METAL GEAR SOLID 2 "Sons of Liberty" (PS2-Xbox) 2002:
L'arrivée dans le 21ème siècle et des consoles 128 bits donne enfin à Mr Kojima les moyens de ses ambitions. Ce Metal Gear, se déroulant 100% aux Etas-Unis, veut interloquer, fasciner, et pourquoi pas toucher un nouveau segment de joueurs.
Outre les scénes cinématiques améliorées et très agréables à regarder désormais uniquement en VOST, le jeu s'est enrichi d'un compositeur musical de film avec la présence du réputé Harry Gregson Williams, qui ne quittera plus la série.
Un pas de plus, important, qui donne ses lettres de noblesse au jeu vidéo et le rappoche du 7eme art.
Le premier trailer à l'E3 avait époustouflé grâce aux possibilités de cacher les corps dans un casier, les jeter à la mer (!), menacer les gardes par derrière, casser tous les objets du décor,... qui donnaient lieu à tous les enthousiasmes.
La possibilité de détruire les éléments du décor était vraiment une nouveauté sur console de salon en 2002.
L'histoire prend place sur un tanker (peut être le meilleur passage de la série), proche du Verrazano Bridge et donc de New York. Solid Snake, infilitré, sous une pluie battante (toujours impressionnante 9 ans après) rencontrera Olga Gurlukovitch dans une séquence cinématique culte où les deux protagonistes se craignent, ainsi que d'autres connaissances dans cet espace clos...
La rencontre entre Olga et Solid Snake.
Malheureusement, cela ne pouvait constituer la totalité du jeu. Après un peu plus de 4 heures de jeu, c'est la décharge électrique (Raiden en japonais), et l'heure des premières déceptions dans la saga.
L'idée de montrer Snake sous un autre jour était louable, mais pourtant le mélange ne marche pas : Raiden n'est pas forcement attachant malgré son background, il est bien trop lisse avec un physique estampillé clairement jeu vidéo peu en commun avec un agent d'infiltration (Shadow of memories, Dante).
Le sujet de la discorde.
Plus encore le level design du Big Shell est totalement raté et les salles se ressemblent toutes. Cela est sans doute dû au manque de temps.
Pire, les premières signes de lassitudes pointent : des scènes de codec très (trop) longues qui évitent de concevoir des cinématiques, et un scénario intéressant mais volontairement élitiste qui nous plonge dans une histoire pseudo virtuelle assez dérangeante.
Un décor d'une pauvreté graphique consternante. Un des rares ratés graphique de l'oeuvre.
Enfin, Solidus Snake, le troisième "enfants terribles" a un cv assez incroyable : président des Etats-Unis, disposant d' un exosquelette à tentacules, ( un plagiat honteux de Dr Octopus dans Spiderman) qui lui permet de sauter dans les airs. Il possède en plus deux katanas (électrifiés?) au nom japonais de Démocrate (Kyouwato) et Républicaine (Minshuto).
Bref, c'est assez peu crédible et digne d'une série B : comment a t'il pu devenir président compte tenu de son statut?
Le combat final est assez consternant, compte tenu du lieu vis à vis de la foule, et s'éloigne clairement des bases de la saga.
Cet épisode donne une sorte de frustration au joueur, voulu sans doute par Mr.Kojima. Mais la frustration est telle qu'elle se transforme en trahison tant il est presque pénible de finir cette deuxième partie.
METAL GEAR SOLID 3 "Snake eater" (PS2-Xbox) 2005 :
Toute bonne saga qui se respecte a compris depuis Star Wars le meilleur moyen de séduire et de rassurer les fans : la préquelle. Snake, le "Anakin Skywalker" du jeu vidéo?L'essai est concluant et ce retour aux sources au milieu des années 60 est globalement une réussite dans la jungle russe(?).
Le départ, malgré la très bonne cinématique sur l'obtention du bandana entre The Boss et Snake, rempli d'émotions, est un véritable succès.
Cependant le rythme est assez lent et le premier boss, The Pain se paie le luxe d'etre probablement le boss le plus ridicule et pathétique de l'histoire du jeu vidéo (il attaque ses victimes avec des frelons...consternant).
indéfendable.
Volgin parle en japonais alors qu'il est russe (kuwabara kuwabara : que le ciel me protège), possède une corps capable de donner des électro-chocs dans les années...60! Oui c'est gros, de même que The Fury (qui n'a aucune utilité dans l'histoire) et sa combinaison, et la technologie trop moderne du Metal Gear et de son équipement.
D'un point de vue du gameplay, la maniabilité est très rigide, il n'est pas rare de rater un CQC, et les alertes sont malheureusement beaucoup trop longues. Plus encore, le radar absent à cette époque chronologique, allié à la caméra vu du dessus dans cette jungle rendent le jeu assez injouable. Mr Kojima a rectifié le tir et proposait plus d'un an le même jeu avec la caméra parfaite vu de l'épaule type Resident Evil 4.
Le jeu devient beaucoup plus immersif et se faire répérer est désormais uniquement la faute du joueur. La furtivité prend des lors tout son sens avec une jauge de camouflage, des vêtements furtifs, des peintures de guerre en fonction de la couleur de l'environnement.
La survie et le réalisme font leur apparition : il faut manger, que ce soit du serpent ou du rat, et les aliments se périment (!). Snake peut désormais se réparer des fractures et poser des sutures ou un simple pansement pour que son sang ne le fasse pas repérer.
Jouer avec les conditions topographiques pour surprendre les gardes est réellement passionnant.
La personnalité complexe de The Boss, Les crises existentielles de Snake, La personnalité d'Ocelot, les combats épiques comme The End ou "Psycho Mantisien" de The Sorrow sont d'autres atouts qui donnent envie de continuer l'histoire.
Une relation complexe et charnière de la saga...
Celle-ci devient très intéressante à partir de la deuxième rencontre avec Eva...jusqu'à un final rempli d'action et de poésie que tout le monde a commenté, ainsi qu'une révélation finale qui rend la saga culte.
Les bonus de la version de Metal Gear Solid Subsistence sont intéressants et nombreux : outre la version online qui est une bonne surprise même si le gameplay n'est pas pensé pour, une sorte de film compactant les cinématiques marquantes de cet épisode, la présence intéressante des deux premier opus MSX avec les codecs en artworks réalisés par le dessinateur de la saga, permet d'optimiser la cohérence et la compréhension de la saga.
Cerise sur le gateau, véritable bijou d'humour, cette édition propose Metal Gear Stupid, une parodie sur certaines scènes cnématiques de ce Metal Gear. Certaines valent vraiment le détour, et seul Mr Kojima a pour l'instant osé cette autodérision dans le domaine du jeu vidéo.
Une des meilleures parodies de Metal Gear Stupid.
METAL GEAR SOLID 4 "Guns of the Patriots" (PS3) 2008 :
"War has changed", Power too. La Next Gen est passée par la et les possibilités semblent sans limites.
Ce jeu laisse une étrange impression, ni réellement exceptionnel, ni totalement raté,il offre d'excellents moments de bravoures (le combat des frogs, et les combats avec la milice en Amérique du Sud notamment) et dispose d'un scénario clairement orienté Science fiction dans un futur poche.
Le combat contre les Frogs: épique!
Une première qui est pourtant une réussite : le SOP, les PMC, les nanomachines, le scan, les seringues, les patriotes,...Tout n'est pas ubuesque et peut se concevoir (excepté Sunny, fille de militaire, 7 ans et ayant un niveau de Math Sup++++).
De plus, pour la première fois, la série s'affranchit de la rituelle menace d'un Metal Gear. Cela donne finalement un nouveau souffle à la série, et prouve qu'elle peut se substituer à son titre et donc à son thème d'origine.
Les problèmes commencent dès le lancement avec des chargements qu'on n'avait pas connus depuis Tomb Raider sur PSX (!), et ce, à chaque chapitre, ce qui est consternant vu la puissance de la machine.
Réalistes ou pas, les miliciens ressemblent trop aux PMC, ce qui pose problème, et il n'est pas rare d'avoir les deux ennemis à dos involontairement lors des premières parties. Le coeur de la bataille ou l'on peut avoir le choix entre ces deux affrontements est très intéressant mais trop scripté.
Les Beauty and The Beast (B&B) ont un intérêt limité : elles n'ont clairement aucune utilité dans le scénario.
Les combats, à part Laughing Octopus et Crying Wolf, n'ont pas grand intéret, et le fait de devoir systématiquement les battre de la même façon agace plus que de raison.
Une utilité discutable.
Finalement c'est sur la réalisation que le bât blesse le plus, les cinématiques sont trop longues. Longues pour etre longues.
Mr Kojima se fait plaisir et retombe dans les travers du MGS2 sans son codec, en insistant lourdement sur la santé extrêmement précaire de Snake (environ 100 quintes de toux en 20 heures), qui est pourtant beaucoup plus efficace qu'un Raiden "Ninjaisé" au top de sa forme.
Raiden, synonyme de déception, de frustration, dans MGS2, engendre cette fois-ci de la pitié. Sans bras, katana aux dents, invoquant des éclairs (??), il agace une nouvelle fois de plus, même si la fin de ce personnage nous reconcilie avec son histoire.
Le vrai problème vient du coté répétitif du ninja utilisé par Mr Kojima. Outre MG (MSX) et MGS3, tous sans exception y ont droit. Une sorte d'avatar en sorte, un porte bonheur sans doute.
Néanmoins, mis à part Gray Fox et ses délires psychologiques intéressants, force est de constater que la mayonnaise ne prend pas forcement et ce n'est pas l'effet "Matrixien" totalement réussi du combat du trailer qui va changer cet état de fait.
Les répétitions et lourdeurs type MGS 3 continuent avec les B&B, qui ne fonctionnent que par onomatopée, ou mot d'une syllabe : lassant et sans aucune surprise. Les clins d'oeil à Metal Gear pour les noms de code de B&B, et le fameux Octopus présent lui aussi sur quasiment tous les MGS (hors 3) ne font plus sourire.
Enfin un chapitre 5 étonnamment court (quasiment une salle)(!!), et une course poursuite redondante en Europe de l'Est (Mr Kojima n'aime pas dire le nom des pays, c'est étrange) achèvent les déceptions.
Et pourtant malgré tout, le charme opère. Le gameplay est assurément le meilleur de la série, les commandes sont souples et instinctives après un peu d'entraînement.
La possibilité de marcher à genou, de se mettre sur le dos, de rouler couché sur le côté, de viser en vue intérieure et en marchant accentuent l'impression d'être au coeur de l'action.
Au niveau des trouvailles de cet opus : le MKII. (qui permet de voir les alentours avec une caméra ambulante et d'électrocuter les gardes), l'octocamo, et l'octocamo faciale s'avèrent être de vraies réussites.
Les deux premiers chapitres sont très prenants, la furtivité offerte dans le 3eme chapitre est une nouveauté intéressante dans la série ( même si elle est bien trop longue), et le 4ème chapitre ne peut pas être critiqué pour tout fan de la série (les novices risquent de moins apprécier et trouver cela trop "fan service").
Que ce soit avec le MK II. en éclaireur, ou en conditions classiques. Les possibilités de gameplay sont toujours plus variées.
Le level design et les graphismes sont tout simplement excellents (décors en train de s'effondrer au Moyen orient, cours d'eau en Amérique du sud, douceur slave, ou grand froid), et les gekkos (une version aux jambes organiques des TR-TT de Star Wars sur Hoth et Endor) sont une réussite et paradoxalement plus effrayants que les B&B.
Coté personnage, le retour de Liquid/Ocelot, Naomi,johnny, Meryl est vraiment à saluer. De plus, l'apparition de Drebin, un marchand d'armes sans foi ni loi et cynique, donne un coup de frais à la série. Son caractère tranche avec les autres de la saga.
Je suis plus dubitatif sur les personnages de MGS3 qui offrent des monologues finalement peu intéressants.
Une sensation de froid palpable dans un décor ô combien culte.
Le Online est divertissant, plus subtil que le 3, grâce à la possibilité de marcher accroupi, et offre des cartes immenses avec un grand nombre d'angles de tirs.
De plus, des ajouts tactiques intéressants comme la possibilité de communiquer via SOP, ajoute une part de science fiction à l'affrontement et prolonge la continuité de l'histoire de l'épisode.
Néanmoins, le gameplay pour les combats rapprochés est cependant toujours perfectible.
Metal Gear Database, téléchargeable gratuitement sur PS3 constitue une véritable mine d'or pour les fans. Cette encyclopédie, bien fournie, et très facile d'accès nous renseigne sur la chronologie, les personnages, et les différents liens qu'ils résultent entre eux.
La fin de MGS4 est également sujet à polémique, comme beaucoup je regrette que la vraie fin ne soit pas celle d'avant le générique.
J'ai lu un internaute dire qu'on aurait pu avoir le choix de le faire ou pas. Cela aurait été grand et sans doute digne de Mr Kojima.
La volonté de Mr Kojima est de constamment surprendre ses joueurs (Psycho Mantis MGS, Raiden dans MGS2, The Sorrow, Snake MGS3, la fin dans MGS4). Néanmoins, dans les épisodes 2 et 4, cela laisse la place à de la frustration qui peut à terme se changer en "trahison".
Ceci dit Metal Gear est une saga unique du jeu vidéo, et elle a joué une part importante vers son acceptation en tant que media culturel et artistique et plus seulement par son seul aspect ludique.