Made Out Of Babies, Battle Of Mice, Spylacopa, etc, la petite mère Noël a bourlingué pas mal et s'est fait une pelletée de potes dans le milieu. Il était temps pour elle de mettre plus en avant son organe à travers un album solo. L'objet voit le jour en 2010, c'était un mardi, mais pas le 25 décembre. Sur ce disque, on nous a signalé la présence de valeureux musiciens : John LaMacchia (Candiria, Spylacopa, Poison The Well) et Mel Lederman (Victory At Sea) à la composition ; Joe Tomino (Dub Trio), Tony Maimone (Pere Ubu, Tom Waits) et autres à la participation. Le résultat se nommera The Bad Wife et bien que le visuel, chargé de rose, risque d'en faire déglutir certains, Julie Christmas appuiera ici ses atouts vocaux avec force et conviction, exacerbés par une production fraîche et équilibrée.
Avec The Bad Wife, on a affaire à une galette aussi voluptueuse que vicelarde, et, portés par la voix puissante et fragile de Christmas, nous succombâmes du début à la fin. July 31st débute brillamment l'objet, révélant une instrumentation épique, variée et subtile qui laisse juste ce qu'il faut de place à la miss pour s'exprimer à gorge déployée. A partir de là, l'entièreté de l'album en découlera dans une ambiance semi-plombée, semi-aérienne. Le tout pourra sembler un poil homogène sur l'aspect rythmique notamment. Un sentiment de linéarité entre certaines pistes qui n'est pas désagréable, participe même à la cohérence de l'ensemble et renforce la mélancolie ambiante, poussée au cul par quelques relents sludge. Au fur et à mesure de l'écoute, on pensera forcément à MOOB et Battle Of Mice en premier lieu, dans une approche un peu plus mélodique. Tellement mélo qu'on aura droit à une ballade maladive acoustique (Secrets All Men Keep (Salt Bridge, Part II)), ainsi qu'à un A Wigmaker's Widow faisant valser l'accordéon avec le piano puis avec la trompette ; mais tellement intense que des morceaux tels que Bow, Six Pairs Of Feet And One Pair Of Legs et son (autre) piano malsain, ou le point d'orgue final When Everything Is Green, scotcheront littéralement les oreilles. On notera la plaisante reprise gorgée de spleen du If You Go Away (Ne Me Quitte Pas) de Jacques Brel, une influence évidente pour Christmas lorsque l'on constate l'implication émotionnelle de la demoiselle, en permanence sur la brèche de la justesse.
Voilà l'œuvre bien personnelle d'une chanteuse essentielle dans le domaine des musiques énervées, et même au-delà. Julie Christmas étale toutes ses gammes intelligemment en y injectant son âme et ses tripes, sublimées par des musiciens inspirés. Je défie quiconque, peu importe son orientation sexuelle, à ne pas tomber sous le charme de la belle en parcourant The Bad Wife.
Clip de "Bow" :
Tracklist :
- July 31st
- If You Go Away
- Bow
- Secrets All Men keep (Salt Bridge, Part II)
- Six pairs Of Feet and One Pair Of Legs
- Headless Hawks
- A Wigmaker's Widow
- I Just Destroyed The World
- When Everything Is Green
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