Paris Games Leak !
Comment gonfler artificiellement le nombre de visiteurs d'un salon du jeu qui ne présente déjà pas plus d'intérêt que cela sur le papier ? Comment tenter le tout pour le tout afin d'essayer de faire parler de soi, quand on n'a pas l'armada financier de l'E3, la passion du TGS ou la rigueur organisationnelle de la GC (encore que sur ce dernier point, on peut discuter).
C'est vrai quoi, après tout, combien d'exclusivités sont présentées ici, combien d'annonces hardware importantes, combien de jeux que l'on ne connaît pas déjà ? Combien, hein ? Pas des masses n'est-ce pas...si ce n'est même pas du tout. Alors quelle est la parade à tout cela ? Comment gonfler à bloc les allées du salon, et justifier notamment le prix prohibitif de 15€ par rapport au contenu plus que discutable de ce dernier ? Quelle est la plus-value (je hais ce mot) de cette manifestation par rapport à la GamesCom de nos voisins Allemands, pour l'instant seuls dignes représentants en la matière sur le territoire Européen ?
La réponse semble avoir été trouvée par les organisateurs de la Milan Games Week, puis de ceux de la Paris Game Week ensuite : En offrant gratuitement des exemplaire du jeu vidéo Call of Duty : Ghost, dernier étron vidéo-ludique à la mode, produit de consommation de masse à la gloire de l'American way of life, flattant les plus bas instincts de l'espèce humaine, et qui sera de toute façon obsolète et remplacé par l'itération suivante dans très exactement un an à partir de maintenant. Et attention, pas de simples press-kits à deux balles dans des boîtiers transparents merdiques, comme on en trouve régulièrement en circulation. Non, je parle ici de l'Edition-Collector-De-La-Mort-Qui-Tue-Hors-De-Prix, que l'on promet aux 500 premiers joueurs consommateurs qui se présenteront sur le stand d'Activision. Bien bien. Le bâton, la carotte, tout ça, on connaît.
Paris Games Weak !
Eh mais attends, c'est qui l'organisateur de la Paris Games Weak au fait ? Ne serait-ce pas David Neichel...Ah oui dis donc, entre autres. Mais qui est donc ce monsieur ? Je vous le donne en mille Émile : Le PDG d'Activision France ! Non, tu déconnes ?! Eh si, car en plus de ça, le bonhomme est également président du S.E.L.L (Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs). Y'a pas comme un problème quelque part ? Comment est-ce que ce syndicat « porte-parole du jeu en France » peut se permettre d'organiser une opération marketing de la sorte, lorsque son organisateur principal est lui-même actionnaire principal de la subdivision française d'Activision-Blizzard. C'est pas ce qu'on appellerait « conflit d'intérêt » dans le jargon juridique ?
Et même au-delà de ce simple fait - pourtant déjà hautement décrédibilisant -, comment a-t-on pu laisser passer une chose pareille lors du conseil d'administration ? L'image dégradante et écornée que vont renvoyer cette poignée d'individus violents et déterminés à venir chercher leur édition collector coûte que coûte, ne porte-t-elle pas préjudice à l'ensemble des joueurs de jeux vidéos au final ? Le rôle du S.E.L.L ne serait-il pas au contraire de faire en sorte que le jeu vidéo soit mieux compris, mieux intégré et mieux accepté dans l'opinion publique, qui peine déjà à l'associer à autre chose qu'à un loisir consumériste sans grand intérêt ?
Paris Games Freak !
Au lieu de ça, c'est tout le contraire qui vient de se produire, à la non-surprise générale de tout le mode. Cette opération marketing aurait pu s'appeler 'Chronique d'un scandale annoncé'. Alors qu'ils auraient pourtant du apprendre de leurs erreurs récentes - et même très récentes, rappelez vous la Milan Games Week la semaine passée où il s'est passé exactement la même chose -, les organisateurs de l'événement n'ont absolument rien fait pour désamorcer la bombe à retardement qui devait, quoi qu'il advienne, leur péter à la tronche si cette opération était maintenue.
Et il s'est passé ce qu'il devait se passer : la foire à l'empoigne a bien eu lieu, encadrée par de bien étranges « hommes de main », plus aptes à invectiver et agresser les gens qu'a leur indiquer des consignes de sécurité dans le calme et la bonne humeur pour assurer la protection de tous. Ah, cher Moïse, tu as connu des heures plus glorieuses ! Toi et ta fameuse béquille, tu nous auras faire bien rire. Jaune. On aurait juré l'espace d'un instant se trouver au Salon de l'Agriculture, mais de l'autre côté de la barrière, en compagnie des animaux. Jacques Chirac serait venu te tapoter l'épaule en te traitant affectueusement de « belle bête », qu'on s'y serait cru !
Paris Games Flic !
Au final, difficile de dire lequel est le plus charognard : Est-ce le joueur/entrepreneur attiré par l'appât du gain, qui vient chercher l'objet d'un joli futur petit pécule grâce à le revente du précieux sésame rubis sur l'ongle sur les sites de vente en ligne ? Qu'il y ait quelques vrais passionnés qui ont osés braver cette foule en délire, je peux le concevoir, mais ne nous voilons pas la face : nous savons tous qu'une bonne partie de ces bundles collectors s'arracheront à prix d'or sur les étalages virtuels dans les semaines à venir.
Ou bien serait-ce ce cher monsieur Neichel, maître de cérémonie et marchand de tapis de cette débâcle consternante et avilissante, pour l'image désastreuse qu'il a fait subir au médium jeu vidéo en organisant un telle opération de com. Et dire que même les forces de l'ordre ont du intervenir, quel désastre ! Qu'on nous rende Jean-Claude Larue, au moins on savait à quoi s'attendre avec lui !
Quid également de la piètre image véhiculée par cette jeunesse, déjà rongée par les démons de la possession et de l'argent facile ? Ce phénomène n'est pas nouveau, souvenons-nous de la sortie catastrophique de la PS2 au Virgin Megastore ou encore de la liquidation des stock chez ce même Virgin un peu plus tôt cette année, véritable rendez-vous incontournable de chacals en tout genre. Et malgré cela, on continue d'organiser ce type d'événement... Jusqu'à quand ? Faut-il des morts pour que les autorités commencent à prendre des mesures contre ce type de phénomène préoccupant ?
Bilan :
500 personnes ont peut être gagné quelque chose qui leur semble précieux aujourd'hui, mais le jeu vidéo lui, sort malheureusement grand perdant de ce marasme social et devra donc trouver d'autres moyens de prouver qu'il n'est pas l'apanage de ces petits chefs d'entreprise en herbe et autres marchands de tapis !