Je vous propose de revenir chaque rendez-vous sur une licence culte ou un jeu phare, histoire de partager ensemble un souvenir et de rendre un vibrant hommage à ces jeux "oubliés" qui ne cessent de faire vibrer la corde sensible des plus retro-gamers d'entre nous. Aujourd'hui : Ecco The Dolphin !

                                    

Ecco The Dolphin (1992)

L'aventure atypique

Dans un monde virtuel outrageusement dominé par les jeux de plate-forme, les beat'em all et autres shoot'em upEcco The Dolphin débarque tel un cheveu sur la soupe dans cet océan de violence vidéo-ludique, un beau jour de l'année 1992 sur Megadrive. Alors que la quasi majorité des jeux vidéos d'alors impliquent d'affronter des hordes d'ennemis en tout genre, Ecco prend le parti d'instaurer un climat nettement plus pacifique, pareil à nulle autre production de l'époque. Et pour cause, c'est un dauphin souffleur que l'on incarne ! Ce mammifère marin est en effet réputé pour être très doux envers son environnement, mais également bienveillant à l'égard de l'homme. Ce parti prit, on le doit à Ettore E. Annunziata, l'instigateur à la fibre écolo de cette production pas comme les autres. À partir de ce contexte, il paraissait difficile d'imaginer une histoire brutale, d'autant que la pochette du jeu - œuvre de l'artiste Péruvien Boris Vallejo, déjà responsable de quelques cover arts pour Sega - transmet plutôt bien les valeurs et l'ambition pacifique véhiculée dans le soft de Novotrade International. Dans les années 80 & 90, il était dangereux de se fier à la seule pochette d'un jeu car cette dernière était généralement très peu représentative du jeu en lui même. Mais en ce qui concerne Ecco, Le ton est donné d'emblée par la direction artistique de l'artwork : Il n'y a pas tromperie sur la « marchandise » puisqu'on on a ici affaire à un jeu d'aventure résolument atypique.

Inspirée en partie par l'œ'oeuvre littéraire Startide Rising (Marée Céleste en Français) de David Brin, cette aventure nous conte l'épopée d'un cétacé unique en son genre, frappé d'un sceau sacré, chargé d'une lourde tâche : retrouver et libérer ses amis et sa famille, disparus dans un immense maelström au dessus de l'océan. Ecco est donc l'élu, celui sur qui tous les espoirs reposent. Il devra traverser de nombreuses mers et affronter moult dangers pour mener à bien sa quête. Si de prime abord l'histoire semble tapissée d'une emprunte fantastique, elle vire cependant assez rapidement à la science-fiction dans la deuxième moitié, ce qui lui donne une allure pour le moins... surréaliste. Rien qui empêche toutefois d'en apprécier les immenses qualités, qui se situent surtout dans la sensation de liberté grisante que propose l'expérience. Après une phase d'adaptation aux commandes, notre héros marin se déplace avec une aisance déconcertante dans les immenses étendues sous marines s'offrant à lui, il peut accélérer à tout instant et même charger les ennemis lui barrant la route. Toutefois, il ne faut pas oublier que tout élu qu'il soit, il n'en demeure pas moins un mammifère comme les autres et doit donc remonter à la surface de temps en temps (ou trouver des trous d'air) pour respirer. La rareté de ces trous d'air en fait d'ailleurs un facteur de difficulté supplémentaire.

 

 

Doté de la faculté d'écholocation, Ecco peut à tout moment envoyer une onde sonore et en interpréter la teneur. Cela se traduit par l'apparition d'une carte, assez sommaire toutefois, permettant de savoir à peu près ou l'on se trouve dans le niveau. Cette onde lui sert également à se défendre contre les prédateurs en tout genre ; méduses, requins, etc. Chaque univers possède sont propre écosystème, ses propres particularités de gameplay. Les niveaux, assez riches et variés (23 au total, et 7 supplémentaires dans le portage Mega-CD) donneront du fil à retordre aux plus aguerris des joueurs. La difficulté légendaire de ce titre, véritable marque de fabrique de ce premier opus, constitue le seul véritable frein au plaisir de parcourir le jeu. De l'aveu même d'Ed Annunziata, cette difficulté a été planifiée depuis le départ car il avait peur que l'on ne termine l'aventure trop rapidement ! Pour le coup c'est réussi, peu de personnes peuvent se targuer d'en avoir vu le bout sans recourir aux fameux passwords

Enfin, Ecco The Dolphin n'oublie pas d'associer à cette épopée fantastique un univers sonore digne de ce nom : C'est l'artiste Spencer Nilsen qui s'occupe de mettre en musique les aventures du cétacé. Il enlace de sa patte psychédélique le jeu, pour lui faire atteindre des sommets rarement atteints en la matière au début des années 90. Ses arrangements tour à tour planants, angoissants et relaxants donnent vraiment du corps à la production d'Annunziata, et contribuent à faire de ce jeu un classique instantané de la machine de Sega !

Aujourd'hui considéré comme un véritable classique de l'ère 16 bits, Ecco s'est vu porté sur de nombreux supports suite à cet immense succès. Tout d'abord porté sur Master System et Game Gear (1993) dans la foulée de cette première itération, il est également adapté deux ans après sa sortie initiale sur Mega-CD. Plus récemment, il à bénéficié d'une ressortie sur les plate-formes de téléchargement PC et Consoles (Console Virtuelle de la Wii (2007), Xbox Live Arcade (2007) Nintendo 3DS (2013, sous le nom de 3D Ecco The Dolphin) et aussi dans la compilation Sega Mega Drive Ultimate Collection (2009) sur PS360.

Ecco The Dolphin : The Tides of Time (1994)

Une beauté abyssale.

Encore plus beau, encore plus rapide, encore plus difficile... les qualificatifs ne manquent pas pour décrire cette excellente suite, qui réussi deux ans après le premier opus a améliorer la formule de base point par point sans pour autant se contenter de la copier bêtement. Les développeurs ne se sont certainement pas reposés sur leurs lauriers et ont su se dépasser pour fournir à la Megadrive l'un de ses plus grands jeux : Plus complet dans tous les compartiments de jeu, The Tides of Time apporte de nombreux petits changements ça et là, l'air de rien, notamment de nouvelles phases de gameplay en fausse 3D jouant sur la profondeur du background (un peu comme les phases bonus dans Sonic 2). Dévoilant une intrigue toujours plus abracadabrantesque, cet épisode envoie notre ami Ecco rétablir la balance dans un espace temps subdivisé en deux futurs parallèles. Il aura fort à faire durant les 30 niveaux que comporte le titre, et devra s'attaquer une nouvelle fois à la Reine du Vortex, la responsable de cette situation pour le moins fâcheuse.

À noter que c'est une nouvelle fois l'artiste Boris Vallejo qui signe la pochette du jeu. Enfin, au rayon des petites anecdotes, sachez - et ce n'est pas rien - qu'acheter cet Ecco 2 à sa sortie était un acte écologique militant, puisqu'une partie de la somme était reversée au Centre méditerranéen de protection des Dauphins et Baleines par Sega ! Je salue au passage la mémoire de feu IG Mag (Hors Série 4) pour m'avoir apporté cette information intéressante lors de mes recherches ! 

 

 

Au menu de cette itération faisant la part belle aux voyages temporels, toujours plus d'exploration dans ces fonds marins, toujours plus mystérieux et inquiétants. Une expérience vidéo-ludique atypique et inclassable, parfois proche des sensations ressenties dans des survivals horror, (oui oui, vous avez bien lu) c'est dire le travail fantastique qui à été abattu au niveau de l'atmosphère ! Autant le plaisir de la découverte des premiers niveaux nous fait baigner dans une atmosphère bienveillante et plutôt rassurante, autant certains niveaux plus avancés se veulent carrément anxiogènes, voire flippants ! Ecco dispose cette fois d'une faculté qui consiste à changer d'apparence, afin de se faire plus discret lors de phases délicates. Entrant alors en mode « métasphère »  il peut ainsi se changer en méduse, en poissons divers, etc. La bande son, toujours impeccable, participe de cette implication émotionnelle forte, rarement éprouvée dans d'autres production de l'époque.

Que dire de plus, si ce n'est que cette suite porte en elle tout l'héritage ludique et graphique du premier épisode, dont elle consolide et sublime les bases de manière outrageusement efficace. Un jeu ambitieux, novateur et beaucoup plus profond qu'il n'en à l'air, (sans mauvais jeu de mot) à l'image de son grand frère, et qui fait aujourd'hui encore partie de ces expériences mystiques inoubliables - et bien trop rares - comme on aimerait en voir plus souvent dans notre médium. Il n'y aurait qu'un seul point noir pour venir ternir le tableau : il s'agit encore une fois de la difficulté, rebutante à plus d'un titre lorsque l'on n'a qu'une faible pratique des jeux vidéos. Il faut même se faire violence pour outrepasser la frustration dont certains passages se rendent coupables. Mais pour celui qui saura faire fi de cette approche austère et exigeante, Ecco dévoilera alors toute sa puissance évocatrice, sa beauté froide...

                                                   Superbe artwork réalisé par l'ami Orioto !

 

Ecco Jr.(1995)

L'expérience s'ouvre aux tout-petits.

Prenant le total contre-pied de la difficulté effarante des deux premiers opus, cet Ecco Jr.  - édité sous le labelSEGA Club alors réservé aux plus jeunes - propose de rendre l'univers du célèbre dauphin accessible à tout un chacun en y abaissant drastiquement la difficulté générale, en supprimant notamment les barres de vie et de respiration. Cela se justifie sans doute par le fait qu'on y incarne un jeune Ecco (ou bien sa progéniture ?), alors au commencement de ses nombreuses pérégrinations à venir. Dépourvu d'ennemis et ne proposant qu'une série d'énigmes très rudimentaires, Ecco Jr. pourrait être interprété comme une tentative de Novotrade International d'ouvrir la série à un plus jeune public, beaucoup plus enclin à apprécier l'univers magique du dauphin céleste sans les contraintes des opus précédents. Une sorte de tutoriel, d'introduction douce à la saga en somme. En résulte donc tout l'univers d'Ecco dans un monde un peu plus édulcoré, plus "children friendly"...

 

 

Simple mais pas simpliste, la prise en main se fait très vite et les sensations d'antan ne tardent pas à pointer le bout de leur nez. La durée de vie a elle aussi été considérablement réduite, même s'il est pour la première fois possible de parcourir les fonds marins dans la peau de deux autres créatures aquatiques : un deuxième dauphin, mais également une orque ! D'un point de vue technique et esthétique, Ecco Jr. reste fidèle à la direction artistique empruntée jusque là par ses aînés, et semble même encore plus travaillé au niveau de la fluidité des déplacements même s'il s'avère moins ambitieux dans son gameplay. Il faut dire qu'étant sorti en 1995, cet épisode achève avec légereté les aventures d'Ecco en 2D dans un paysage vidéo-ludique bientôt quasi-exclusivement tourné vers la 3D. Qu'importe la représentation, les abysses n'ont jamais semblé aussi vivants !

 

Ecco The Dolphin : Defender of the Future (2000) 

L'exploration prend une nouvelle dimension.

La série Ecco The Dolphin ayant curieusement fait l'impasse sur les générations 32 et 64 bits malgré son énorme succès publique et critique sur MegadriveEcco mettra donc tout de même 5 ans avant de nous revenir en bonne et due forme. C'est en l'an 2000 pour être précis, qu'il fait son grand come back, toujours édité par Sega et développé par Novotrade International - renommé Appaloosa Interactive depuis - sur Dreamcast, dans nouvel opus pour la première fois en 3D. À noter toutefois qu'Ed Annunziata n'est pas cette fois aux commandes, et que Spencer Nilsen n'est pas non plus à la musique. L'absence des membres fondateurs de l'univers d'Ecco n''empêche cependant pas le jeu d'être de très bonne facture, effectuant même avec talent le périlleux passage de la 2D à la 3D redouté par toute licence des années 90 digne de ce nom.

 

 

Malgré un scénario toujours autant tiré par la nageoire dorsale (encore des histoires d'extra-terrestres) ce Defender of the Future remet au goût du jour d'un coup d'un seul toute la mythologie Ecco grâce à la puissance technique de la Dreamcast, qui apporte à la licence tout ce dont elle avait besoin pour s'offrir un véritable lifting graphique. Même plus de 10 ans après, le jeu paraît toujours aussi beau et soigné grâce à une modélisation initiale aux petits oignons. On aurait aussi pu s'attendre à une maniabilité capricieuse, du fait du changement radical de gameplay, vers une spatialisation totale des déplacements. Que nenni ! Il n'aura jamais été aussi simple de se déplacer librement dans cet aquarium virtuel géant que dans ce nouvel épisode, véritable vivier de sensations sous marines grisantes. Il est vrai que concevoir un espace tri-dimensionnel dans lequel se déplacer en totale liberté n'a pas du être évident à mettre en place, d'où l'absence légitime de la série sur le marché pendant 5 années. C'est un immense changement pour la série, qui aura nécessité de nombreuses recherches sur le monde aquatique, car rien ne semble avoir été laissé au hasard dans cette production Sega.

Bien que réalisée par deux nouveaux compositeurs - Tim Follin pour la musique in-game et Attila Heger pour celle des cinématiques - la trame sonore de Defender of the Future reste dans l'ambiance très New Age des débuts, afin sans doute de respecter l'héritage quelque peu « musique de relaxation » de la saga, ce qui lui sied de toute façon à merveille. Les effets sonores sont également d'honorable réalisation et ne font pas tâche dans l'ensemble, globalement de très bonne qualité. Si vous n'êtes pas pleinement convaincus du bien fondé de ce tout premier épisode en 3D, peut-être vous laisserez vous tenter par le portage Playstation 2, sorti deux ans plus tard (2002). Jusqu'alors exclusive aux consoles Sega, la licence débarque chez Sony dans une version « director's cut » du titre, et y ajoute quelques petites choses bien vues, comme une boussole et quelques autres outils d'interface facilitant la navigation, en plus d'apporter à l'ensemble un léger lifting graphique et technique... pour un peu, on se croirait presque dans un épisode de Flipper le dauphin !

En dépit des qualités certaines de cet épisode, il reste à ce jour le tout dernier de la série. Nous allons revenir dans un instant (après un intermède sur la musique) sur les difficultés éprouvées par les créateurs pour ramener sur le devant de la scène cette licence mythique de l'ère 16 bits.

                                          Magnifique peinture originale de l'artiste Boris Vallejo

 

Ecco The Dolphin : Songs of Time (1996) 

Onirisme et spiritualité.

S'il est bien une bande son qui aura marqué de son sceau l'histoire de la Megadrive, c'est bien celle d'Ecco The Dolphin, en compagnie des légendaires OST de Streets of Rage ou bien encore d'Outrun. Composées de main de maître par l'unique musicien du jeu Spencer Nilsen, les nappes mystérieuses et envoûtantes de synthétiseur - presque parfois carrément psychédéliques et anxiogènes - plongent immédiatement le joueur au cœur d'une atmosphère sous marine onirique sans commune mesure à cette époque. La légende veut d'ailleurs qu'Ed Annunziata aurait fortement suggéré à Spencer Nilsen de s'inspirer des œoeuvres de Pink Floyd pour donner le côté calme et planant de l'ensemble. On peut également sentir l'influence du compositeur Français d'Éric Serra, auréolé d'un César de la meilleure musique de film en 1989 pour son travail remarquable sur Le Grand Bleu de Luc Besson, sorti 5 ans avant Ecco The Dolphin.

Dans un style proche du mouvement spirituel New Age, les arrangements cristallins de Nilsen nous bercent tout le long de l'aventure et collent parfaitement aux situations vécues par Ecco. Jamais agressives et toujours subtilement amenées, ces musiques se veulent avant tout être une sorte de discret et relaxant compagnon de route subliment magnifiquement l'impression générale qui nous traverse lors de l'exploration des profondeurs au travers les yeux d'Ecco. Tout simplement bluffant pour un jeu 16 bits ! À noter par ailleurs qu'un CD regroupant les 18 pistes les plus marquantes de la série est sorti en 1996. Reprenant une partie de la bande originale recomposée par Nilsen lui même pour la version Mega-CD du titre et incluant de nouveaux morceaux inédits, cet album fort sympathique n'est hélas jamais sorti sur notre territoire. Mais que l'on se rassure, rien n'est introuvable à l'heure de l'internet moderne, et youtube sera votre meilleur ami dans cette perspective. 

Que l'on parle des pistes originales composées sur le chipset sonore 16 bits de la Megadrive ou de leur version réactualisée pour la mouture Mega-CD, cette bande originale atypique, très en avance sur son temps, aura sans doute pleinement contribué à faire d'Ecco The Dolphin un très grand succès.

                             Cet artwork signé Victor Sauron mélange avec brio pixel et réalité.

 

The Big Blue (2013) 

Le projet tombé à l'eau.

Après 13 ans d'absenceEcco semblait prêt à faire son grand retour sur le devant de la scène via une campagne kickstarter menée par Ed Annunziata et Spencer Nilsen eux mêmes ! Pour rappel, il s'agit respectivement du game designer et du lead composer des épisodes originaux sur Megadrive. C'est très précisément le 25 mars 2013 que débutait cette campagne de crowd funding - ou financement participatif dans la langue de Jacques-Yves Cousteau - afin de réunir les fonds nécessaires à la réalisation de ce nouvel opus, vraisemblablement étudié pour smartphones iOS et autres tablettes tactiles Android, en plus de versions PC et MacRaHaN l'évoquait d'ailleurs dans une news dédiée au projet en mars 2013. 

L'ambition globale du soft étant finalement dépendante de la somme d'argent récoltée, la vidéo d'amorce mise en ligne sur la page de The Big Blue n'effleurait qu'une toute petite partie des prétentions affichées par Nilsen et Annunziata, et le prototype de démonstration tournant sous Unity était somme toute assez basique et peu représentatif de ce que devait être le résultat final pour vraiment marquer les esprits. L'histoire devait prendre place un million d'années après l'extinction de l'homme sur la planète, et mettre en scène l'évolution de l'impact qu'a eu notre espèce sur les fonds marins et sur la terre en général. Le concept était bien là, rafraîchissant et novateur, mais probablement pas assez bien expliqué pour susciter un engouement réel du public, et de ce fait attirer un nombre de backers suffisant. S'il ne fait aucun doute que l'exploration / aventure aurait eu la part belle dans cette itération, un flou artistique demeurait en ce qui concerne les mécaniques de gameplay : Un jeu solo ? Multi, voire MMO? Il restait encore beaucoup de choses à définir, et seulement 35 jours pour convaincre du bien fondé de la chose.

 

Axé sur la communication entre espèces aquatiques et l'exploration des océans - la thématique du jeu gravitait autour de cette notion écologique de vie dans les profondeurs de la terre, de ses dangers et prédateurs multiples -qu'ils soient naturels ou causés par la main de l'Homme lui-même sur l'écosystème - et de l'implication émotionnelle du joueur sur tous ces éléments, qui lui sont de prime abord étrangers. Il n'était d'ailleurs pas seulement question d'incarner Ecco, mais aussi bien d'autres créatures marines, certaines bien plus rares que d'autres. Les instigateurs de ce projet avaient même réussi à débaucher un certain Jon Berg, spécialiste en charge des effets spéciaux sur l'épisode original de Star Wars (1977) afin de réaliser les maquettes de ces créatures sous-marines. C'est dire s'ils comptaient s'entourer de personnes talentueuses et expérimentées pour mener à bien leur rêve !

Malheureusement, sans doute en partie à cause de cette communication trop floue autour des enjeux du soft, The Big Blue n'a jamais atteint les 665.000$ escomptés par l'équipe, et le rêve de cette dernière de relancer les aventures du cétacé le plus célèbre du monde du jeu vidéo tomba à l'eau. Veuillez m'excuser pour ce jeu de mot presque pas volontaire. En 35 jours de campagne, le projet n'a récolté qu'une infime partie de la somme (à peine plus de 55.000$), ce qui scella tristement le sort de ce chantier pourtant original et prometteur, en gestation depuis de nombreuses années dans la tête de son créateur Ed Annunziata.

Loin de s'être découragé par cet échec cuisant, l'homme déclara dans une interview à Eurogamer datant du 7 mai 2013 - soit quelques jours après la fin de l'infructueuse campagnekickstarter - qu'il ne baisserait pas les bras et qu'il finirait par sortir son jeu, d'une manière ou d'une autre. Morceaux choisis :

Si je pouvais voyager dans le temps, je prendrais le The Big Blue futur avec moi et reviendrais dans le présent avec. Je ferais une petite vidéo de 15 secondes dans laquelle je dirais "Eh, regardez donc ça" et le jeu serait financé ! J'ai merdé sur la communication, mon message n'était pas clair, et les récompenses pour les backers étaient nulles. (......) Je ne vais certainement pas baisser les bras, et d'une façon ou d'une autre, je vais le faire ce jeu... il faut parfois apprendre à marcher avant de vouloir courir.

 

J'attire l'attention de ceux désirant en savoir plus, sur ce petit reportage de Gamespot réalisé a l'occasion du lancement de The Big Blue sur kickstarter. Ce petit document vidéo de près de 10 minutes vous en apprendra un peu plus sur la vision d'Ed Annunziata, dont notamment son idée de créer une sorte de The Little Blue Stepping Stone suite à l'échec de la campagne, version allégée du projet, en prélude de The Big Blue. Ce document est visible à la seule condition de maîtriser la langue d'Herman Melville, à savoir l'anglais car il n'est hélas pas traduit dans d'autres langues. la page kickstarter du projet, malgré l'échec de son financement, reste ouverte si le coeur vous dit de suivre les dernières évolutions en date. 

Reste donc à savoir quand et comment cette entreprise deviendra réalité !

Voilà, c'est tout pour cette fois, j'espère que la lecture de ce dossier vous aura rappelé de bons souvenirs, ou appris quelques petites choses sur la saga. N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires et recommandations, dans le but d'améliorer encore et toujours cette chronique !

Et pour partir sur une bonne note, je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager cette belle découverte youtube : Une review complète de la série réalisée avec amour par un amateur passionné ! C'est en anglais, mais tout de même très accessible grâce aux textes bien équilibrés et aux  effets de montage drôlement soignés !