Génération croisée, jeu intergénérationnel… ça vous dit quelque chose ? Bien sûr que oui, puisque c’est un des maux de notre temps. Traduit de son baratin marketing pour les deux du fond, les jeux nouvelle génération sur PlayStation 5 arriveront avec un train de retard. Sinon, avec beaucoup de retard… Vous avez dit trois ans ?

« Arf, cette pandémie, quelle plaie ! » (ah!ah!) pourrait-on entendre râler le caractériel et accessoirement haut-dirigeant de PlayStation, Jim Ryan. Et on le comprend aisément, la violence de cette crise sanitaire a désorganisé en profondeur le processus de développement des jeux. Les équipes désormais éclatées géographiquement ont dû s’adapter à une organisation du travail distante, prolongeant de facto le temps de réalisation des jeux nouvelle génération.

Alors comment annoncer aux joueurs que l’on est pas prêts sans en avoir l’air de le dire ? Par du verbiage pardi ! C’est ainsi que des éléments de langage sont avancés à petites touches par des responsables de Sony. Leur discours faisant naturellement autorité auprès des joueurs, bien plus que par ceux de communicants impersonnels.

Une communication de crise s’est donc installée. Elle s’est jouée visiblement en deux temps. Encore très récemment, le PDG de la puissante branche PlayStation louait à qui veut l’entendre, la production en parallèle de jeux PS4/PS5. Sur les antennes de The Telegraph, l’homme balayait d’un revers de main le risque de dispersion des ressources humaines au mépris des exigences folles d’un titre PS5. On se tait et on l’écoute brailler : « La première chose que j’ai à vous dire est que nos expériences de jeu sur PlayStation 5 (…) sont développées spécifiquement pour cette console (…) une version PS4 sera proposée en même temps. Je ne vois pas ce qui ne va pas en disant cela ».

Oh, trois fois rien Jim, si ce n’est ton obligé en la personne de Hideaki Nishino, vice-président de SIE. Ce dernier introduisait il y a peu au site japonais Avwatch, l’idée d’une « génération croisée » sur support dominant, contraire à celle d’une génération coexistant, thèse soutenue jusqu’ici par J. Ryan. L’hypothèse avancée par ce dirigeant japonais est que « le passage de relai entre la PS4 et PS5 s’étalera sur environ trois ans ». Il est donc demandé (exigé ?) aux développeurs de réaliser des jeux avec ce concept en tête, celui de « génération croisée ».

Les jeux destinés au nouveau modèle de PlayStation seront donc un temps trahis par les charmes techniques désuets de la génération sortante (vibration obsolète de Dirt 5, absence de Ray-Tracing et audio poussiéreuse de Demon’s Souls…). Mais qu’à cela ne tienne, la tête pensante de la branche PlayStation, désormais rangée à la thèse de son homologue nippon, nous demande de tenir bon, le meilleur est à venir ! « L’histoire nous enseigne que c’est dans la seconde voire la troisième année (de son existence) que les développeurs maîtrisent les spécificités techniques d’une nouvelle console » , glisse-t-il l'air de rien au site Tass.

Un propos qui rejoint dorénavant celui que défend son concurrent Microsoft. Quand il n’est pas contrarié par un service marketing à la rue, Phil Spencer, l’homme fort du département Xbox martèle depuis des mois que l’expérience ludique spécifique à la marque Xbox s’appuie sur son écosystème. Soit une constellation de supports qui transcende leurs différences techniques générationnelles, grâce notamment au XCloud et son bras armé, le Game Pass. Pour soutenir pareille comparaison dans l’argumentaire, Jim Ryan promet « d’en dire plus prochainement ». PlayStation Now a déjà posé les bases d’une stratégie hardware indifférenciée. Un Game Pass aux couleurs de Sony en constituera son prolongement naturel.