AHAHA. J'espérais tromper qui ? L'espionnage c'est des emmerdes. Que ça. Sexe, mensonges et vidéo un peu. Dans le monde d'Alpha Protocol, c'est surtout dialogues formidables, choix moraux cornéliens et gameplay à chier. Mais la sauce prend... Tellement qu'au final, j'étais Michael Thorton.

ALPHA PROTOCOL

Plates-Formes : Xbox 360, PS3 et PC.
Test effectué sur : Xbox 360 et voix et texte en anglais.
Date de sortie PAL : 28 mai 2010
Editeur : Sega
Développeur : Obsidian

It gets the job done.
Oui, vous ne choisissez pas votre nom ni la façon dont vous commencez. Dans une infirmerie à moitié drogué. Premier réflexe ouvrir le PDA qui se trouve placé à coté de vous de manière convenue, discuter avec la mignonne asiatique qui cherche à vous faire évader puis suivre ses conseils pour... découvrir que vous êtes bien recruté par Alpha Protocol.

Ce service secret est là pour effectuer les missions que les Etats-Unis D'Amérique ne peuvent exécuter officiellement. Oui je sais, c'est un peu comme moi, vous avez déjà entendu la rengaine des dizaines de fois, tous medias confondus. Pendant qu'on est dans le convenu... Votre première mission consistera.... D'un assassinant (attation) sur la personne d'un leader d'une organisation terroriste musulmane. WOUHOUHOUH ! Mais en fait, peut-être que le sheikh en question n'est qu'un pion d'Hallbech une grande entreprise fabriquant des armes dans ce grand échiquier qu'est la géopolitique. OUlalala, gros retournement de situation, je ne m'en doutais pas.

Présenté comme ça, ça n'a rien d'extraordinaire. Ca ressemble au début de la moitié des romans ou films d'espionnage sortis ces 20 dernières années. Là où ça devient intéressant, c'est dans le nombre de choix qui s'offrent à vous pendant la partie.


Ouais, moi c'est Thorton, et je suis pas venu pour gonfler des ballons

Weapon is your choice... Ou l'inverse, je sais jamais.
On commence par celui du background. On va du bidasse d'élite à l'agent secret sans oublier l'un des plus intéressants : la recrue. Le mec vierge de toute expérience de terrain. Et puis au fur et à mesure, les choses se corsent. Protéger un président ou son peuple ? Sauver votre copine d'un soir ou un musée ? Laisser vivre le truand ou accepter ses infos ? Le tout porté par un système de dialogue touchant au génie. Mieux que Mass Effect 2. Je pèse mes mots.

Pendant que votre interlocuteur termine sa phrase, vous avez quelques secondes pour utiliser un minimum de 3 choix axés sur les types de réponses suivants « blagueur, agressif, professionnel ». Une 4e option apparait parfois selon votre profil ou la situation. Toutes les approches ne marchent pas sur tout le monde même si vous pouvez alterner entre les choix pour déstabiliser l'interlocuteur. Attention cependant à ne pas vous mettre à dos certaines personnes, cela pourrait vous fermer des portes par la suite. Ici point de possibilité de revenir en arrière, chaque phrase peut être lourde de conséquences surtout quand le choix doit être fait dans l'urgence. Pas un moment de répit, il faut répondre du tac-o-tac. On regrette parfois, on pense « mais quel con, j'aurai tellement du dire ça ». Quand on est un homme, un vrai, on vit avec. Quand on est faible, on recharge une partie.

A noter que les dialogues sont d'un niveau hollywoodien. Réplique assassine, directe ou drôle, vous trouverez de tout mais il n'y a pas à dire les dialoguistes sont super forts. On me souffle qu'ils sont mieux que ça, même. Qu'ils sont surpuissants. Un bon point pour celui qui trouve la référence.


Simple, intuitif et efficace, le système de dialogue parfait.

Vos actions in-game pendant les passages d'action-infiltration influent aussi sur vos rapports avec les autres. Tuez tout le monde, vous serez méprisé par les humanistes ou gens raisonnables et révéré par les psychopathes. Et inversement. Le tout est géré de manière assez habile par un système à 21 points de relations entre -10 et 10. Plus vous êtes haut placé sur cette échelle, plus il sera facile d'obtenir des services, des infos, ou des bonus d'aptitudes.

Soyons honnête, malgré tout, vos pas vous mèneront toujours en Arabie Saoudite, à Moscou, Taipei et Rome. Il y a une structure commune, avec des missions fixes. Seulement, rien ne se déroulera jamais de la même façon d'une partie sur l'autre. Parce que l'ordre choisi ne sera pas le même, parce que les choix seront invariablement différents et qu'une réplique mal choisie au milieu d'un dialogue basé sur le bluff peut déraper en un échange de coups de feu. En comparant ma partie avec celle de mes amis, j'ai vraiment halluciné sur les chemins tout à fait différents pris par chacun pour se sortir de certaines situations ou comment nos décisions ont fait que les configurations de certains niveaux étaient totalement changées.

Tout cela est mis en avant par le système de HUB du jeu. Chaque planque est une base d'opération à partir de laquelle vous pouvez choisir la prochaine mission. Point de monde libre à explorer mais des « niveaux » à enchainer au fur et à mesure. L'ordre de ceux-ci est, d'ailleurs, un facteur beaucoup plus important qu'il n'y parait dans la construction des relations.


"Bon y'en a marrre, maintenant vous allez prendre mon PC en réparation !"
Thorton est la terreur des SAV.

Bon RPG, mauvais jeu d'action.
J'ai parlé du point fort d'AP. Je vais devoir attaquer ce qui blesse.
Le reste.

Commençons par la fiche de perso. Plus vous rajoutez de points dans une catégorie (fusil d'assaut, pistolet, infiltration, corps à corps, gadget, etc etc), plus votre efficacité avec celle-ci sera décuplée et vous débloquerez ou améliorerez vos capacités. Soit elles sont passives et on s'en fout, soit il faut les déclencher et dans ce cas, il y a bien sur un temps de latence entre deux utilisations. On trouve un petit peu de tout, du simili Bullet Time à la possibilité de se rendre invisible en passant par un mark & exécute digne de Splinter Cell : Conviction. Vos stats et aptitudes de départ dépendant aussi du background choisi. En sachant qu'en commençant recrue vous êtes nus comme un ver, cette classe a rapidement fait de devenir la plus difficile à gérer. La fiche de personnage est par contre impeccable et bien pensée avec une évolution logique et des spécialisations aux petits oignons. Bon, j'avoue, ça c'est vachement bien, j'attaque vraiment le pas beau après.


Non vraiment, facile à comprendre et cohérent, la fiche de personnage est impeccable.

D'ailleurs managez bien votre perso, n'oubliez pas de rester un peu offensif même si vous voulez la jouer pacifiste, vous auriez l'air bête lors des prochains combats de boss.

Et bien oui, c'est un RPG d'espionnage d'après Obsidian. Ils ont beau nous avoir livré KOTOR 2, ce n'est pas la joie.
C'est simple, on a un mauvais RPG/TPS avec une dimension infiltration bien mal branlée.

Je comprends tout à fait que comme c'est un RPG-action et non un ACTION-rpg (cassedédi à Hulkwabon pour la comparaison) comme l'est Mass Effect 2, la capacité à toucher l'ennemi ou les dégâts sont déterminés par des facteurs un peu aléatoires, mais ce système de cover est une infamie. Le level design est à la rue. Les premiers boss rencontrés sont des plaies, souvent parce que nos compétences n'ont pas encore muri. L'infiltration en elle-même est décidément incompréhensible avec des gardes qui passent du statut de The Sentinel à celui d'une grosse cruche en un éclair.

Le feeling des armes n'a rien d'extraordinaire et l'interface pour utiliser des gadgets ou des habilités spéciales est souvent peu pratique dans le feu de l'action.
C'est clairement dommage. Ca donne presque l'impression que l'on doit se farcir des missions ennuyantes voir pénibles entre deux phases du vrai jeu, les dialogues. Surtout que le level design des missions est carrément infâme. Basique et fade la plupart du temps, voir juste idiot et confus dans certains niveaux.
A contrario, toute la partie achat des armes et customisation est assez bien pensée et vaut le coup de s'y attarder si on veut espérer démouler du terroriste ou du mafioso.


"Ouuuuh, WATA !"
Bon par contre, il est classe ton combo "A-A-B", Mike, mais si tu pouvais en changer, j'apprécierais.

Ugly as hell
Bon et puis c'est pas beau. Je ne veux pas paraitre méchant, mais sérieusement, c'est juste moche. Les expressions faciales sont bien gérées mais ça s'arrête là. Textures dégueulasses, animations raides et parfois clairement risibles .Je ne parlerais même pas de certains loadings assez longs pour si peu de contenu. Le son remplit le minimum syndical pour le bruit des armes et les musiques. Par contre, je tire mon chapeau encore une fois aux acteurs. Ils incarnent leurs personnages avec une conviction rare, surtout quand on repense au fait qu'un joueur ne verra souvent qu'un tiers des dialogues possibles. D'ailleurs ceux-ci s'enchainent parfaitement, pas de latence entre chaque phrase, c'est assez impressionnant en considérant le nombre de chemins qu'une conversation peut prendre.

Les succès sont intéressants dans la mesure où ils sont souvent donnés en fonction des choix faits. Au final, en arrivant à deux tiers des points possibles pour le jeu, vous devriez avoir le résumé complet de votre partie. Original et intriguant. Un bon point qui relance fatalement la replay value pour les acharnés. A base de 2 à 3 parties minimum. Je pense à ce sujet que la connaissance des achievements "secrets" avant de jouer ruine d'une part le scénario mais aussi le jeu, il est tellement plus intéréssant de faire sa partie avec son Thorton puis en s'éclatant à jouer les extrêmes. Ou pas.


Pfff, même les explosions sont pas belles quoi, quelle déception.

Alpha Protocol est moche. Alpha Protocol n'est pas très marrant à jouer. Alpha Protocol est bourré de défauts. Mais toute la gestion des relations et des décisions ainsi que l'ambiance à mi chemin entre James Bond, la trilogie Bourne et 24 en font un grand jeu. C'est juste dommage que les gens limités ou trop préoccupés par l'aspect cosmétique ne sauront en apprécier le sel et la profondeur.
Moi-même, je n'irai pas plus loin que le [7,5]. Mais ça c'est parceque je suis un peu limité aussi. Ou alors, ou alors, j'aime juste quand tout est réussi dans mes jeux.