Bonjour à toutes et à tous !

Le 21 avril dernier, nous avons commémoré les cinq ans de la disparition du kid de Minneapolis. Si son nom ou son visage vous disent quelque chose, c’est peut-être à cause de cette rivalité qui l’a longtemps opposée à un certain Michael Jackson. Mais Prince c’est bien plus qu’une guéguerre avec le roi de la pop. C’est plus de 30 albums studio, des concerts légendaires tout autour du globe, un Oscar de la meilleure chanson originale pour Purple Rain en 1985, mais aussi, plus inattendu, un jeu vidéo ! Oui, oui, un vrai de vrai !

Communément appelé Prince Interactive (même s’il ne s’agit pas tout à fait du nom officiel) ce jeu se présentait comme une sorte de point & click façon Myst et vous invitait à vous immerger dans le monde psychédélique du prince de la funk !

Au menu, des énigmes très compliquées, des incrustations vidéos immondes et des extraits de ses meilleures chansons ! Je vous propose donc de découvrir tout ça dans cette vidéo ! Et dans la suite de cet article, on va se concentrer sur l’histoire du développement de ce Prince Interactive. On est parti ?

 

My name is O(+>

Comme je vous le disais un peu plus haut, bien que tout le monde s’accorde à appeler ce jeu Prince Interactive il ne s’agit pas de son véritable nom. En effet, si l’on veut être précis, son vrai titre est en réalité : O(+> Interactive. Pas facile à prononcer hein ? Attendez un peu, il y a une petite histoire derrière ça…

à l’orée des années 90, les relations entre Prince et sa maison de disque, la Warner, s’enveniment. Si sa pourpre majesté souhaite sortir toujours plus d’albums et s’éparpiller dans de nouvelles formes d’art, la major n’entend pas financer indéfiniment tous ces caprices.

Il faut dire qu’entre l’échec retentissant de Graffiti Bridge en 1990 et les albums un peu bidons pour des artistes tous aussi bidons qu’il compte bien produire (Prince va en effet lancer la « carrière musicale » de Carmen Electra), la confiance est un peu perdue.

La Warner finit donc par dire stop et réduit drastiquement les dépenses allouées à Prince et à ses différentes lubies. Sauf que le kid de Minneapolis, on ne le materne pas comme ça ! Après plusieurs échanges publics pas très amicaux entre les deux parties, Prince tente un dernier coup de force, assez inattendu.

Le 7 juin 1993, il fait parvenir un message à la presse indiquant que dorénavant, il ne faudra plus l’appelait Prince. Ce nom, c’est celui du passé et de l’esclave musical qu’il est devenu pour la Warner. Son nouveau patronyme sera le seul à représenter véritablement sa musique et sa personnalité. Ce nouveau nom, c’est…

Ah c'est joli, pour sûr, mais pratique là...

Non, vous ne rêvez pas ! L’artiste anciennement connu sous le nom de Prince s’appelle désormais O(+> ! Du moins c’est ainsi qu’on le dactylographie la plupart du temps. Eh oui, pas facile de parler de l’auteur de Purple Rain maintenant, puisque ce symbole est sans équivalent oral. Et le premier interessé y tient particulièrement.

S’il défendra cette démarche en racontant que c’est une façon pour lui de se débarrasser de son ancienne identité d’artiste aliéné et de concentrer l’attention du public sur la musique, il est fort probable qu’elle ait également été motivée par une irrémédiable envie de faire chier la Warner. En effet, difficile maintenant pour la major de faire la promotion d’un artiste au nom imprononçable.

Si la presse lui donnera rapidement le surnom de The Artist Formerly Known As Prince (AFKAP) puis plus simplement The Artist, difficile pour les différents rédacteurs d’orthographier correctement ce nom.

Mais O(+> a tout prévu, pas d’inquiétude ! Il fera rapidement parvenir aux différentes rédactions des disquettes comprenant une police d’écriture spéciale, qui contient le fameux symbole. Grâce à elle, un simple P majuscule devient un magnifique O(+>. Plus de problème donc ?

La fameuse disquette contenant le précieux symbole...

Avec ses disquettes, on trouve également une petite lettre pour expliquer comment installer son contenu sur son ordinateur. Et cette lettre est signée Graphix Zone, un petit studio de développement qui va bientôt s’atteler au développement d’un jeu vidéo entièrement dédié à Pri… heu à O(+>…

Contrairement à ce que dit cette lettre, Prince n’a jamais pu changer légalement son nom pour O(+>. Il n’est en effet pas possible, aux États-Unis comme ailleurs, d’avoir pour patronyme un symbole imprononçable.

 

Let’s Work

C’est très probablement vers la fin de l’année 1993 que Paisley Park, le label perso de Prince, se met à la recherche d’un studio de développement capable de mettre sur pied un petit jeu vidéo dédié à Prince. Oui tant pis, je vais l’appelait Prince quand même, ce sera plus simple pour tout le monde.

Le kid de Minneapolis souhaite en effet à cette période, étendre ses activités au monde du théâtre, du cinéma et des médias interactifs. Quoi de plus normal que d’avoir son propre jeu vidéo donc ? Après avoir montré un premier prototype suffisamment convainquant, c’est Graphix Zone et son patron David Nichols qui se voit confier ce projet.

Si le studio obtient une certaine liberté créative, Paisley Park s’investit tout de même beaucoup. Contrairement à d’autres projets multimédias du même genre, Prince Interactive est une vraie collaboration entre le studio de développement, le label et Prince lui-même.

Pour les besoins du jeu, il va en effet enregistrer et tourner le clip de la chanson Endorphinemachine. On pourra également écouter sur le disque le morceau Interactive qui ne sera réellement publié que 4 ans plus tard sur le triple album Crystal Ball.

Quelques petits inédits donc, qui certes laisseront un peu le plus ardu des fans sur sa faim, mais qui montrent tout de même que Prince ne prenait pas (totalement) la chose à la rigolade. Oui, Prince Interactive est avant tout un jeu promotionnel et n’a pas de grandes ambitions vidéoludiques, mais il reste quand même suffisamment important pour que Prince s’y investisse un minimum.

Développé en seulement 6 mois sur la base du logiciel Apple Media Tool, que Graphix Zone a enrichir d’autres programmes (comme Hypercard), Prince Interactive résulte en une sorte de point & click façon Myst, qui vous demandera de résoudre quelques énigmes pour rassembler les cinq morceaux du symbole de O(+>. Rien de bien extraordinaire en terme de jeu pur, donc.

Sachez toutefois qu’il vous était possible à l’époque de vous proccurer ce titre unique en France ! Disponible sur commande  pour la modique somme de 395 F Maryse, soit environ 83.75€ en comptant l’inflation.

Oui, ça paraît un peu cher aujourd’hui, mais ça les vaut ! Ou pas…

Après ce Prince Interactive, Graphix Zone se chargera d’un autre jeu au principe similaire, cette fois autour du chanteur Bob Dylan, baptisé Highway 61 – Interactive. Si les CD-ROM interactifs autour des musiciens n’ont pas fait long feu dans la longue histoire des jeux vidéo, Prince aura au moins pour mérite d’en avoir été l’un des précurseurs et d’avoir en plus considéré la chose avec un minimum d’ambition. Même si le résultat est plus qu’oubliable.

 

The Question of U

Quant à savoir si le jeu vous plaira… difficile à dire. Surtout si nous n’êtes pas un grand amateur de Prince. Pour en savoir un peu plus quand même sur le jeu et connaître mon point de vue, je vous renvoie à la vidéo présentée plus haut.

En forme de conclusion, on pourrait revenir sur cette éternelle rivalité opposant Prince et Michael Jackson et s’amuser à comparer ce Prince Interactive au célèbre Moonwalker, sorti sur arcade en 1990. Mais j’ai déjà trop écrit pour aujourd’hui, donc je préfère m’arrêter là…

Non je ne tente pas de fuire la discusion, qu'allez-vous imaginer ?!

Si la musique et le jeu vidéo vous interèsse, je vous renvoie vers l’article que j’ai rédigé il y a peu sur le jeu Mtv Music Generator 2, un vrai petit logiciel de création musicale sur PlayStation 2 !

Des bisous à tous !