des questions de gameplay et non sur une base symbolique matérielle. 

Ce genre de système, éloigné de notre perception symbolique de la magie, est minoritaire dans le jeu vidéo ("car les choses simples s'énoncent clairement" comme disaient mes profs de Droit). Et au final, on reste sur choses simples car une rune, une pièce d'équipement parle beaucoup plus au joueur.

La magie dans le jeu vidéo garde donc toujours un lien avec notre magie, car même si cette dernière n'est au final pas très efficace, elle s'adresse malgré tout à notre inconscient et à notre imaginaire collectif.

Et peut-être est-ce là, tout simplement dans notre imaginaire, que se trouve la vraie magie.

La suite demain, même heure. Le chapitre portera sur les différentes catégories de magie et leur comparaison entre la réalité histoirque et la fiction du jeu vidéo. 

Bonus: 

A chaque chapitre, je vous proposerai un petit rituel magique à faire. Vous êtes prêts?

Rituel pour faire tomber quelqu'un amoureux de vous (Difficulté 2: Novice)

Le/la gamebloggeur de vos rêves vous ignore? Vous postez sur votre blog mais il/elle ne lit pas vos posts? Vous mettez "j'aime" à chacun de ses status mais il/elle ne vous à toujours pas ajoutez en ami? Pas de souci, voici un petit rituel tout simple pour vous assurez l'amour de votre gamebloggeur.

Pour cela il vous faut:

Un couteau de rituel (20 cm de long)

Deux chandelles rouges

Trois bougies rouges

Une coupelle

De l'encens à la rose

Une rose rouge

De la peinture et un pinceau (rouge aussi pour faire classe)

Commencez déjà par déplacer vos meubles, car il va falloir de la place. Une fois un espace créé au milieu du salon, prenez le pinceau et tracez un pentacle sur le sol (commenez par la branche gauche) et tracez le d'un seule jet. Prévoyez large car il vous faut pouvoir rentrer dans le pentacle.

Mettez vous au centre du pentacle, et placez les bougies éteintes à chaque extrémité de l'étoile. Une fois positionné, méditez un peu et commencez à vous concentrer sur Junon(je serai plus parti sur Vénus moi, mais le rituel dit Junon, alors...).

Quand votre concentration est totale, allumez une chandelle puis les trois bougies que vous allumez avec la chandelle et pas avec le Zippo AC/DC. Allumez la seconde chandelle en dernier. Avec cette chandelle, vous pouvez mettre le feu à l'encens que vous placerez à coté de vous et dans le pentacle.

Mettez la rose dans la coupelle, et le tout face à vous.

Quand vous êtes prêts, déclamez ceci à haute voix:

"Junon, déesse de l'amour (j'aurai dit Vénus moi...)

Faites que je rencontre l'amour qui me fera voler dans le ciel (what?)

Je t'implore de grâce pour que je trouve le coeur plein (???)

Junon, par pitié apporte moi l'amour (sur Gameblog, vous pouvez rajouter)

Qu'il en soit ainsi."

Une fois ceci fait, prenez le couteau, ne relachez pas votre concentration et coupez-vous le bout de l'annulaire gauche et droit. (Ah ben oui, c'est de la magie, hein! Pas la ceuillette des fraises... Allez chochote, du courage!). Faites ensuite couler une goutte de sang de chaque main sur un pétale de rose.

Prenez ce pétale (oui, bon, vous saignez et alors?) et mettez-le dans la coupelle. Faites le bruler (en utilisant une chandelle et pas le Zippo AC/DC, faut tout vous dire). Puis récitez cette nouvelle formule:

"Junon, je te donne en offrande ce pétale qui te donnera mon sentiment le plus profond."

Gardez la rose entière, une fois fannée, vous enterrez les pétales.

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